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BIP 2018 : L’hôpital de Nkolndongo toujours à l’abandon

BIP 2018

L’hôpital de Nkolndongo toujours à l’abandon

Trois mois après le constat d’abandon des travaux de construction des nouveaux locaux de l’hôpital de district de Nkolndongo par le journal Repères, rien n’a changé sur ce chantier et la structure hospitalière reste l’ombre d’elle-même.

Le chantier de construction du bâtiment R+2 devant abriter les nouveaux locaux de l’hôpital, abandonné depuis plusieurs mois, n’a pas repris. Le projet contenu dans le budget d’investissement public de l’année 2018 connait, en 4 ans, seulement 30 % du taux de réalisation des travaux. En mars 2021, l’entreprise adjudicataire Tami SARL avait abandonné le chantier après sommation du ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, lui intimant l’ordre d’arrêter les travaux pour retard dans la réalisation. À date, aucun coup de marteau ne s’est plus fait ressentir sur le chantier. Les agrégats tels : gravier, parpaings, bois abandonnés sur le site, sont à la merci des intempéries. Le sable est peu à peu drainé par les eaux de pluie. La ferraille quant à elle est consumée par la rouille du fait de son abandon à l’air libre et au grand bonheur des pluies diluviennes.

Les usagers et le personnel soignant qui attendaient de voir ce chantier arriver en phase terminale et sa mise en service, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Le non-achèvement des travaux plonge l’hôpital et l’ensemble de ses services dans un état de disgrâce déconcertante. D’après les responsables de l’hôpital, le véritable problème se situe au niveau du manque d’espace pour faire face au flux des patients reçus. La démolition de l’un des bâtiments de l’hôpital pour céder l’espace à la construction du nouvel édifice a amplifié la situation et l’arrêt des travaux fait payer de lourds tributs à l’hôpital.

Au service de la maternité, la salle de réanimation néonatale est quasi inexistante, pareille pour la salle de consultation des gynécologues obstétriciens. Les services d’imagerie médicale et de consultation gynécologique sont cumulés dans une même pièce. Dans ces services, deux bancs font office de salle d’attente tant pour les femmes en consultation prénatale que pour les dames ayant un rendez-vous avec le gynécologue. Le même espace sert également de lieu d’attente pour des personnes venues rendre visite aux femmes qui ont donné naissance.

Promiscuité tous azimuts

À l’HD de Nkolndongo le service de prévention de la transmission mère et enfant (PTME) n’a pas de local. Le minuscule hall d’accueil abrite trois services : la réception des patients, la salle de consultations prénatales et le service de prise en charge mère et enfant. C’est dans cet espace hyper exigu que les médecins reçoivent les femmes enceintes atteintes du VIH et les prennent en charge.

À l’extrême droite de cette enceinte hospitalière, l’on aperçoit une bâtisse construite en matériaux de fortune à l’apparence vieillissante. Elle est subdivisée en deux petites salles qui abritent les services d’observation des malades pour des cas de prise en charge d’une part et pour des cas d’évacuation d’autre part. L’exiguïté des salles offre un espace pour 8 lits seulement soit, 4 pour les dames et 4 pour les hommes. Les responsables de cette formation hospitalière indiquent qu’elles disposent des lits, mais ne peuvent les mettre en service faute d’espace.

Le laboratoire de l’HD de Nkolndongo vit également le séisme de cette promiscuité. Le service de laboratoire fait office de laboratoire médical et de salle de prélèvement. La salle d’attente des résultats située dans le même local est extrêmement petite. En période d’affluence, l’hôpital peine à contenir le flux de patients. La situation est d’autant plus critique en cette période de pandémie du COVID-19. Le respect des mesures barrières, notamment la distanciation entre personne est bafouée. Pour satisfaire au plus vite les usagers, le Directeur s’occupe de la signature des documents tels les certificats médicaux question de libérer l’espace au niveau de la salle d’attente et les médecins se chargent de la prise en charge des malades.

Outre cette promiscuité, l’HD de Nkolndongo fait également face au problème de toilette. Cette enceinte vétuste aux allures de dépotoir copartagée par les femmes et hommes nécessite d’être réhabilitée et repartie en deux ; une pour femmes et une pour hommes. Mais aussi, ces toilettes requièrent d’être curées. Une situation que le top management de l’hôpital résout progressivement, apprend-on.

Le cri de détresse du Directeur

Dans un message destiné au ministre de la Santé publique, le Directeur de l’hôpital de District de Nkolndongo, Dr Joseph Guékémé, invite celui-ci à se pencher sur le cas du chantier de construction du nouvel HD de Nkolndongo. Un chantier à l’abandon qui impose une atmosphère morose de travail. « Monsieur le Ministre, l’hôpital de district de Nkolndongo est dans un piteux état voilà plusieurs années déjà. Situé dans l’arrondissement de Yaoundé 5, en plein cœur de la capitale politique, le décor qu’affiche notre formation hospitalière est peu reluisant pour un hôpital de la capitale. La promiscuité déconcertante dans laquelle les patients sont pris en charge laisse à désirer. Monsieur le Ministre, l’HD de Nkolndongo qui fut à une époque nonlointaine un hôpital de district digne de ce nom n’est plus que l’ombre de lui-même. L’absence d’espace de travail oblige le cumul des services dans des salles exiguës. Un état de lieux peu propice pour la prise en charge des patients et encore moins pour leur guérison. Le personnel soignant paie aujourd’hui le prix de cette situation désastreuse. Les travaux du nouveau bâtiment devant abriter les services de l’hôpital qui avait fait languir patients et personnel soignant au lendemain du lancement des travaux a cédé place à la tristesse et la désolation. Monsieur le Ministre, voilà 4 ans que la situation perdure et jusqu’ici, nous n’apercevons guère le bout du tunnel. Nos regards sont dorénavant tournés vers vous ; faites quelque chose pour l’hôpital de district de Nkolndongo qui meurt à petit feu. Le personnel soignant et les patients souhaitent vivement que les travaux reprennent leur cours et arrivent à leur terme afin que nous puissions intégrer le nouveau local et mieux prendre soin de nos malades ».

Raphael MFORLEM

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