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BIP 2018 : L’hôpital de Nkolndongo réalisé à 30% en 4 ans

BIP 2018

L’hôpital de Nkolndongo réalisé à 30% en 4 ans

Lancés en 2018, par le ministère de la Santé publique, les travaux vont connaitre une évolution à pas de tortue puis, vont être abandonnés par l’entreprise adjudicataire.

Dans le but d’améliorer les conditions de travail du personnel de santé de l’hôpital de district (HD) de Nkolndongo, le ministère de la Santé publique avait prévu dans son budget d’investissement public (BIP) pour le compte de l’année 2018, la construction d’un bâtiment R+2 devant abriter les différents services de l’hôpital de district de Nkolndongo etla réhabilitation des bâtiments existants. Les travaux ont été attribués à l’entreprise Tami Sarl en qualité de maitre d’ouvrage le 23 novembre 2018 et au groupement CMA et ATECS, responsable du suivi des travaux. Sauf qu’entre novembre 2018 et juin 2021 soit, 2 ans 7 mois plus tard, le chantier qui devait être livré en 20 mois, soit 1 an 8 mois de durée des travaux n’est que l’ombre de lui-même. Sur le terrain, l’on peut constater que le chantier est totalement à l’abandon, plus l’ombre d’un ouvrier n’est perceptible.

Le bâtimentR+2 dont les travaux avaient effectivement débuté au mois de mai 2019, accuse un retard de 6 à 7 mois dans sa phase de lancement des travaux. Sur le site l’on peut remarquer que le bruit d’un marteau n’a plus retenti depuis plusieurs mois. Néanmoins, les travaux de construction du rez-de-chaussée ont été effectués, la dalle devant porter les murs du premier étage du bâtiment a été coulée et les murs élevés. Pour ce qui est du niveau deux, l’on peut percevoir que le bois devant servir de support pour la pose de la seconde dalle a été entamé et c’est à ce niveau que les travaux ont été abandonnés. Sur le sol, des matériaux tels du sable, du gravier, des parpaings et du fer sont à la merci des intempéries. Un état des lieux qui atteste de ce que le chantier de construction et de réhabilitation de l’hôpital de district de Nkolndongo est bel et bien à l’abandon depuis des mois. Approché, le directeur de l’hôpital de district de Nkolndongo, le Dr Joseph Guekeme, indique être loin de savoir les raisons de l’arrêt brutal des travaux. Il fait savoir qu’il n’était pas encore en service au sein dudit hôpital lors du lancement des travaux.

Pour la surveillante générale de l’hôpital, Sylvie Mbeze, le doigt accusateur est pointé sur l’entreprise en charge des travaux qui n’a pas respecté les délais. Cette dernière fait savoir que l’entreprise Tami Sarl avait indiqué que le bâtiment devait être prêt en fin 2020 et l’hôpital devait intégrer les locaux en janvier 2021 au plus tard. Sauf que jusqu’en juin 2021, les travaux sont à l’abandon. Joint par téléphone, Dany Malong Ngouanfo, l’un des responsables de l’entreprise Tami Sarlfait état de ce que « le retard observé au niveau du démarrage des travaux est dû au fait qu’il y avait des bâtiments abritant les services de l’hôpital qu’il fallait démolir avant de lancer les travaux. La directrice de HD de l’époque avait estimé que l’on ne pouvait pas détruire ces infrastructures. Il aura fallu l’intervention du ministre de la Santé publique qui adressa une correspondance au responsable de l’hôpital lui demandant de laisser l’entreprise détruire le bâtiment. Et là, nous accusions déjà 6 à 7 mois de retard sur le lancement des travaux ».

Démarrage tardif

Malgré le retard observé, l’entreprise Tami Sarl en date du 11 juin 2019 va procéder à la destruction de l’édifice et va entreprendre de construire un bâtiment en matériaux provisoires à l’extrême gauche du chantier pour abriter les services d’observation des malades. Puis, elle va procéder à la construction d’un baraquement du chantier et va lancer les travaux du gros œuvre. A la suite d’une descente sur le terrain du groupement CMA et ATECS qu’accompagnait le chef de service de la lettre de commande et du marché du Minsanté en présence des responsables de l’entreprise Tami Sarl, il en ressort que le taux de consommation des délais est de 10% et le taux de réalisation de 11% en date du 30 juin 2019.

Le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, va estimer que le taux de réalisation des travaux est très faible pour un chantier attribué à une entreprise il y a plus d’un an. En décembre 2019, le ministre de la Santé va servir une lettre de résiliation à l’entreprise à cause du non-respect des délais contractuels. Manaouda Malachie va juger que Tami Sarl est en retard dans le respect du cahier de charges, d’après Dany Malong Ngouanfo. Contacté par voix téléphonique, Roland Bekono l’un des responsables du groupement CMA et ATECS chargé du suivi des travaux, atteste d’une part que la cause de la suspension des travaux serait due au non-respect des délais :« Au cours des différentes séances de travail que nous avons eues avec l’entreprise Tami Sarl, le problème se situait au niveau de la lenteur dans l’avancement des travaux », apprend-on.

A la suite de la décision du Minsanté, le directeur de l’entreprise a demandé un rallongement jusqu’en début 2020 pour sortir le gros œuvre de terre, une demande qui lui sera accordée. Sauf que quelques mois après cet accord, en avril 2020 précisément, la pandémie à coronavirus va s’abattre sur le Cameroun et l’entreprise va faire face à de nombreuses difficultés. « Nous nous retrouvions avec une dizaine d’employés sur le chantier vu qu’il fallait respecter les mesures anti-Covid. Autre facteur, c’est que l’entreprise Tami Sarl rencontrait des difficultés sur le plan financier. Ses différents chantiers ne rapportaient plus de liquidités dû au Covid, tout était en stand-by », poursuit Dany Malong Ngouanfo.

Reprise éphémère

La pandémie ayant connu un léger relâchement, les travaux de HD de Nkolndongo vont aussitôt reprendre mais, l’évolution ne se fera véritablement pas sentir sur le terrain. Entre février et mars 2021, Manaouda Malachie va servir pour une seconde fois une mise en demeure à Tami Sarl comme le relève Dany Malong : « Ces travaux sont à l’arrêt depuis trois mois environ à cause d’une mise en demeure signée du ministre de la Santé. Comme toujours, ce dernier n’était pas content du retard accusé par l’entreprise. Dans sa correspondance, le patron de la Santé va demander qu’on arrête les travaux et afin que le ministère puisse évaluer ce qui a déjà été fait puis, voie s’il est possible que l’entreprise poursuive avec le chantier ou pas ».

Au moment de l’arrêt des travaux après la dernière évaluation de l’équipe de contrôle du groupement CMA et ATECS, le taux d’avancement des travaux oscillait autour de 25 à 30%. Ce chantier à l’abandon depuis des mois aujourd’hui impacte considérablement sur l’activité de HD de Nkolndongo. Les malades font face à une promiscuité légendaire, la salle d’observation en matériaux provisoires est étroite au regard du nombre de patients reçus, pas de pédiatrie digne de ce nom, pas de toilette femmes et hommes entre autres. Pour ce qui est du personnel, plusieurs sont dans les chaumières pour faute d’espace de travail.

A ce jour, les responsables de l’hôpital ont pour souhait de voir les travaux s’achever pour qu’ils intègrent les nouveaux locaux afin de mieux prendre en charge les malades. Leur regard est dorénavant tourné vers le maitre d’ouvrage, le ministère de la santé publique.

Raphael MFORLEM

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