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– LES MVEMBA Épisode 16 : Effet subit

– LES MVEMBA

Épisode 16 : Effet subit

Rebecca Mvemba

Je me souviens plus de jeune, j’étais amoureuse d’un garçon, vraiment charmant et surtout très attentionné. Il était en terminale et moi en première. Au départ, je me sentais vraiment mal de part les sentiments que j’éprouvais, mais plutard il me déclarait sa flamme. Pour moi, c’était le premier amour et j’étais persuadée que jamais notre relation n’allait avoir une fin, malheureusement, je me trompais totalement sur toute la ligne.

Après l’obtention de son baccalauréat, nous gardions contact en vivant notre relation à distance. Tout était parfait et j’y croyais fermement… Il m’écrivait chaque soir pour me dire à quel point je lui manquais et il voulait sincèrement qu’on finisse nos jours ensemble. Je me souviens en rigolant de tous ces sacrifices que je faisais pour avoir juste quelques heures avec mon prince charmant. Cette histoire dura jusqu’à ce que j’obtienne mon baccalauréat et que je choisisse une école professionnelle pour continuer mes études. J’avais la pression entre mes études et mes tâches à la maison, donc lui écrire, c’était quelque chose de vraiment pénible. Pourtant, je le faisais très régulièrement même en étudiant ou en travaillant à la maison… Puis un jour, tout à coup, il arrêta de m’écrire, un jour, deux jours, deux semaines, des mois… J’y croyais vraiment, je croyais que cette relation était celle avec laquelle j’allais vieillir, mais je m’étais trompée et c’est plus tard que je compris qu’en effet nous n’allions nul part tous les deux, on s’aimait comme des fous, on était jeune et on se faisait des promesses. Mais l’amour n’a jamais suffi pour faire durer une relation, le destin nous a séparés pour une bonne raison. Je ne comprenais pas et je me faisais du mal en y pensant, mais c’est plus tard avec plus de recul et de maturité que je compris que certaines relations amoureuses aussi bien qu’elles puissent être ne sont en fait que des transitions, des étapes pour te faire croire en quelque chose de réel, une étape pour être heureux… Mais juste une étape.

Becky !??

Dans l’obscurité, je me tourne toute apeurée vers la voix masculine. Dieu merci ce n’est que Tony assis sur son vélo et sa casquette à la tête…

Je me suis perdue dans mes réflexions en m’adossant sur le capot de mon véhicule.

Moi : Tony… Je mentirais si je disais que tu ne m’as pas effrayé. Tu fais quoi dans le coin ?

Tony : je viens voir ma mère en fait. Et toi, tu fais quoi là ?

Nous sommes tous les deux devant la concession des Eboutou. Je m’étonne, vu ce qu’il vient de dire.

Moi : je suis venu rendre visite à une amie ici, tu connais les gens de cette maison ? Ou c’est juste…

Tony : ma mère bosse ici comme ménagère, du coup bon…

Moi : Aaah, je vois !! Ta mère, c’est Maguy… Comme ce monde peut être petit !!

Tony sourit : oui en fait. J’avais prévu lui rendre visite… Mais le temps m’a manqué et j’ai préféré y aller ce soir après le boulot.

Moi : puisqu’on y va à deux, c’est mieux qu’on chemine ensemble… Si ça ne te dérange pas bien sûr.

Tony : ah non !! C’est plutôt un plaisir.

Depuis un certain temps, je me suis rapproché de Tony, c’est un mec sympa et sincèrement nous avons tellement plus de points en commun que je n’imaginais. Je me gare dans la cour et lui, il arrive à ma suite, nous traînons un peu sur la pelouse avant d’entrer. Personne n’est au salon, rien que Maguy qui nettoie…

Moi avec un sourire : Maguy…

Elle me regarde et en même temps voit Tony qui dépose son sac pour venir l’embrasser… Elle le prend dans ses bras.

Maguy : Mme Rébecca… Vous connaissez mon fils !?

Moi : oui, on va dire qu’on est… Collègues (je le regarde en souriant.).

Tony : bon, je crois que je vais attendre ici le temps que Mr Eboutou vienne… Tu sais, c’est pour lui que je suis là comme c’était convenu.

Maguy : en fait, ils sont tous sortis. Je suis la seule pour l’instant…

Moi : tu veux dire que même Melvice n’est pas là ?

Maguy : Marcien est venu la chercher tout à l’heure, apparemment, ils avaient quelque chose de prévue.

Moi : zut alors… Ce n’est pas de chance.

Tony : et ils vont arriver tard ?

Maguy : je crois que les Eboutou ont voyagé donc on n’est pas sûr de les voir aujourd’hui.

Tony : d’accord. Je crois donc qu’il n’y a plus d’autres options que de retourner chez moi.

Maguy : vous pouvez quand même rester pour dîner non !? J’ai fait un bon plantain avec les émincés de bœuf et sincèrement, je ne vous pardonnerai pas si vous dites non.

On se regarde tous les deux et par un sourire synchronisé, on s’accorde en hochant la tête…

Moi : c’est d’accord… Mais pas beaucoup, j’ai mangé, quelques heures, avant de venir.

Maguy : d’accord Mme !!

Maguy disparaît du salon en direction du couloir. Tony me sourit avec drame…

Tony : Mme !? Wooow… Le respect est de taille.

Je rigole : ne prends pas ça en considération, c’est juste que ta mère est un peu… Un peu trop respectueuse. Pourtant, plusieurs fois, déjà, je lui ai dit de ne plus m’appeler ainsi.

Tony : tu es quand même de la famille de sa patronne… En fait chez ma mère, je pense que c’est vraiment un tique. Mais bon…

Nous traînons au salon. Un moment, je me retire à l’extérieur pour prendre un peu d’air frais… Je regarde vers le ciel et j’ai l’impression de compter les étoiles qui se multiplient sous mes yeux.

Tu penses à quelqu’un ??

Je me tourne brusquement et je souris en voyant Tony qui lui aussi regarde vers le ciel…

Moi : non pas vraiment… J’aime juste regarder les étoiles et la lune.

Tony : il est dit que quand quelqu’un regarde beaucoup trop le ciel ça veut dire que soit quelqu’un le manque ou alors il réfléchit sur quelque chose qui le préoccupe… C’est quoi ton cas ?

Je me tourne vers lui avec un regard coquin et suspense, il dessine une grimace sur son visage et haussant les épaules… Je me retourne ensuite vers le ciel.

Moi : toi, tu as une personne à qui tu penses ? Quand tu es seul.

Tony : oui, ça m’arrive parfois de penser à des personnes. Ça dépend des moments aussi.

Moi : je voulais dire… Une personne que tu as aimée. Une fille par exemple

Tony sourit : tu veux jouer à ce jeu-là… Le jeu de confession. Tu sais quoi !? On va jouer…

Tony descend les marches des escaliers et s’assoit tout près de moi. Je ressens tout à coup une chaleur réconfortante émanée de lui.

Tony : comme tout le monde, mais comme son nom l’indique, c’était une relation interdite ou plutôt un rêve impossible.

Moi : raconte.

Tony se détend et lève la tête, je le regarde en souriant comme si je m’apprêtais à écouter quelque chose d’ultra… En même temps, je me plais bien à ses côtés.

Tony : tout ce dont je me souviens, c’est que c’était celle avait qui je voulais vivre mes moments les plus magiques… On se complétait étonnement, bref, on partageait tout. Je me souviens même (il sourit.) on avait un prénom à nous deux et surtout un langage codé. Elle n’était pas très bavarde et moi non plus, mais une fois qu’on se retrouvait, c’est comme si tous nos complexes allaient subitement à l’eau. Ça avait duré deux ans de suite. On pouvait rester des heures sans rien se dire pourtant tellement on s’écoutait dans le silence.

Moi : et… Et comment c’est fini ?

Tony : la réalité nous a rattrapé finalement. Pendant longtemps, nous avons essayé de nous persuader que les choses pourraient s’améliorer, mais à vue d’œil, c’était clair qu’on n’était pas fait pour être ensemble… On était tellement différent. Pour tous les deux, il était judicieux de se séparer quand le feu brûlait encore, plutôt que d’attendre que l’amertume des circonstances ne l’éteigne.

Moi : c’est comme un conte de fée. Une tragi-romance. Comme quoi tous les amours ne sont pas faits pour durer éternellement. Certains sont juste fait pour sourire pendant une période et traverser des étapes précises.

Tony : mais…. C’est fou comme quelqu’un qui hier faisait partie de ta vie puisse du jour au lendemain se transformer en étranger, jusqu’à ce que les sentiments disparaissent complètement. Certaines décisions sont douloureuses, pourtant en même temps, elles sont d’une importance capitale.

Je souris : c’est vrai…

Tony : qu’est-ce qui t’amuses ? J’ai dit un truc drôle ?

Moi : non, c’est juste que… Tu es tellement sérieux en racontant. C’est juste comme si tu revivais tout à coup vos moments passés. Avec cette description que tu donnes, elle devait vraiment avoir une place de choix dans ton cœur.

Tony : elle était la seule à avoir une place dans mon cœur en fait. Mais bon… (Il soupire.) Le passé reste une histoire à traverser et c’est important d’avancer, même s’il faut le faire avec quelques douleurs et certaines personnes avec qui on aurait aimé cheminer jusqu’à la tombe…

Moi : au moins, tu n’es pas mort. (Je ris.) Pourtant, je suis sûr que tu racontais partout que sans elle, tu ne pouvais pas vivre…

Tony : non, au moins même dans notre folie amoureuse, on était tous deux logiques, et même si on savait que la fin allait arriver, chaque jour, on se donnait une raison de croire et de continuer…

Moi : et aujourd’hui qu’est-ce que tu ressens pour elle ? Tu l’aimes encore ? Elle te manque ?

Tony : parfois quand des vagues souvenirs me reviennent, il m’arrive de repenser à nos moments et vraiment elle me manque… Mais ce qu’il en est de mes sentiments, ils ont disparus sans que je ne m’en rende compte. C’est fou comme les choses peuvent muter…

Moi : ça, je confirme… Et après, tu as encore aimé après elle ?

Tony : non. Certainement, parce que j’ai eu jusqu’ici peur de vivre la même expérience. Construire quelque chose à deux et puis devoir détruire encore à deux… C’est pénible Rébecca.

Moi : tout à coup, j’ai froid. Je ne sais pas si c’est…

Sans que je ne finisse de parler, je sens le bras de Tony m’enlacer pour me couvrir de son pull. Je pose ma tête sur son épaule et tous les on regarde le ciel dans le silence… Sans rien se dire.

À suivre…

Une série de Steph.

Source : chroniques universelles
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