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ANALYSE DE L’ADRESSE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PAUL BIYA DU 10 FEVRIER 2022, À LA JEUNESSE

ANALYSE DE L’ADRESSE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PAUL BIYA DU 10 FEVRIER 2022, À LA JEUNESSE

By Mathieu Davy Eya, enseignant, chercheur et écrivain.
Pour celui qui a une idée de ce que s’est qu’un discours, comment on le structure, les cadences heuristiques qu’on y emploie, les tendances idéologiques qu’on y évoque, mais surtout la portée qu’on veut susciter, celui-ci se rend très vite compte que les discours du Chef ont, depuis peu changé. Que ce soit sur le fond ou la forme dans son adresse à la jeunesse le 10 février 2022, c’est un Paul Biya qui se remodèle à travers les us Républicains et qui se ravit une seconde jeunesse quand il perce, sans perdre de vue l’essentiel, les problèmes de la jeunesse tout en esquissant des solutions toutes utiles pour cette dernière.

C’est un Paul Biya dont les discours sont mieux cadencés, plus longs certes, mais plus spécifiques. La particularité de ces discours réside dans le détail, c’est bien là que la vérité se cache, que les divergences se créent, que les amitiés se délient, que les considérations s’effritent. Dans ces détails aujourd’hui, Paul Biya à travers ses discours donne des chiffres vérifiables et à vérifier, il cite des noms, il partage les douleurs des populations, il compatit, a de l’empathie pour certains, fustige le comportement des autres, bref, c’est un chef qui, sans ternir sa stature se rapproche, à travers le dire et le savoir dire, de sa population.

En guise d’illustrations, l’année dernière, il a fait honneur à certains noms qui ont fait parler du Cameroun à l’international. Pensons notamment à Djaïli Amal Amadou, prix Goncourt Lycée, Thystère Mvondo, le plus jeune docteur en Mathématiques d’Afrique ou encore l’ingénieur en physique nucléaire Arsène Téma Biwole. Des jeunes, dont la figure intellectuelle inspire respect et admiration. Cette année, le discours échafaudé autour de l’organisation de la CAN Total Énergies 2021, du patriotisme folklorique prôné et de l’ambiance euphorique observé, a permis de relever les prouesses de certains athlètes dont les résultats ont hissé le Cameroun au sommet. Il s’agit de Francis Ngannou, champion du monde poids lourds de MMA, Francis Tchoffo, champion du monde poids moyens de boxe, Salvador Tchouyo, champion du monde de scrabble, des noms de la haute compétition sportive que le président a érigés aux yeux de la jeunesse comme des exemples à prendre.Lorsqu’un peuple semble égaré, avec des considérations mentales qui s’atrophient au fil du temps, il leur faut des modèles qui fixent le cap, qui de par leurs résiliences et leurs abnégations, ont pu défier les logiques préconçues, les idées toutes faites, pour arriver à leurs objectifs. Le président a conscience d’être en face d’une jeunesse qui ne rêve plus, tout au moins plus assez pour ne pas sombrer dans les abysses.

Les NTICs et le parterre logistiques et technologiques qu’elles apportent à cette jeunesse avide de sensations d’un autre genre, l’emportent et l’empêchent d’atteindre sa mue de maturation. Il faut dans ce cas des modèles, des vrais toutefois, qui accepteraient de jouer le rôle d’éclaireurs et de guide pour la jeunesse.

En qualité d’enseignant, il m’a aussi été permis de lire que le discours du chef de l’État a fait un tour dans ma chapelle pour y laisser quelques recommandations intéressantes à plus d’un titre. De prime abord, la question de l’insertion professionnelle qui est abordée dans le discours du président arrive dans un contexte marqué par la sortie récente du ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, qui dans un élan de dénonciation à ciel ouvert, fustigeait certaines formations au détriment d’autres qui, selon lui et selon les circonstances actuelles, n’offriraient jamais de l’emploi à la jeunesse.

Toutefois, il faut plusieurs assemblages pour faire le monde, le beau ne se voit pas dans l’unilatéralité, le beau se voit avant tout dans l’altérité. Les contrastes mettent mieux en exergue ses formes. On ne peut pas construire une société en décidant de manière volontaire, encore moins pour besoin d’une quelconque cause que se fut de museler certaines compétences, certaines capacités. Toutes les formations sont professionnalisantes. Il faut du courage, de l’audace, de la bonne gouvernance, une politique axée sur un cap certains, réaliste, adossée sur une vision qui épouse les conjonctures du moment et qui plante un regard prémonitoire vers l’avenir.

Il faut une bonne dose de courage pour dire que nos formations universitaires actuelles ne sont pas encore assez professionnalisantes, non pas qu’il y en a qui soient inutiles, loin de là, mais elles sont pour certaines mal pensées, parfois mal ficelées et de fait, n’apportent pas la satisfaction au premier commun qui s’y engage sans une réelle conviction de changer le monde à travers sa chapelle scientifique et ses savoirs épistémologiques. C’est cette paresse qu’il faut combattre.Non pas de demander aux parents de rendre leurs enfants tous carreleurs, et peut-être encore, ce métier qui se forme dans la foulée, moto-taximan, mais c’est de savoir que les intelligences humaines sont différentes. Si, différentes qu’on ne saurait pouvoir développer les mêmes aptitudes et ceci au même moment.

Les formes d’intelligences sont variées et répondent le plus souvent aux capacités intrinsèques des individus. Une intelligence logico-mathématique est complètement différente d’une intelligence linguistique ou encore d’une intelligence rythmique. Le président, le temps d’un discours aura donc tranché sur la question. Améliorons l’orientation scolaire, le suivi éducatif des jeunes pour que chacun soit, en fonction de ses aptitudes, à la place qu’il faut au moment où il faut.

Relativement, à la création des universités, ceci va du principe du désengorgement des deux grandes villes, Yaoundé et Douala et de leurs universités publiques. Sachant que l’on a encore des amphis de 1001 places à l’Université, qui en première année se remplissent au point de priver de places assises à certains étudiants. La création des universités dans chaque région sera une aubaine essentielle pour la population. C’est un management structurant qui participe aussi de la simplification non seulement des procédures administratives, mais aussi de la simplification du quotidien des populations des zones rurales dont les enfants peinent à intégrer l’enseignement supérieur.

Le président a vu juste, place aux actes concrets. Un autre point, non le moins essentiel, c’est cet intérêt démesuré de l’utilisation des réseaux sociaux par une frange de la jeunesse qui se découvre depuis peu les prouesses de dictateurs de consciences, de gourous, de communicateurs et analystes de toutes les situations même celles qui leur échappent. Le président les a encapsulés, cette fois, c’est plus logique, il n’aime pas citer les noms des plus hideux moralement que lui.

Malgré son âge, il se refuse encore de consommer le lait, au point de le nommer de sa bouche. Il stigmatise dans son élan, de manière bien voilée cette diaspora camerounaise qui s’attarde et s’attèle à ternir l’image du Cameroun et à distiller des contre-valeurs. Parce que les contemporains ne sont que très intéressants à citer quand ils font office de contre-modèle pour le chef, c’est sauver ceux qui peuvent être consciemment ou inconsciemment sous leurs influences qu’il faut prioriser. Des Stella Kamga, qui, sous fond de soutien au Rassemblement National, dit à qui veut l’entendre qu’elle est d’origine camerounaise en décidant toutefois par la suite de pérorer sur les plateaux de télévision combien ses lectures, nous ne le savons finalement, pas si abouties que cela l’amène à prôner la recolonisation de l’Afrique par la France.Voilà l’anti-modèle que l’éducateur et l’écrivain n’ont pas peur de regarder ni de citer, car, confronté au quotidien à la laideur des insoucieux, la hargne des délinquants, la férocité des moins nantis intellectuels, aux idées farfelues des apprenants et à la littérature atypique des anti-modèles. Le discours du chef de l’État ne parle pas à chaque individu de la même manière. On ne s’appesantit et ne réunit pas les mêmes filons pour le cerner.

Les volets économiques qu’il explicite notamment la réduction de la pauvreté et le taux d’employabilité me semblent nonobstant, sans en avoir les chiffres clairs, transitoires. On voit aussi et avant tout, une jeunesse occupée et productive, quand elle ne pullule pas dans les bars à longueur de journée, quand elle ne se livre pas de manière extrapolée à des orgies à n’en plus finir. On voit une jeunesse occupée quand elle est créative dans tous les secteurs. Quand elle est avant-gardiste, mais surtout quand on lui donne la possibilité de s’exprimer à des sphères les plus élevées de responsabilités.

L’année passée encore, le discours du chef évoquait la transition générationnelle. Nous aurions cru en lire cette année les avancements significatifs. Si la jeunesse n’occupe pas les responsabilités qui sont siennes, elle ne peut pas véritablement contribuer au développement de la Nation. La jeunesse n’est pas seulement l’avenir, mais elle est aussi le présent. Un présent continu. Si elle hérite des avoirs qu’elle n’a pas appris, avec douleur, détermination et engagement à construire, elle ne saura pas comment conserver cet héritage. Elle va le dilapider.

Ce dont cette jeunesse veut, c’est le rêve de Samuel Eto’o. De quitter de simple footballeur à président de la fédération de football ou connaissant mieux les problèmes de son métier pour y avoir été confronté, se trouve pouvoir prendre de bonnes décisions ma foi, de temps à autres pour rehausser l’image du football. C’est d’une Djali Amal Amadou qui joue un rôle primordial au département ministériel de la promotion de la femme et de la famille avec ses combats sur les violences faites aux femmes et les mariages forcés et précoces, c’est un Francis Ngannou à qui toute la batterie administrative sera mise en sa faveur pour que ce dernier vienne à former, ici au Cameroun des jeunes de son acabit dans sa discipline.

C’est aussi laisser jaillir des personnes de la trame de Cabral LIBII, de jeune journaliste qu’il était à troisième à la dernière élection présidentielle du Cameroun en 2018. C’est façonner d’autres Nourane Foster, qui n’ayant pas toujours et à priori devrions-nous le dire, la suffisance épistémologique de la responsabilité, a su braver et ouvrir, par son courage, sa détermination, son engagement, sa témérité, les portes de l’Assemblée nationale.

C’est valoriser madame Émilie Fotsa, dans son gigantesque, mais si prometteur projet de capaciter 52 000 étudiants Camerounais à la nouvelle pédagogie entrepreneuriale en réadaptant les contenus éducatifs et les modèles de transmissions des apprentissages pour que l’étudiant puisse déceler au sortir d’une leçon les points pratiques sur lesquels il peut s’appesantir pour être, d’abord immédiatement utile pour son environnement, ensuite pour sa communauté et enfin pour sa Nation. Le discours du Chef, laisse au final plusieurs portes d’analyses, nous en avons esquissé ici quelles unes d’entre elles.

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