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– LES MVEMBA Épisode 28 : Secret bien gardé Melvice Eboutou

– LES MVEMBA

Épisode 28 : Secret bien gardé

Melvice Eboutou

Sur ma chaise de bureau, j’admire la bague sur mon doigt et je me fais des scènes ridicules en imaginant les circonstances de mon mariage avec lui. Je repense à toutes les barrières que j’ai franchies et tous les complexes dont j’ai dû m’en défaire pour me retrouver gentiment coincée dans cette barrière de sentiments ; même mes émotions je ne les contrôle plus une fois que je suis avec lui ou juste quand je vois un message venant de lui

« Vrrrrrr » !! Mon cœur s’emballe instinctivement quand je remarque la notification bleutée de Marcien tout juste en haut de mon écran. Je prends le portable avec peine à cause des faux ongles que je me suis faites en manucure.

Le message : « Tu es où ? «

Je réponds : « Au travail, mon cœur ❤️ »

« D’accord, j’aimerais qu’on se capte si possible un de ces soirs pour discuter sur quelque chose d’assez important. »

Je réponds avec suspense : « C’est en rapport avec notre mariage ? »

Marcien tarde à écrire, puis il envoie…

« Sois sérieuse pour une fois. Le mariage ne fait pas partie des priorités pour l’instant… Il s’agit de ton frère. »

Une sueur froide me traverse et sans contrôle, je me lève de la chaise en fronçant les sourcils sur mon écran.

« Il a fait quoi mon frère ? Quelque, lui est-il arrivé ? »

« Ne pose pas trop de questions. À Jeudi… On va en parler tous les trois et je crois que tu as déjà une idée du sujet ».

Son homosexualité !! Je suis sûr que c’est de ça dont Marcien veut qu’on parle. Pourquoi Dylan ne pourrait pas juste disparaître et me laisser vivre heureuse pendant le temps qu’il me reste. Qu’est-ce qu’il a encore raconté à Marcien !? Qu’il a des sentiments pour lui ?? Si c’est le cas, je jure que je vais le tuer !!! De mes mains.

Toc toc toc !!

Je sursaute en regardant vers la porte. J’étais tellement emporté que je n’ai pas remarqué les grimaces ridicules sur mon visage… J’inspire profondément, je prends un verre d’eau et je m’assoie derrière mon bureau en gardant mon apparence de grande dame.

Moi : C’est ouvert… Entrez !!

Un jeune homme entre. Avec courtoisie, il me salue en s’agenouillant presque… Ça me revient, c’est le mec de Rébecca. On s’était croisé au restaurant, mais comment je n’avais pas remarqué à quel point, il était aussi mignon ? Sûrement dû au fait que j’avais cette tête d’Etoga qui m’embrouillait complètement. Il s’appelle… Tony, je crois !! J’espère juste ne pas me tromper.

Moi en souriant : Tony comment tu vas ?

Lui : Je vais bien Mme, mais c’est Tomy… Bref là n’est pas la question. Si je suis là, c’est pour une commission de la boîte de l’établissement Mvemba et Cie.

Moi avec curiosité : Une commission ? De quoi il est question ?

Lui : Apparemment, vous devez faire quelques signatures pour renouveler vos partenariats sur différents supports.

Je rigole : Ah oui, c’est vrai !! Où avais-je la tête ? Dan m’avait déjà prévenue de ton arrivée. Prends donc place le temps que… je fais ce qu’il y a à faire.

Tomy s’assoit et me donne les dossiers. Je commence les signatures en lisant les paragraphes… C’est calme et froid. En le regardant, je remarque le malaise sur son regard qui fait le tour de la pièce en m’évitant. J’essaye donc de détendre les choses.

Moi : Vous vous connaissez depuis combien de temps ? Rébecca et toi ?

Tomy : Trois mois par là. Je l’ai rencontré quand je suis venu faire ma demande d’emploi dans la boîte…

Moi : Et vous sortez ensemble depuis un bout ?

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Tomy rigole : Non, on n’est pas en couple. J’ai bien peur que notre relation soit assez compliquée à décrire. Rébecca, c’est une jeune femme que j’apprécie beaucoup, mais…

Moi : Je vais donc te dire. Tente ta chance et reviens me dire dans quelques semaines… Il fallait vous voir au restaurant, on aurait dit deux vrais amoureux qui s’ignorent. C’est vrai, j’avoue que Becky est une jeune femme avec tellement de complexes ; mais sans te donner des points immérités, je crois bien que tu ferais un bon mec pour elle.

Tomy sourit : Ton point de vue me fait beaucoup plaisir, je crois tout de même que je vais tenter ma chance à cet effet.

Moi : C’est une bonne solution.

Je viens de finir de tout signer. Je lui remets les documents pour qu’il s’en aille. Après un sourire échangé, Tomy disparaît derrière la porte du bureau.

Edith Abessolo

J’ai enfin pu avoir les résultats des examens médicaux de Nina et avec mon expérience nulle en médecine, je ne remarque aucune certification expliquant clairement la raison de l’ablation chirurgicale de ses trompes. Nina m’a gentiment remis le carnet et attend juste devant moi que je donne mon point de vue…

Moi : Nina, je ne sais pas si tu te rends compte du fait que la raison pour laquelle tu as eu les trompes coupés ne nécessitaient pas cette intervention ?

Nina : Peut-être qu’il y a eu complication avec le temps, ou un truc du genre… Edith, je comprends bien que tu essayes de m’aider, mais pour moi la réalité a aussi été difficile à digérer.

Moi : D’accord. Sinon je pourrais avoir ton carnet pour quelque temps ? Je vais te le rendre très bientôt.

Nina : Si tu veux.

Je m’en vais. Juste au seuil de la porte, je croise Dan qui entre, je l’esquive et je traverse. Je n’ai pas besoin d’une série de questions, raison pour laquelle j’ai supplié Nina de ne rien lui dire concernant cela.

Dans la cour, je vois une voiture entrer dans le portail. Surprise de voir sortir du véhicule ce même Docteur qui était responsable des soins médicaux de Nina, je me cache pour qu’il ne me voit pas. Il est encore à l’extérieur quand la porte de ma mère s’ouvre et elle de sortir en ouvrant grandement ses bras pour l’accueillir à l’entrée. Elle semble plus qu’heureuse de le recevoir.

Maman : Dr Akono !!! Quel plaisir de vous avoir ici chez nous.

Lui : Je passais par le coin et je me suis dit « pourquoi pas faire un tour chez vous ».

Maman : Vous êtes toujours le bienvenu chez nous, vous le savez.

Ils se font la bise.

Ce Dr Akono est le médecin familial depuis un certain moment, je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle l’ancien avait été viré. Mais c’est louche quand même…

Lui : Mr est là ?

Maman : Non. Il est malheureusement parti pour un voyage d’affaires, mais il sera là d’ici un moment. Je vous en prie entrez !!

Lui : À vrai dire, je ne comptais pas beaucoup durer.

Maman : Peu importe… Aujourd’hui, vous êtes mon invité Docteur, donc vous avez l’obligation d’entrer.

Lui en rigolant : D’accord.

Les deux entrent dans la maison. À mon tour, je me faufile discrètement pour m’introduire à mon tour à l’intérieur. Ils sont assis quand je glisse sur le sol jusqu’à m’arrêter derrière le grand canapé d’angle. Mes oreilles attentives, même si mes yeux ne voient rien. J’écoute leur conversation…

Maman : Tu bois quelque chose ? Tiens !! J’ai réservé un whisky d’ancienne date essentiellement pour une occasion comme celle-ci.

Dr Akono : D’accord, c’est un grand plaisir. Si je suis là, c’est parce que tu m’as fait appel en précisant le fait que c’était assez important.

Maman : Justement. Déjà, j’aimerais te féliciter pour ton opération de la dernière fois. Tu m’as rendu un énorme service et je n’ai même pas eu le temps de te dire merci.

Ils se tutoient maintenant !? Ça veut dire que tout ce qu’ils faisaient à l’extérieur n’était qu’une mise en scène. C’est bizarre, mais j’ai l’impression que cette conversation que je suis sur le point d’écouter aura un très grand impact. J’active donc mon magnétophone pour l’enregistrement…

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Dr Akono : Personne n’est ici ??

Maman : Non, absolument personne. C’est la raison pour laquelle je veux qu’on en parle ici… Fais-moi confiance.

Dr Akono : Je sais que si tu m’as fait appel, c’est pour que je règle un autre problème. De quoi il est question ?

Maman sourit : Tu me connais bien, on dirait. En fait déjà merci pour ce que tu as fait. Mais ce n’est pas fini. Dan a l’intention de faire un bébé avec la sœur de celle que tu connais et je veux que tu fasses le suivi pour que cet enfant… Perde la vie.

Dr Akono : Encore !? Mais pourquoi ??

Maman : J’ai mes raisons Akono et je ne veux pas que tu me poses des questions pareilles. Ça m’agace.

Dr Akono : C’est juste que… Je pensais que tu voulais qu’on détruise les trompes de Nina pour qu’elle perde sa stabilité dans son foyer et je ne comprends pas pourquoi il y a encore une nouvelle venue et qu’il faut lui faire pratiquement la même chose. Au final, c’est à qui que tu en veux ?

Maman : Fais ton travail et le reste ne te concerne pas, c’est si difficile de garder un secret aussi simple ?

Dr Akono : J’ai bien peur de ne pas être capable de faire une chose pareille.

Maman : Akono… Toi et moi savons des choses à ton sujet qu’en aucun cas, il serait judicieux de révéler à qui que ce soit. Personne n’est un ange… Tu vois de quoi je parle.

Dr Akono : Tu m’avais promis qu’après l’affaire Nina, tu allais arrêter de m’utiliser en me faisant chanter. C’est encore quoi cette histoire ?

Maman : Je m’excuse… Mais cette fois sera la dernière, promis !!

Dr Akono : Comme si j’avais le choix.

Par un coup du diable, mon téléphone se met à sonner !!

Je chuchote en raccrochant : Merde !!

Dr Akono : Est-ce que j’ai entendu un… Mais tu as dit que personne n’était là non !?

Maman : Oui en effet. Je ne comprends pas d’où vient cette sonnerie… Mais je crois qu’elle venait de là.

S’ils me prennent, je suis cuite !! Cuite. J’écoute ma mère se lever et traverser la table basse pour venir à ma position… J’ai le cœur qui bat en désordre et la tête qui tourne !!!

Soudain, une idée me vient à l’esprit. Je laisse mon portable sur le sol de telle sorte qu’elle puisse voir et je m’enfonce un peu plus derrière le canapé. C’est possible qu’elle pousse sa curiosité un peu plus loin que le téléphone, si c’est le cas cette fois je suis morte pour de vrai puisque je n’ai plus d’endroits où me cacher.

Maman : Aahn, c’est un téléphone posé sur le sol. Quelqu’un l’a dû certainement perdre et est en train d’appeler pour savoir où il est.

Elle s’approche jusqu’à le téléphone qui est à quelques centimètres de moi, elle s’accroupit et le ramasse. Si son regard se tourne ne serait-ce qu’à 90°, elle me verra. In extremis, elle prend le téléphone et s’en va sans regarder. Je soupire en poussant une grande respiration.

Maman : C’est le téléphone de ma fille… Quand elle sera là, je vais le lui remettre. Sinon où on en était.

Dr Akono se lève : Je crois que je dois m’en aller, je vais faire comme tu m’as dit. Mais j’espère vraiment que cette fois, c’est la dernière.

Maman : Moi aussi… Et après, je vais jeter ton secret dans le lac de l’oubli. On va, je vais t’accompagner.

Mais de quel secret ils sont entrain de parler ? Un secret assez important pour pousser le Docteur à commettre de telles atrocités ??

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