Littérature

– LES MVEMBA

Épisode 37 : Affaire à suivre de près

_Rebecca Mvemba_

Il est dix-neuf heures passées et encore, je n’ai pas commencé à travailler sur les dossiers que je suis censé rendre demain matin. Je m’en veux tellement à moi et aussi à cette série qui m’absorbe littéralement. « The Witcher », à chaque fois où je me dis que c’est le dernier épisode, ils introduisent un suspens insupportable. J’ai les yeux qui larmoyant à cause de l’obscurité dans laquelle je me trouve, et avec l’écran allumé qui éclaire en plein sur mon visage, ce n’est du tout pas évident.

Pop-corn sucrés en main, je suis aspiré par chaque action sur mon écran.
Mon téléphone signale une notification, ayant les yeux toujours gardés sur mon écran, je déverrouille mon portable et j’y jette un coup d’œil rapide pour ne rien rater sur ma série. Mais le message plutôt intrigant détourne mon attention.
« Tu es à la maison ? Je suis juste devant ta porte. »

Qui est-ce ? Le numéro n’est pas enregistré dans mon portable. Je réfléchis en creusant dans ma tête pour savoir qui pourrait avoir mon numéro ou à qui je l’aurais donné, mais rien !! Je ne vois personne.

Moi : « Je peux savoir qui s’est ? »

« C’est Tomy. »
Non mais je rêve !!! Ça fait pratiquement deux ans que je n’ai plus écouté ce nom. Lâchement, il avait disparu le soir même du mariage de Marcien, tout ça sans donner de nouvelles et aujourd’hui il débarque en… Est-ce vraiment lui ou peut-être ?

Moi : « Lequel ?? »
On toque à ma porte. Je regarde en sursaut, mon cœur s’emballe à cause de la réaction rapide de mon mouvement inattendu. Je reste silencieuse, attendant qu’on toque pour la deuxième fois afin de m’assurer que ce bruit n’est pas juste dans ma tête.

« Toc toc toc !!! »

C’est réel !! Je me lève de mon canapé rempli de pop-corn que je nettoie rapidement. Je fais descendre le bas de mon gros pull qui fait office de seul vêtement et sous lequel je n’ai qu’un caleçon boxeur.

Intriguée : Qui est-ce ??

_ C’est moi Becky, c’est Tomy !!

Je pose la main sur ma bouche comme si je venais d’écouter un fantôme à ma porte. Je ne sais pas quoi faire, quoi dire, quoi penser… Ça fait des années qu’il a disparu sans donner de nouvelles. J’étais persuadée que j’étais passé à autre chose pourtant en écoutant juste le son de sa voix, j’ai l’impression de revivre quelque chose de…

_ Tu vas ouvrir ? S’il te plaît… Où tu m’en veux au point de ne vouloir pas me voir ?

Moi : J’arrive !! Lai… Laisse-moi une seconde.

Je m’embrouille à vouloir nettoyer un peu plus mon fauteuil et j’essaye de regarder tout autour pour m’assurer que l’un de mes soutiens-gorge ou caleçon ne traîne pas. Ensuite, je prends une grande inspiration avant de me précipiter sur la porte pour l’ouvrir avec enthousiasme.

Nos regards se croisent à la seconde !! Le pire, c’est que je n’arrive pas à détourner le mien et pire, je n’arrive pas à faire sortir le moindre mot.

Tomy : Écoute, avant de dire quoi que ce soit j’aimerais que tu saches que je suis profondément désol…

Avant qu’il ne termine sa phrase prévisible, mon corps sans ma permission s’est saisi de lui par les épaules pour l’embrasser vigoureusement !! En constatant cette réaction humiliante et victime de mes pulsions, piégées sur ses lèvres, je reste immobile. Enfin, je me détache telle une ventouse usée pour reprendre ma position de départ, je tire vers le bas mon pull qui s’est remonté à cause de mon mouvement.

Moi en l’évitant du regard : T’étais passé où depuis tout ce temps ?

Tomy : Je suis désolé d’être parti comme ça sans prévenir, c’est juste que je venais de recevoir un énorme choc émotionnel.

Je gronde : Mais tu pouvais au moins en parler !!! Nous deux, c’était donc aussi insignifiant pour toi ??

Tomy : Non, je n’ai vraiment pas d’excuse pour me justifier… J’ai parfaitement tort. Mais si je suis revenu, c’est parce que je me suis rendu compte que rien ne servait à s’en fuir.

Moi : Oublie le baiser… Je ne sais pas ce qui m’a pris. C’était ça ou une gifle.

Tomy murmure : C’est vrai que j’aurais préféré la gifle, puisque je le mérite vraiment.

Moi : Tu étais où ?

Tomy : J’étais au Gabon, j’y suis allé chez l’un de mes oncles pour trouver du travail et rester le plus longtemps possible éloigné de cette famille maudite !

Moi : Alors pourquoi tu es revenu ?

Tomy : À cause de toi, tu m’as tellement manqué durant tout ce temps… Je pensais à toi tous les jours et je me demandais quand est-ce que je reviendrai ?

Moi : Tu pensais à moi, et même pas une fois, tu m’as appelé. C’est ridicule quand même ce que tu dis. Un soir, on est bien tous les deux… Je viens te voir, à l’instant même, tu disparais et c’est après deux ans que tu reviens avec des excuses, comme un fantôme.

Tomy : Éh !! Je sais que j’ai vraiment merdé et pour cela, je vais me racheter, je te le jure… Je ferai tout pour restaurer ton cœur que j’ai brutalisé.

C’est ridicule surtout à cause du fait que toutes ses paroles me plaisent. Il est tellement plus beau et visiblement plus posé. Rien qu’en le voyant, j’ai des pulsions et des réactions à travers tout mon corps. Mais c’est mal tout ça. Tomy a merdé et il faut qu’il répare ses erreurs.

Moi : Et c’était quoi la raison de cette fugue à l’improviste ? Pourquoi tu étais parti ?

Tomy : Je venais de découvrir que M. Eboutou en fait est mon père.

Moi : Quooiiii !!!! Dis-moi que tu rigoles.

Tomy : Pendant toutes ces années, j’étais convaincu que mon père était mort… Pourtant, cette crapule était mon géniteur depuis tout ce temps. Il voulait faire avorter ma mère à l’époque, mais je ne comprends pas pourquoi elle a toujours décidé de vouloir travailler dans cette maison malgré ce qu’il lui a fait.

Moi : Ces informations sont un peu trop pour mon cerveau, donc j’ai peur d’apporter un point de vue gauche… Mais c’est possible que M. Eboutou et ta mère avaient été amoureux à ce moment et que c’était juste une erreur. Après que ta mère ait décidé de te garder, il fallait qu’il prenne ses responsabilités, mais sans que son épouse légitime ne soit au courant. Mais comment est-ce qu’ils ont pu garder ce secret pendant autant d’années et comment ils ont réussi à jouer le jeu ??

Tomy : J’ai été lâche en m’enfuyant comme ça.

Moi : Oui, carrément, trop lâche !! Mais tu es là et il faut avoir toutes les informations nécessaires à ce sujet. Ça veut dire que Dylan et Melvice sont tes frères… Wooow !! Ce genre de choses implique tellement d’autres. J’espère qu’avec tout ce désordre dans cette famille quelqu’un ne va pas finir par coucher avec son frère.

Tomy : Je te dis.

Un diable passe !! (Un moment de silence s’infiltre.)

Tomy : Bon, je crois que je vais y aller.

Moi : D’accord… Prends soin de toi.

Tomy : Toi aussi…

Nous nous regardons tous les deux dans une pause. Directement, je détourne mon visage pour éviter cette trêve de tentation. J’ai tellement envie je l’avoue… Mais pas aujourd’hui, pas ce soir. Je sais que lui aussi, il ressent cette attirance.

Moi : Bon… Je crois que je vais fermer ma porte.

Tomy décale : Ah Oui !! D’accord…

Mme Eboutou arrive au salon, ses deux petits-fils l’embrassent au point de presque la faire tomber.

Mme Eboutou en riant : Mes petits anges !! Doucement, s’il vous plaît. Où est votre mère…

Mike : À la salle à manger.

Mme Eboutou caresse leurs cheveux : Allez jouer dans la cour. Je vais la voir.

Un peu curieuse de la venue imprévue de sa fille, Mme Eboutou va la rejoindre au salon avec un soupçon de suspens.

Une fois à la salle à manger, elle voit sa fille assise et apparemment abattue, les mains sur le visage.

Mme Eboutou : Mme Etoga, qu’est-ce qu’il y a ??

Melvice la voit : Bonsoir Maman… Tu vas bien ?

Mme Eboutou en tirant une chaise pour s’asseoir : C’est moi qui devrais te poser cette question, Melvice qu’est-ce qui ne va pas ?

Melvice : Si ça ne te pose pas de problème, j’aimerais rester ici quelques jours avant de retourner chez moi.

Mme Eboutou : Bien-sûr que ça me dérange, vu que tu as une maison et un mari… Qu’est-ce qu’il y a ??

Melvice : C’est Marcien… Maman, c’est Marcien.

Mme Eboutou : Qu’est-ce qui ne va pas ? Il t’a trompé ??

Melvice : J’en sais rien, mais il me dit non.

Mme Eboutou : Il t’a frappé ??

Melvice : Non Maman, rien de tout ça.

Mme : Il maltraite les garçons ? Il te maltraite ?

Melvice : Non Maman !!!

Mme Eboutou : Alors qu’est-ce que tu fais ici ? Ne commence pas avec les caprices de jeunes mariés parce que ce n’est pas aujourd’hui que je vais gérer ça.

Melvice : Marcien n’est plus le même. Je ne sais pas si tu peux comprendre ça, mais il a changé et moi je n’arrive pas à supporter ça.

Mme Eboutou : Et quand tu quittes le chez toi pour revenir chez tes parents avec les enfants de quelqu’un, c’est pour que moi je règle ce différend ? Melvice je peux comprendre le fait que vous traversez une situation un peu compliquée… Mais tu dois savoir que la plus grosse erreur qu’on commet quand on a un problème dans son couple, c’est retourner chez ses parents. C’est un énorme signe d’échec.

Melvice : Maman…

Mme Eboutou : Laisse moi finir s’il te plaît. En plus tu me dis qu’il ne t’a fait aucun mal. Certainement il se montre juste distant et mou. Tu croyais vraiment que le mariage c’était « le voir bébé ? ». Ou tu penses que ce qu’on montre à la télé là c’est le réel ? Il y a des situations encore plus compliquées qui vous attendent et pour ça vous devez rester soudés pour gérer ça, si vous ne le faites pas pour vous… Faites le au moins pour les enfants. Tu veux vraiment qu’ils grandissent dans cette atmosphère ? Et si tu t’en vas et tu viens trouver une femme chez toi, tu vas dire quoi ?? D’accord quand vous étiez encore copains tu pouvais te permettre de faire certains caprices, de prendre certains risques, de t’offrir certains luxes… Mais là il s’agit d’un mariage et des enfants y sont impliqués. Alors s’il te plaît… Revois ta décision et retourne vers ton mari pour essayer d’être flexible dans la conversation, s’il se montre réfractaire ou pas du tout coopératif, reste silencieuse mais ne quitte jamais le chez toi. C’est ta maison là bas, pas ici… Sécurise ce qui t’appartient au moins.

Melvice : Je comprends…

Mme Eboutou : Donc, tu vas passer deux jours ici et après on va aller chez toi pour que tu te réinstalle… Et essaye de faire ce qu’il faut pour arranger les choses. Les hommes sont tous bornés et parfois ce dont ils ont besoin c’est un peu qu’on leur botte le cul. Trouve une solution…

Melvice hoche la tête et soupire. Sa mère lui sourit avant de se lever et aller rejoindre ses petits fils qui courent partout dans la maison.

Mme Eboutou : Allez !! Suivez moi… Grand-mère a une surprise pour vous.

« Toc toc toc »

Mr Eboutou : Entrez, c’est ouvert…

La porte s’ouvre et Tomy entre dans le bureau de Mr Eboutou qui se lève instantanément comme s’il venait de voir un fantôme.

Mr Eboutou : Tomy…

Tomy : Oui Mr… Ou plutôt Papa.

Mr Eboutou : Écoute, je…

Tomy s’asseoit : Je suis là maintenant et je crois qu’il faut qu’on ait tous les deux unes conversations.

Mr Eboutou : Moi aussi.

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