CHRONIQUE LITTÉRAIRE

LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 25

__________Jodelle__________

De la colère ? Du dégoût ? Du chagrin ? Je ne saurais définir mes sentiments actuellement et contre qui ils sont portés. Regarder dans les yeux, celle qui est sur le point de me prendre l’homme que j’aime, pire encore cette femme est ma patronne. Le fardeau m’est beaucoup trop pesant et la chose la plus difficile à faire, voire même impossible serait de jouer au jeu de l’intouchable au risque de tout perdre… Après tout, il me reste encore Sophia et aussi ma mère.

Anna vient de s’introduire dans l’Office, avant même que la porte ne s’ouvre à son passage, son parfum fort trahissait déjà son arrivée. Cette allure de femme accomplie et fière de ses projets, elle avance vivement en traversant la moitié de la pièce sans adresser un piètre mot à qui que ce soit… En revanche, elle me balance un sourire subit que j’ai tout à coup du mal à gérer, je me presse de lui rendre son sourire par le mien encore plus falsifié.

Sans me regarder : Tu vas bien aujourd’hui Jodelle ??

Je réponds : On ne se plaint pas Mme… Dieu fait grâce.

Elle n’a même pas eu le respect de darder sur moi son regard, bien que cet acte pourrait être une sorte de provocation, mais au moins le respect de la règle de l’adversaire y serait. Mais bref…

Elle sait que je sais qu’elle sait. Ses yeux me l’ont dit, malgré le fait qu’elle cache sa culpabilité, j’arrive à la voir avec mes yeux de femme. Mais a-t-elle un quelconque compte à me rendre !? Non…

Anna soudainement : Vous allez rentrer beaucoup plus tôt que prévu aujourd’hui, parce que demain nous aurons vraiment à faire et je serai obligé de vous arracher à vos chéris pour travailler pendant toute la journée… Du coup je préfère que vous compensiez votre absence de demain chez vous par votre présence d’aujourd’hui… Des questions !??

Pfff!! Arracher à nos chéris… Très amusant quand tu sais que mon chéri, c’est toi qui l’a. J’ai l’impression que chacune de ses paroles étaient comme un venin quittant de son dard pour directement venir pénétrer dans ma chair. Les autres sont heureuses par la nouvelle, je le devrais aussi… Je le suis aussi, enfin je fais semblant de l’être pour me faufiler dans la masse.

Depuis mon poste, je la vois passer un appel dans son bureau. Cet appel semblant lui procurer tellement de plaisir vu la façon dont elle en fait des scènes… Qui est-ce au téléphone ? Peut-être Gérôme. Forcément lui!! Qui d’autre pourrait lui faire autant rire.??

Anna au téléphone : D’accord Romy… Tu es adorable, à ce soir donc pour la conclusion. Merci pour tes services…

Romy ?? Donc non seulement elle me pique mon mec, mais encore elle le trompe avec un autre.

Anna : Jodelle bonjour.

J’ouvre grand les yeux en me tournant vers elle, ne l’ayant pas vu arriver, la surprise me foudroie.

Moi : Anna… Tu vas bien ?

Anna : C’est à moi de te poser la question… Gérôme m’a dit que vous vous êtes disputés tous les deux.

Dites moi que je rêve ou plutôt donnez moi une épingle derrière laquelle je puisse me cacher. Gérôme n’est quand pas aller jusqu’à étaler nos problèmes intimes face à elle.

Moi : Il t’a dit ça…

Anna : Oui et je sais pourquoi vous l’avez fait, je sais aussi que tu n’es pas sa cousine.

Elle me pique et pourtant dans son regard je ne vois même pas le moindre soupçon d’agression ou de provocation, plutôt de la pitié ou de la compassion. J’ignore quoi lui répondre à présent…

Moi : Oui c’est vrai. Et je m’excuse, si on a menti c’était parce que…

Anna : T’inquiètes pas, je sais la motivation derrière ce mensonge et elle n’était pas mauvaise, donc vous n’êtes pas à blâmer… C’est moi qui m’excuse.

Moi : À bon!? Pourquoi ??

Anna traine comme si elle cherchait les mots adéquats avant de poursuivre…

Anna : Je suis vraiment amoureuse de lui et ça été le cas bien avant que je ne saches pour vous deux… Ces derniers temps on s’est un peu rapprochés comme tu as sûrement pu le constater. Je te respecte beaucoup en tant que femme et surtout je n’aimerais pas te blesser, mais j’aimerais surtout être sincère avec toi pour que les choses ne paraissent pas sous un angle plus malsain.

Moi : Je ne sais quoi dire, je ne sais pas ce que je dois te dire Anna.

Anna : Quand je suis arrivé, je t’ai en quelque sorte observé et je me suis très bien rendu compte que tu ne me supporte pas, c’est peut-être le cas depuis mais jusqu’ici je n’ai jamais prêté attention parce que je me disais que Gérôme n’était nul autre que ton cher cousin. Mais Jodelle je ne vais pas l’acculer et je ne vais non plus totalement m’éloigner de lui, à toi de voir…

Moi : Est-ce que tu es par là entrain de m’annoncer officiellement qu’on est rivales??

Anna : Si ça ne te dérange pas, j’aimerais bien que tes sentiments n’aient aucun rapport avec ton rendu sur ton travail… Ça me fait plaisir de te voir travailler ici parce que si je t’ai donné ce poste c’est tout d’abord parce que je t’appréciais, c’est d’ailleurs toujours le cas.

Moi : D’accord…

Anna : Bonne journée Jodelle.

Elle me tapote l’épaule en me laissant ce même sourire chaleureux avant de s’éloigner. J’ai eu un moment comme l’impression d’être écraser par sa présence. Qu’est-ce que je suis sensé faire ou dire ? Une qui s’est présenté à moi pour me dire clairement ses intentions.

En soirée à la maison.

Moi : Je ne sais pas quoi penser Michèle.

Michèle : Il faut d’abord que tu essaies de te calmer et digérer les choses parce que là vraiment rien ne paraît logique.

Moi : Parce que tu crois que c’est le cas pour moi ?? Je t’ai retracé les faits exactement comme ils se sont passés. Je suis juste fatiguée.

Michèle : Et tu as essayé d’en parler une fois de plus à Gérôme ?

Moi : Pour lui dire quoi encore ? Tu n’es pas au courant que je suis celle qui a imposé la pause ?? Façon j’ai honte ein!??

Je m’asseois sur le canapé en tenant mon visage entre mes mains, Michèle essaie de me remonter le moral, un moral même que j’ai complétement perdu.

Moi : Et Sophia dans tout ça ?? Qu’est-ce qu’elle va faire ?? Je vais lui dire quoi ??

Michèle : Toi aussi Jodelle. Arrête d’être pessimiste à ce point !! Ce n’est pas comme si Gérôme s’était séparé de toi, c’est toi même qui a demandé cette pause… Ne te fais plus de film.

Moi : Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête. Je n’aurai pas dû demander cette pause. Mais la colère eiin!! Voilà les conséquences.

Michèle : Quelles conséquences ?? Moi je ne vois pas de conséquences. Tout ce que je vois, c’est un couple qui traverse un difficulté. Une fille riche qui s’immisce dans votre couple et tente de prendre ton mec, elle le colle par tous les moyens. À la base si il n’y avait pas ce mensonge de cousin cousine, qui sait !? Peut-être tout ceci ne serait arrivé. Mais Jodelle Gérôme ne t’a pas encore dit qu’il ne t’aimait plus, donc c’est toi qui te fait du mal en imaginant le pire. Si tu penses que votre relation en vaut la peine… Alors essaies de te battre pour ce que tu as construit au lieu de t’apitoyer sur ton sort, se plaindre ne va rien changer, bâts toi jusqu’à ce qu’il te donne une raison d’arrêter. Je ne peux pas te reprocher le fait que tu te sois senti mal au point d’imposer une pause, c’était peut-être vite fait mais c’était sous la pression de la colère et la déception. La pire des choses à faire en ce moment serait d’utiliser la colère pour régler les choses, essaies de te mettre dans sa peau et comprends le… Surtout arrête de jouer aux filles qui disent que wooooh je ne me bats pas pour un homme, je me concentre sur ma vie et je tourne la page, si tu n’as pas envie de regretter toute ta vie, fais tout pour récupérer le père de ton enfant Jodelle… S’il est fait pour toi à la fin il va te revenir. Le problème avec nous les filles d’aujourd’hui c’est que nous laissons tomber trop vite pour ensuite nous plaindre après.

_______________Gerome_______________

De loin, en traversant la rue j’aperçois ce Josh qui s’apprête à entrer dans sa voiture. Tiré à quatre épingles avec cette tête d’homme à faire mal aux femmes et puis s’en fuir… Je ne m’empêche pas de l’accoster.

Moi : Chef…

Il s’arrête et me voit en se tournant vers ma direction, un peu surpris il reste quand même silencieux et coopératif. Je lui tend la main qu’il saisit sans aucune hésitation.

Josh : J’ai comme l’impression qu’on s’est déjà vu quelque part, ou je me trompe.

Moi : Non tu ne te trompes pas… Tu sais très bien où on s’est déjà vu, je suis le petit ami de Jodelle et le père de sa fille.

Josh rit : Je croyais plutôt que vous étiez cousins.

Moi : Bref, je ne suis même pas là pour cela. Je tenais juste à te faire parvenir un message… À moins que tu sois du genre à rôder autour des proies ou des terrains déjà bornés, j’aimerais que tu saches qu’elle est déjà prise.

Josh : Ah je vois… Mais je n’ai pas cru voir une bague sur son doigt.

Moi : Je te demande pardon ??

Josh : Mon pote, nous sommes des hommes aujourd’hui et plus des enfants… Je ne vais pas t’apprendre que quand on veut se targuer d’être avec une demoiselle, on lui donne un anneau en terme de garantie, on ne lui flanque pas un gosse comme gage pour aller tourner ailleurs, sans vouloir te vexer. Si tu n’es pas prêt à t’occuper d’une perle rare, il faut trouver le courage de la laisser à celui qui peut le faire.

Moi : Tu es même qui pour me dire toutes ces choses là ? Si c’est le cas pourquoi depuis tu n’es pas marié ??

Josh : Parce que je n’avais pas encore rencontré de Jodelle dans ma vie.

Sans trembler des yeux, il me fixe un moment avant de porter ses lunettes de soleil et entrer dans sa voiture. Plus que humilier, je suis là debout au milieu de la voie, n’ayant pas pu dire ne serait-ce qu’une seule parole pour défendre celle que je prétends être mienne. Tout honteux, je traverse la route pour continuer à vaquer à mes occupations…

À suivre.

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