CHRONIQUE LITTÉRAIRE

LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 29

_____________GEROME_____________

Nous sommes assis là, depuis près de 20 minutes déjà devant la télé qu’on regarde même pas. On a tellement à se dire mais le simple fait que la conversation devrait être différente de celle d’habitude, personne d’entre nous ne se presse.
Je suis déjà presque sec, j’ai toujours mon pantalon mouillé qui colle sur mes cuisses.

________________Jodelle_________________

C’est tellement silencieux qu’on pourrait presque s’écouter respirer. Gérôme est assis en face de moi et heureusement face à nous il y a la télé qui nous épargne le stress de se regarder tous les deux dans les yeux. C’est ridicule à la fin, nous sommes comme deux enfants qui viennent de se rencontrer et cherchent une faille pour introduire leur conversation.
Quelques fois, en se perdant en sa direction, mes yeux croisent les siens qui subitement se détournent encore. Il faut qu’on parle, on se l’est dit mais personne n’a le courage de poser le premier mot il paraît.

En le disant d’une voix timide : Je suis désolé Jodelle.

Tellement je suis soulagée, enfin on peut parler et enfin cette glace s’est brisée. Je regarde Gérôme avec interrogation, question qu’il apporte plus de clarification à la raison de ses excuses… Il doit parler, après tout c’est lui qui a demandé le pourparler non!?

Il poursuit : Pour tout ce qui s’est passé jusqu’ici. C’est vrai que je ne peux vraiment maîtriser ou évaluer ou même connaître ce que tu ressens. Mais je suis désolé.

Moi : Si tu ne sais pas ce que je ressens Gérôme, ça veut peut-être dire que tu ignore pourquoi je suis comme ça… Pourquoi nous sommes tous les deux comme ça.

Il me regarde : Les choses sont passées tellement vite chérie, au point où je n’ai pas eu le temps de vraiment capter la raison de cette trêve amoureuse. Mais je sais que si tu as exigé une pause c’est pour une raison bien logique.

« J’imagine que c’est une façon pour lui de me laisser le soin d’exprimer mes sentiments, le pourquoi de mon attitude… Et justement à ce sujet, j’ai à dire  »

Moi : Tu te souviens quand on s’est capté pour la première fois ?

Gérôme lève la tête pour réfléchir ; puis sourit en hochant la tête une fois que le souvenir lui revient.

Gérôme: Ouais ! J’étais venu avec mon mentor pour vous faire des propositions post-baccalauréat dans votre salle. Quand j’y pense aujourd’hui, je me rappelle à quel point tu étais petite en ce temps là.

Moi : Qu’est-ce qui t’a fait me draguer plus tard et insister ? Pourtant il y avait d’autres filles plus grandes et plus belles qui auraient pu accepter ?

Gérôme: Je crois que c’était surtout dû au fait que tu avais un truc que je ne pouvais pas expliquer. Tu étais… Disons une fille à part. Tu avais ces flammes dans les yeux qui me rendaient curieux d’en savoir plus.

Moi : Et pourquoi tu es resté ? Après que j’ai accepté et que plutard je sois tombé amoureuse de toi et accepté de porter ton enfant ? D’habitude les hommes se cassent quand ils ont ce qu’ils voulaient. Mais ça fait pratiquement 6 ans que nous sommes ensemble… Pourquoi tu es resté Gérôme.

Gérôme réfléchi : J’en sais rien… Parce que je t’aimais.

Moi : Parce que tu m’aimais.

Je soupire profondément pour laisser couler ma déception face à sa réponse superficielle et incomplète. Je passe ma main sous mes yeux qui déjà commencent à pisser.
Gérôme a compris que sa réponse ne m’a pas contenté.

Gérôme : Jodelle… Je suis resté parce que je ne me voyais pas vivre sans toi, vivre séparé de toi après tout ce qu’on avait construit. Tu est la mère de ma fille.

Moi : Et alors ??

Gérôme : Si je ne te convaincs pas assez, alors dis moi. Dis moi ce que tu veux entendre de plus si pour toi l’amour ne suffit pas pour faire rester Quelqu’un.

Moi : Ce qui fait rester et durer… C’est le fait de ne pas se voir vivre sans la personne avec qui on s’est engagée.

Gérôme : Justement Jodelle… C’est mon cas. C’est mon cas même en ce moment et c’est la raison pour laquelle je suis venu, je ne me vois pas dans toi.

Moi : Tu es venu parce que tu ne me vois pas sans toi ou parce que Anna t’a poussé dans mes bras en te demandant de venir me trouver.

« Les yeux ne mentent pas, pas ceux de Gérôme en tout cas. Je le regarde droit dans les yeux en espérant qu’il démente ce que je viens de dire en prouvant le contraire. Mais à ma plus triste surprise, ce dernier détourne les siens pour fuir la vérité. C’est comme à cette instant même mon cœur avait cessé de battre.
Sans comprendre comment et pourquoi, j’éclate subitement en larmes. »

Gérôme : Baby mama…

Moi : Je n’arrive pas à croire Gérôme, je n’arrive pas juste à croire qu’on en soit à ce niveau. Je n’arrive pas à croire que tu aies élevé cette jeune femme au même rang et peut-être même un rang plus élevé que moi en si peu de temps… Je me suis battue pendant des années pour gagner une place qui en quelques mois a été arrachée. Tu es aveuglé par tes sentiments pour elle Gérôme et ça tu ne vois même pas !! C’est ça le trouble en fait. Elle t’a demandé de m’aimer et c’est pour ça que tu es venu ici… Pour m’aimer comme elle te l’a dit, tu es venu me voir pour lui faire plaisir.

Gérôme : C’est faux Jodelle.

Je gronde : Alors qu’est-ce que tu ici sinon ?? Ta place est à l’hôpital auprès d’elle pour la soutenir, la réchauffer et lui donner ton attention. C’est normal non!? Profiter de la perte de son père pour te rapprocher d’elle, pour l’aimer.

« J’imagine les pires scénarii dans ma tête. Je regarde Gérôme qui toujours n’a même pas le courage de poser son regard sur moi… »

Moi : Elle t’aime bien tu sais, elle t’aime beaucoup. Si jusqu’ici elle ne t’a pas encore récupéré c’est parce qu’elle a pitié de moi. Je suis l’élément perturbateur de votre relation et… et je m’en excuse.

Gérôme : C’est faux Jodelle…

Moi : C’est faux… c’est faux. Alors pourquoi tu es venu ? Sous la pluie, à cette heure ? Pour te faire passer pour l’amour qui sursaute du plus profond de ses sentiments ?

Gérôme : Parce que j’avais honte.

Moi : Honte de quoi ??

Gérôme : Honte du fait que ce soit une autre qui m’éclaire sur le niveau jusqu’où je suis amoureux de toi Jodelle… J’ai honte du fait que je ne te mérite pas et que tu sois encore là à croire que je suis l’idéal pourtant…

Moi : Qui t’a mis ces sottises dans la tête, comme quoi tu ne me méritais pas? C’est elle ??

Gérôme : Non. Si je te méritais, aujourd’hui tu aurais une bague… Au moins de fiançailles sur le doigt. Si je te méritais, je n’allais pas te laisser toute seule en ignorant mes sentiments juste pour me rapprocher d’une autre, si je te méritais le jour où tu es arrivé à la maison et que tu es rentré toute seule, j’allais te poursuivre pour te supplier par tous les moyens de rester. C’est ça le problème… C’est la raison pour laquelle j’ai honte.

Pour la première fois il me regarde pour de vrai. Il affronte mon regard et dans ses yeux j’arrive à voir la peur. Peut-être c’est la peur qui réside en moi qui me permet de voir celle qui réside en lui.

Moi : Je ne sais pas quoi dire Gérôme… Je n’en ai aucune idée.

Gérôme : Ce dont j’ai besoin, c’est que tu me pardonnes. Je n’ai jamais été amoureux de Anna, je lui ai toujours dit à quel point je t’aimais. Elle a toujours essayé de plus se rapprocher de moi… Mais ces derniers jours j’ai baissé la garde et ce n’est pas pour autant qu’il y avait quoi que ce soit entre elle et moi. Je ne veux pas te perdre Jodelle.

« Il quitte le canapé d’en face et vient s’asseoir près de moi, puis pose sa main sur mon genou  »

Gérôme : Peut-être je n’ai pas les mots adéquats pour répondre à tes questions sur l’amour… Mais ce que je sais au fond de moi, c’est que je ne me vois vraiment pas être équilibré si jamais on venait à être séparés. Sophia est notre fille, nous sommes tous les trois une famille et bien plus encore elle a des petits frères et petites sœurs qui doivent être accouchés.

Moi : Je t’ai dit que je voulais encore accoucher d’autres enfants ?

« Gérôme rigole, je rigole aussi. Tout à coup je me sens extrêmement soulagée et libre d’un poids énorme qui m’écrasait. »

Moi : C’est quand même hyper triste ce qui est arrivé au père de Anna…

Gérôme : Tu parle !! Pire encore elle en veut à sa mère pour tout ce qui s’est passé… Pourtant ce n’est pas de sa faute.

Moi : Quoiqu’on dise, tu m’as manqué toi.

Gérôme : À bon!? ( Il sourit )… Manqué ou manqué geeeeeenre !!!

Moi : Il y a une différence ??

Gérôme : Bien-sûr. Manquer simplement, ça veut dire que ma présence là te suffit, rien de plus… Pourtant manquer Geeenre !! Ça veut dire que…

Il caresse ma cuisse en faisant voyager sa main du bas vers le haut tout doucement… Tout d’un coup je m’allume en m’affolant presque.

Moi : Tu m’as manqué geeeeeenre aussi… Tu m’as manqué.

Je bondis sur lui en m’asseyant à califourchon sur ses jambes, je n’ai plus de pagne donc je suis beaucoup proche de lui et sensible à ses caresses lentes sur mon dos, mes cuisses et ses baisers sur ma poitrine. Je m’appuie contre lui en me laissant aller totalement. Il me chuchote des mots gentils qui me rendent encore plus folle…

Gérôme tout doucement : On le fait ici ??

Moi : Je n’ai pas l’intention d’aller ailleurs bébé, et toi?

Gérôme : Moi non plus. ( Il rit) putain tu es déjà mouillée.

Moi : Tu la ferme et tu me fais bien.

Soudainement son portable sonne. C’est Mme Evelyne sur l’écran… Nous nous regardons et tous les deux décidons d’ignorer l’appel. Elle insiste encore une autre fois, puis une troisième… Ça commence vraiment à perturber.

Moi : Tu peux pas éteindre ton téléphone ?

Gérôme prend son téléphone : Il faut que je décroche, c’est sûrement quelque chose d’important. Dès que je finis j’éteins promis.

« Je grogne et je descend de lui. Mais je reste attentive à l’appel quand il décroche  »

Gérôme : Allô Mme ??

Mme Evelyne sur un ton sérieux : Gérôme. Il faut que tu viennes s’il te plaît. C’est très important…

Gérôme : Genre maintenant ??

Mme Evelyne : Je suis désolée, il se fait tard et tu étais déjà certainement au lit… Mais c’est très important. Maintenant s’il te plaît.

Gérôme me regarde : D’accord Mme.

Il raccroche…

Moi : J’ai compris… Vas-y. On va remettre ça à une prochaine fois.

À suivre…

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