ABELA INFOSOCIÉTÉ
A la Une

FÉMINICIDES : la société civile saisit Paul Biya

Dans une lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux et adressée au chef de l’État, le collectif StopFeminicides237, porte à l'attention de Paul Biya, la situation d’insécurité qui plane comme une épée de Damoclès sur les femmes au Cameroun. Selon des chiffres recoupés auprès de cette organisation de la société civile, 24 cas de féminicides ont été dénombrés au Cameroun depuis le mois de janvier 2023. Le collectif StopFéminicides237 propose des pistes de solutions pour sortir la gent féminine, de cette peur bleue dans laquelle elle est actuellement plongée.

Les cris d’émois et de douleurs se sont font de plus en plus entendre dans les quatre coins du pays. La détresse de la gent féminine de plus en plus, occupe le premier plan dans ce qu’il est convenu d’appeler féminicide. Les Nations Unies le désigne simplement comme un meurtre des femmes et filles en raison de leur sexe.

Le collectif relève qu’au Cameroun, 62 cas de violences basées sur le genre ont été enregistrées dans les seules régions du Centre et du Littoral. «  En ce qui concerne les féminicides, 24 femmes et filles ont été tuées au Cameroun » fait savoir Viviane Y. Tathi notre personne de ressource au sein du collectif.

Sans toutefois être exhaustif, le collectif StopFeminicides237 porte à l’attention du chef de l’État l’atrocité avec laquelle ces femmes ont été soustraites à la vie. Mispa Nangun vendeuse de nourriture ambulante déplacée interne de la guerre en zone anglophone, dont la dépouille a été découverte en état de décomposition à Edéa le 21 février 2023, le cas Mentchum Wambo égorgée par son mari à Mokolo dans la région de l’Extrême-Nord le 12 avril ou encore Danielle Zousse enlevée, violée aux alentours du quartier Mvan à Yaoundé le 16 mars de l’année en cours sont des cas patants de la banalisation de la condition humaine. La boucherie humaine de Nanga Eboko au même mois d’avril, dans laquelle 6 membres appartenant à la même famille ont été sauvagement arrachés à la vie, a davantage contribué à mettre en alerte l’opinion.

Selon un rapport rendu public par la Commission des Droits de l’Homme, 130 cas de féminicides ont été enregistrés entre 2021 et 2022. Un autre rapport d’enquêtes cette fois-ci publié par le Minproff, fait état de 9 mille cas de violences physiques perpétrés sur les femmes en 2020. « Il est fort probable que de nombreuses violences psychologiques et économiques sont aussi répandues, et constituent le point de départ des violences physiques, contribuant grandement à l’infériorisation systémique des femmes » indique le rapport produit par le collectif.

Errances et propositions

Le Cameroun a démontré son engagement à faire de la protection des droits fondamentaux des individus l’un de ses leitmotivs. Toutefois, il faut reconnaître que les libertés individuelles, des femmes particulièrement, sont de plus en plus bafouées au regard de ce qui précède. Le collectif Stopfeminicides237 pense qu’« au niveau du pouvoir exécutif il est impératif d’accentuer la formation des officiers de police judiciaire dans l’accueil, le traitement et la diligence des plaintes et dénonciation des victimes de violences basées sur le genre ».

Il propose aussi de mettre sur pied une brigade spécialisée pour le traitement des violences faites aux femmes et aux enfants, afin de leur offrir une assistance adéquate. De plus, il est essentiel de protéger les femmes qui ont initié des dénonciations afin qu’elles ne subissent aucune représailles de la part de leurs bourreaux. « Dans le même ordre d’idées, l’état se doit d’accoitre le nombre de centres pour les femmes en détresse, pour que ces dernières ne soient plus contraintes de cohabiter avec leurs bourreaux le temps des procédures judiciaires et pénales ».

Une autre mesure proposée par le collectif est celle de la création des cellules spéciales pour accueillir les victimes de viols dans les structures hospitalières. Ces cellules permettront aux victimes d’obtenir des soins médicaux et un suivi psychologique adéquat.

En ce qu’il en est du pouvoir judiciaire, les membres de la société civile recommandent la mise en place d’une cour spécialisée pour le traitement des violences faites aux femmes et aux enfants. En un mot comme en mille, le collectif Stopfeminicides237 préconise la mise à jour du code de procédure pénale afin de mieux défendre les droits des femmes et des enfants.

« Nous avons recensés 62 cas de VBG dans la région du Centre et du Littoral »

Viviane Y. Tathi, Responsable collectif Stopfeminicides237

Entre le mois de janvier et le mois de mai 2023, nous avons recensées 62 cas de Violences Basées sur le Genre (VBG) dans la région du Centre et du Littoral principalement dans la ville de Douala. En ce qui concerne les féminicides, 24 femmes et filles ont été tuées au Cameroun.

Nous avons saisi le président de la République il faut dire cette démarche avait pour objectif d’attirer l’attention des autorités sur la situation préoccupante autour de la hausse des meurtres des femmes et des filles dans notre pays, et faire des propositions pouvant permettre de réprimer ces violences.

Le Minproff est l’organe en charge de ces questions ici au pays et au delà de la collaboration que nos organisations entretiennent avec ce ministère, nous souhaitons voir plus de mesures concrètes pour soutenir la protection des femmes et des filles dans notre pays. Nous comptons mener une campagne en ligne sur les féminicides, organiser des journées de deuil national pour les victimes de ces violences et à l’avenir, mettre sur pied un numéro vert pour les femmes et filles victimes de violences.

Lavoisier Essama

Afficher plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page