____________Jodelle___________
… Je n’ai jamais compris ce phénomène, mais c’est une fois qu’une grossesse se fait découvrir que le ventre commence à pousser ; j’ai moi même fait l’expérience après les cinq mois de grossesse passés chez ma tante. J’ignore si c’était une négligence de sa part où juste la façon maligne dont je camouflais derrière mes gros habits.
J’en rigole encore quand je repense au jour où elle a découvert, c’était une scène à la fois drôle et terrifiante. J’allais me doucher et j’avais juste ma serviette autour de ma poitrine, ce jour là j’avais oublié de me cacher comme d’habitude en allant au bain…
Je traverse le couloir de la cuisine, je fonce en prenant celui de la chambre de ma tante. Elle sort au moment même et toutes les deux on se retrouvent nez à nez. Elle me regarde, je la regarde… Ses yeux à moitié ouverts comme pour m’analyser, elle s’approche de moi. J’ai le cœur en chamade et déjà j’imagine toutes les atrocités possible.
Tata : Jo…
Moi terrifiée : Ta’a…
Tata : Attends un peu… Comment j’ai l’impression que tes seins sont gonflés comme ça !? Laisse moi voir.
Je me recule : Non, je…
Tata : Est-ce que je vais te manger ? Si tu fais déjà les mauvaises choses et que les gars touchent déjà tes seins, sache que ça va se voir, comme c’est le cas maintenant.
La seule prière que je fais c’est qu’elle n’y pense plus et qu’elle me laisse partir. J’ai prévu accoucher pendant les vacances chez la mère de Gérôme et ne revenir à la maison qu’avec le bébé déjà là, puisque mon oncle lui même m’avait averti que si jamais je tombais enceinte chez lui il allait me frapper, me tuer et tuer le bébé dans mon ventre. En plus je n’ai que 18 ans et presque sur le point d’aller à l’université.
Tata : Jodelle… C’est quoi cette mine sur ton visage ? Tu te reproche de quelque chose ? Ou c’est moi qui te fait peur ?
Moi : No… Non Ta’a.
Tata : Hum. En tout cas va te laver, c’est toi qui sait ce que tu trame. Mais quoique tu fasses ne m’amène pas la malchance dans cette maison. Tu sais ce que ton père t’a dit avant de s’en aller.
Pire encore, le fait de penser à la déception et le déshonneur à l’endroit de mes parents me rends doublement malade. Moi qui suis l’espoir et leur première fille, la chance que j’ai eue mes frères ne l’ont pas eu… Mais qu’est-ce que j’en fais ? Façon j’ai honte de celle que je suis devenue.
Tata : Tu attends quoi planté là ? Tu es devenue l’arbre de paix? Vas-y !!
Je me retourne tout doucement et j’avance lentement en serrant les bras contre ma poitrine.
Tata : JODELLE !!!!
Mon cœur s’arrête de battre, je reste immobile. Sans rien dire, elle me traverse, me contourne en me regardant.
Tata : Jodelle… Allons à la douche.
Je m’exécute en la suivant. Une fois à la douche, elle allume.
Tata : Nous sommes entre femmes et si je t’ai fait venir ici c’est pour qu’aucun homme ne voit ce que nous partageons en commun toutes les deux. Jodelle fais baisser ta serviette.
Moi : Tata…
Tata en grondant : Exécute toi!! Merde!!
Je sursaute !! Je la supplie du regard un moment en voyant progressivement la peur se dessiner sur son visage troublé. Finalement je fais tomber ma serviette et je ferme les yeux.
Tata en criant : JÉSUS CHRIST !!!!!!!!
Les yeux fermés, j’écoute le bruit lourd d’un objet qui s’écrase sur le sol. J’ouvre les yeux et je vois ma tante sur le sol, inconsciente.
Je m’affole : Tâta !!! Tata !!!
J’écoute mon oncle arrivé en appelant sa femme. Si je reste je suis morte puisqu’il va découvrir que non seulement j’ai tué sa femme, mais aussi que je suis enceinte !!! Il va me tuer.
Je l’écoute avancer au couloir. Prise au dépourvu, je sors de la douche à toute vitesse en tenant ma serviette sur ma poitrine. Au couloir je bouscule mon oncle qui fonce à la douche. Je m’en vais dans la chambre enfiler un kaba avant de sortir par la fenêtre de ma chambre. Où je vais ? Chez Gérôme. Pour combien de temps ? Je n’en sais rien !! Mon instinct me conduit et rien d’autre.
…
_____________Gerôme_____________
Je suis assis dans la cour de ma cité à faire la lessive quand je vois « petit modèle » arriver en courant, « petit modèle » c’est ma façon tendre et provocatrice de l’appeler. Elle est terrorisée par quelque chose que j’ignore. Je me lève pris de peur et je l’accueille dans mes bras en essayant de la calmer. Elle essaye de parler, mais tellement elle est essoufflée que les mots ont du mal à sortir.
Moi : Mamah, c’est quoi ?? Calme toi et parle doucement non!? Allons à l’intérieur d’abord.
Elle hoche la tête. Je l’accompagne à l’intérieur et je la fais asseoir. Je lui apporte un verre d’eau fraîche.
Moi : Maintenant dis moi… Qu’est-ce qu’il y a ?
Jodelle apeurée : Je ne peux plus retourner à la maison !! Sinon on va me tuer là bas.
Moi : Mais pourquoi ?
Jodelle : Ma Tante a découvert pour le bébé et elle est tombée, c’est comme si elle est morte Gérôme. Comment je vais faire maintenant ??
Moi : Calme toi, tu comprends !? On va gérer et je suis sûr que ta tante n’est pas morte. Il faut que tu te calmes avant qu’on ne retourne chez vous.
Jodelle : Chez nous ?? Gérôme je te dis que je ne peux plus retourner là bas !! Je parle tu ne comprends pas ou quoi ? J’ai couru depuis Foréké jusqu’ici à petground, tu crois vraiment que ça me faisait plaisir ? En plus dans mon état ?
Moi : Non non. Je n’ai pas dit ça mama, tu vas rester ici un moment. C’est quand même le chez toi après tout. Mais je vais me présenter à ton tuteur.
Jodelle : Éh aaaah… Gérôme tu veux que ton fils grandisse sans connaître son père.
Moi : Si ton oncle doit me tuer, il va seulement le faire. Mais on ne peut plus continuer à cacher, vu que ça se sait déjà. Avec cette allure ça donne l’impression que notre enfant est un batard et que son père est un imbécile du premier ordre.
Jodelle : Je ne sais pas ein!? Mais j’ai peur… En plus la façon dont j’ai fuis la maison là, il ne voudront plus de moi là bas c’est sûr !!! Et je fais comment pour ma tant…
Avant qu’elle ne finisse de parler, son téléphone sonne. La sonnerie la fait sursauter un instant. Lentement elle s’approche pour regarder.
Jodelle en pleurant : Aïe !! C’est lui… C’est Tonton Albert.
Moi : Attends, je vais décrocher.
Jodelle : Non!!
Moi : Oh écoute. Arrête de dramatiser les choses tu veux !? D’accord c’est une situation un peu difficile, mais est-ce que moi je suis un enfant pour ignorer comment la gérer ? En plus ce n’est pas en disparaissant que ça va arranger les choses. Ça fait de moi un kidnappeur et ça n’arrange pas les choses pour nous.
Jodelle : D’accord… okay.
Je décroche, je mets sur haut parleur et j’attends.
Lui : Allô !? Jodelle j’espère que comme tu es parti là, ce n’est plus pour revenir.
Moi : Bonjour Monsieur.
Lui : C’est… C’est qui à l’appareil ?
Moi : Je m’appelle Gérôme et c’est moi qui suis le père de l’enfant de Jodelle.
Lui : Okay, ça tombe même bien. Comme elle est chez toi là non!? Et que tu es déjà capable de fhoum jusqu’à mettre l’enfant, c’est ta femme là bas ein!? Cadeau !! Tu n’as même pas besoin de donner la dote.
Moi : Monsieur je…
Il m’a raccroché au nez. Je regarde Jodelle.
Jodelle : Tu vois non!? Voilà ce que je te disais…. Tu voulais voir avant d’accepter. Voilà !! Maintenant comment on va faire ?
Moi : Déjà tu te sens bien ?
Elle hoche la tête.
Moi : Va te coucher dans la chambre, tu te reposes. Tu t’es beaucoup trop dépensé aujourd’hui et tu as besoin de sommeil.
Jodelle s’en va.
Je reste tout seul au salon, la tête dans mes mains, essayant de réfléchir à trouver une solution qui ne me serait pas fatale. Mais le bon côté c’est qu’à présent l’étape qu’on redoutais le plus vient d’être traversé, même si ce n’était pas vraiment comme on l’avait espéré. Un oncle furax qui ne veut plus voir sa nièce, c’est presque normal… Mais j’espère sincèrement qu’avec le temps les choses vont se stabiliser de son côté.
Bizarrement ma mère n’a pas pris la chose du mauvais côté, au contraire elle était presque fière de l’avenue du nouveau membre de la famille. Donc si l’occasion se présente, j’irai avec ma mère chez les tuteurs de Jodelle pour me présenter et affronter ce qu’il y aura à affronter.
Avant de retourner à l’extérieur, je fais un tour dans la chambre en trouvant Jodelle déjà endormi et très profondément.
Je souris : petit modèle.
À suivre…
