CHRONIQUE LITTÉRAIRE

LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 19

Comme je n’avais rien à faire, j’ai préféré aller chez Monsieur l’homme de ma vie pour avoir « cette conversation  » dont il parlait avec insistance.

Tellement ça saute aux yeux qu’il a honte, il n’ose pas prononcé le moindre mot. Je reste tout de même patiente en attendant qu’il délie sa langue en premier. Sinon ça ne me dérangerait pas qu’on reste là à ne rien se dire jusqu’à pas d’heure.

Gérôme : Anna m’a appelé.

Moi : D’accord… C’est bien.

Gérôme : Elle m’a dit que le travail te conviendrait parfaitement, je le pense aussi.

Je souris satisfaite, satisfaite du fait que la fierté du Grand Gérôme ait été écrasée et qu’enfin il accepte que j’ai eu raison et pas lui. Il n’a pas levé le regard vers moi jusqu’ici.

Moi : Merci. C’est surtout grâce à toi que j’ai eu ce travail. Donc tout le mérite te revient.

Gérôme me regarde : Tu ne sais pas qui est Anna… Je te jure.

Moi : Tu ne vas pas recommencer avec ça s’il te plaît. Je croyais pourtant que jusqu’ici tout était clair.

Gérôme : Je te demande juste de faire gaffe… C’est un vrai rapace celle-là et elle pourrait t’étreindre quand bon lui semble.

Moi : Comme elle l’a fait avec toi ?

Gérôme : Je te demande pardon ??

Moi : Je me demande juste pourquoi tu n’arrête pas de t’agiter quand il s’agit de Anna, comme si j’étais un mec qu’elle allait draguer. Ou tu crois qu’elle est bilingue.

Gérôme : Rien à voir, c’est juste que je ne te vois pas en sécurité près d’elle.

Moi : C’est tout? Je te rappelle que j’ai géré la frustration de te voir près de cette fille et sa mère depuis tout ce temps, et je n’ai pas bronché Gérôme.

Gérôme : C’était différent, là je pouvais gérer… Je suis un homme.

Moi : Ah je vois. Genre ce genre de situation tu peux gérer parce que tu es un homme et moi pas, parce que je suis une femme… Fais moi rire.

Gérôme : Passons dessus. Tu es prête au moins pour la fête de lundi ?

Moi : Non laquelle ?

Gérôme avec drame : Moi qui croyais que tu t’étais fait une nouvelle copine qui allait tout te dire. Mme Evelyne organise quelque chose comme chaque année en l’honneur de son époux. Je ne sais pas si c’est un anniversaire, mais tu connais les riches avec les moyens pour toujours dépenser… Et comme tu fais partie déjà du cercle restreint des connaissances, tu y es convié, et moi aussi.

Je m’émerveille : C’est génial !!! Ça fait des siècles que je ne suis pas allé à une fête de riches… Je n’y suis jamais allée d’ailleurs. Les grands esprits se rencontrent askip.

Gérôme : C’est surtout ridicule Jodelle… On sera là bas comme deux membres de la même famille et entouré de tellement de… Rien qu’en y pensant ça me donne l’envie de vomir.

Moi : C’est toi qui a cherché… À la base je ne t’avais jamais dit qu’être ta copine me posait un problème. Mais bon…

Gérôme : Quand tu fais autant preuve d’égoïsme et d’ingratitude, franchement ça me remonte. Si j’ai fait toutes ces courbettes ce n’était pour que tu puisses trouver un travail dans mon restaurant ? Est-ce que j’avais prévu tout ça ??

Gérôme est énervé et je commence à le sentir s’emporter. Il a raison sur ce point, c’est surtout à moi d’arrêter de jouer avec ses nerfs et à faire l’ingrate.

Moi : C’est bon doudou… Je suis désolée. Tu as raison, mais on n’a pas encore réfléchi sur la tenue que tu vas m’acheter.

Gérôme libère un sourire moqueur : Tu dégringole de combien d’étages là ? Tu me fais rire !! La tenue que je vais t’acheter… Si tu n’as rien à te mettre, tu devras t’excuser et rester à la maison.

Moi : Je peux toujours demander à Anna ou à l’un de mes dragueurs, parce que j’avoue qu’en ce moment j’en ai une pléthore.

Gérôme : Fais toujours tout pour me pousser à bout…

C’est mon péché mignon, rendre mon homme jaloux à ce point. Tellement il est sensible à n’importe quoi qu’à chaque fois ça le pique et c’est parti pour une heure de temps sans parler avant que la faim ou l’envie de faire les choses de la terre le prenne. Un vrai bébé dans le corps d’un adulte.

___________Gérôme____________

Je n’arrive pas très bien à me concentrer sur les condiments que je découpe, plusieurs fois je manque de me blesser et apparemment Patrick l’a remarqué.

Patrick me tapote : Gosho ne fait pas manger ton sang aux clients abeg, si tu as tes soucis de cœur il faut rester au piol non!?

Moi : Stuiiiip… Gars c’est compliqué. Mais je vais essayer de me concentrer. Merci.

Patrick : Il y a même quoi? Passeu ton niveau de déstabilisation là c’est pour un homme marié. Si tu as à dire, il faut vider ton ventre… Ce n’est pas le magasin.

J’arrête de travailler et je prends quelques secondes pour réfléchir. Je ne sais même pas par où commencer pour ne pas paraître ridicule…

Moi : Tu vois ma go ici ??

Patrick : Nooooh. Mais tu m’avais dit que Mme n’avait pas trouvé une place pour elle non!?

Moi : Justement… Mais le ndem c’est que c’est plutôt chez la fille de Mme Evelyne qu’elle a trouvé le work.

Patrick : La go qui te drague partout partout là ??

Moi : Voilà que les deux se retrouvent. Façon je me sens un genre… Le pire c’est que Anna se dit que Jodelle c’est ma cousine. Donc l’affairage entre elles deux sur mon nom ne va même pas rater. Pire encore Anna pourra se rapprocher de moi en ne se doutant de rien.

Patrick éclate de rire !!!

Moi : Maaf ( je sors )

_____________Jodelle_____________

( La soirée cérémoniale…)

Je me sens un peu mal à l’aise dans cette robe étroite, mais les regards des autres me donnent une confiance incommensurable. J’ai un verre en main et je lèche catégoriquement mon verre pour éviter le vin de mouiller le rouge à lèvres pourpre que Anna m’a prêté. En fait, même cette robe beige parée de faux diamants scintillant est un cadeau de Anna qui à la dernière minute s’est proposé d’être mon habilleuse.
Le miroir m’a rassuré mais bizarrement la seule et la plus importante certification que j’attends est celle de Gérôme qui n’est pas encore arrivé. J’avoue commencer à m’impatienter à cette effet ; je n’arrête surtout pas de regarder de temps en temps vers la porte d’entrée.

_ J’ai l’impression de n’être pas la seule à attendre avec impatience ton cousin.

C’est Anna qui revient vers moi après sa rétractation de tout à l’heure. Je me ressaisi et essaye d’effacer cette humeur d’amoureuse impatiente et désespérée qui empli mon visage.

Moi : Il faut dire que… De temps en temps j’ai le regard, disons qui se perd dans le vide.

Anna : Je vois.

Au moment même, la porte s’ouvre et mon mec entre. Je souris discrètement en voyant son allure charismatique et à la fois imposante. Il est accompagné de deux de ses camarades, tout aussi bien habillé que lui. L’envie me prend d’aller le retrouver pour prendre sa main et me coller à sa droite, mais tout de suite la réalité me rattrape… Je ne suis que sa cousine.

Anna : Wow. Ce garçon n’est pas vide de surprise… On a toujours l’impression que ses vêtements sont faits sur-mesure.

Moi : Oui. Tu dis et je remarque aussi…

Anna me donne son verre que je tiens, elle redresse sa robe et se lisse les cheveux. Elle me regarde et sourit…

Anna : Comment tu me trouves ?

Moi : Tu es sérieuse quand tu me demandes ? Tu es la plus belle jeune femme de cette soirée…

Anna : Génial !! Attends moi là… Je vais aller le chercher.

Je la regarde marcher avec toute la classe du monde pour aller retrouver mon homme. Je bois d’un trait son verre de vin pour atténuer la colère… C’est comme si on m’arrachait la peau sur les os, Surtout en voyant le regard désireux qu’elle pose sur Gérôme une fois près de lui, cette façon dont elle attire l’attention en se montrant possessive. Le pauvre doit certainement étouffer… Cette histoire de cousine !! Ça me fatigue. Je regarde ailleurs pour ne pas me concentrer sur ce supplice. La salle est grande et sans doute truffée de plusieurs autres personnes à rencontrer.

_______________Gérôme_______________

Anna : Quelle élégance ( son sourire séduisant ).

Moi : Je n’en dirai pas moins pour toi. Je croyais que tu serais avec Jodelle…

Anna : Elle est juste là bas.

Je regarde et de loin je la vois. Comme elle est belle !! Un homme vient subitement vers elle et lui sourit, je n’arrive pas à lire sur leurs lèvres mais j’ai l’impression qu’ils ne sont pas à leur première rencontre. Comme j’aimerais être là pour ne serait-ce que écouter ou lui dire à qui elle appartient vraiment.

Moi : Au moins, elle ne s’ennuie pas ( je souris nerveusement ).

Anna : Ah Oui !!! Je te propose qu’on se retire pour discuter un peu à l’extérieur et laisser ta cousine faire sa nouvelle connaissance.

Jodelle me voit enfin, je lui sourit discrètement et elle en fait autant. Anna me prend par le bras et nous sortons.

____________Jodelle____________

On me tapote à l’épaule. En me retournant je me retrouve surprise face à cet homme… Ce même homme !!!

Lui : Je savais que c’était toi!!

Moi : Dites moi que je rêve… Mais qui es-tu au final ??

Lui : Il fallait commencer par là Jodelle. Je t’ai dit que je n’ai jamais eu l’intention de te suivre… C’est le destin. Je m’appelle Josh et je fais partie de cette famille. Je ne pouvais pas croire que tu les connaissait.

Moi : Je suis employée chez Anna… Je dois y aller.

Lui : Pas cette fois s’il te plaît. Je t’en supplie, accorde moi cette soirée.

Par dessus son épaule je regarde et je vois Gérôme, Anna lui tenant par le bras pour s’en aller. Il me sourit et j’en fais autant, même si la rage au fond de moi ne s’explique pas… Si ce soir il n’est pas seul, pourquoi je le serai ?

Moi : D’accord…

À suivre.

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