CHRONIQUE LITTÉRAIRE

LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 27

Moi : Qu’est-ce que tu fais ici ? En plus à cette heure ?

Josh : Je me suis perdu. J’ai décidé de m’arrêter devant une maison et le hasard a voulu que ce soit la tienne.

Moi : Arrête de raconter des sottises s’il te plaît. Je ne suis pas d’humeur là !!

Josh : Je vois ça. En fait la vérité c’est que j’ai eu une panne près d’ici et…

Moi : Et comme il y a un mécanicien ici là, il fallait que tu viennes te faire réparer. À quoi tu joues à la fin ??

Josh : Pourquoi tu te comporte ainsi envers moi ? Comme si j’étais une espèce de clou dans ta chaussure.

Moi : Comment tu veux que je me comporte quand tu m’accule au point de te pointer chez moi à 23 sans prévenir !! Tu m’as suivi quand je rentrais ? Tu as eu mon numéro sans ma permission…

Josh : Parce que tu m’as donné un faux numéro Jodelle.

Moi : Éh bien il fallait comprendre que si je l’ai fait c’est parce que justement je ne voulais pas qu’on reste en contact.

Josh : D’accord. Je suis désolé… Tu as raison.

Moi : C’est pas grave, maintenant tu peux t’en aller s’il te plaît. Je dois me coucher…

Josh : J’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui te tracasse. Désolé d’être curieux, mais ça m’embête un peu de te voir comme ça. D’une part je m’en veux du fait que je sois en partie la cause de ton humeur, mais je sais qu’il y a quelque chose d’autre qui ne va pas.

Moi : Rien qui te concerne. Merci beaucoup de t’en soucier, mais je vais essayer de gérer ça moi même.

Josh ne dit rien, mais s’obstine à continuer de me regarder. Sans lui donner un moindre avertissement, je le bouscule à l’extérieur et je ferme la porte. Je suis en colère !! Pas contre lui mais contre Gérôme et Anna.
Je vais précipitamment dans la chambre que je ferme aussi derrière moi. Je me couche sur le lit en couvrant ma tête d’un oreiller, enfin j’éclate en sanglots… En espérant que ces larmes puissent me débarrasser de l’amertume que j’ai dans le cœur.

À l’hôpital. Le lendemain à 7h40

Gérôme se lève en premier, constatant que le jour s’est levé, se précipite à prendre ses affaires. Avec le bruit non seulement de Gérôme qui s’active, mais aussi des vas et viens de l’hôpital, Anna se lève.

Anna : Tu t’en vas??

Gérôme: On est déjà le matin, je vais manquer le travail si je traine encore ici.

Anna: Tu ne rentre pas te reposer au moins ? Je te rappelle que tu as passé toute la nuit ici Gérôme et je parie que tu n’as pas pu dormir.

Gérôme : Ce n’est pas grave, je vais gérer. Je peux te garder quelque chose à manger avant de m’en aller si tu veux.

Anna : Non, je n’ai pas trop d’appétit. Merci beaucoup.

Gérôme : Il faut tout de même penser à manger quelque chose. Je vais repasser quand j’aurai fini au travail.

Anna : D’accord, c’est gentil.

Gérôme s’en va.
Subitement à sa suite, Mme Evelyne apparaît avec un énorme sac en plastique. Anna la foudroie du regard avant de se détourner.

Mme Evelyne : Il est où Gérôme ?

Anna : Comme tu peux le constater, tu viens de le manquer.

Mme Evelyne s’approche de sa fille, toute soucieuse elle s’accroupit face à elle et lui touche l’épaule.

Mme Evelyne : Anna regarde moi…

D’un geste brutal, Anna retire la main de sa mère de son épaule : Ne me touche pas… Tout ça c’est de ta faute.

Mme Evelyne : C’était un accident, on s’est disputé et ton père ne l’a pas supporté.

Anna : Je suis sûre que c’était pour une raison. Mais tu t’es cassé quand même en le laissant là !! Tu savais qu’il n’allait pas supporter cela.

Mme Evelyne : Comment aurais-je pu savoir ? Ce n’est pas la première fois qu’on se dispute. Je n’ai jamais eu l’intention de porter atteinte à ton père Anna. Et ça tu le sais…

Anna: Et pourtant, tu l’as fait.

… Avec les quelques informations et le nom de l’hôpital que m’a donné Gérôme hier, j’ai décidé de me rendre à l’hôpital. Après quelques renseignements, quelqu’un m’a conduit au bon endroit. Mme Evelyne et Anna sont là, mais Gérôme non!! Anna me voit en premier et semble surprise par ma présence.

Anna : Jodelle… Mais qu’est-ce…

Moi : Gérôme m’a dit ce qui est arrivé à ton père, je suis désolé pour cela. Ce matin j’ai fait le nécessaire pour venir moi même voir si tout allait bien.

Anna sourit: Merci beaucoup.

Mme Evelyne : Jodelle… Merci d’avoir pensé à nous ma chérie.

Moi : Le plaisir est pour moi Mme… Mais, Gérôme était sensé être avec vous.

Anna: Ah Oui. Il était là jusqu’à il y a quelques minutes, mais il est parti au travail.

Mme Evelyne semble autant étonnée que moi par la nouvelle.

Mme Evelyne : Au travail !? Après cette nuit longue ??

On dirait bien qu’il fait de son tout pour m’éviter celui-là. Me voici coincée dans une dispute sur une histoire familiale qui ne me concerne en rien… Et si je lui demande il va me dire que j’aurais dû l’appeler avant de venir. C’est énervant !!

Anna : Jodelle. Toi par contre, tu peux rester là si ça ne te dérange pas.

Moi : Éh bien, j’aurai bien aimé. Mais il s’avère que je dois être au boulot maintenant.

Anna rigole : Tu te rends compte au moins du fait que c’est ta patronne qui te demande de rester, donc j’assume ma proposition.

Moi : C’est vrai Oui. D’accord… Je ne trouve pas d’inconvénients.

Mme Evelyne : Je t’ai gardé quelque chose à manger et Jodelle peut aussi partager. Bon je dois vous laisser… Je reviens tout à l’heure. Jodelle, prends soin d’elle d’accord ?

Moi : D’accord Mme.

Mme Evelyne conclut par un sourire chaleureux mais soucieux avant de nous laisser pour s’en aller. Je la suit du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse du couloir.

Moi : Tu n’es pas un peu trop dure envers elle ?

Anna en ouvrant le plastique : Je suis surtout en colère. Elle n’aurait pas dû agir de la sorte et elle savait bien ce qu’elle faisait. Ma mère a ce dont de déstabiliser mon père.

Moi : Sans compter le fait que les pères ne sont pas toujours des anges.

Anna me tend un énorme morceau de sandwich : Tu en veux ??… Tu en veux à ton père certainement pour une raison, vu la façon dont tu en parles.

Je prends le sandwich : Je lui en veut surtout à cause du fait qu’il nous ait laissé très tôt… J’en veux à mes deux parents d’ailleurs pour cette raison.

Anna : Je suis désolée.

Moi : Les images que j’ai de mon père sont floues dans ma tête, mais pour moi c’est comme si malgré ses défauts il était parfait… Peut-être il serait mieux que je garde cette image que celle que j’aurais pu avoir si je l’avais connu plus longtemps.

Anna : C’est vrai. On a toujours ces façons d’idéaliser nos pères, surtout quand ils se retrouvent dans des situations délicates. Même s’ils ne sont pas toujours parfaits.

Moi : Les mères aussi sont uniques, malheureusement on ne le découvre que quand il se fait trop tard. Je pense que ce sont les seules qui se battent vraiment pour nous préserver du monde. Elles nous protège tellement qu’au final on a l’impression qu’elles en font trop.

Anna : Tu trouve que je suis méchante envers elle ?

Moi : Pas méchante, mais plutôt dure. Je suis sûre que ce qu’elle a fait n’était pas intentionnel, et qui sait !? Peut-être elle n’ai même pas la méchante dans l’histoire.

Anna : Peut-être bien.

Le téléphone de Anna vibre et elle regarde la notification, elle sourit. Par curiosité je jette un coup d’œil. C’est Gérôme « Tu prends soin de toi D’accord !? Je vais passer tout à l’heure « . Anna répond » D’accord. En fait Jodelle est venue me rendre visite. ».

Moi : Qui te fait autant sourire ? C’est une bonne nouvelle ??

Anna : C’est Gérôme… Je lui ai dit que tu es là.

Moi : Il faut avouer que le mec m’évite depuis un certain moment. Ça commence à bien le faire.

Anna : Peut-être juste, c’est le fait que vos chemins ne se croisent pas depuis un certain moment.

Nous rigolons toutes les deux sur cette blague plutôt pourrie. Je reprends mon air grave…

Moi : Quand Gérôme est entré dans ma vie, il y a eu comme une illumination. Avant lui je n’avais aimé personne à part mon père. Le mec était plus grand que moi, responsable et surtout très beau, il était tellement idéal que je le voyais comme mon père. Il a toujours su m’aimer…

Anna me regarde et s’arrange plus confortablement comme pour prendre plus d’intérêt à mon récit.

Moi : Quand on a appris pour Sophia, j’étais sûre et certaine qu’il n’en voudrait pas. J’étais prête à me faire avorter… Je n’étais qu’une petite fille qui paniquait pour tout !! Mais Gérôme lui il m’a demandé de garder le bébé, qu’il saurait convaincre ma famille et qu’il allait se présenter. Je ris encore quand je repense au jour où ma tante à découvert que j’étais grosse. J’ai tout de suite fuit pour me rendre chez Gérôme. Finalement après l’accouchement, les choses se sont passées tellement bien que j’ai commencé à me demander pourquoi je paniquais autant.

Anna : Vous formez une sacrée équipe tous les deux, il faut l’avouer.

Je regarde Anna : Gérôme c’est tout ce que j’ai, à part ma fille. Si tu me l’enlève j’ignore si je serai à la hauteur de gérer cela.

Anna : Gérôme a une très bonne âme, c’est un homme excellent et je dirais que c’est l’idéal. Tu as eu tellement de chance de l’avoir à tes côtés. Mon besoin de l’avoir était tellement grand que j’ai oublié qu’il appartenait à une autre. Gérôme c’est ton homme Jodelle, je l’ai constaté et je ne peux pas te l’arracher même si je faisais tout les efforts réunis. J’avoue que depuis hier, quand mon père a fait sa chute et que Gérôme est venu me rendre visite toute la nuit, je me suis demandé si ce que je suis sur le point de faire est un acte d’amour ou juste un caprice d’égoïsme. Gérôme t’aime, même s’il ne te le montre pas assez. J’éprouve aussi tellement d’affection pour lui, mais je crois que ( elle sourit ) je devrais encore chercher ma part de Gérôme quelques temps.

Ses paroles touchantes m’ont volées des larmes. Je regarde Anna, les yeux pleins de larmes. Je l’embrasse fortement avant de la relâcher.

Moi : Je ne sais quoi dire…

Une infirmière sort de la salle de soin où se trouve le père de Anna. Anna se lève en la voyant et se précipite vers elle, je la suit.

Anna : Mme… Comment il va mon père ??

Infirmière : J’aimerais m’adresser à son épouse s’il vous plaît. Votre mère elle est là ?

Anna: Comme vous pouvez le constater, non. Ça fait près de 12h que je suis assise ici à attendre une nouvelle… Alors sois vous me la donner ou alors je vais entrer par force dans ce bloc. Parce qu’il s’agit de mon père… Est-ce que vous comprenez ?

L’infirmière soupire un moment et retire son masque : Mademoiselle… Votre père n’a malheureusement pas survécu à cette attaque cardiaque. Nous avons fait tout notre possible mais, avant que les urgences n’arrivent il se faisait déjà bien assez tard.

Anna reste figée, sans réponse. Je la prends fortement contre moi pour la soutenir…

Moi : Anna… Anna écoute moi !!!

À suivre.

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