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CHRONIQUE LITTÉRAIRE – LA PORTE DES ENFERS CHAPITRE 7 : il était une fois… La porte

CHRONIQUE LITTÉRAIRE – LA PORTE DES ENFERS

CHAPITRE 7 : il était une fois… La porte

Bientôt le train d’atterrissage foule le sol, créant dans l’avion une légère panique totale. C’est un phénomène très récurrent et même aux habitués des vols. En quarante secondes, Elda a cru passer les dernières de sa vie. Tenant si fort le bras de Eliott que ce dernier aurait pu se rompre par le choc.

_ Ce n’est qu’un atterrissage Trésor, tu devrais plutôt voir cela comme une bonne chose. Rassure Eliott.

Comme ils s’y attendaient, il pleut sur la piste d’atterrissage et il pleut des cordes. Le ciel européen lui était des plus calmes, mais une fois celui réunionnais atteint, on aurait cru que les dieux de là eux mêmes n’étaient pas content d’accueillir des visiteurs. Le temps était agité depuis l’espace, donc si l’avion a atterri en toute sécurité, c’est en grande partie grâce à l’ingéniosité dont a fait preuve le pilote chevronné.

_ Enfin on est arrivé, et en un seul morceau. Souffle Giulietta avec soulagement.

Après quelques petites routines pas trop importantes, la bande de riche européen fini par atteindre la salle de sortie de l’aéroport pour s’en aller. Mais à cause de la pluie, une annonce est faite selon laquelle des grands arbres seraient tombés sur la voie principale créant des accidents et les chutes de grêles trop épaisses pourraient blesser quiconque s’hasardait à emprunter la route.
Ils sont tous épuisés, mais le mieux serait sans doute d’attendre et patienter en croisant les doigts que la pluie cesse un jour et que la route puisse être dégagée.

_ Drôle d’accueil non!? Dit Gaïa. C’est comme si toute la pluie de cette île s’abattait juste aujourd’hui.

_ Le pire est derrière nous. Renchérit Roméo. Les perturbations climatiques auraient pu rendre notre vol difficile ou plutôt impossible. On serait à des milliers de kilomètres d’ici dans un crash où personne n’aurait survécu si seulement le pilote et Dieu ne travaillaient pas de concert.

_ Et notre magnifique voyage se serait transformé en une sorte de cauchemar. On ne survit pas à des crash d’avion c’est sûr ! Et même si c’était le cas, la famine et la faim finirait le travail. Conclut Eliott avec la plus sinistre des illustrations.

Elda le bouscule de l’épaule pour le sommer d’arrêter cette blague débile qui ne ressemble en rien à une blague. La pauvre semble tellement dérangée. Déjà qu’il fait hyper chaud, malgré la pluie incessante et l’atmosphère est effrayante avec le tonnerre et les foudres énormes qui ne cessent à l’extérieur.
Tout à coup, une humeur se saisit de Elda qui la fait trembler, les poils de son cou s’hérissent et la chair de poule l’envahit complètement. Eliott pose son énorme pull en cuir sur ses petites épaules et se rapproche d’elle pour la rassurer un peu plus.

Enfin, après quelques heures la pluie cesse, le ciel s’éclaircit et une dernière lueur de soleil s’élève avant son couché définitif. Il est 18h par là…

_ Taxi!!! Hurle Eliott en faisant signe de la main.

Une grande Volkswagen golf gare sur la route et un gentil Mr noir en sort avec un sourire radieux

_ Venez!! S’écrit-il en poussant les sièges arrières.

Ils se précipitent tous avec leurs bagages vers le véhicule. Le Mr parle anglais, donc la conversation devient moins compliquée. Eliott lui indique leur destination en faisant des énormes gestes puisque pour le pauvre taximan, son anglais est beaucoup trop véloce.
Leur conversation amuse Elda, surtout les moments où Eliott se bute dans l’incompréhension et souffle d’impatience. Enfin ils trouvent un accord et un prix. Un prix exorbitant, mais pour notre cher conducteur, à cause de la mauvaise qualité de la route, les autres pourraient prendre beaucoup plus ou ne voudraient même pas nous accompagner. Finalement la bande n’a pas le choix, donc ils le suivent en espérant qu’il les conduise à bon port.

_ Américain ? Demande le chauffeur en nous regardant par le rétroviseur intérieur du véhicule pendant une seconde avant de retourner à sa conduction.

_ Non! Anglais. Proteste vivement Alfredo, comme si la question l’avait blessé.

En réalité, aucun anglais n’aimerait se faire passer pour ces grossiers d’Américains, non seulement à cause de la subtilité de leur mode de vie, mais aussi leur culture beaucoup trop… Vulgaire.

_ Alors vous connaissez David Beckham, le joueur. Ajoute le chauffeur en souriant, son anglais à peine compréhensible.

_ Oui oui. Répond Roméo.

La tension se ressent dans le véhicule et malgré sa volonté de vouloir détendre ses passagers étrangers, les choses ne semblent pas être facile pour le chauffeur. Constatant cela, Elda essaie de faire la conversation pour rendre le parcours un peu plus détendu.

_ Il y a souvent beaucoup de touristes étrangers ici !? Dans ce pays ? Demande-t-elle.

_ Oui oui!! Acquiesce vivement le chauffeur. Des étrangers français, espagnols, américains… Mais jamais anglais.

À la seule prononciation du mot « Américain « , Roméo semble offusqué. Autant en faire tout un plat.

_ Il faut dire que les anglais ne sont pas très voyageurs. Soutient Gaïa avec un sourire narquois.

_ Oui oui!! C’est une première. Dit le chauffeur toujours concentré sur la route instable.

_ Que dit-on de cet endroit ? Interroge Elda.

_ Beaucoup de rumeurs, tellement de rumeurs. Comme c’est le cas pour tous les endroits non!? Réponds le chauffeur en riant.

_ Avez-vous déjà entendu parler de Maiagah ? Insiste Elda avec plus de sérieux.

Soudain, Dieu seul sait si cela n’est que fruit du pure hasard ou un acte délibéré de la nature, mais un éclair tout à coup ouvre le ciel laissant suivre un bruit déroutant de tonnerre puissant. Eliott pince légèrement Elda pour lui suggérer de ne pas aller loin dans ses investigations… Le chauffeur lui, silencieux et déstabilisé, essaye de trouver une réponse raccourci à cette question apparemment interdite.

_ L’histoire de « Ma » comme on l’appelle ici est un mythe, perpétué depuis des années mais qu’on préfère ne pas trop déterrer. Je vous suggère de ne pas en parler aux villageois et surtout de ne plus prononcer son nom au risque d’être…

Le chauffeur ne finit pas sa phrase. Il vient tout juste d’esquiver un énorme nid de poule qui a bien failli lui coûter la roue de son véhicule. Sa manœuvre périlleuse a dû couper sa parole. Mais trop effrayée pour être encore plus curieuse, Elda n’en rajoute pas et préfère rester toute près de son petit ami dans sa petite terreur personnelle.

Jusqu’à la fin du trajet, un silence malaisé recouvre le véhicule. Enfin le chauffeur gare devant une immense barrière et prie ses passagers de sortir.

_ Nous sommes arrivés messieurs.

Tout le monde sort. Tous étrangers à l’endroit, les passagers regardent autour d’eux comme si l’endroit était beaucoup plus différent que leurs attentes… Sur une pancarte à moitié arrachée à l’entrée est écrit « Bienvenue à Mwanséh ». L’écriteau semble difficile à lire pour les six étrangers anglo-saxons.
Après la décharge de leurs bagages, ils s’introduisent dans le portail. Le lieu semble désert et privé de toute sorte de vie.

_ Tu es sûr que nous sommes au bon endroit Eliott ? Demande Roméo avec doute.

_ J’espère. Mais pourquoi personne ne vient nous chercher ??

_ C’est beaucoup trop étrange je l’avoue. Ajoute Alfredo qui tient tant bien que mal son lourd fardeau à l’abri de la boue qui remplit le sol.

Enfin, après quelques mètres, des premiers signes de vie surgissent. Des hommes, certainement des employés de l’établissement qui s’attèlent au nettoyage.

_ S’il vous plaît !!! S’écrie Eliott.

Les hommes les voient arriver et s’empressent de venir les décharger de leurs bagages pour les accompagner à la réception en les priant de prendre place sur des sièges vétustes.
Après quelques minutes d’attente, Un vieil homme débarque subitement de nul part en dessinant sur son visage un sourire convivial.

_ Bienvenue chez nous à Mwanséh. Dit-il.

C’est sans doute le propriétaire.

_ Je m’appelle Nicolas et je suis votre humble hôte. Ajoute-t-il. J’espère que le voyage n’a pas été très pénible.

_ Si on se passait des formalités pour nous conduire directement à nos loges, nous serions très enchantés. Dit Eliott en se levant.

_ Éh bien, j’ai bien peur qu’il y ait un petit problème… Un problème que nous faisons face en ce moment même.

_ Et lequel ? Demande Elda.

_ Notre établissement à été frappé par la pluie et nous avons subi des dommages bien assez graves. Les tuiles ont été arrachées sur la plupart des chambres d’hôtes et les clients ont été déplacés, la vôtre notamment.

_ Fais chier!! Il ne restait plus que ça. S’exclame Alfredo avec dégoût.

Il n’est pas le seul, les autres beaucoup trop fatigués pour se plaindre, se contentent tout juste de s’affaler sur les sièges.

_ Mais ce n’est pas si grave messieurs. C’est vrai que vous n’allez pas pouvoir loger ici, mais j’ai une proposition à vous faire.

_ Laquelle ??

_ En fait, nous disposons d’un manoir qui autrefois appartenait à mon grand père et son grand père avant lui. C’est vrai qu’il ne fait pas partie des pièces à louer étant donné que j’y tiens énormément… Mais pour me faire pardonner du désagrément et compte tenu du fait que vous venez de très loin, je peux vous accorder le manoir pour votre séjour ici. En espérant que cela vous plaira.

Très peu flattés par l’offre, les invités acceptent tout de même.
Mais la surprise est assez grande quand une fois sur les lieux, la bande découvre qu’en fait le manoir s’agissait d’un lieu sorti tout droit d’un film hollywoodien. Il ne s’agit pas juste d’un manoir mais un palais luxueux. La salle de séjour est d’une grandiosité et somptueuse sans précédente. Le sol d’un plancher apparemment ancien mais toujours solide.

_ Je vous accompagne à vos loges. Suggère Mr Nicolas.

Les pièces sont toutes aussi vastes les unes que les autres. C’est comme un rêve vivant.

_ Vous êtes satisfaits de l’endroit ??

_ Oui oui!! Répond Roméo avec enthousiasme. Merci beaucoup Mr.

_ Je vous en prie et désolé encore du désagrément… Sentez vous à l’aise et surtout profitez de toute la propriété. Vous êtes les bienvenus.

Après leur avoir rendu les clés, Mr Nicolas se retire en les laissant tous les six dans le manoir.

_ Dites moi que je rêve !!! S’exclame Roméo en se tapant les mains.

_ Peut-être que demain matin on se réveillera dans l’une des chambres boueuses de l’hôtel, qui sait !? Mais en attendant profitons du rêve. Ajoute Alfredo en prenant Gaïa près de lui.

Après une petite soirée festive, les couples s’en vont dormir dans leurs chambres respectives.

Tard dans la nuit, quelque chose réveille Elda. Une sensation ? Un cauchemar? Personne n’en sait rien. Eliott lui est encore endormi tout près d’elle en la tenant par les hanches. Les propos du chauffeur tout à l’heure n’arrête de lui revenir à l’esprit. Elle descend du lit et sort de la chambre… Atteinte sûrement d’insomnie, la jeune femme s’engage à visiter la maison toute seule en regardant avec attention chaque peinture sur le mur. C’est calme, très calme…
Un bruit soudain venant du bas attire l’attention de Elda. Après hésitation, cette dernière décide enfin d’aller voir. Après quelques mètres, elle s’arrête devant une porte qu’elle n’avait pas vu en arrivant. Une porte de bois sculpté. En essayant de pousser la porte, celle-ci s’ouvre toute seule. Elda s’étonne, mais avance quand même trop curieuse dans la pièce obscure. Elle déverrouille son portable et active la lampe de poche… La pièce humide et apparemment très ancienne dégage une odeur de moisissures. Et en passant ses doigts sur les parois, Elda remarque la peinture qui s’arrache. La pièce doit certainement être un magasin, à cause de tous les objets qui s’y trouvent… Des objets de tout genre. Sur le sol, Elda remarque une clé dorée qu’elle ramasse et regarde en la scrutant avec attention. Finalement, elle décide de retourner dans sa chambre… Mais une chose l’attire. Elle avance toujours tout droit face à elle avec une petite peur dans le ventre, mais sa curiosité beaucoup plus grande la pousse à avancer en tenant la clé fortement dans sa main.
Elle s’arrête finalement devant une porte, une porte fermée et apparemment scellée par des clous tout autour et une écriture en langue inconnue. « La clé doit être certainement pour la porte  » se dit Elda dans son âme. Avec hésitation, Elda s’avance et introduit la clé dans la serrure… Prend un moment et la tourne. La porte s’ouvre tout doucement et s’arrête net!! Elda recule en arrière en sentant une présence inhabituelle. À l’improviste, comme pousser par une force surhumaine, la porte s’ouvre brutalement en frappant le battant sur le mur. Elda terrorisée recule en arrière et se heurte sur un objet qui la fait trébucher et tomber. Un souffle s’échappe de la pièce oscure derrière la porte et une voix d’esprit semble sourire… Elda semble être approchée par une présence invisible. Elle se lève en flèche et détale vers la sortie et retourne dans sa chambre en laissant la sinistre porte de la pièce obscure ouverte.

Une voix se fait entendre depuis le fond de la pièce : MAIAGAH….

À suivre…

Chroniques Universelles.

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