CHRONIQUE LITTÉRAIRELittérature
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CROQUEUSE DE DIAMANT ( Revers de la médaille)

Chapitre 15

Je me réveille brutalement !! Je suis toute seule sur le grand lit tout couvert en blanc… Couverte à moitié, je suis complètement nue sous la couverture. Je regarde tout autour pour voir s’il y a quelqu’un, mais personne n’est là. J’ai la tête qui pèse des tonnes et j’ai des nausées.

Les souvenirs me reviennent entrecoupés. Mais rien de complet, je suis juste étonnée de me voir allongé là dans un lit d’hôtel et surtout toute seule. Je me lève, j’enfile la couverture autour de ma poitrine et je vais à la douche.

Je me regarde dans le miroir : Qu’est-ce qui m’est arrivé ??

Je ne ressens aucune douleur pourtant j’ai l’impression d’avoir été brutalisée. En retournant dans la chambre, je remarque des vêtements sur le lit… Sûrement elles me sont destinées et je n’avais pas remarqué en me levant. J’enfile des sous-vêtements et je m’asseois pour réfléchir.

_ Qu’est-ce qui s’est passé ??

Par hasard, mon regard s’arrête sur une malette au chevet de mon lit, avec une lettre dessus. Je prends la lettre que j’ouvre pour lire.

« J’espère que tu as aimé la soirée d’hier, et ne t’en fais pas nous savons toutes que ce n’était pas ta première fois de consommer de l’alcool. Dans cette valise tu as de quoi relancer ton business et quand tu te seras vraiment ressaisi, repasses nous voir… bisous »

Avec intrigue, je déverouille la malette qui s’ouvre sans peine.

_ Mash’Allah !!!

Mes yeux s’éblouissent devant cette fortune classée en liasses fiscales de dix milles francs dans la malette. Mon cœur bat avec une rapidité brusquée…

_ Mais qu’est-ce que…

Tout à coup ça me revient !! Toute la soirée d’hier me revient. La perversion, l’horreur de la veille me frappe à la mémoire.

Je me recroqueville sur le lit en tenant mes genoux serrés contre ma poitrine. J’éclate en sanglots à l’idée de ce que j’ai subi…

_ Maman !! Qu’est-ce que j’ai fait ?? Qu’est-ce que je suis devenu ? J’ai vraiment franchi la ligne dont j’entends parler si souvent ici dehors ??

Je me mords le poing en jurant !! Je suis totalement bouleversé et surtout noyée dans une culpabilité sans égal.

Mon téléphone sonne. Je sursaute même avant de me calmer. Je regarde l’appel… C’est Delphine à l’appareil.

Je décroche et ne dis rien.

Delphine : Tu t’es réveillé ? C’est bien… Si tu as besoin d’explications, viens chez nous. Et en ce qui concerne l’argent, c’est ta part. Donc tu prends tu gardes et tu attends les explications.

_ Vous…

Les mots pèsent sur ma langue. Je raccroche et je me remets à pleurer de plus belle avec rage. Je me suis fait avoir et ce n’est la faute de personne. J’avais cette intuition que ça pourrait être un truc du genre… Mais je voulais faire la courageuse qui n’a peur de rien et voilà !! Voilà !! Plus de retour en arrière possible.

Malgré tout, je me change et je quitte l’hôtel avec la malette… Je prends mon courage et je laisse passer la douleur. Direction chez Delphine.

Je prends un taxi rapide qui s’étonne de voir une dame aussi bien sapée prendre un taxi.

Lui : Hmmm… Madame il y a les uns et puis les autres ein.

_ Comment ça ?

Lui : Façon tu es zoo là-bas c’est comme si tu voulais seulement que les gars de Nkolbisson te volent.

_ Tu es chauffeur taxi non!?

Lui : Oui…

_ Pardon fais ton travail sans parler. Chacun a ses problèmes…

Lui : Pourquoi les belles femmes sont toujours fâchées même comme ça ? Donc il existe un homme sur la terre ci qui puisse te faire taper cœur ?

Je fais semblant de n’avoir rien entendu. Il me conduit jusqu’à destination. Je sors et je le paye avec un billet de deux milles francs… Il se tourne pour chercher la monnaie.

_ Non ça va, garde la monnaie.

Lui : Ekieh !!! Beubeula… Ça existe encore dans le pays ci?? Oui!!

Je traverse la rue et je me retrouve devant le domicile de Delphine.

Je toque à sa porte. Des bruits de pas avance jusqu’à l’entrée… On ouvre !! C’est elle même.

_ Delphine !!

Delphine : Ah poupée… Je savais bien que tu allais être ravissante dans cette tenue magnifique. Elle était faite pour toi.

_ Vous avez abusé de moi pour me lancer seule dans une chambre d’hôtel avec une malette d’argent… Comme… Comme une prostituée !!!

Delphine : Allé viens entre… On va pas parler ici.

Je dépose la malette au sol : Nous n’avons rien à nous dire. Je vous demande juste de dégager de ma vie.

Je m’en vais.

Delphine : Avec ou sans l’argent, tu as payé le prix et tu as subi quelque chose qui ne reviendra jamais en arrière… Ne pense pas que la colère résoudra quoi que ce soit, au contraire tu auras tout perdu et cela pour rien.

Je m’arrête !!

Delphine : Tu peux faire ton deuil, nous détester même… Mais ne vas pas dire que tu ne savais pas à quoi tu t’attendais. Cet argent tu l’as travaillé, ça ne fera jamais de toi une prostituée. Certe tu as été souillée mais qui saura ? À part toi… Et en plus tout ça fait maintenant partie du passé, pourtant cet argent c’est ton avenir et un moyen pour toi de te relancer. Tu sais combien c’est ?? Cent millions de francs CFA en billet de 10!! Si tu franchis cette barrière sans cet argent… Ma chérie tu auras tout le reste de ta vie pour regretter.

J’ai les mains qui tremblent !! La rage ? L’humiliation ? La déception ? Je ne sais ce que c’est… Mais ses paroles frappent en plein dans ma poitrine. Soudain je sens sur ma lèvre supérieure un liquide, qui coule ensuite jusqu’à dans ma bouche… C’est salé. Je passe la main sur ma joue et je vois des larmes, tellement de larmes. J’essuie et je me tourne vers Delphine…

_ Vous n’auriez pas dû me faire ça.

Delphine : Le monde est méchant chérie… C’est la jungle et pour s’en sortir il faut être solide. Je suis désolée pour ce qu’on a pu te faire subir, mais tout ça c’est passé. Il faut se concentrer désormais vers demain et devenir celle que tu dois être…

_ Tout ça pour de l’argent… Juste des billets.

Delphine : Non tu te trompes !! Pour de la gloire, la richesse, le bonheur, les grandes occasions, l’influence, la stabilité financière… Pour le charisme Jenevah.

J’arrête de pleurer. Delphine me tend les bras pour m’inviter à l’embrasser… Je m’approche d’elle tout doucement. Je chuchote à son oreille…

_ Je vais vous détruire… Comme vous l’avez fait pour moi.

Delphine ferme les yeux. Comme un éclair, elle me gifle!! Je tiens ma joue en m’étonnant.

Delphine : C’est quoi cette façon d’être bête et bornée ? Tu ne vois pas qu’on est de ton côté et que tu es dans la mouise jusqu’au cou? Tu te permets de faire l’actrice qui veut se venger. Éh écoute moi !! La vie ce n’est pas le monde de barbie où on fait ce qu’on veut… Tu t’es engagé dans un secteur qui requiert des couilles serrés, tu t’attendais à quoi ? Hein ??

Je fais un pas en arrière de peur de recevoir une autre…

Delphine : C’est comme ça tu as été bête jusqu’à te retrouver ici, et tu veux encore être plus bête pour laisser ta deuxième chance. C’est de l’argent sale et alors ?? Jusqu’à elle vient dire qu’elle va nous détruire… Tu sais même qui on est ?? Ne te fais pas des ennemis. J’essaye d’être courtoise avec toi… Alors arrête de faire ta petite fille pourrie gâtée !!

Voyant mon silence et se rendant compte de sa dureté poussée, Delphine soupire et baisse d’un ton.

Delphine : Regarde ce que tu me pousse à dire de toi Nevah. Je t’aime comme une grande sœur et c’est vrai que la famille que nous formons n’est pas comme celle des autres… Mais je ne veux rien d’autre, enfin nous ne voulons rien d’autre que te protéger et te faire te sentir bien.

_ De toutes les façons je n’ai plus de choix… Je suis trempée c’est ça ?

Delphine sourit : Tu commence à bien parler… Sauf que ton visage pâle là ça ne me plaît pas beaucoup. Il reste ton sourire jolie là.

_ Je vais rentrer chez moi. Je ne me sens pas bien.

Delphine : D’accord. Prends du temps pour réfléchir… Pose-toi les bonnes questions et surtout reviens avec des réponses convenables. Et sache surtout que tu n’es plus seule ?

Je hoche doucement la tête et je m’en vais.

Trois jours après, toujours pas sorti de ma maison… J’ai passé ces dernières journées à ne rien faire, réfléchir sur ma condition, ma situation et tout ce que cela implique. Riche, puissante d’accord… Mais à quel prix ? D’une autre part, je suis sali de toutes les façons. Faire machine arrière ne résoudra rien du tout. Ma mère… Qu’est-ce qu’elle pense de moi depuis la haut? Mon père lui aussi… Et ma religion, je l’ai totalement balayé du revers de la main pour me concentrer sur ma propre personne. Quel égoïsme !!

On toque à ma porte. Je n’attendais personne… Pas maintenant, pas aujourd’hui !! Je me lève, j’essaye de nettoyer mon visage vite fait avec la manche de mon vêtement. Je m’en vais ouvrir…

_ Max!? Qu’est-ce que tu fais là ?

Max : Je peux entrer ?

Je me recule : Bien-sûr… Désolé pour le désordre. Juste que ces derniers temps je suis un peu… Disons un peu ailleurs.

Max entre : Je vois un peu…

_ Toi comment tu vas ?

Max : Je vais bien. Je voulais juste venir voir comment toi tu allais… Vu que ça fait des jours où tu n’es pas en ligne. Je me faisais du souci.

_ Merci beaucoup. Dis-je en me frottant les mains avec stress… Tu désires quelque chose ?

Max : Non, c’est bon… Je voudrais juste rester là. Si possible dans le silence avec toi. Si tu as un truc à évacuer tu le fais… Mais tu ne mérites pas d’être seule.

J’embrasse Max en le serrant fortement contre moi. Je le fais tellement rapidement qu’il se surprend. Nous passons un bon bout de temps à discuter, il arrive même à me faire sourire malgré mon humeur.

Max : Je pense qu’il vaudrait mieux que tu te reprenne en main… Que tu tournes la page pour tout reprendre à zéro.

Je le regarde : Tu as raison…

Le lendemain je retourne chez Delphine, cette fois avec une idée différente et étant une personne totalement différente d’hier… Une personne cette fois déterminée et dépourvue de tout regret.

Delphine me chuchote : Je savais que tu reviendrais… Allé entre.

À suivre…

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