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CROQUEUSE DE DIAMANT( Revers de la médaille)

Chapitre 16 : Eloïse

… D’aucuns diront que je suis cette genre de personne dépourvue de cervelle qui agit en mettant sa réflexion au retrait. Que des jugements mais personne ne se mettrait à ma place pour sentir le poids de la pression que je subis depuis un bout.

Bref!! J’ai pris les 100.000.000 FCFA et j’ai relancé une affaire, différente de la précédente puisque présentement je me développe beaucoup plus sur le domaine capillaire. Je vends des mèches extrêmement coûteuses à des prix pour la plupart abordables… Et je vous assure que mes affaires roulent plus que jamais.

Mon avion atterrit à l’aéroport international d’Abidjan. Tellement j’ai entendu parler de cette ville pleine de vie et de ce pays où les festivités sont des priorités. Direction mon hôtel dans un quartier résidentiel extrêmement éclairé. Les bâtiments sont hauts, dans les rues il y a autant de blancs que de noirs… Sur tous les cinquante mètres on ne manque pas de voir des stands de braises de porcs. J’ai pris un taxi privé, donc je suis toute seule à l’intérieur… Heureuse je suis.

_ Chauffeur… C’est comme ça tous les soirs ?

Lui : Pardon Madame ?

_ L’ambiance là, c’est comme ça tous les soirs ?

Il baisse le volume de son lecteur qui nous entretien avec un slow des magics system.

Lui : Ayiii!! Ici y a rien même… Faut venir à Yopougon, vous allez confirmer ce qu’on appelle mouoment (mouvement) là. Façon les gens savent s’enjailler ici dèh!! Ya pas deux.

_ Je vois. Dis-je en souriant.

J’ai toujours aimé leur accent local là. Ils ont une façon de tirer sur les mots. Chez nous, nous avons un français plus soigné et plus traditionnel pourtant eux avec leurs accords particuliers c’est tout une autre chose.

_ En tout cas c’est chic ici… C’est vivant.

Lui : Bien même !! Mais sinon là Madame… Vous là vous venez d’où même ? Passé accent là, c’est pas ivoirien waï.

Je rigole : Je suis camerounaise… Mais c’est ici que je vais trouver un époux.

Lui : Hmm façon votre choix là est zoo!! Sinon on a Didier Drogba et plein d’autres bons gars quoi… N’a qu’à bien chercher.

_ Je me dis aussi.

Il fait ma soirée pendant tout notre trajet jusqu’à l’hôtel. Je me tord de rire face à son côté drôle, les ivoiriens ont cette particularité de créer de l’ambiance en prenant du néant, contrairement aux camerounais qui font les sérieux.

Il me dépose à domicile et c’est sur un ton hilarant que nos chemins se séparent. Je me tourne face au bâtiment, le regard levé je regarde cette structure imposante et esthétiquement construite…. C’est l’hôtel Tiama, un cinq étoile qui mérite sa renommée.

_ Enfin je suis arrivé.

Je fais sortir mon portable pour prévenir de mon arrivée aux autres. J’ai un rendez-vous dans deux jours avec un partenaire ivoirien… Thierry Cissé, un homme d’une éloquence sans précédent.

Je me dirige à la réception, une vaste salle éclairée à la dorée. Des canapés confortables pour l’attente et un parfum de charisme qui dégage de l’endroit. J’attends quelqu’un, Cissé a insisté pour venir me voir à mon hôtel et comme ce n’était pas dans le cadre du travail, je n’ai pas refusé. Je m’asseois donc sur l’un des canapés, je dépose ma valise tout près de moi et je me connecte pour vérifier quelques tweets. Toujours les mêmes chansons… Enfin bref!!

– Jenevah !!!

Je lève la tête et je remarque ce grand homme venir vers moi, chauve et barbu avec des épaules larges et une veste grise qui lui va comme un gant. Je suis saisis d’un choc que je maîtrise à l’instant.

Je ne savais pas qu’il était aussi grand, on dirait bien que son éloquence va avec cette structure imposante où je me trouve. Comme toute bonne partenaire, je me lève pour lui tendre la main, mais ce dernier ignore mon poignet pour me prendre dans ses bras où je disparais catégoriquement.

Je mesure environ 1m82, donc je suis assez grande de taille et de plus je suis sur des talons hauts, mais devant lui j’ai l’impression de mesurer moins d’1m60. En plus l’odeur de son parfum… Je me sens neutralisée et intimidée par son allure. Mais lui ne fait rien paraître.

Thierry : Le voyage n’a pas été pénible j’espère…

Cette voix rauque qu’est la sienne me fait couler des sueurs froides, son accent est neutre comme celle d’un français du 1er arrondissement de Paris.

_ Non pas vraiment, merci… C’est juste que je suis un tout petit peu épuisée.

Thierry : Dommage… Je ne vais donc pas pouvoir te faire découvrir la ville et profiter des spécialités locales.

_ Erreur !! J’ai tellement entendu parler de Yopougon, Adjamé et tout et tout là que… Même dans une chaise roulante j’aimerais découvrir cette ville. En plus avec une compagnie aussi plaisante, qui dirait non?

Thierry : Je te trouve très ravissante au passage. Dit-il en me regardant de la tête au pied… On dirait un mannequin Dior.

_ Tu exagères.

Il ne m’a pas laissé le temps de demander s’il fallait se vouvoyer ou se tutoyer. Je me sens tout à coup bien.

Thierry Cissé me conduit jusqu’à ma chambre avec mes bagages et nous retournons au rais de chaussée.

_ On commande un taxi…

Thierry : Je préfère qu’on prenne ma voiture. C’est mieux non!?

_ Oh je…

Il appuie sur une télécommande auto et tout au bout du parking une corvette C8 Stingray répond en allumant les phares antibrouillard. J’ouvre grand les yeux…

_ Une corvette ??

Thierry : C’est mon bijou à moi… Et je suis sûr que ce serait un plaisir pour elle de te conduire.

Il m’ouvre la portière, j’entre en souriant. Il entre à son tour et me demande d’attacher ma ceinture de sécurité…

_ En fait je…

En trois secondes on dépasse les 80km/h, ce qui me fait rentrer brusquement sur mon siège. Thierry sourit en se moquant.

Abidjan est doux!! Comme le dit les ivoiriens. Les rues sont beaucoup plus grandes que les nôtres pour la plupart… Les bâtiments gratte-ciels très hauts.

Après un tour, nous arrivons dans un endroit… Un maquis comme me l’a dit Thierry.

Thierry : Tu connais Alloco?

Je ris : C’est un nom de repas ça ?? J’imagine la dégaine. Non merci ça ne me tente pas.

Thierry : Tu ne connais pas le goût du vrai bonheur… Là bas au Cameroun vous mangez quoi?

_ Tellement de nourritures… Déjà je suis sûr que l’okok dépasse tous vos mets traditionnels là.

Thierry éclate de rire comme il aime si bien le faire : Alors là, ma chère Jenevah… Tu n’as pas encore entendu parler de placali bon marché, ou foutou pilé !! Tu vas perdurer en Côte d’Ivoire.

_ Je préfère manger quelque chose de plus sûr… Sauce graines, c’est quoi ? Je vois ça sur la liste de menus.

Thierry dramatise avec un accent ivoiriens : C’est mieux on va prendre Porkkk!!

Je rigole : Porc tu veux dire !!

La soirée est belle et j’en avais vraiment besoin pour souffler un peu après tous ces épisodes lugubres qui se sont succédés dans ma vie.

Après m’avoir fait manger et visiter, Thierry Cissé me ramène à mon hôtel comme un gentleman. Nous nous séparons en sollicitant notre envie de nous revoir très prochainement.

Exténuée je suis quand j’arrive à la chambre à coucher. Je me laisse tomber sur le lit pour roupiller le temps d’un instant avant de prendre un bain tiède… Mais on sait tous la finalité du temps d’un instant après une journée aussi difficile. Je m’en dors sans m’en rendre compte.

« Bip bip bip!!… Bip bip bip!! »

Je sursaute en ouvrant grand les yeux. C’est mon réveil qui sonne.

_ Ekieh !! J’ai dormi pendant combien de temps ??

Il se fait jour à l’extérieur et sur ma montre il est 8h passé de plusieurs dizaines de minutes.

Je descends du lit en bâillant et m’étirant. Personne n’aimerait me voir au réveil… Direction à la douche !!

Deux jours plus tard…

J’ai pris une avance, je suis assise dans la grande salle de réunion et j’attends. Je regarde la montre sur mon poignet pour voir le temps qu’ils ont encore. Je suis sensée rencontrer quatre investisseurs, Mr Mikael un homme assez âgé m’a-t-on dit, Mr Robert, Thierry le plus jeune et enfin un autre homme dont j’ignore l’identité.

Après une vingtaine de minutes, mon premier homologue arrive, c’est Mr Mikael, nous échangeons un sourire poli et bref. Ce dernier est accompagné de sa fille qui est DG de son entreprise… Une très jeune et belle femme. Juste après c’est au tour de Thierry à arriver, il s’assit à côté de moi et ça me fait plaisir. Après quelques minutes Mr Robert arrive avec son gros ventre très remarqué, il ne dit rien et s’asseoit. Le siège principal est vide… Donc nous attendons une personne de plus.

_ Nom de…

C’est mon exclamation en voyant Mr Gradel arrivé. Mais qu’est-ce qu’il fait là ? Encore lui? Thierry remarque mon expression et mon insatisfaction…

Il me chuchote : Vous vous connaissez tous les deux ?

_ Un peu… Pas vraiment, en fait non! Pas du tout.

Mr Gradel arrive et me remarque, il m’ignore et prend place pour se comporter de la façon la plus naturelle possible.

Je me lève : Je vous remercie tous d’être là… D’avoir honoré mon invitation. Si je suis là c’est pour proposer un projet d’accord qui fusionnera une part de toutes nos entreprises…

Mr Robert : De quoi s’agit-il.

Je prends une pile de dossier dans lequel j’ai fait les plans, je partage à chacun d’entre eux et arrivé devant Mr Gradel je traine avant de déposer devant lui.

Il passe un moment à lire…

Mr Mikeal : Le projet est louable je l’avoue… Mais s’il faut mettre des actions, il faut que le retour d’investissement soit d’une consistance crédible.

Thierry hoche la tête.

_ Éh bien !! J’ai étudié toutes les possibilités… Et croyez moi. Vous serez satisfait de mon plan d’approche.

Après la réunion, je m’en vais au balcon et Thierry vient me retrouver…

Thierry : C’était… Phénoménale. Dit-il en applaudissant.

_ Merci beaucoup… Je peux donc compter sur toi comme actionnaire ? C’est ce que ça signifie ?

Thierry : Bien entendu.

Mr Gradel arrive à son tour, il se tient entre nous… Ce qui rend Thierry mal à l’aise et le fait s’excuser avant de s’en aller.

Mr Gradel : Belle prestance… On n’aurait pas dit toi.

_ Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous me suivez ou quoi ?

Mr Gradel : À ce que je sache, tu as besoin de financement et de partenariat pour ton projet… Et une bonne femme d’affaires ne regarde qu’aux termes de contrats et ne prend rien personnellement.

_ Vous pensez que c’est parce que je suis en situation de besoin que vous allez vous pointez pour tout faire foirer?

Mr Gradel soupire et s’adosse sur le balcon : Sois on est partenaire… Ou alors nous sommes en guerre. Je n’ai rien contre toi, mais par contre ton ascension tu vois, ça fait un peu peur. Et dans le monde des affaires, soit on se rallie soit on devient des ennemis. Alors je te propose de réfléchir à ma proposition… Voici ma carte. Et sache que tu as déjà une voix de plus pour ton partenariat.

Il s’en va…

À suivre…

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