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CROQUEUSE DE DIAMANT (Revers de la médaille)

Chapitre 04 : Élément circonstanciel

C’est comme si j’ai raté un épisode !! Nous sommes déjà à la fin des cours pour débuter les congés de Noël comment ? Ce début d’année est passé à une vitesse imprenable.

Habiba : On peut être belle comme ça Nevah?

_ Tu me flatte Habibi… Et si tu le fais c’est certainement pour une raison.

Habiba sourit et vient m’étreindre de ses bras autour de mon cou pour m’embrasser.

Habiba : On ne peut plus t’apprécier sans arrière pensée ? En plus est-ce que j’ai tort ?

_ Ce n’est pas ce que j’ai dit, juste que j’évite toute sorte de quiproquo. On est bien clair que tu me dis ça en n’ayant aucune pensée secondaire derrière la tête ein!?

Habiba : Jene… C’est la fin d’année et il faut rentrer à foumbot. Ça tu le sais déjà non!?

Je soupire : Et tu n’as pas de transport c’est ça !?

Habiba : Je te jure que je vais tout te rembourser une fois qu’on sera chez nous. C’est juste que j’ai mal géré mes finances.

_ Habiba, ton irresponsabilité frise la bêtise. Comment tu peux recevoir plus d’argent de poche que moi et être toujours la première à quémander ? Tu fais quoi avec ton argent ? Vu que même mes vêtements c’est toi qui les porte… N’exagère pas.

Habiba se fâche : Tu m’aide ou pas ?

_ Juste cette fois… Mais sache que c’est la dernière en tout cas. Je ne suis pas tes parents il faut que tu comprennes cela une bonne fois pour toute. Et quand je parle il y a tellement de choses que tu as faites qui me reviennent… Où est passé mon écharpe dorée ?

Habiba : On en a déjà parlé Njoya !! Ne reviens plus sur le sujet.

_ Ngoungoure!! Je dépose mes choses encore tu touches. Est-ce que tu peux avoir même une idée du prix de cette écharpe ? Non!! Ce n’est pas ton problème.

 » Habiba devenait une vraie plaie pour moi. À la maison elle ne foutait rien, c’était elle la sorteuse et dans tout ça elle fouillait jusqu’à dans mes placards pour prendre mes vêtements, mes sous-vêtements et lingerie, mes serviettes hygiéniques de surcroît »

Habiba sort de la chambre sans rien dire. Certainement pour revenir le lendemain matin comme d’habitude quand je l’énerve.

Après réflexion, j’appelle Max sur mon portable pour qu’il vienne me retrouver à la maison, question que j’essaye d’aboyer sur lui pour me libérer de toute cette colère en lui expliquant mon ressenti. Ce que j’ai fait juste après sans hésitation…

_ Cette situation commence à me gonfler si tu pouvais savoir ! Même les dessous ??

Max : C’est vrai que… C’est vrai que c’est une situation embarrassante, mais c’est ta sœur non!?

_ La sœur de qui? On se connait juste au quartier dans la ville d’où nous venons, et puisque nous sommes des sœurs bamouns solidaires j’ai proposé qu’elle vive chez moi… Nous étions dans la même terminale. Je regrette amèrement ma décision.

Max : Détends toi Jenevah. C’est juste pour un temps votre collocation j’imagine.

_ Je ne crois pas non. Tu penses que ce genre de personne irresponsable souhaiterait vivre toute seule !? Il faut toujours quelqu’un comme moi sur qui elle peut se reposer pour faire du n’importe quoi. Ce qui m’intrigue le plus ce sont ses sorties nocturnes répétitives… J’ai l’impression que parfois elle oublie qu’elle est musulmane et déjà la future femme d’un homme pieux et la mère de ses enfants.

Max : Qu’est-ce que tu proposes donc ?

_ Rien du tout. Je voulais juste me plaindre… En plus c’est elle qui me demande l’argent du transport pour rentrer, pourtant ses parents le lui ont envoyés il y a des siècles. Elle porte mes vêtements et le pire c’est qu’elle les jette le plus souvent. C’est comme si je vivais les enfantillages d’une autre personne. Je n’en peux vraiment plus, je suis plus que débordée de tout ça.

Max : Je peux t’aider à compléter l’argent du transport.

Je regarde Max comme s’il venait de me demander de me prostituer. Il renchérit rapidement pour palier à ma compréhension bancale…

Max : Tu es ma copine et c’est dans mon devoir de te venir en aide quelques fois. Ce n’est pas comme si je te manquais du respect ou je simplifiais tes capacités… Laisse moi t’aider s’il te plaît.

_ Non merci ! Je vais me débrouiller seule. De toutes les façons je n’ai jamais eu à attendre quelque chose de personne… Sauf peut-être de mes parents, parce que c’est de leur devoir de me soutenir financièrement.

Max : Jenevah, tu n’as pas toujours besoin de voir les choses ainsi. Une simple aide est une simple aide. Je ne te demande rien en retour et c’est surtout un plaisir de pouvoir aider celle que j’aime de temps en temps.

Je soupire : Non laisse, c’est bon. Je vais me débrouiller toute seule.

Max se lève : Bon je m’en vais !! Sinon n’hésite pas de me faire signe une fois que tu auras trouvé une solution d’accord ?

_ D’accord !! Merci d’être passé Max. C’était gentil de ta part, vraiment.

Après un échange de bisous à la joue, j’accompagne Max jusqu’à l’extérieur avant qu’il ne s’en aille. Je retourne à la maison et je continue le ménage.

Quelques minutes après mon téléphone signale une notification. Je regarde et je remarque le message Orange money. « Vous venez de recevoir 25000 f de… Votre nouvelle solde est de 27000 fcfa ». Je veux me fâcher mais je me rends compte que tout mon argent sur la terre n’était que 2000 fcfa, donc je n’allais même pas avoir mon propre transport.
J’écris à Max.

_ « c’est toi qui m’a fait le dépôt ? »

Max : « considère ça comme une erreur, et ne refuse pas s’il te plaît. Je savais que si je te donnais à main propre tu n’allais pas prendre »

_ « Tu es vraiment têtu toi. D’accord, merci beaucoup. »

Max : « De rien princesse »

Non mais !! La fierté peut tuer quelqu’un jusqu’à enterrer ein!? Si Max ne réagissait pas contre ma volonté je ne me rendais même pas à quel point j’allais être en galère. Voilà un 27 kolo chaud chaud dans mon OM !! C’est comme si j’étais devenu subitement milliardaire… En plus toute ma fierté est restée sur place sans bouger, puisque le gars m’a plutôt forcer.

« Le fait de rentrer à la maison était pour moi comme un exhaussement à mes prières, Adja ma mère me manquait énormément et mes frères aussi. Je savais que c’était réciproque cette sensation et beaucoup plus grande même de leur côté. Habiba et moi étions sensées voyager le même jour, mais comme d’habitude elle trouva une excuse bidon pour renvoyer son voyage. Pour moi quoi?? »

Adja : Éh Njoya !! Tu es seulement aller à l’université maigrir ??

La réplique de toutes les mères africaines pour se donner une excuse pour gaver leurs enfants de nourriture après leur retour de l’université. L’odeur qui dégage de la cuisine à l’extérieur me donne assez d’informations pour deviner ce qu’on cuisine. Le couscous njapcheu, c’est un met fétiche de chez nous et vraiment propre à nos coutumes. Le couscous est le plus souvent appelé « pèh » et le plus que nous y ajoutons c’est le « chacheum » ou encore manioc trempé et séché ce qui rend la boule tellement plus leste et délicieuse sur le palais. C’est fou comme je me sens nostalgique en humant cette odeur familière.

Adja : A wouènèh mo’onah? ( Comment tu vas mon enfant ?)

_ Bien Maman. Le voyage était désastreux… Mais je suis tellement heureuse d’être arrivé à temps. Et l’odeur qui dégage de la cuisine là me creuse l’estomac.

Adja : J’étais persuadé du fait que tu devais arriver plus tard. Donc tu me surprend en venant à cette heure. Par contre je t’ai laissé quelque chose à grignoter sur la table à manger au cas où tu viendrais avant.

Les mères !! Ces femmes sont des magiciennes. On ne vit pas sans elles, c’est comme si elles savaient lire dans nos pensées et étaient les seules à connaître la vraie valeur des choses. Une fois avoir traversé notre clôture, mes problèmes m’ont quitté. L’odeur du linge propre et la brise humide qui souffle dans toutes les pièces me fait m’évader. Moktar, mon frère cadet se précipite à l’extérieur pour m’embrasser, mais je me rends compte que le mec n’a plus rien à voir avec celui que j’ai connu autrefois.

_ Hmmm Njikam!! Comme tu es entrain de grimper comme le bananier là. Sache que même avec ta carrure tu glisses je te corrige.

Lui en rigolant : Tu as peur !!

C’est clair que je me sens menacée par ce fier descendant du roi Mbouombo.

Adja : Va chercher une chaise pour que ta sœur s’asseye Moktar, et viens aussi avec les arachides sur la table.

_ Non, je vais m’asseoir sur la véranda et t’aider Maman.

Adja : Jenevah, tu es fatiguée par ton voyage… Le mieux serait que tu te reposes.

_ Et laisser ma chance de bavarder avec toi pendant la cuisine !? Ça tu as menti… Tu veux que je pique quelques morceaux de viande dans la marmite comment ?

Ma mère éclate de rire en se tapant dans les mains. Ça me fait tellement plaisir de la voir aussi heureuse, l’effet de la ville m’avait fait complètement oublier la valeur de son sourire. Je la regarde au point de me perdre.

Adja : Comment va Habibi ? Je croyais que vous viendrez toutes les deux.

_ Non. Elle avait certaines matières à composer avant de venir, c’est pour cela qu’elle a renvoyé son voyage.

Moktar arrive avec les arachides grillés. Ma mère le regarde méchamment.

Adja : Qui t’a envoyé dans les arachides là ?

Moktar : Je n’ai rien pris. C’est comme ça que c’était quand je prenais sur la table.

Adja : Moktar, tu veux que je viennes moi même fouiller dans ta bouche ? Parce que j’en suis capable et ça tu le sais.

J’éclate de rire : Maman c’est bon !! Est-ce que je me suis plaint? Au moins il a laissé un peu pour moi non!?

Adja en menaçant Moktar : Éh fuis!!!

Moktar s’éclipse en vitesse.

Adja : Sinon Jenevah, je sais que tu es une fille sage mais l’université a le don de détourner même les plus sincères et fervents défenseurs du coran. Je voudrais savoir si tu fais toutes tes prières…

_ Oui Maman.

Adja : Parce que c’est par ce seul moyen que notre Dieu est capable de nous éloigner du mal. Surtout j’espère que tu fais très attention avec les jeunes garçons de là… Ils donnent toujours l’impression d’être de bonnes personnes pourtant ce sont de vrais pièges.

Je regarde ma mère sans rien dire, je hoche la tête timidement en sentant au fond de moi ce débit de culpabilité. Comme si c’était prévu mon portable m’annonce une nouvelle notification. Je regarde et c’est celle de Max « tu es bien arrivé bébé ?». Je soupire et je vérouille mon portable.

À suivre…

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