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CROQUEUSE DE DIAMANT ( Revers de la médaille)

Chapitre 13 : Le revers

« J’étais désormais complètement fauché. En un laps de temps j’ai perdu toutes mes actions et aussi mes intérêts et indemnités. Non seulement je n’avais plus de partenariat, pire encore j’étais endettée jusqu’au cou. Le responsable de mon projet immobilier était en fait un voleur masqué, j’avais investi les trois quarts de mes revenus bêtement dans ce projet et je devais rembourser les prêts que j’avais fait à la banque.»

– Votre compte est gelé Mademoiselle.

_ Pardon !? De quoi vous me parlez là ?? J’ai encore de l’argent ici.

– Compte tenu de votre prêt et de votre insécurité financière, nous avons préféré geler votre compte plutôt que de saisir vos biens. C’était une option bien légère… Parce que nous vous respectons beaucoup.

_ Comment cela peut être possible ? Comment se fait-il qu’une trentaine de millions disparaissent en si peu de temps ?

– Nos relevés archivés indiquent que vous aviez fait un retrait d’argent sur votre compte ces derniers temps… Trente huit millions de francs pour être précis.

_ Nom d’un…

Ma tension grimpe à une vitesse critique. Je sens mon cœur frémir et ma poitrine peser tout à coup.

_ Vous voulez dire que j’ai été braqué sous votre nez!! Et vous n’avez pas levé le petit doigt !! Une personne s’est introduit dans mon compte en violant toutes les sécurités sans que vous ne vous en rendiez compte… Et m’a piqué tout mon fric !! Et vos règles de sécurité de mon cul!! Elles sont où ein??

– Mme… Parlez doucement je vous en prie, nous sommes dans une banque.

_ Vous vous moquez de moi j’espère. Parce que je vous jure que j’engagerai autant d’avocats que possible pour vous porter plainte et on verra bien qui rira le dernier !

– Sécurité ??

_ Osez!! Osez poser vos sales pattes sur ma personne et je vous jure que ce n’est pas juste votre banque qui va sauter… Mais vous avec.

Dans un accès de colère je me lève en piquant mon sac à main Michael Kors. Je porte mes lunettes de soleil et je quitte la grande salle en laissant des bruits d’échos par mes talons aiguilles.

Je suis complètement abattue et inconsolable face à cette situation. Depuis l’annonce à la banque je ne trouve plus vraiment de goût à quoi que ce soit. Ça fait des jours où je suis confinée chez moi à m’empifrer de mal bouffe et de films romantiques qui me font pleurer comme une truffe. Comment j’ai fait pour en arriver là ?? Comment en si peu de temps j’ai atteint le sommet pour ensuite chuter plus bas que terre ?? Je reçois une notification de paiement mensuel de loyer, tellement j’étais emportée ces derniers jours que je n’ai pas tenu compte de ce détail de 330.000 f le mois. Et mes factures !!

J’ai demandé à Lili de faire des recherches sur de potentiels avocats qui pourraient m’aider dans l’élaboration de ma plainte. J’ai à peine de quoi les payer, mais la rage de cet échec me rend plus que déterminer à faire tomber une forteresse… En même temps être fauchée pour moi n’a plus la même définition d’il y a quelques années. Heureusement j’avais sécurisé une épargne qui m’a rapporté dans un compte bloqué il y a quelques années… C’est de quoi survivre pendant un moment et gérer le procès.

Delphine arrive chez moi en soirée, elle a surement reçu mon coup de fil un peu tard à cause de ses occupations. Elle toque et je m’en vais ouvrir… Depuis hier je n’ai pas de toilette donc la tronche que j’ai n’a rien d’esthétique.

Delphine entre : Eeurk chérie. C’est quoi ce look d’enfer ? On dirait que le ciel t’est tombé dessus ou que tu fais un casting pour film d’horreur.

_ J’ai tout perdu…

Delphine fronce les sourcils : Comment ça… Tout perdu…

_ Mes actions, mes projets, mes partenaires, mon argent, tout… J’ai…

Ne pouvant pas supporter le poids de l’émotion, je fonds en larme sur l’épaule de Delphine qui me soutient en caressant ma nuque.

Delphine : Nevah, j’ai besoin d’une explication. Parce que tout ceci me semble illogique. Comment tu peux tout perdre en si peu de temps ?

Elle m’invite à m’asseoir, puis après une trentaine de minutes je lui raconte mon périple et mes péripéties… C’est avec une humeur dramatique que Delphine compati.

Delphine : Je ne sais quoi dire Jenevah… Est-ce que tu as essayé de demander des intérêts ? Vu que tu as investi dans ces boîtes…

_ Je n’ai plus de crédibilité… C’est drôle la façon dont ils m’ont traités comme du n’importe quoi après ma chute. Mais j’ai décidé de porter plainte à ma banque.

Delphine : Alors là chérie… Never mind!! N’y pense même pas.

_ Et pourquoi ça ? Je demande en la regardant avec indignation.

Delphine : Évidemment parce que c’est une banque et les banques ne perdent jamais de procès.

_ Ils ont été incompétents au point de laisser passer une crise de piraterie… Leur système sécuritaire est défectueux voyons. Il est question là de millions de francs Delphine… Ce n’est pas du jeu.

Delphine : Tu as raison ma chérie, mais… Je te propose de trouver une autre option. De te faire d’autres partenaires avec le peu que tu as déjà.

_ Tu voudrais travailler avec moi comme partenaire ? Tu voudrais être actionnaire dans un société anonyme qui vient d’être irradié de la carte ?

Delphine soupire : Non mais…

_ Et bien il s’agit de moi !! Je sais que quelqu’un est derrière tout ça pour me faire tomber. Et cette personne va échouer son coup… Je n’ai pas l’intention de me laisser faire comme ça.

« J’étais déterminée à remporter ce procès et j’avais mis toutes les batteries en marche pour cela. Le mois qui suivait était l’un des pires de ma vie et ça je l’ignorais. Comme prévu je portai plainte contre ma banque et nous fûmes appelés à la barre pour répondre de nos actes. Pourtant l’ennemi je ne le vis pas venir et cette avance qu’il avait sur moi lui permit de me donner le coup fatal de grâce. Procès perdu !! Et comme si ça ne suffisait pas je devais payer une amende de quatre millions six cent soixante dix mille francs à la banque pour désagrément. J’étais cette fois effectivement fauchée, endettée et inconsolable… C’était la fin de tout pour moi. Et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi même, derrière les jugements des uns et des autres ne se cachera jamais la peine de la leçon que j’avais retenu… Mon impulsif tempérament m’avait mené à ma faillite critique et piquée..»

… Je viens de vendre mon armoire de bois d’ébène et quelques uns de mes verres coûteux. J’ai de quoi payer mon loyer de ce mois… Mais je le fais juste en attendant de trouver une maison moins chère pour y vivre. Mon compte Instagram a lui aussi été bloqué par des chefs d’accusation que moi même je ne comprends pas.

Assise sur le canapé, j’ai les yeux braqués sur mon salon presque vide et une seule idée me vient en tête « fille indigne, ta mère t’avait prévenu et toi tu n’en as fait qu’à ta tête ». Malheureusement le retour en arrière est impossible. Un trait de larmes qui suinte sous ma pupille gauche. J’ai une bouteille de whisky fort en main que je bois au goulot. C’est comme si mon cerveau s’était grippé et la seule idée qui me visite c’est de mettre fin à mes jours et mourir avec dignité plutôt que de subir cette humiliation qui s’annonce à venir.

Je souris.

Mon téléphone sonne sur le coup, je regarde l’appel et c’est Max qui s’affiche… Je traine avant de décrocher.

_ Allô ? Si tu m’appelles pour me dire que tu avais raison, et bien c’est réussi.

Max : Dis moi comment je peux t’aider.

_ Essaye juste de ne pas être trop gentil en me faisant encore plus culpabiliser… Laisse moi tranquille.

Max : J’ai appris ce qui t’est arrivé Jenevah, et je ne m’en réjouis pas.

_ J’ai appris que tu as rencontré quelqu’un… Elle au moins j’espère qu’elle partage ses idées avec toi.

Max : Là n’est pas le sujet. Comment je peux t’aider ?

_ J’ai besoin de financement pour relancer ma boîte au minimum, ou alors tu voudrais payer mon amende… Ah il y a aussi mon loyer et…

Max : Jenevah !! Arrête de faire ça avec moi. Je t’ai posé une question très simple et j’attends une réponse claire.

Je rigole : Encore cet air de supériorité… Ça te fait quoi d’être aux commandes ? Hein Mr Gradel Maxime ? Être en position de force et me voir avoir besoin de toi… Ça te plaît pas vrai ??

C’est en ayant aucune réponse que je regarde mon portable et me rend compte qu’il a raccroché. Je jette mon téléphone par dessus le canapé et je crie de toutes mes forces dans l’oreiller. J’ignore celle que je suis entrain de deviner… Ce n’est pas moi qui ai parlé au téléphone à Max, non c’est juste ma dépression et mon désespoir mêlé à ma fierté insensée.

Après quelques jours, je me rends chez Maya… Elle y est seule, pas comme elle en a l’habitude d’être avec ses amies. Je suis toute flétrie quand je toque pour entrer… Sa domestique me conduit jusqu’à elle.

Maya regarde son programme télé en prenant son déjeuner. En me voyant, elle m’ignore presque mais je fais semblant de n’avoir rien constaté.

_ Maya bonjour…

Maya : Comment tu vas ?

_ Comme tu me vois là. Je ne vais pas te mentir, ça ne va pas. Je n’arrive plus à dormir.

Maya : Regarde toi maintenant Jenevah… Ça me fait de la peine de te voir ainsi. Si jeune, si brillante avec autant de potentiels, te voilà de retour à la base et en plus endettée jusqu’au cou. Pourtant Delphine t’avait averti.

_ Je ne suis pas venu pour me justifier… Mais sincèrement entre nous. Depuis que je suis dans ma situation, même venir me consoler tu n’es même pas passer. Est-ce que c’est digne d’une marraine ?

Maya : Jenevah nous ne sommes pas amies…

J’ouvre grand les yeux.

Maya : On se côtoie d’accord et je t’apprécie beaucoup, mais ça ne fait pas de toi mon amie. Tu as eu ta chance et tu n’as pas su la prendre… Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? Venir verser des larmes de crocodile devant toi ?

_ Maya… Pourquoi être aussi sèche ? Dis-je en pleurant.

Maya : Tu ne veux pas qu’on t’aide Jenevah…

_ Mais de quoi tu parles ? C’est justement la raison pour laquelle je suis ici.

Maya soupire et m’invite à m’asseoir un peu près d’elle, elle me regarde ensuite avec compassion comme si elle me scrutait.

Maya : Tu as fait le business et tu as été évincé, donc tu as quelques notions du domaine… C’est la jungle et pour tenir debout il faut être protégé en ayant des repères. J’espère que ça tu l’as compris.

_ Je croyais que j’en avais…

Maya : Si tu veux encore te donner une chance de réussir, Jenevah tu dois prendre les choses au sérieux et payer le prix de ta réussite.

_ Qu’est-ce que ça insinue ??

Maya : Je connais ce visage que tu affiche. Celle de la fille qui se montre sceptique quand on veut lui parler des vrais méandres de la réussite… Mais Oui ma chérie, pour être puissante il faut avoir une côte. Tu es chanceuse d’avoir des personnes comme moi et de n’avoir pas été complètement détruite. Alors je préfère être honnête avec moi… Tu es d’accord que je continue à te donner des directives ou je m’arrête là pour que tu rentres chez toi pour ne plus jamais revenir ? Parce que là c’est ta dernière chance.

_ Maya parle… Parle je t’en prie.

Maya se lève : Très bien… Suis moi.

Je me lève à mon tour et je la suit.

À suivre…

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