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GRAND DIALOGUE NATIONAL : retour sur les réalisations majeures, quatre ans après

Arrivé au sein du gouvernement en tant que Premier ministre le 4 janvier 2019, l'une des missions principales de Joseph Dion Ngute, était de procéder à l’arrêt de l’effusion de sang dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et parvenir à la stabilisation des deux régions en proie à la crise dite anglophone débutée quelques années plutôt. Une mission que le chef du gouvernement fera son cheval de bataille, malgré sa complexité. À l'issue du Grand dialogue national (GDN), tenu à Yaoundé quelques mois après sa prise de fonction, l'on dénombre à date, plusieurs réalisations à son actif.

C’est dans ce contexte que s’est tenu du 29 septembre au 4 octobre 2019 à Yaoundé, le Grand Dialogue National. Quatre ans plus tard, les acquis de ce rassemblement sont perceptibles et forts encourageants. Alors que le Comité de suivi de la mise en œuvre des recommandations du Grand Dialogue National va se réunit à Buea ce vendredi 11 août 2023, il est important de faire la chronique du chemin parcouru. Cette réunion, qui aura lieu à Buea, est placée sous la présidence du Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, l’envoyé spécial du Chef de l’Etat, Paul Biya.

Le dialogue qui se poursuit, est la résultante des nombreux changements et concessions que le gouvernement a faits pour que les choses reviennent à la normale dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Quel est donc le bilan concret de ce dialogue trois ans après ?

Avant d’en venir à une analyse au cas par cas des initiatives rendues possibles, il est important de dire que grâce au dialogue national, près de 1000 combattants séparatistes ont quitté les buissons. Il y a à peine une semaine, la Banque islamique de développement, la BID, a injecté 21 milliards de FCFA pour accélérer la reconstruction des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. À cela s’ajoutent les 250 millions de l’Association des Établissements Bancaires du Cameroun, l’Apeccam qui a octroyé 250 millions de FCFA à l’État. Le nouvel appui est basé sur la réalisation du Plan présidentiel de Reconstruction et de Développement des Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest (PPRD-NW/SW).

La vie communautaire est également revenue à la normale dans une grande partie des deux régions avec le retour des festivals culturels. Plus de 60 000 déplacés internes sont rentrés chez eux et plusieurs communes d’arrondissement sont désormais pleinement actifs sur le terrain dans l’optique procéder à la réalisation des projets de développement. Le gouvernement a également réussi à faire revenir de nouveaux investisseurs dans les deux régions.

De grands projets de développement voient le jour à l’instar de la route Kumba-Loum en cours de réhabilitation. Il en est de même pour la route Bamenda-Babadjou et la route Kumba-Ekondo Titi. Plusieurs routes communautaires sont entretenues et d’autres en cours de réhabilitation.

Des ajustements à l’Enam en faveur des anglophones

À l’École nationale d’administration et de Magistrature (Enam), on note la formation des magistrats anglophones en contentieux administratif et des comptes. Plus encore, 10 places en contentieux administratif, et 10 places en comptabilité, prévues dans le cadre du concours d’entrée au recrutement spécial des magistrats anglophones ont également été ouvertes. Grâce à l’autorisation spéciale du Chef de l’Etat, interviendra l’Intégration de la première promotion de 250 magistrats de droit commun et de 150 greffiers. Les troisièmes, quatrièmes et cinquièmes promotions qui seront diplômées en cette année 2023.

Naissance du statut particulier

C’est grâce au Dialogue national que la loi 2019/024 portant code général des Collectivités territoriales décentralisées a été promulguée, deux mois après cette grande rencontre nationale. Ainsi, le rassemblement qui a donné naissance à une telle loi est la raison pour laquelle le Cameroun dispose aujourd’hui des Assemblées régionales dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest avec des maisons de Chefs (houses chief’s). Cette loi, fait également partie des dispositions relatives au statut spécial, débattu lors du Grand dialogue national.

À cela s’ajoutent la création de l’École nationale d’Administration locale (Nasla), la nomination des fonctionnaires, la création du ministère de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel), la rédaction d’un décret pour le transfert des compétences aux régions, l’adoption des budgets des Conseils régionaux, la nomination et l’installation de conciliateurs publics indépendants.

Toujours dans le registre des bienfaits du Grand dialogue national l’on peut citer l’affectation de 30 milliards de FCFA pour le fonctionnement des Conseils régionaux, conformément aux instructions du président de la République. Sans oublier la mise en œuvre effective de 15 % des recettes de l’Etat aux collectivités territoriales. En outre, les réalisations du GDN comprennent également, la signature des décrets habilitation les ministères des Transports, du Tourisme et des Loisirs, de l’Environnement, de la protection de la nature et développement durable et du ministère de l’habitat et du développement urbain.

L’on peut également citer, la signature du décret portant organisation administrative des Conseils régionaux et la signature du décret de passation de compétences aux régions ont été élaborées, transmises et défendues. Il y a également, la finalisation du cahier de charges du projet sur les modalités de passation de compétence aux régions en matière de jeunesse et d’éducation civique. Cette finalisation à faciliter le transfère 1 639 191 000 FCFA au Minddevel pour la réalisation des projets transférés au Minjec. Le gouvernement a également alloué 1 007 000 000 FCFA aux entités collectivités territoriales décentralisées pour exercer les projets qui leur ont été transférés en matière de jeunesse et d’éducation civique.

Options de désarmement

Parlant de désarmement, l’on peut énumérer la création du Comité national pour le Désarmement, de Démobilisation et la Réinsertion des Ex-combattants, la création d’un Comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent, la mise sur pied de la stratégie de communication opérationnelle qui comprend : des sites web, la diffusion d’émissions à la télévision et à la radio et par visioconférence, la réalisation de flyers, la réalisation de documentaires entre autres.

Dans les centres de désarmement, le gouvernement a veillé à ce que les ex-combattants bénéficient d’une aide psychosociale, spirituelle et physique pour se réinsérer dans la société. Un projet de réarmement moral pour les ex-combattants et un mécanisme spécifique de réintégration socio-économique des centres de DDR est également une réalisation. Un partenariat entre le Minproff et le Ncddr pour apporter un soutien psychosocial aux ex-combattants a été noué. L’organisation d’un séminaire pour prévenir et contrer la prolifération des armes légères et de petit calibre, en collaboration avec le bureau des Nations Unies pour les affaires de désarmement, le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement et l’Union africaine.

L’on comptabilise respectivement plus de 301 et 284 ex-combattants dans les centres DDR de Bamenda et Buea. Soit 204 hommes, 63 femmes et 34 enfants à Bamenda et 256 hommes, 21 femmes et 07 enfants à Buea. Et à Mora, l’on dénombre 2271, soit 562 hommes, 599 femmes et 1856 enfants 73 jeunes ont été sélectionnés dans les Centres DDR de Bamenda, Buéa et de l’Extrême-nord vont bénéficier d’un financement de 217 448 000 de FCFA en vue de mettre sur pied des projets. Ces jeunes ont par ailleurs bénéficié d’une formation dans le cadre du projet de Réarmement moral, civique et entrepreneurial (Rearmorce).

295 femmes réfugiées et déplacées internes ont connu une formation en couture, pêche et gestion d’activités génératrices de revenus. 75 femmes et filles en âge de procréer, victimes de conflits intercommunautaires ont reçu des kits sanitaires ainsi que des équipements de prévention et de protection, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. 48 femmes victimes de conflits intercommunautaires ont bénéficié de subventions constituées de produits de première nécessité et de matériel de couchage. 98 personnes nécessiteuses ont bénéficié d’aides et de secours.

Assistance aux personnes déplacées

Pour améliorer la vie sociale des personnes déplacées internes, les autorités ont délivré des cartes d’identité et d’autres documents perdus ou détruits. Plus de 3 000 personnes déplacées et 600 ex-réfugiés de la région du Sud-ouest ont bénéficié des fournitures de secours. 90 déplacés internes dans les régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-nord, du Centre et de l’Ouest ont connu une inclusion socio-économique. 106 projets jeunes ont été financés. Soit 94, 716 389 de FCFA dans la région Nord-ouest, dont 61 projets pour un montant de 94, 991 053 FCFA dans la région du Sud-ouest. 3 Centres multimédias de promotion des jeunes dans le Nord-ouest et 1 un centre dans la région du Sud-ouest, ont été équipés pour un montant de 10 000 000 de FCFA chacun.

7 583 953 de FCFA ont été investis pour l’installation des Centres multimédias de promotion de la jeunesse dans le cadre du programme CMPJ-incubateur. 10 animateurs jeunes ont été installés dans les villages pionniers. Soit 8 dans la région du Nord-ouest et 2 dans la région du Sud-ouest. 2 052 femmes du Nord-ouest ont été formées en TIC, alphabétisation, gestion de projet et fabrication de savon liquide. 1 480 femmes et filles des Régions Nord-ouest et Sud-ouest ont bénéficié d’une formation dans des activités génératrices de revenus. 134 femmes réfugiées et jeunes filles ont été formées en couture, dans le domaine du petit commerce, l’élevage et l’agriculture dans la région de l’Adamaoua.

80 femmes nécessiteuses de la Région du Nord-ouest ont bénéficié d’une formation en couture, en fabrication de savon antiseptique et désinfectant pour les mains. Et 40 machines à coudre ont été mises à leurs dispositions. 5 000 déplacés internes ont été recensés et encadrés dans les régions du Nord-ouest et Sud-ouest. À date, la sensibilisation se poursuit au sein des communautés locales qui accueillent des déplacés internes. Les médiateurs communautaires, l’équipe mobile d’animation des populations urbaines et rurales et les ambassadeurs de la paix poursuivent leur travail de promotion du vivre-ensemble.

47 806 personnes ont été sensibilisées dans le cadre de la mobilisation communautaire pour la promotion de la paix, du vivre-ensemble et de l’utilisation responsable des réseaux sociaux. Plus de 49 632 déplacés internes ont été accueillis dans les services techniques du Minas à travers le pays. 20 444 ont reçu une assistance allant de la prise en charge psychosociale, aux besoins matériels, éducatifs et financiers. Un Centre d’accueil et de transit des déplacés internes d’une capacité de 50 places a été créé pour faciliter leur réinsertion sociale.

L’organisation annuelle de la Semaine nationale de la solidarité et de l’entrepreneuriat social à Kribi, pour mieux planifier l’aide publique et la justice sociale à ceux qui en ont besoin a vu le jour. Une assistance et secours issus des ressources transférées aux communes ont été accordés aux individus et aux ménages qui ont perdu des biens à cause des abus des gangs armés : 11 communes de l’Extrême-nord ont reçu 18 000 000 FCFA, 18 communes du Nord-ouest ont reçu 27 000 000 FCFA et 19 communes du Sud-ouest ont reçu 28 500 000 FCFA.

En 2021, un total de 114 820 personnes déplacées des deux sexes ont été accueillies et assistées en fonction de leurs problèmes sociaux spécifiques dans les centres du ministère des Affaires sociales. Dans le cadre de la facilitation de l’accès à l’éducation, 25 078 enfants déplacés internes dont 13 893 filles et 12 185 garçons ont bénéficié des inscriptions dans les établissements publics pour l’année scolaire 2021/2022. 31 personnes déplacées âgées ont bénéficié de placements familiaux dans l’arrondissement de Batibo. 06 personnes ont été amputées suite aux attaques des groupes armés et bénéficient d’un accompagnement psychosocial des Cellules techniques opérationnelles du ministère des Affaires sociales.

500 traducteurs et traducteurs-interprètes ont été recrutés dans la fonction publique. L’usage de la langue anglaise et française dans les administrations et lors de tous les événements publics est dorénavant obligatoire. La traduction des documents de l’anglais au français et vice-versa, et l’expression de l’anglais et du français par le personnel de la police lors d’opérations de sécurité publique, est dorénavant obligatoire.

Utilisation des deux langues officielles (anglais et français) lors des réunions de coordination, traduction des documents officiels dans les deux langues et mise en place des affiches et des panneaux de signalisation dans les deux langues est également obligatoire. En plus de tout cela, les analystes ont conclu que, quatre ans après le grand dialogue national, il y a des gains palpables dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Ces gains sont perceptibles au niveau du climat social, économique, culturel et éducatif dans les deux régions depuis la tenue du dialogue.

Raphaël Mforlem

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