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  LES MVEMBA Épisode 09 : Est-ce trop demander ?

 

LES MVEMBA

Épisode 09 : Est-ce trop demander ?

Nina Essomba

Quatre mois, déjà que je suis marié à Dan, et avant notre mariage, nous étions déjà en couple et rien ne nous empêchait d’avoir un bébé. Il va certainement prendre ça à la légère, mais je m’inquiète pour ce fait. Tellement de fois où j’ai eu l’impression d’être enceinte pourtant rien. Essomba ne m’a pas encore fait de discours sur le bébé qui est une nécessité dans un foyer, mais je connais sa mère… Vu le regard qu’elle me jette depuis un certain temps, je me sens pointé du doigt.

Mon mari sort de la douche en sifflotant, sa serviette nouée autour de la taille et de l’eau dégoulinant de son corps. Je suis assise sur le lit à réfléchir. Dan, vient derrière moi et me fait le bisou à l’épaule…

Dan : tout va bien chérie ?

Je hoche la tête : oui. C’est juste que… Bref, laisse tomber.

Dan s’assoit à côté de moi : hé bébé, je t’ai déjà dit que ça ne me fait pas plaisir d’être là et de te sentir triste. C’est mieux que tu me dises ce qu’il ne va pas, parce que de toutes les façons, je n’ai pas l’intention de te lâcher avant que tu ne me dises.

Je le regarde : c’est notre situation bébé. Déjà des mois de mariage pourtant je ne suis pas enceinte… 

Dan rigole et se lève. Ce que je viens de lui dire n’a clairement pas l’impression de l’importuner.

Dan : c’est donc ça qui te rend aussi nerveuse. Juste parce que le bébé manque… Est-ce que c’est quelque chose qu’on force ? C’est Dieu qui donne.

Moi : va dire ça à ta mère Essomba. Je l’ai écouté l’autre jour parler à ce sujet avec Mme Eboutou… Moi ça me met énormément de pression.

Dan énervé : qu’est-ce qu’elle disait ?

Moi : je préfère ne pas me prononcer. Mais ce n’était rien de plaisant. Mais s’il te plaît je ne dis pas comme ça pour que tu ailles menacer ta mère et après, c’est moi qui vais subir.

Dan : je trouve que c’est grotesque de sa part. L’autre fois au bureau, elle m’a récupéré sur le même sujet… C’est quoi cette histoire ??

Moi : en même temps, elle n’a pas tort. J’aurais fait certainement la même chose si j’étais à sa place.

Dan : écoute chérie. Je comprends que tu es peur d’accord ? Mais ne laisse personne dans cette famille te mettre une quelconque pression… C’est moi ton mari. Pas eux…

Je souris à Dan qui en fait autant. 

Dan en laissant tomber sa serviette : sinon la conversation qu’on a eue m’a rendu dur.

Je m’étonne en voyant effectivement cette lance tendue entre ses jambes.

Moi : Essomba !! Tu exagères, comment on peut être sérieux et toi, tu t’excites ?

Dan : ce n’est pas de ma faute… C’est ton corps impoli là qui me réveille tout le temps. Alors tu vas le faire dormir ou tu vas le laisser debout comme ça ?

Je tiens mes cheveux derrière : On va voir ce qu’on peut faire.

             Deux jours plus tard.

La façon dont les choses sont devenues chères au marché, je ne comprends plus rien à ce phénomène. Cinq tomates à 500 f, à cette allure franchement, je me demande si les pauvres pourraient survivre. Même la viande qu’on achetait jusqu’à jeter l’autre, c’est devenu seulement comme le diamant. Je suis en plein marché central et si je tourne de la sorte, c’est parce que je n’ai pas vu ma asso’oh à qui j’ai l’habitude de faire mes achats…

Oui chérie !! Il y a les arachides fraîs du village ein !? Je donne pour combien c’est bien moins cher.

Mama, je donne le ndolèh lavé là !!??

J’esquive quelques vendeuses qui m’acculent presque pour que j’achète leurs marchandises. Je suis dans le rayon des condiments secs et des arachides. J’ai l’intention de préparer l’okok salé avec le bœuf pour mon mari. Ici, tout est vraiment cher et la chaleur est à l’extrême…

Ekieh Tata Nina !!

Je me tourne avec curiosité pour voir qui m’appelle. Mon visage s’illumine quand je vois cette beauté de Rébecca, enfin un visage familier dans cette foule mouvante…

Moi en souriant : Becky, c’est comment ??

Rébecca m’embrasse : je vais bien oooh. Tu es venu faire le marché à ce que je vois…

Moi : oui et façon les choses sont chères là, je ne sais pas hein !? 

Rébecca : viens. Je connais un secteur où on pourra trouver tout ce qu’on veut à un prix doux. 

Moi : c’est Dieu qui t’envoie chérie coco (je la suis.)… Sinon comment tu vas ?

Rébecca : on ne va pas se plaindre, il n’y a que le travail qui veut vraiment emporter mon cerveau.

Moi : c’est clair que tu es une bosseuse, donc c’est juste un domaine dans lequel tu te plais. Tu fais le marché pour toi ?

Rébecca : non, c’est Maman qui m’a envoyé. Aussi, longtemps, que je vis sous son toit, c’est à moi de faire ses courses… Comme il n’y a rien de pire que sortir de ma chambre. Moi ça m’énerve. Tu achètes quoi ?

Moi : les ingrédients pour l’okok. J’ai déjà trouvé les noix de palmistes, il reste les arachides, l’okok et le manioc. Bon pour la viande, je crois savoir où trouver ça.

Rébecca : allons alors comme ça, ici il y a trop de boue…

Nous sommes en train d’avancer quand un jeune homme nous intercepte poliment. À première vue, je panique un peu en croyant que c’est un agresseur, mais tout de suite il salut Rébecca en l’appelant Mme Mvemba.

Moi : vous vous connaissez tous les deux ?

Lui : je m’appelle Tony… En fait, j’ai fait une demande d’emploi dans le service de Mme Mvemba.

Rébecca semble mal à l’aise et déconcertée par la présence de ce jeune pourtant tout à fait mignon. Je le trouve très poli pourtant…

Moi : je suis la belle-sœur de Mme Mvemba… 

Tony : d’accord, ce fut un plaisir… Au-revoir mesdames.

Je lui fais coucou de la main et il s’en va. Dès qu’il disparaît je taquine Rébecca.

Je rigole : Mme Mvemba… Raaayaaa !!! On te respecte.

Rébecca : Dan veut qu’il travaille dans mon département. Moi ça m’énerve.

Moi : pourquoi ?? Pourtant, c’est un bel homme… Tu pourrais te rapprocher de lui et sincèrement Becky ça t’aiderai à sortir de ton petit monde. (Je souris.)… Et qui sait !? Vous deux, ça pourrait marcher.

Rébecca me menace du regard et me traverse, je ris en la suivant… 

Après les achats, nous arrivons à la maison. Rébecca se rend chez ses parents et je vais chez moi… Je pousse la porte avec mes fesses parce que mes deux mains sont occupées.

Moi : bébé, tu pourrais m’aid…

Ma voix se coupe quand je vois Mme Mvemba assise sur le canapé, Dan face à elle et sur son visage, je peux voir de la colère. Je reste immobile en les regardant, tellement je suis mal à l’aise et j’ignore absolument quoi faire ou dire. Dan se lève et vient m’aider à prendre les sacs pour mettre à la cuisine.

Moi : bonjour Maman…

Mme Mvemba : Nina, tu comptes t’entendre avec ton mari quand pour me faire des petits enfants ??

Dan arrive au salon : Maman ça suffit. Va-t-en !! C’est assez comme ça.

Je reste silencieuse et tout ce que je ressens au fond de moi, c’est la disgrâce. J’ai mon cœur qui bat rapidement et mes mains qui tremblent… Dan prie sa mère de sortir. Ils passent tous les deux devant moi et je me recule pour laisser le passage.

Dan revient quelque temps après…

Dan : Nina écoute…

Moi : non… Non Dan ça suffit. Il faut qu’on commence à chercher ce bébé que demande ta mère et si c’est toujours impossible de l’avoir, on va aller à l’hôpital. Je n’en peux plus.

Dan : on n’a pas besoin de se conformer à ses envies, c’est notre vie pas la sienne.

Moi : je devrais te rappeler que tu vis dans la même concession que tes parents ? Et que ta mère peut débarquer ici à n’importe quelle heure pour me demander des comptes-rendus ?

Dan : je suis désolé pour tout ça chérie.

Moi : ce n’est pas de ta faute. Nous n’avons qu’une chose à faire… Dès qu’on aura ce bébé, je suis sûr qu’elle sera contentée. En plus, je la comprends, elle n’a jamais eu de petit-enfant.

Dan : d’accord… Mais toi comment tu te sens ?

Moi : après ce que ta mère vient de me dire ? Si tu veux vraiment savoir regarder mon visage… J’ai l’air de quelqu’un qui va bien ?

Dan : Nina, je ne parlais pas de ça. Je veux dire comment tu te sens en général ?

Moi : je n’en sais rien, je vais à la cuisine… Je vais faire une prière pour éloigner les mauvaises ondes afin qu’elles n’affectent pas notre repas.

Dan : chérie, je vais lui parler… Je ne veux pas qu’il y ait un quelconque problème entre vous et je ne veux pas qu’elle te manque de respect.

Moi : Essomba… Je t’ai dit que je ne voulais pas que tu te mettes entre moi et ta mère pour prendre mon parti. Quand les retombés vont m’écraser, tu ne seras pas là pour arrêter les balles, donc faisons juste comme elle veut.

Je prends mon souffle…

Moi : et s’il arrive que je suis stérile, ça veut tout juste dire que je ne mérite pas d’être ton épouse…

Dan me prend dans ses bras lui : ne raconte pas de bêtises Nina… De quoi tu parles ?

Je pleure : tu n’as pas vu la façon dont elle m’a regardé. Dan, ta mère c’est une femme qui terrorise et je ne veux pas vivre dans son périmètre en ayant un quelconque contentieux avec elle. Je ne veux pas…

Dan : d’accord. On va faire le nécessaire pour que ça arrive et je te promets que rien ne sera négatif, c’est juste un mauvais nuage qui va s’estomper… D’accord ?

Je hoche la tête, il m’embrasse en posant son menton sur ma tête.

 

À suivre…

Une série de Steph.

Source : chronique universelle

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