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CROQUEUSE DE DIAMANT ( Revers de la médaille)

Chapitre 17 : Thierry Cissé

…. Je n’arrive pas à me calmer et à voir les choses comme depuis mon arrivée ici. Vous savez cette intuition que toute personne ayant accédé à un autre niveau spirituel a concernant une autre ayant des intentions négatives à son égard, je l’ai tout de suite ressenti quand j’ai vu Mr Gradel et j’ai compris la raison de tout ce qui s’est passé depuis le début de cette histoire.

À la base je n’étais que Jenevah, une fille ignorante et inconséquente… Tout ce dont j’avais besoin c’était de terminer mes études, jusqu’à ce que je rencontre Max qui me proposa de rencontrer son père puisque nos domaines étaient similaires. Il a toujours été dit dans ce monde que rien n’est pour rien. L’hospitalité et l’aide que Mr Gradel m’apportait pour moi c’était juste un moyen gentil pour lui de me faire évoluer, mais alors… C’est après mon expérience à l’hôtel avec Delphine, Maya et les autres que je compris qu’il s’agissait plutôt d’un traquenard. C’était comme une sorte de proxénétisme, prendre une personne talentueuse, lui accorder tout pour l’aveugler et la livrer ensuite aux louves ravisseuses. Marquise n’avait jamais été celle qu’elle prétendait être, et c’est pendant cette orgie en me traitant de réceptacle que je compris en fait que toutes les opportunités que Mr Gradel m’offraient c’était juste un moyen de me conduire avec ma volonté vers ces femmes… Les personnes mystiques détestent voir des personnes simples qui excellent dans un domaine qui les concerne, il faut à tout prix qu’il les rallie à leur cause et c’est ce que Mr Gradel avait fait… En fait il s’était servi de rabatteur pour m’introduire indirectement dans ce monde le jour même où il m’avait présenté à Dame Marquise. Pour quelle raison ?? Sûrement pour payer une dette qui était la sienne. Je n’étais qu’une monnaie d’échange, mais tellement aveuglée par mon ignorance je n’avais rien remarqué. J’étais supposé me faire tuer… Mais compte tenu de mes compétences et de ma flexibilité dans le milieu, elles ont préférées « m’adopter » à la place comme elles aiment si bien le dire. Mais qu’est-ce qu’il fait là ?

Toc toc toc!!

Je sors de ma torpeur : Qui est-ce ?

La voix de Thierry : Ça te dirais qu’on fasse un petit tour ? Ou tu n’as toujours envie de voir personne.

Ah c’est Thierry. Je m’en vais ouvrir la porte et il se tient devant avec une grosse boîte de fourrée aux chocolats. Je le regarde un instant en essayant de comprendre son intention, il m’esquive du regard ce qui me fait rigoler doucement.

_ Allé entre… Désolée pour l’humeur, c’est juste que…

Je saute dans mon lit en croisant les pieds façon yoga.

Thierry : … C’est juste que tu n’es pas dans ton assiette je sais. Je me demande bien pourquoi du coup. Est-ce toujours à cause de cet homme chelou ?

_ Dis donc toi… Tu sais te faire te remarquer hein !? Ne me dis pas que tu viens me piquer des informations pour ensuite être mon confident et ensuite me faire tomber amoureuse de toi… Parce que vous les jolies garçons on vous connaît.

Il rit : Ce n’était pas vraiment ça le dessin… Mais c’est aussi une option. En fait je voulais juste savoir ce qui t’arrive. Désolé de me soucier de l’état d’une amie.

Je le regarde : D’une partenaire…

Thierry : Ah!! Comme tu veux… C’est toi qui crées la distance, sinon moi j’essaye de te faire kiffer mon pays.

_ Et c’est le cas crois moi… Mon mood n’a rien à voir avec la côte d’Ivoire. J’adore ce pays.

Thierry : Qui est donc cet homme qui t’a subitement cassée le moral ?

_ Le père de mon petit copain… Enfin bref, mon ex petit ami.

Thierry : Je paniquais déjà… Heureusement que tu as rectifié. Je comprends donc que c’est un problème personnel.

_ Tout à fait. L’affaire est donc close j’imagine. Tu ne vas plus faire l’investigateur ou le surprotecteur hein !?

Thierry : Il te faisait des avances ?

Je regarde Thierry en fronçant les sourcils. Il se tait et change d’attitude.

_ Si tu ne veux pas aborder un autre sujet… C’est mieux tu vas partir.

Thierry prend la boîte de chocolat et vient s’asseoir près de moi sur le lit, il ouvre et mange un. J’en fais autant, c’est tellement bon que je prends la boîte sur mes jambes… Ça fait rigoler Thierry.

_ Alors… Comment va ta chérie ? Elle doit être malade de jalousie chaque fois où tu sors, vu la façon dont tu djah.

Il éclate de rire : Ah Oui !! Elle le serait beaucoup… Si elle existait.

_ Quoi?? Tu me fais quoi là ?? Genre tu veux me dire que tu n’as pas de petite amoureuse là que tu mougou tous les soirs où tu rentres ? Ou tu es juste du genre playboy… C’est aussi une très grande possibilité.

Thierry : Les gens ont tendance à me juger sur ce côté là. Mais non, en fait je n’ai jamais eu la chance d’avoir une relation stable. J’ai toujours du mal à m’impliquer à cause de mon manque de temps…

_ Ah Oui, je comprends ça… Sois c’est l’argent ou alors l’amour, beaucoup d’argent fait fuir baby mama.

Thierry rigole : De quoi tu… Non!! Ça n’a rien à voir. C’est juste que je n’ai jamais eu la flamme qu’on a souvent quand l’on est amoureux.

_ Si tu ne l’as jamais eu, comment tu sais donc que tu ne l’as jamais eu ??

Thierry : Çaa!! Les camerounais et les jeux de mots quoi. Va là bas !!!!

J’éclate de rire : Peut-être c’est juste à cause du fait que tu aies toujours été au dessus des sentiments au point où ils sont passés… Mais tu étais trop haut pour les voir.

Thierry : Sûrement Oui. Mais celle que j’aurais pu aimer et de qui j’aurais pu apprendre à aimer n’est plus malheureusement… Depuis quatre ans déjà.

_ Ta mère ??

Thierry hoche la tête.

_ On fait une belle paire de couilles alors… Non seulement on est deux personnes extraordinaires et extrêmement attirantes mais célibataires, mais encore nous n’avons pas nos parents… Mais je suis sûr que je te bats à pleine couture vu que j’ai perdu les deux. Dis-je sur un ton drôle.

Thierry : On est à égalité.

Nous sourions, puis nous nous arrêtons dans ce silence qui dérange. Je soupire en sombrant dans ma tristesse…

_ Au moins toi, je suis persuadé du fait que tu n’as pas déçu tes parents sur toute la ligne… Au point d’oublier le dieu et la religion qu’ils t’ont enseigné.

Thierry : Ce n’est pas chaque jour que je vais à l’église… J’avoue.

_ Et moi je suis musulmane…

Thierry s’étonne mais essaye de camoufler.

_ Je sais… Je sais que ça ne donne pas l’air. Justement à cause du fait que je me suis oublié en chemin en voulant m’accrocher à des priorités qui me filent entre les doigts.

Thierry : Nous commettons tous des erreurs Nevah.

Je lance un chocolat dans ma bouche et je le regarde, je me mets à rire… Il s’étonne.

_ Comment tu m’as appelé ?

Thierry : Eeu… Nevah ?

_ Qui t’a dit que c’était ça le diminutif de mon prénom ? Et comment on en est arrivé au niveau où on s’appelle par nos prénoms, on se tutoie, on se fait des cadeaux et on parle de nos vies ? C’est quoi la suite ? Coucher ensemble pour s’en fuir très loin l’un avec le cœur de l’autre ?

Ah Allah!! Je suis débordé et j’ai la gorge qui me pique, mes yeux picotent et là franchement je vais exploser comme une myrtille en surchauffe. Tsss…

Thierry me prend dans ses bras et m’enveloppe complètement. C’est comme si pour une fois il y a un bout je me sentais en sécurité… Tellement cela m’avait manqué que j’avais oublié l’effet d’être protégée.

_ Il n’y a que des personnes autour de moi prêt à me juger… Je suis peut-être le diable.

Thierry chuchote : Nous avons tous une part de diable en nous Jenevah.

Je le regarde, je souris toujours en pleurant…

_ Tu as peut-être raison… Et c’est quoi ton côté diable à toi ?

Thierry : C’est le fait que je tombe facilement amoureux des femmes fortes qui pleurent…

Je quitte ses bras avec un grand soupire, je me redresse sur mon tronc et je prends la télécommande.

_ À défaut de dramatiser au point de coucher ensemble… Je préfère qu’on se fasse un film jusqu’à ton départ.

Thierry : C’est une option préférable… Mademoiselle Ngoungouré Njoye.

_ Éeeh!! En plus il écorche mon nom… Mon ami, c’est Ngoungoureuu Njoya !!

Thierry rigole : C’est noté !! C’est bon je ne ferai plus cette erreur…

_ Tu as intérêt, Mr le tombeur…

« Quand j’étais petite, je me souviens de mon calepin où j’écrivais toutes les marques de vêtements originaux que je voyais et où je dessinais les modèles de vêtements. Ma mère trouvait que c’était un peu une perte de temps, mais toutes les fois où un défilé passait à la télé elle me faisait signe de venir et se plaisait de me voir les imiter. J’avais promis à ma mère de réussir par mes propres moyens et la rendre la reine du monde. J’étais tellement obsédée par mon développement professionnel que je ratai l’épisode de l’adolescence où toutes les filles avaient un copain. J’étais hyper belle et surtout très intelligente, mais tellement j’avais d’autres options que quand un mec se rapprochait de moi… Je ne le remarquais pas du tout. Je savais que ce n’était pas de mon âge et qu’un jour viendrai où je serai prête… Mais l’idée de porter le nom d’un homme me rendais complètement malade, je préférais avoir un chien et un ou deux petites filles sur qui j’investirais toutes mes économies. Je voulais être à moi toute seule… Une femme puissante.»

J’avance sur le couloir de l’immeuble quand on m’interpelle. C’est Mr Gradel… Il n’oublie pas son sourire vicieux. Je continue de marcher et il presse le pas derrière moi, puis me tiens brutalement par le bras.

_ Lâche moi merde!!!

Mr Gradel : Tu as réfléchi à ma proposition j’espère…

_ Est-ce qu’il t’est arrivé d’apprendre le langage des mots !? Va te faire foutre sale vermine !!

Mr Gradel : Je comprends que tu sois en colère petite… Mais tu es toute vivante et toute puissante regarde toi. Mais j’ai bien peur que ton rêve de fée ne s’estompe une fois que tu retrouveras le sol Camerounais.

À se demander à quel point j’ai envie de lui en coller une entre ses deux jambes. Je le regarde fixement comme si on compétissait. Il sourit et moi pas…

Mr Gradel : Tu fais la dure c’est ça ?

_ Ta main !! Tu la retire avant que je ne créé un scandale…

Il me lâche : Tu peux courir… Mais jamais tu ne pourras te cacher.

_ Ce n’est pas toi qui va jouer à l’offensive… Parce que cette guerre !! Mon cher Gradel, c’est moi qui la déclare.

Mr Gradel : Alors ça sera toi contre le monde… Petite fleur d’oranger.

_ Peu importe!! Tant que tu tombes comme la merde que tu es, ça m’arrange

Je dessine un sourire aux yeux à moitié couverts avant de le quitter et m’en aller.

À suivre…

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