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ÉLECTRICITÉ : Enéo réclame plus de 234 milliards de FCFA à l’État

À fin septembre 2023, Enéo chiffre ses créances dues par le secteur public à 234,5 milliards de FCFA, malgré des paiements de 43,1 milliards de FCFA reçus de l’État depuis le début de l’année selon un document interne dont Investir au Cameroun a obtenu copie. 

Les créances dues par le secteur public à Enéo sont réparties en trois grandes catégories dont l’État central 131,7 milliards de FCFA, les entreprises publiques 55 milliards de FCFA et les autres entités publiques 47,8 milliards de FCFA, soit un montant global de 234,5 milliards de FCFA. Ces sommes, réclamées à l’État du Cameroun par le distributeur exclusif de l’électricité au Cameroun, ont donc augmenté de 38,5 milliards de FCFA, depuis la lettre adressée le 14 avril au Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, par Actis, actionnaire majoritaire d’Eneo (51 % des parts). Dans ce courrier signé par David Grylls, associé d’Actis, le fonds d’investissement britannique estimait la dette du secteur public vis-à-vis de sa filiale camerounaise à 186 milliards de FCFA.

Seulement, ce montant est tout de suite contesté par l’État du Cameroun, et des commissions sont mises en place pour arrêter d’un commun accord le montant de la dette du secteur public vis-à-vis d’Enéo. Mais, à en croire le communiqué publié à l’issue du conseil d’administration de l’électricien tenu le 7 décembre 2023 à Yaoundé, ce travail n’est toujours pas bouclé plusieurs mois après. « Le management a été encouragé à poursuivre le dialogue avec l’Agence de régulation du secteur de l’électricité, pour résoudre les points en suspens, notamment la reconnaissance des investissements d’Eneo, la compensation tarifaire et l’éclairage public », y lit-on.

Depuis toujours, la compensation tarifaire et la facturation de l’éclairage public font l’objet d’âpres négociations entre la filiale d’Actis et l’État et ses démembrements. Pour mieux comprendre, il faut savoir que la compensation tarifaire dépend de plusieurs variables, comme le niveau d’investissement réalisé par Eneo, dont l’évaluation fait toujours l’objet de longues tractations avec le gouvernement. Par ailleurs, les villes du pays ne disposant pas d’un réseau d’éclairage public moderne, les consommations sont estimées à partir notamment du nombre de lampadaires recensés. Mais les communes et Eneo peinent toujours à se mettre d’accord sur le nombre de lampadaires fonctionnels sur une période donnée. Ce qui demande souvent de conduire des contre-expertises.

À fin septembre 2023, Eneo estime la compensation tarifaire à 75 milliards de FCFA et la facture de l’éclairage à 68,8 milliards de FCFA. Ce qui signifie que sur les 234,5 milliards de FCFA revendiqués par l’électricien à son actionnaire de référence (44 % des parts), seuls 90,7 milliards sont déjà consolidés. L’incertitude continue de peser sur un montant de 143,8 milliards de FCFA, soit plus de 61,3 % de la somme globale.

Depuis plusieurs mois, les discussions entre Eneo et l’État sont en cours pour le règlement d’une partie de la dette publique due à l’électricien. Le sujet présenté comme une « situation d’urgence » a été au centre du conseil d’administration du 7 décembre dernier. « Les administrateurs ont été assurés du plan et de l’entier soutien du gouvernement pour trouver des solutions rapides pour les paiements urgents du secteur », peut-on lire dans le communiqué signé du ministre Séraphin Magloire Fouda, président du conseil d’administration d’Eneo. Mais, selon nos informations, rien de concret n’a été obtenu à ce jour sur cette question.

Aboudi Ottou

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