OPINION

LE CRIME : une banalité camerounaise

Le journaliste et analyste politique, Njiki Fandono, estime qu'au Cameroun, on relativise et banalise le crime. C'est un art. Conséquence, la société se désagrège, se désintègre et devient de plus en plus criminogène.

Njiki Fandono, journaliste,analyste politique.

Un citoyen (Paul CHOUTA par exemple) décrit l’horreur dont il a été victime, donne des détails cohérents, mais il s’en trouve parmi les esprits appauvris pour estimer que c’est du cinéma ; que ce lanceur d’alerte sait pourquoi il a vécu l’enfer et frôlé la mort dans un pays dit de droit. Les mêmes qui ont estimé dans un premier temps que plusieurs personnes avaient des raisons légitimes d’en vouloir au célèbre animateur Martinez ZOGO, au point de lui ôter sauvagement la vie. Oui. C’est-à-dire qu’au Cameroun si un citoyen commet un « délit », la justice n’existe pas. C’est l’État de nature qui tranche à sa manière.

Toujours les mêmes qui ont eu la magnifique présence d’esprit de trouver que Martinez ZOGO, des jours après sa disparition dans un contexte qui pouvait effectivement le présager, se serait retiré en solitaire dans une paisible villégiature pour y consommer de la viande de brousse.

Comme si la coupe de la sauvagerie n’était pas assez pleine, vous entendez des voix plus habiles aux hallucinations s’intéresser plutôt à : « qui lui a donné les documents ? ». On cherche celui qui aurait remis des informations capitales à un journaliste et non pas celui ou ceux qui l’ont assassiné et profané son corps comme dans une boucherie. Ah j’oubliais que les deux peuvent être liés mais il faut avoir une obscure finesse d’esprit pour questionner d’abord la source des informations dont tout journaliste d’investigation digne de ce nom devrait avoir dans une société foncièrement gangrenée par le gangstérisme, la corruption et le banditisme d’État.

Vous comprenez également pourquoi on peut loger une balle dans la cuisse de Michèle NDOKI au cours d’une manifestation politique mais pacifique en 2018 à Douala et on entend des personnes dire à la télévision que « c’est le make-up ». C’est-à-dire que le sang d’un être humain devient un accessoire de beauté. Oui. Vous ne rêvez pas. Au Cameroun on se maquille avec le sang humain et c’est très beau. On ne voit pas en première intention le mal qui ronge notre société en terme d’insécurité ; on ne voit pas les métastases d’un non-État.

Le paradoxe c’est que ces réflexes antipathiques et anti-citoyens se recrutent dans toutes les strates de la société, y compris chez les plus vulnérables, des opprimés en apparence, mais désubstantialisés en réalité. Vous entendez : « c’est lui qui a cherché ; il a trouvé ce qu’il cherchait ». On tourne en dérision les injustices ; se délecte du vice et célèbre l’horreur avec l’illusion d’être en sécurité dans un environnement miné par l’insécurité généralisée, où les enlèvements, viols et assassinats sont courants. Sans savoir qu’une société qui perd son humanité, perd son existence.

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