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CAMEROUN – AN 64 DE L’ASSASSINAT DE UM NYOBÈ : écho minimal pour un héros national…?

Le 13 septembre 1958, la dépouille du plus grand nationaliste de l’histoire du Cameroun était présentée aux populations à Boumnyebel. Um Nyobè venait d’être neutralisé par l’armée française, après une longue traque.

Le colon se débarrassait ainsi d’un obstacle à l’accomplissement de son malicieux projet sur le destin du Cameroun, avec la complicité de ses suppôts locaux, des néocolons qui eux avaient accepté l’indépendance telle que voulue par la France, alors que Ruben Um Nyobè la voulait immédiate et sans conditions…

74 ans après la disparition de celui que ses compatriotes avaient surnommé le « Mpodol », c’est-à-dire leur porte-parole et qui a d’ailleurs su porter cette parole jusqu’au pupitre des Nations-Unies, chaque Camerounais continue à porter les stigmates de son combat.

Si l’indépendance et l’unité nationale sont des acquis bien que remis en question ces dernières années, il en est autrement pour l’élévation du standard de vie des Camerounais qui était le troisième pilier du combat du leader nationaliste. Le Camerounais ne mange pas bien ; il n’est pas bien logé ; il ne peut pas aller à l’école, parce qu’il n’a pas d’argent. Et quand il est malade, il meurt, parce qu’il ne peut pas se faire soigner…

Comme cette femme dans la bible qui interpelle Jésus en pleurant : « Seigneur, si tu avais été là mon frère ne serait pas mort », les Camerounais dans leur écrasante majorité pleurent Um Nyobè et sont convaincus que si son combat n’avait pas été torpillé, le pays de Ahmadou Ahidjo et Paul BIYA connaîtrait un meilleur destin aujourd’hui.

Le plus à pleurer dans cet océan de regrets et de remords, c’est le sort qui a été réservé au combat de Um par ses héritiers supposés, déclarés, naturels, putatifs ou simplement commémoratifs, selon l’image qu’ils donnent à la société.

L’Union des Populations du Cameroun, le parti nationaliste qui portait le combat de Um Nyobè est aujourd’hui déchiré par des leaders animés par le nombrilisme, qui ont avalé leur nationalisme, perdant le Peuple dans des querelles de Umisme ou d’Upécisme, réduisant le noble combat à une histoire entre tribalisme et traditionalisme…

Ainsi a-t-on pu voir le 13 septembre dernier, pour la commémoration de l’An 74 de la disparition du Mpodol, des célébrations étiques et éclectiques qui n’avaient rien d’épique, organisées dans quelques localités du pays, avec des thèmes tellement disparates qu’on s’est demandé si c’est le même esprit qu’on sacralisait.

Robert Bapooh Lipot, Secrétaire général autoproclamé et héritier international expert en construction de stèles était à Boumnyebel. Il a même traîné dans sa suite tout un Ambassadeur de la République française. Certains ont parlé de blasphème, connaissant la part que la France a prise dans la liquidation de Um Nyobè.

Dr Baleguel Nkot, Secrétaire général élu et réélu lors du dernier Congrès de l’UPC lui, a présidé les cérémonies Éséka, avec une procession vraiment moyenne de quelques militants qui s’est poursuivie par un rituel sur la tombe du leader nationaliste.

La Ville d’Édéa a également connu la mobilisation des Upécistes au lieu-dit Champs des martyrs…

Il faut rappeler que quelques jours avant, le Secrétaire général Adjoint de l’UPC, Jacques Yete Mbote avait sorti une Circulaire dans laquelle il demandait à tous les Responsables des Sections d’organiser cette commémoration dans un esprit d’unité…

Ruben Um Nyobè, mort pour la Nation, ne mérite-t-il pas plus de passion pour sa commémoration ?

Organiser des cérémonies éparses à Édéa, Boumnyebel ou Éséka qui sont du reste une seule et même localité ne revient-il pas à minimiser l’aura de ce combattant qui a donné sa vie pour sa nation ?

Les Upécistes et la nation camerounaise, ne subissent-ils pas le karma de la minimalisation du combat du Libérateur et de la tribalisation de l’âme immortelle…?

Par une loi votée en 1991 par l’Assemblée nationale du Cameroun, Ruben Um Nyobè a été réhabilité, en même temps que ses camarades de combat comme Moumiè ou Ouandji. Que faut-il pour que la commémoration de sa mort ait un écho à la dimension de son idéologie ?

Bernard Bonga

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