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COUP D’ETAT MANQUÉ DU 6 AVRIL 1984 : Le General Pierre Semengue revient sur les temps forts de la bataille-éclaire de Yaoundé

COUP D’ETAT MANQUÉ DU 6 AVRIL 1984

Le General Pierre Semengue revient sur les temps forts de la bataille-éclaire de Yaoundé

Un témoignage tiré de l’ouvrage « Le Général Pierre Semengue : toute une vie dans les armées » de Charles Ateba Eyene, paru aux Éditions CLE en 2002.

À l’époque, le chef d’état-major des armées, le général Pierre Semengue était bien informé de la préparation de l’insurrection. Incertain de la date de mise en exécution de ladite insurrection, il avait pris le soin dans le plus grand secret de consigner au stationnement à quelques kilomètres de Yaoundé une unité militaire avec armes et munitions. Sorti miraculeusement des tirs d’obus essuyés par son domicile en ce matin du 6 avril 1984, il sera l’homme-orchestre de la réplique.

La contre-offensive des forces loyalistes est lancée dès le début de l’après-midi du 6 avril. En l’absence du chef de l’Etat, en compagnie du ministre d’Etat chargé des Forces Armées, Gilbert Andze Tsoungui, ils s’affairaient au pilotage de l’Etat-major de crise dont le poste de commandement (Pc) est alors constitué au camp de l’Unité. Les premiers points marqués par les forces loyalistes sont la reprise du contrôle de l’Ecole supérieure de police (sous la houlette du colonel Mang et du commissaire Ndongo Nkoa) et du Quartier général «grâce à un coup de main audacieux exécuté par des officiers sous les ordres du colonel Samobo», permettant l’approvisionnement en armes de quelques forces militaires disponibles à Yaoundé. Par la suite, les forces loyalistes vont se réapproprier tous les postes occupés par les putschistes en commençant par la reprise et la sécurisation de l’aéroport de Yaoundé par les troupes du colonel Titus Ebogo.

La radio nationale repasse aux mains de l’armée nationale commandée par le colonel Samobo (aujourd’hui Général de regretté mémoire), vers 15h00 et, aussitôt, se remet à diffuser la musique à la gloire du président Paul Biya. Dès lors, l’action engagée par des éléments de la Garde républicaine s’annonçait de courte durée. Tour à tour ou simultanément, des détachements venus du Sud du pays, de l’Ouest, de l’Est et du Littoral affluent dans la capitale pour un renfort déterminant. Diverses missions sont alors assignées aux différentes unités. Le détachement du Génie militaire (commandé par le Général Mambou, alors colonel), occupe la station terrienne de Zamengoué (située à quelques kilomètres seulement de Yaoundé), des détachements aux ordres des colonels Nguele (parachutistes), Benae (détachement du Génie), Nouind (troupes venus de Bertoua), Mbomback (parachutistes de Koutaba), Mang (détachement de l’armée de l’air avec des hélicoptères armés de missiles antichars), et M. Fezeu sont chargés quant à eux de sécuriser les zones conquises et de traquer les mutins. «Le lendemain 07 Avril au matin, l’opération Air-Sol a eu lieu entre 8 h et 9 h.

Les hélicoptères armés prennent à partie les blindés déployés à l’intérieur et à l’extérieur du Palais. Cette opération était combinée avec une attaque terrestre du détachement de Benae et qui devait s’emparer du Palais de l’Unité et délivrer le Président de la République», témoigne le Général Pierre Semengue. Après la reprise de la présidence, il restait le camp Yeyap conquis vers 10h-11H, et le dernier bastion des mutins, le camp d’Obili, quartier général des mutins. De ce côté, ils y gardaient leurs détenus et surtout de «prestigieux» otages tels : le Secrétaire général de la présidence de la République, Joseph Zambo ; l’aide de camp du président de la République, (feu) Motaze ; le Délégué général à la Sûreté nationale, Mbarga Nguele (blessé) ; le Directeur de la sécurité présidentielle (Dsp), colonel Meka (blessé) ; la famille du colonel Benoît Asso’o Emane.

Le 07 avril 1984 à la mi-journée, c’est sous un déluge de feu des forces restées loyales à Paul Biya, majoritaires en nombre (en 1984, l’armée camerounaise compte 12.000 hommes, 10.900 dans l’armée régulière dont 2.000 basés à Yaoundé ; la Gr elle, comptait 1.100 têtes) et supérieures en équipement, notamment avec l’appui aérien, que les putschistes ont été contraints de battre en retraite et d’abdiquer. «Le dimanche 08 avril je suis allé à la résidence du chef de l’Etat (…). J’ai vu le président de la République ; je lui ai dit que tout était terminé et qu’il pouvait assumer valablement sa haute mission ; il m’a remercié et à travers moi toute l’armée camerounaise (…) », raconte le Général Semengue ; épilogue de ce que l’on peut nommer la bataille- éclair de Yaoundé.

Source : www.actu-plus.cm,
Ouvrage : « Le général Pierre Semengue : Une vie dans les armées » de Charles Ateba Eyene.
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