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CRÉATION D’ENTREPRISES : Le Cameroun maintient le statu quo au niveau des grandes entreprises

[abelainfo.com] - Alors que l’on observe une nette progression du nombre de PME, soit 19 651 enregistrées en 2023, le pays peine à voir émerger de nouvelles grandes entreprises (G.E). Au cours de l’année écoulée, seules 87 ont vu le jour, portant le total à 787 grandes entreprises au Cameroun. Ce constat alarmant rendu public dans l’Annuaire statistique 2023 sur les Pmeesa, laisse s’interroger sur les leviers à actionner pour dynamiser ce segment clé de l'économie nationale.

Lors de la présentation des données statistiques sur les Petites et moyennes entreprises, l’économie sociale et l’artisanat de 2023, Achille Bassilekin III, Ministre en charge de ce secteur, a dressé un bilan contrasté de la situation entrepreneuriale au Cameroun. D’un côté, le pays enregistre une forte progression du nombre de PME, passé de 393 166 en 2023. De l’autre, le nombre de grandes entreprises (plus de 500 employés) reste quant à lui stable, voire en légère baisse, avec seulement 787 unités dénombrées la même année.

Ce constat soulève des interrogations sur les facteurs qui freinent l’émergence et le développement de fleurons économiques camerounais, alors même que les PME constituent le socle de l’économie nationale, représentant plus de 99 % du tissu entrepreneurial.

Selon le ministre des PME, ce phénomène « confirme que le centre de gravité reste celui des Petites et moyennes entreprises ». Une prédominance qui s’explique notamment par les nombreuses mesures d’accompagnement déployées en leur faveur ces dernières années, à l’instar des guichets uniques de formalisation (Centres de formalité de création des entreprises) qui ont vu le nombre de créations bondir de 13 423 en 2018 à 19 651 en 2023.

Régionalement, ce dynamisme entrepreneurial profite avant tout aux deux principales métropoles du pays, Douala et Yaoundé, qui concentrent à elles seules 57,4 % des PME en activité, dont 33,5 % à Douala. Une répartition géographique déséquilibrée que les pouvoirs publics peinent à corriger malgré les incitations fiscales et financières déployées dans les autres régions.

Autre caractéristique du tissu PME camerounais : sa forte féminisation, avec 37,8 % d’entreprises dirigées par des femmes. Un chiffre encourageant qui témoigne des progrès accomplis en matière d’égalité des chances, même si les hommes restent majoritaires (62,2 %).

Malgré ces avancées, le bilan de l’action publique en faveur des PME reste mitigé. Ainsi, les crédits octroyés par la Banque camerounaise des PME (BC-PME) entre 2018 et 2023 ont certes permis de financer de nombreuses activités, mais leur répartition sectorielle montre un certain déséquilibre. Les secteurs clés comme l’agroalimentaire, l’énergie ou encore le textile-cuir n’ont bénéficié que de 1 % de ces financements, très largement dominés par le BTP et les services (94 %).

De même, les subventions aux structures d’accompagnement des PME, comme l’Agence de promotion des PME (Apme), demeurent modestes au regard des enjeux.

Face à ce constat, le ministre a appelé à un « consensus national » autour de l’enjeu de la compétitivité des entreprises, toutes tailles confondues. Un défi majeur pour le Cameroun, qui doit trouver les moyens de stimuler l’émergence de champions économiques nationaux, capables de s’imposer sur les marchés régionaux et internationaux.

Raphael Mforlem

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