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ALIMENTATION : Huiles semi-raffinées, sources de cancer

ALIMENTATION

Huiles semi-raffinées, sources de cancer

Enormément consommées par les Camerounais, ces huiles présentent un grave risque pour leur santé.

Dans les marchés de la capitale Yaoundé, les huiles dites « vrac » ou semi-raffinées pullulent et sont appréciées par les consommateurs au grand dam des huiles raffinées pures ou des huiles végétales. Elles sont depuis longtemps, devenues des produits de grande consommation car, la quasi-totalité des ménagères les utilisent autant pour des fritures, la cuisson que pour les assaisonnements. Leur forte demande par les consommateurs est due à leur faible coût d’achat, ce qui les rend à la portée du Camerounais moyen et satisfait plus d’un surtout en cette période où la conjoncture économique dicte sa loi au sein de la société. De ce fait, les consommateurs ne se posent plus de questions sur la qualité de ces huiles semi-raffinées mais, sur leur coût jugé abordable comparé à celui des huiles raffinées disponibles sur le marché.

Comme l’immense majorité des consommateurs, Honorine Nga, une ménagère que nous avons rencontrée au marché Elig-Edjoa à Yaoundé, est préoccupée par ce qu’elle a dans ses poches comme argent pour les achats. Pour ce qui est de l’huile, elle a une idée de ce qu’elle va se procurer, la contingence économique le lui impose et elle n’a guère de choix. « J’ai pour habitude d’acheter de l’huile raffinée vrac et c’est ce que je vais acheter tout à l’heure. C’est par faute de moyens financiers que je le fais, elle ne me plait pas vraiment mais, j’achète quand même. L’huile Mayor ou le Diamaor que j’apprécie bien coûte chère, et comme je ne peux en trouver au prix de 200 FCFA ou 500 FCFA alors qu’avec cette somme je peux me procurer de l’huile semi-raffinée, je suis obligée de me rabattre de ce côté. C’est juste une question de moyens ».

Le cas de Honorine n’est pas un cas isolé. Comme elle, plusieurs ménagères camerounaises disposent d’une bourse qui ne leur permet pas de s’offrir ce qu’elles désirent, elles se trouvent dans l’obligation de consommer ce qui est à leur portée. Les commerçants qui achalandent cette huile sur les étals avec d’autres marques d’huiles raffinées de qualité ont également fait le constat selon lequel, l’huile dite vrac ou semi-raffinée est plus sollicitée. Pour soutenir cette thèse, ces commerçants font état de ce que, 8 ménagères sur 10 se procurent cette huile contrairement aux autres marques. « Les clients apprécient bien l’huile vrac tout simplement à cause de son coût. Une ménagère qui ne peut se procurer une bouteille d’un litre d’huile raffinée à 1300 FCFA, se rabat sur de l’huile dite vrac qu’elle peut s’offrir à partir de 100 FCFA, 150 FCFA ou 200 FCFA », laisse entendre Diogen Pefonfe Ngounou, commerçant au marché Elig-Edjoa à Yaoundé.Huile vrac

Pour Ingride Atangana, consommatrice d’huile semi-raffinée, la question du coût d’achat, du volume du contenant et de son utilisation dans la durée reste fondamentale, elle dont les moyens sont quelque peu limités. « Je n’ai pas trop le choix. Je peux utiliser un litre et demi d’huile vrac en deux semaines et de surcroît, elle est moins chère. Un litre et demi me revient à 1450 FCFA, pratiquement au prix que me reviendrait un litre d’une huile raffinée soit 1300 FCFA. Sauf que l’huile semi raffinée est légèrement au-dessus pour ce qui est de la quantité. Le porte-monnaie de la ménagère connaît un amaigrissement au quotidien, le pouvoir d’achat étant ce qu’il est, c’est vraiment de la débrouille », a indiqué Ingride.

Un avis, également partagé par Marie Abessolo, mère de famille. Bien que consciente de la probable dangerosité de cette huile, elle l’utilise tout de même. « Il paraît que cette huile n’est pas bonne pour la santé, l’on dit qu’elle serait cancérigène, mais comment faire ? Combien de familles peuvent consommer les huiles végétales dites de bonne qualité pour la santé ? », s’interroge-t-elle.

« Cette huile proviendrait d’une grande raffinerie basée à Douala dont je préfère taire le nom. Une fois que l’huile raffinée pure a été extraite, embouteillée et étiquetée, les restes que l’on appelle généralement « les déchets » issus de la production sont mis dans des bidons, rachetés par les grossistes et revendus aux commerçants qui à leur tour les écoulent en détails auprès des consommateurs à des prix très variables et abordables », confie l’un des commerçants grossistes, rencontré au marché Manguier à Yaoundé qui a préféré garder l’anonymat. Une information que le reporter de Abelainfo, n’a pas pu vérifier.Détaillants

Ces huiles sont livrées aux commerçants détaillants dans des contenants de 20 et 220 litres en fonction de la bourse de tout un chacun, comme nous le certifie Diogen Pefonfe Ngounou. « Je me ravitaille chez les grossistes présents au sein du marché. Lorsque je dispose des moyens conséquents, j’en achète dans des gros contenants de 220 litres et lorsque mes poches ne donnent pas assez, je me pourvois dans des bidons 20 litres. Pour ce qui est du contenant de 220 litres chez le grossiste, il me revient à 118 000 FCFA voire 120 000 FCFA. S’agissant du bidon de 20 litres, chez le grossiste il est facturé au prix de 17 500 FCFA. Sur le marché je revends en détail au consommateur dans les contenants de 1,5 litre à 1450 FCFA, le litre à 950 FCFA et 1/4 à 500 FCFA », a indiqué Diogen.

Nonobstant ces chiffres évoqués, le profit issu de la commercialisation de cette huile, est insignifiant d’après les commerçants. Pour un bidon de 20 litres auquel on associe le coût d’achat des contenants pour la vente en détail, l’on se retrouve avec un bénéfice de 1000 FCFA et parfois moins. Pour un bidon de 220 litres, le gain est de 12 000 FCFA. Un constat décevant pour les acteurs de ce secteur qui malgré le fait que cette huile soit choyée par le public, déplorent le bénéfice négligeable qu’ils en tirent après commercialisation.

Raphael MFORLEM

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