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FÉMINICIDES : alerte aux crimes passionnels

Déjà 15 femmes assassinées en 52 jours au Cameroun. La montée fulgurante des crimes passionnels inquiète les membres de la société civile. Ces différents meurtres perpétrés, visent pour la plupart après malheureux constat, la gent féminine. Dans un pays où la protection et la promotion de la femme se veulent une réalité, il y a lieu de se remettre en question.


Le dernier en date, a été enregistré le 12 avril 2023 à Mokolo dans la région de l’Extrême-Nord. Une enseignante du lycée de Mokolo, a été froidement abattu par son conjoint. Des sources concordantes, rapportent qu’il s’agit  d’une scène de ménage, qui aurait conduit à l’irréparable. Viviane Mentchum Wambo enseignante de physique chimie technologie, a été emportée dans la fureur du crime passionnel de son mari comme l’atteste un communiqué rendu public, par le proviseur du lycée de cet établissement public.

Difficile d’oublier la macabre boucherie humaine, qui a eu lieu à Nanga Eboko, dans le département de la Sanaga Maritime, région du Centre. Cette ignominie, avait arraché à la vie le 7 avril 2023, en plein vendredi saint, 6 membres d’une même famille. Des femmes une fois de plus. A l’origine, des raisons floues, puisque le présumé assassin s’est suicidé en cellule, alors qu’il y était détenu pour besoin d’enquêtes. On peut toutefois révéler les marques d’une barbarie aiguë, qui ont donné à voir certains corps être dépecés, mutilés de leurs parties intimes. L’horreur, laisse à croire à une scène de crime rituelle, ou tout simplement d’un crime passionnel.

A Bonabéri quartier situé à Douala dans la région du Littoral, c’est un lourd réveil pour les populations en cette semaine du mois de jeûne du Ramadan. Une  couturière et une tenancière de call box, ont été fatalement agressées par des personnes non identifiées. Les assassinats de ces dernières, ont prêté le flanc à la psychose qui s’est emparée des riverains.


La déshumanisation a atteint le summum. Il est temps d’arrêter l’hémorragie. En guise de solution, la chanteuse Kareyce Fotso propose de revoir l’éducation des enfants, en particulier celle des jeunes  garçons. Pour elle, « nous passons le temps à éduquer nos filles à devenir de bonnes épouses. Oubliant d’éduquer nos garçons comment être un bon époux. Faisons de nos garçons les époux que nous souhaitons pour nos filles, trop de féminicides », a-t-elle écrit sur sa page Facebook.

Au mois de mars dernier, la forte odeur d’un corps en putréfaction avancée, a aiguisé la curiosité des populations du quartier Madagascar situé dans le 2e arrondissement de la capitale. Soigneusement emballée dans un vulgaire sac, la dépouille d’une femme avait été retrouvée dans une décharge par les riverains. Elle présentait des hématomes signe de torture que lui auraient infligés ses assaillants. Une fois alertés de cette autre cruauté, la police nationale et le corps des sapeurs pompiers se sont rendus sur les lieux pour extraire le corps qui jonchait la voix publique. Une enquête a été ouverte.

VBG, des chiffres effroyables

Les statistiques au Cameroun, révèlent qu’une femme sur trois a été victime de violence physique ou sexuelle au cours desquelles sa vie. En Afrique, dans près de la moitié des pays, la prévalence des VBG se situe à 40%. En augmentation au Cameroun, les violences basées sur le genre (VBG) ont de multiples causes socioculturelles, politiques, juridiques, sécuritaires et socioéconomiques.

En plus de ces principales causes, nous pouvons aussi lister quelques facteurs favorisants. En premier lieu la consommation de la drogue et de l’alcool. Le deuxième facteur à relever est la promiscuité.

Les statistiques sur les femmes et les violences basées sur le genre au Cameroun sont inquiétantes. Au Cameroun 43,2% des femmes en union sont confrontées aux violences conjugales. Ce sont 39,8% et 14,5% d’entre elles qui sont respectivement confrontées aux violences émotionnelles et sexuelles. À l’échelle nationale, 20,1% des femmes auraient été forcées lors de leur premier rapport sexuel. En tout, 56,4% des femmes en union ont été confrontées à au moins l’une de ces formes de violences.

Les violences basées sur le genre sont en augmentation depuis le début de la crise dite anglophone : une consultation menée dans le Sud-Ouest montre que 85% des répondants pensent que femmes et filles font face aux violences, qu’il s’agisse de viol, d’abus sexuels, de violence conjugale, de déni de ressources ou d’opportunité, de violence psychologique, de violence physique ou de mariage précoce. Les jeunes femmes du groupe d’âge 15-35 ans seraient les plus à risque. Dans la région de l’extrême nord, de février 2018 à juin 2019, 97% de cas de VBG sont déclarés par les femmes, dont environ 12% de cas sont des violences sexuelles. Dans 84 % des cas, l’auteur des violences est le partenaire intime.

Dans le secteur universitaire, certains enseignants hommes soumettent des étudiantes à un chantage sexuel avec en prime des possibilités qu’elles ne soient pas bloquées dans leur cursus académique. Cette situation d’insécurité pour la jeune fille en générale et pour les étudiantes aboutit souvent à un abandon de celles-ci de leur cursus dans le , et par ricochet d’un découragement total de son engagement.

Lavoisier Essama

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