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SAUVEGARDE DES RÉSERVES DE CHANGE : La Beac plaide pour la réhabilitation rapide de la Sonara

[abelainfo.com] - Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque des États de l'Afrique centrale invite les autorités camerounaises à accélérer le projet de restauration de la Société nationale de raffinage, victime d’un violent incendie en 2019, dont l’impact contribue à l’importation massive de produits pétroliers finis par le Cameroun. Une situation qui fragilise ainsi les réserves de change de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

S’exprimant le 24 juin 2024 à Yaoundé, le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a lancé un appel aux autorités camerounaises pour accélérer le projet de réhabilitation de la Société nationale de raffinage (Sonara), l’unique raffinerie pétrolière du Cameroun. Selon le gouverneur, les importations massives de produits pétroliers finis par le Cameroun depuis l’incendie qui a ravagé la raffinerie en 2019 fragilisent les réserves de change de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Le gouverneur de la Beac, Yvon Sana Bangui, a plaidé pour une restauration très rapide de la Sonara lors de la conférence de presse qui a suivi la 2e session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de la banque centrale en 2024. Selon lui, le fait que le Cameroun importe désormais tous les produits pétroliers finis (essence, diesel, kérosène et une partie du gaz domestique) depuis l’incendie de la raffinerie en 2019 affaiblit les réserves de change de la zone Cemac.

Pour bien comprendre l’enjeu, il faut savoir que les réserves de change sont les avoirs en devises étrangères des pays de la Cemac. Selon les accords monétaires entre les pays de la Cemac et la France, 50% de ces avoirs sont généralement rapatriés à la Beac, tandis que l’autre moitié est logée dans le compte d’opérations ouvert auprès du Trésor français. C’est cette enveloppe commune qui permet aux États de la Cemac de payer solidairement leurs factures d’importations.

Or, les projections de la Beac indiquent que le volume de ces réserves devrait atteindre 7 285 milliards de FCFA fin 2024, soit 4,79 mois d’importations. Depuis quelques années, entre 70 et 80% de ces avoirs en devises sont pourvus par le Cameroun, la plus grande économie de la Cemac. Dès lors, les importations massives de produits pétroliers finis par le Cameroun depuis la fermeture de la Sonara érodent ces réserves communes aux six pays de la sous-région.

C’est pourquoi le gouverneur de la Beac a exhorté les autorités camerounaises à accélérer la réhabilitation de la Sonara afin de relancer le raffinage du brut et de réduire, voire de mettre fin aux importations de produits pétroliers finis, permettant ainsi de préserver les réserves de change du Cameroun et de l’ensemble de la Cemac.

Le démarrage des travaux de réhabilitation de la Sonara, estimés à 250 milliards de FCFA, avait initialement été annoncé pour 2022 par le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Nguté. Mais cette échéance n’avait pas été tenue. Fin 2023, le chef du gouvernement a cette fois-ci indiqué que les études d’ingénierie préalables au lancement du projet seraient réalisées en 2024.

Selon le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, deux entreprises, l’une américaine et l’autre française, ont été recrutées pour mener ces études et assister la Sonara dans la maîtrise d’ouvrage du projet de réhabilitation. Cependant, le membre du gouvernement est resté très discret sur le coût de ces prestations et le processus ayant conduit à leur sélection.

Anatole Bidias

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