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MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION : La saison pluvieuse augmente le coût du sable

MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION

La saison pluvieuse augmente le coût du sable

Vendue à 180 000 FCFA en saison sèche, une benne coûte 200 000 FCFA en saison de pluie.

Au Cameroun, le sable est disponible en trois catégories à savoir le sable gros connu dans la région du Centre sous l’appellation de sable Sanaga, le sable fin et le sable carrière. Tous ces 3 types sont issus des eaux profondes de l’océan, des fleuves et des rivières que compte le Cameroun. Une fois sortie des eaux, le sable est acheminé dans les métropoles telles que Yaoundé, puis stocké dans des sites appelés carrières, avant d’être commercialisé. Seulement, le coût de ce matériau varie suivant les saisons de l’année. Une variation qui va des « plongeurs » jusqu’aux détaillants en ville, en passant par les grossistes en forêt.

« En période d’averse par exemple, la mini-benne de sable fin est achetée par les grossistes à la rive au prix de 30 000 FCFA, une fois à Yaoundé, elle est commercialisée et livrée au client à 65 000 FCFA et à 150 000 FCFA pour ce qui est de la grande benne. En saison sèche, le prix du sable fin est revu à la baisse. Il est acheté à la rive par les grossistes au prix de 25 000 FCFA, 28 000 FCFA pour ce qui est de la mini-benne et est vendu et livré au client dans la métropole Yaoundé à 55 000 FCFA pour la minibenne et à 130 000 FCFA pour ce qui est de la grande-benne ».

Le sable gros encore appelé sable Sanaga, a un prix est légèrement plus élevé que le sable fin. « En saison de pluie, la grande-benne de sable gros est achetée en forêt à 80 000 FCFA. Une fois à Yaoundé, elle est commercialisée à 200 000 FCFA. En période sèche, le prix de la grande benne est légèrement revu à la baisse ; les grossistes se la procurent en forêt au prix de 70 000 FCFA, 75 000 FCFA puis, la mettent à la disposition du client à 180 000 FCFA », indique le chef chargeur de la carrière du quartier Etoudi à Yaoundé, Salomon Ngah.Dans la capitale camerounaise, le sable utilisé est issu des profondeurs du fleuve Sanaga situé dans la localité d’Ebebda, département de la Lékié, région du Centre, grenier des sables de type gros et fin, approvisionnant les différentes carrières. Avant d’arriver dans ces lieux de stockage et de commercialisation, le sable passe par un circuit parsemé d’obstacles et d’embuches. Ces difficultés varient d’une saison à une autre, soit en période dite pluvieuse ou sèche. En saison de pluie par exemple, l’activité est très complexe pour les plongeurs comme nous l’explique, Salomon Ngah, « lorsque c’est la période de pluies, les plongeurs font face à la montée des eaux du fleuve Sanaga, qui présente un risque accentué de noyade pour le plongeur mais aussi, le niveau de l’eau est très élevé et la pression des courants d’eau plus intense. Un état de chose qui empêche le plongeur d’être rapide et rend la tâche de collecte du sable plus difficile. Du coup, pour faire le plein d’un camion de sable en saison pluvieuse, un plongeur peut effectuer neuf tours de pirogue entre la zone d’extraction du sable au milieu des eaux et la rive, lieu de stockage du sable extrait. De ce fait, la déportation de cette matière phare devient très délicate contrairement à la période sèche où les eaux sont en baisse et les risques moindres. Ce qui fait que les plongées pour extraction sont plus accentuées, le nombre de va-et-vient plus rapide. Le plongeur effectue six à sept voyages en pirogue entre le lieu d’extraction et la rive, pour faire le plein d’un camion ».

Malgré la forte demande de sable de la clientèle du fait de son caractère indispensable pour les bâtiments et travaux publics, les prix homologués dans les zones d’approvisionnement en forêt et à la livraison chez le client en ville restent très élevés. Si le secteur du bâtiment, des infrastructures, levier extrêmement important du développement et de l’économie camerounaise s’accroit de nos jours avec la sortie de terre des ouvrages tels des stades, des gymnases, des bâtiments publics, des logements, c’est aussi grâce à ce matériau sans lequel aucune construction digne de ce nom ne saurait être possible.Les tracasseries liées au transport renchérissent aussi les coûts

Une benne de sable vendue en ville vaut presque trois fois son prix en zone d’extraction. Par exemple, pour une benne de sable gros ou sable Sanaga achetée en forêt à 80 000 FCFA, une fois à Yaoundé, elle est commercialisée 200 000 FCFA. D’après Salomon Ngah, plusieurs raisons expliquent cette forte majoration. Car, les commerçants de sable font face à d’énormes difficultés. « Le coût de transport est très élevé, à cela s’ajoute la qualité des routes qui pour la plupart sont en piteux état. A cause d’elles, il y a le fait que les conducteurs se retrouvent parfois à passer plusieurs nuits en forêt pour s’être embourbés avec le véhicule ». En plus de cela, il y a le monnayage des forces de l’ordre sur l’axe Ebebda/Yaoundé, renseigne Salomon Ngah. Une fois dans la capitale, ces mêmes commerçants font face aux obstacles liés à la livraison du produit aux clients. « Certains lieux de livraison sont impraticables, des routes inexistantes. Suite à ces difficultés, certains clients sont livrés sur des sites qui ne sont pas les leurs et par la suite, ils trouvent des jeunes pour le transport de la marchandise par brouette », explique Salomon Ngah. Ce dernier laisse entendre qu’il arrive également qu’un chauffeur en livraison dans une localité, se retrouve dans l’impossibilité de benner la matière pour défaut de voie d’accès, ou pour étroitesse de voie d’accès empêchant le véhicule de manœuvrer ou de circuler entre les habitations. Une situation qui oblige parfois le conducteur à rebrousser chemin et à ramener la marchandise à la carrière, une double perte pour le commerçant. Ce sont toutes ces difficultés qui expliquent que le sable soit vendu trois fois plus cher dans les grandes métropoles telles que Yaoundé qu’en zone d’extraction.

Raphael MFORLEM

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