ABELA INFOCHRONIQUE LITTÉRAIRELittérature
A la Une

CROQUEUSE DE DIAMANT (Revers de la médaille)

Chapitre 20 : Il faudra beaucoup pour me conquérir

Lili : Vous êtes encore bloquée dans vos pensées.

C’est Lili au seuil de la porte de mon bureau, tenant une pile de documents en main. Sûrement elle est là pour les décomptes hebdomadaire.

_ Pardon… C’est juste que, enfin bref !! Qu’en est-il des statistiques de cette semaine ?

Lili : La pente est stable… Les statistiques ne connaissent aucune baisse. Vous par contre j’ai l’impression que quelque chose vous importune, sans voulant être grossière Mme.

Je souris à Lili en lui faisant non de la tête : Tu n’es jamais grossière Lili. Et je me dis que je ne t’ai jamais rendu la monnaie de ta pièce en essayant sincèrement de me rapprocher de toi.

Lili pousse sur ses verres en arrière : Je suis votre assistante… Il n’y a pas de raison de vous intéresser à moi. Vous même vous l’avez dit, nous sommes ici pour le boulot et rien d’autre.

Je la regarde un moment, elle est toute mal à l’aise et le poids des dossiers commence à se ressentir sur la tension qu’exerce les muscles minces de son avant-bras.

_ Dépose tout ça ici et viens… On va sortir.

Lili s’exécute sans aucune résistance. Je me lève et je m’avance hors du bureau, elle me suit en pressant le pas juste avant que je ne ferme la porte. Nous sommes toutes les deux silencieuses sur le couloir… Tout ce qu’on écoute c’est l’écho qu’émet nos chaussures. Il est 21h et tous les employés sont rentrés il y a de cela un moment.

Nous allons dans l’ascenseur et j’appuie sur le bouton de l’étage inférieur jusqu’au rais de chaussée. À l’intérieur, j’ai le regard fixé sur le plafond et les pensées un peu vagues.

… Une dizaine de minutes après, nous arrivons au parking et nous empruntons mon véhicule. Pour camoufler la tension, je mets de la musique… Du slow comme j’aime bien.

_ Ça te dirais de manger un bout ?

Lili : Si c’est vous qui le dites… Comment saurais-je dire non.

_ Lili… Ce soir on se tutoie et on évite les excuses bidons d’accord ?

Lili : Oui Madame Jenevah !!

Je soupire d’indignation. Nous avons sensiblement le même âge, pourtant le respect qu’elle a pour moi frôle l’idolâtrie.
Nous nous rendons dans un restaurant gracieux aux lustres. Je me gare et nous entrons. Nous prenons nos sièges au centre du restaurant.

_ Je ne sais pas quoi choisir… Toi fais un choix. Je suis sûr que tu feras le bon.

Lili sourit : Je vais essayer…

Je la regarde : Tu as quelqu’un dans ta vie ?

Elle me regarde et fait non de la tête. C’est complètement absurde pour une jeune femme aussi belle et intelligente. Je dirais qu’elle est mille fois mieux que celle que je suis… Pourtant elle l’ignore.

_ Pourquoi ?

Lili : Le travail… C’est aussi vrai que les relations amoureuses ce n’est pas tellement mon fort.

_ Tu n’arrive pas à t’attacher c’est ça !??

Lili : Non… Le souci c’est que j’ai toujours cette maladresse de tomber sur des playboys que je ne puis m’empêcher d’aimer de tout mon cœur, mais finalement on te brise et on s’excuse. Ça change la mentalité, ce genre d’expérience.

_ Tu as raison…

Le serveur vient avec le repas. Je lui dis merci en souriant…

_ Il est mignon non!?

Lili : Qui ça ? Le serveur ??

Je hoche la tête en décrochant un sourire provocateur. Lili me rend le même sourire en hochant la tête.

_ Tu te rendras compte plus tard que tous les hommes ne sont pas les mêmes… Et que ce qui rend la plupart de nos relations amoureuses difficile ce sont nos mentalités ou notre refus d’accepter le mauvais côté.

Lili : Tu parle de toi et Max??

Je recrache presque mon repas : Pardon ???

Lili s’en veut : Je suis désolé… C’était grossier de ma part.

_ Non Lili. Tu es la seule personne en qui je peux croire présentement et je suis consciente du fait que ta sagesse est grande… Alors si tu as quelque chose à me dire, fais-le. Je ne commettrais pas la même erreur deux fois avec toi.

Lili : Quand tu étais souffrante… Tu nous a défendu de dire à qui que ce soit ta condition médicale, mais Max lui il venait à la boîte régulièrement pour savoir où tu es. C’est comme si il avait une chose à te dire… Mais ça me gênait chaque fois de trouver des excuses sans toutefois lui donner une vraie raison concernant ton absence.

Je soupire : Décidément ce mec là…

Lili : Je sais que vous éprouvez l’un pour l’autre des sentiments similaires, malgré la distance que tu essaies de créer entre vous… Max n’est pas heureux même dans sa relation, toi non plus d’ailleurs.

_ Lili, c’est compliqué toute cette histoire de sentiments tu sais… Aujourd’hui on est persuadé qu’une personne est faite pour nous, mais demain nous prouve le contraire.

Lili : Il s’agit de tes préjugés… Tu es persuadé du fait que Mr Gradel avait quelque chose à avoir avec ton empoisonnement et comment serait-il aussi méchant sans que son fils ne le soit. C’est ce que tu te dis… Tu t’es éloignée de Max parce que tu avais un problème avec son père et tu avais peur que votre relation soit heurtée par ce différend.

Je regarde Lili, bouche bée !! C’est la fille la plus silencieuse que jamais je n’aurais rencontré… Mais qui eût crû qu’au fond d’elle se nichait autant de connaissances ? L’amour n’a pas pour toutes les personnes la même définition… C’est clair, mais je crois que sa définition est beaucoup plus grande que la mienne.

_ Tu as raison… Mais qu’est-ce qui me prouve que ce n’est pas le cas ? Qu’il n’est pas de mèche avec son père ?

Lili : Qu’est-ce qui te prouve que c’est le cas échéant ? La seule façon de le savoir c’est de prendre ton courage à deux mains et de lui en parler comme deux personnes qui ont été un soutien l’un pour l’autre. Rien ne sert à toujours vivre dans l’incertitude pourtant la réponse aux questions n’est pas impossible… C’est souvent important de mettre son égo de côté pour affronter ses sentiments, je crois que c’est aussi cela être une grande dame.

Me dit-elle en me regardant droit dans les yeux. Je souris en hochant la tête… Elle pousse encore ses lunettes sur la racine de son nez et baisse le regard sur son plat.

_ Merci Lili…

Lili : Tout ce que je sais, c’est vous qui me l’avez apprise… C’est pour cette raison que j’éprouve un profond respect pour votre personne. Vous ne le savez peut-être pas, mais vous inspirez la sincérité… La puissance aux personnes qui sont tout autour de vous.

_ Je veux que tu me promette une chose.

Lili : Laquelle ??

_ N’arrête jamais de croire en l’amour. Même si tu te brise un million de fois et que tu restes persuadé que les sentiments ne sont pas faits pour toi… Sache que il existe une personne qui te rendras toutes tes belles actions et surtout ton bon cœur, cette personne ne viendra peut-être pas tout de suite… Mais le karma n’est pas que négatif.

Lili sourit : Si vous le dites… J’y crois.

Je ris : En attendant tu peux commencer par demander un rendez-vous au serveur. Non mais, tu vois comme il te regardait ?

Lili : Akah!!

La soirée continue dans une humeur drôle et positive, nous entamons des sujets hors boulots qui ne manquent de créer entre nous une complicité inconcevable.

Trois jours plus tard…

Je quitte mon boulot un peu tôt aujourd’hui, mais je ne rentre pas directement à la maison. Je m’en vais chez lui après hésitation…

La porte est ouverte, comme d’habitude. J’entre et il n’y a personne au salon. La porte de l’extérieur qui donne sur la terrasse est ouverte… Je sors, sûrement il est à l’extérieur mais j’ignore sur quoi je vais tomber. Au passage je prends une bouteille de vin qu’il a surement laissé sur sa tablette de verre, je prends aussi un verre à pied. Je le retrouve à l’extérieur, il est dos tourné vers la ville pleine de lumière nocturnes.

_ Tu n’as jamais changé ta mauvaise habitude de laisser ta porte ouverte.

Max se tourne furtivement, en me voyant il se calme tout de suite. Mais c’est comme s’il venait de voir un fantôme. Il ne dit rien… Je sais que je le rends nerveuse, puisque lui aussi il me fait cet effet.

_ Tu vas rester là sans rien dire ? Sans me proposer à boire ?

Max : Tu as déjà la boisson en main Jenevah…

_ Ah c’est vrai!!!

Je verse dans le verre une bonne quantité de vin que je bois d’un coup. Je fais une grimace à cause de l’aigreur du vin.

Max : Nevah qu’est-ce que tu veux ?

_ Qu’on discute. Dis-je en remplissant mon verre une deuxième fois pour boire encore d’un coup.

Max me regarde sans rien faire, je l’ai pris au dépourvue c’est vrai… Mais rester là sans rien faire c’est me manquer du respect. Je bois encore le vin, deux, trois fois de suite et ça commence à me monter à la tête.

Max : Arrête s’il te plaît !!

_ Ah maintenant tu peux parler…

Max : Qu’est-ce que tu attends de moi voyons ? Je ne comprends pas !

Je gronde : Bien-sûr que tu comprends !! Tu me comprends toujours !! Pourquoi tu fais semblant de ne pas me voir ??

Max se montre embarrassé… Je remplis mon verre à nouveau pour boire quand il se précipite pour me le prendre entre mes mains. Nous nous retrouvons très proche à présent l’un de l’autre… Il me regarde.

_ Pourquoi… Pourquoi n’avoir rien fait ? Pourquoi n’avoir rien dit ?

Max : Qu’est-ce que tu voulais que je fasse quand tu me bloquais de partout ??

_ Que tu trouves une issue putain !! J’en sais rien… Que tu trouves un moyen de me voir ou de me dire… Me dire ce qu’il en était vraiment. Mais tu es resté silencieux.

Max : Je n’étais pas au courant du désaccord que tu as eu avec mon père Nevah… Mais tu m’as impliqué sans même m’en parler.

_ Comment tu voulais que je sache que tu n’y étais pas impliqué quand toi tu restais silencieux ?

Max : Parce que tu ne m’as jamais donné l’occasion de te dire que je n’ai rien à voir là dedans.

Je gronde : Alors dis le moi !!! (Je baisse la voix). Dis le moi Max, que je l’entende de ta bouche parce que je suis épuisée de tout ça.

Max me prend dans ses bras : Je n’ai jamais voulu ou imaginer te faire du mal… Et mon père ce n’est pas moi Jenevah.

Comme une petite fille j’éclate en sanglots en m’appuyant sur sa poitrine. Max me serre contre lui et reste patient pendant que je pleure… Il me fait un bisou sur le front.

Max : Je suis désolé de n’avoir pas voulu écouter le cris muet de tes sentiments… Mais j’étais perdu Nevah.

_ Non… Non c’est moi qui ai été trop bête et fière pour te dire ce que j’avais au fond du cœur. Tu me manques putain !!

Je me blotti encore sur lui

_ Tu me manque…

Max lève mon visage vers lui en tenant mon menton, il essuie la perle de larme sur mes pupilles et pose ses lèvres sur les miennes… Je ferme les yeux et je me sens toute protégée dirait-on un tout petit enfant.

Max : Toi aussi tu me manques…

On s’embrasse.

À suivre…

Afficher plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page