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MON PROPRE FRÈRE !

Épisode 3 : le conflit d'intérêts

La soirée se décante alors que chacun au fur et à mesure retourne chez soi en laissant la salle vide.

Yvan s’étant retiré à l’extérieur pour contempler la ville depuis le balcon, son père le rejoint après quelques temps.

_ Je me suis toujours demandé d’où tu as pris le courage pour bâtir tout cet empire Papa.

Mr Razack soupire profondément, prend un moment sans rien dire comme si tout à coup son fils l’avait fait plonger dans une sorte de réflexion nostalgique.

_ Moi aussi, je me pose parfois cette même question.

_ Ton mariage avec Maman a sans doute eu son rôle dans ton ascension. Comme le dicton le dit : derrière un grand homme…

Mr Razack rigole : En partie oui, mais face à certaines situations tu te retrouveras seul mon fils et même ton épouse ne pourra t’apporter aucun soutien. Tu auras des défis à relever avec toi même… C’est justement la raison pour laquelle en affaire il ne faut s’abandonner sur personne.

_ Même pas sur son épouse ? Interroge Yvan avec étonnement.

Mr Razack secoue la tête : Même pas sur ton épouse… L’être humain déçoit naturellement Yvan. Le problème c’est que généralement nous avons nos attentes pour les autres qui ne pourront jamais être comblées. C’est pareil en amour, les gens confondent beaucoup la passion et l’amour.

_ Comment ça ?

_ Tu peux être attiré par quelqu’un, vouloir cette personne pour toi seul, te retrouver entrain d’être jaloux si cette personne est avec une autre… C’est à tort qu’on appelle cela l’amour, ça s’appelle de l’égocentrisme. Vu que tu ne veux pour cette personne que ce qui est bien pour toi, tu veux que cette personne ne soit heureuse qu’avec toi, quand on aime quelqu’un on est heureux de voir la personne heureuse… Peu importe avec qui elle pourrait l’être.

_ J’ai du mal à te comprendre, mais je crois au fait que l’amour soit plutôt quelque chose de varié… C’est vrai on peut très facilement confondre la passion à l’amour mais sans une autre personne on ne saura jamais si on est capable ou pas de donner et surtout de recevoir.

Mr Razack rit en tapotant les épaules de Yvan : Tu as grandi trop vite, je ne t’ai presque pas vu devenir un homme et pourtant te voilà déjà qui réfléchit aussi bien.

Comme tout à coup saisi d’une stupeur, Yvan se retourne vers le balcon et s’y accoude, regardant vaguement vers l’horizon. Son père le remarque et essaie de le faire changer d’idée :

_ La ville est particulièrement belle ce soir par contre.

Yvan murmure : Ouais… On aurait bien dit ça.

_ Mon fils… J’ai l’impression que tu es préoccupé par quelque chose. Tu peux tout me dire, du moins ce que tu trouves lourd à porter.

Yvan, comme s’il attendait cette occasion, se détache du balcon et se tourne vivement vers son père en le regardant sérieusement, dans son regard il est facile de voir sa préoccupation.

_ C’est juste que j’ai peur Papa.

_ Et de quoi donc fiston ? De quoi aurais-tu peur??

_ De te décevoir, de décevoir Maman… De décevoir tout le monde. J’ai l’impression d’avoir toute la terre sur mes épaules et pourtant je n’ai pas la force pour la porter.

_ Je comprends.

_ J’ignore si je suis prêt ou si je suis même capable de prendre les choses en main et être un patron aussi bien que toi.

_ Tu n’as pas besoin d’être parfait tu sais !? Tu n’as pas besoin de faire tout le travail, c’est pour cette raison qu’il y a des collaborateurs. Rassure Mr Razack.

_ Ça je sais, mais…

Yvan marque sa pause par un soupir, comme si son cœur pesait des tonnes et que les paroles lui semblaient subitement lourdes.

_ … Mais il y a des erreurs qu’il ne faudrait pas commettre Papa. Quand tu m’as présenté aujourd’hui à tout le monde, j’étais heureux certes… Pourtant… Pourtant c’est comme si tout mon être me faisait comprendre que ce n’est pas à cette place que je devrais me trouver.

_ Ta mère veut que tu y sois… Je veux que tu y sois, c’est ton héritage fiston.

_ Arrête un peu de parler de Maman tu veux !? Essaies de dire les choses sincèrement… Tu es un chef d’entreprise et tu sais reconnaître. Est-ce que j’ai cette étoffe Papa ? Parle sincèrement.

Mr Razack ne dit rien, il fait sortir de sa poche une cigarette électronique qu’il allume et tire une fois. La vapeur s’échappe de sa bouche et s’évapore instantanément sous le vent froid et rapide de l’altitude. Yvan lui aussi attend patiemment une réponse de son père, le silence de ce dernier ne semble pas l’agacer, c’est presque comme s’il espérait que son père ne dise rien.

_ Quand j’étais jeune, surgit subitement Mr Razack. Mon père voulait que je sois plombier comme lui, il avait pris la peine de m’initier, me montrer les techniques personnelles. Il m’envoyait même très souvent en mission pour le remplacer… Mais je me souviens que chaque fois où j’allais à l’atelier, je passais face à un immeuble, grand, vraiment grand !! Devant il y avait une ancienne Peugeot d’où sortait toujours un homme en costard pour entrer dans le bâtiment, je supposais que c’était lui le patron. Je passais toujours à la même heure et je le voyais toujours. Au fond de moi je m’étais dit que je devrais être comme cet homme, ça ne m’empêchait pas de continuer à me former… Et pourtant j’avais déjà cette idée dans mon cœur. C’est bien des années plus tard que ma première opportunité se présentait et je ne la manquai pas, je savais que ça devait être pour mon père une énorme déception mais je m’étais promis de travailler dans cette voie que j’avais choisie de façon à lui donner une raison de croire en moi et me respecter. Aujourd’hui j’ai ça, si j’étais plombier j’aurais sans doute une petite baraque sur un petit lopin de terre perdu où je ne sais, je devais rationner grâce à mes petits jobs et pourtant il fallait que je défie mon père pour me construire un avenir, et je l’ai fait… Il faut suivre ton cœur Yvan, seulement apprête toi à assumer les conséquences de tes actes, qu’ils soient positifs ou négatifs d’accord !?

Yvan hoche la tête et sourit, son père en fait autant et lui tapote l’épaule.

_ J’ai toujours voulu que mes enfants soient heureux et qu’ils suivent leurs propres voies… Je crois que c’est ça aimer.

_ Tu as raison.

_ En parlant d’amour. Gaillard, tu as 25 ans et tu ne m’as jamais présenté une fille, c’est comment ??

_ Stuiipp !! Avec les filles bizarres de Ngola ci!? Tu vas côtoyer une, elle sera bien jolie mais une fois que tu auras l’intention de prendre les choses au sérieux tu te rendras compte qu’elle ne poursuit que ses intérêts… J’ai besoin d’une femme Papa, comme la tienne !!

_ Hmmm… Si tu pouvais au moins savoir ce que tu demandes. On ne se marie pas pour trouver le bonheur absolu mon enfant, mais pour avoir des enfants et pour ne pas vivre cette vie seul. Parce qu’un jour la femme qui te promettait que son âme t’appartient là va te sortir une carte… Tu vas avoir l’avc.

Yvan éclate de rire : Autant mieux rester célibataire comme tonton Adrian alors.

_ Surtout pas… Surtout pas !!

_ Je vous dérange ??… Bonsoir Papa, bonsoir Yvan.

Les deux hommes se retournent en remarquant cette voix plutôt familière. C’est la silhouette corpulente et élancée du cadet de Yvan. Un véritable mannequin coréen, étant beaucoup plus impressionnant que son frère, on aurait presque l’impression qu’il est l’aîné. Barbe complète bien taillée, cheveux à raz et mâchoire carré.

_ Roi?? Non, bien-sûr que tu ne nous dérange pas fils.

_ Mais où tu étais passée ? On avait réunion.

_ J’étais à un rendez-vous auquel tu aurais du assister, un rendez-vous avec Mr Tchinda, le responsable et DG de la société Istb.

_ Tu sembles vouloir me blâmer. J’avais renvoyé ce rendez-vous et cette proposition n’avait posé aucun problème à Mr Tchinda. Tu crois peut-être que la réunion qui devait se tenir ici avait moins d’importance ?

_ Désolé, mais il faut toujours que quelqu’un prenne les choses au sérieux dans cette entreprise.

_ Qu’est-ce que tu insinues par là… Petit frère !!

_ Arrêtez vous deux !!!

Une tention de rivalité a surgi en quelque seconde entre les deux frères. Mr Razack ayant constaté l’affrontement a trouvé prioritaire de calmer les tentions.

_ C’est lui qui me provoque… Parle lui.

_ Yvan Calme toi s’il te plaît, c’est vrai que ton petit frère n’était pas là mais ça n’a pas empêché à la réunion d’avoir lieu… Et toi Roi, c’est bien de te montrer responsable, mais ne piétine plus ton frère.

_ De toutes façons cette réunion ne devait apporter rien de constructif à l’évolution de l’entreprise, poursuit Roi en regardant son frère droit dans les yeux. Vu que son but n’était rien d’autre que l’intronisation du fils Mevemle.

_ J’ai l’impression que ça te frustre tout ça, mais arrête cette crise… On n’est pas ici pour ça petit.

_ Justement. Je ne suis pas venu pour toi, je suis venu pour voir père.

_ Je vous laisse donc. Déclare Yvan en se retirant.

_ Non!! Yvan tu restes ! Objecte Mr Razack.

_ Écoute Papa, je ne sais pas ce que ton fils me reproche mais ce soir je suis beaucoup trop stressé pour avoir une quelconque confrontation. Je vais donc vous laisser… Pourvu qu’il se calme.

Yvan regarde du mauvais œil son petit frère qui le défi, il s’excuse ensuite auprès de son père avant de s’en aller.

_ À quoi tu joues Roi ??

_ Tu sais très bien père !! Pourquoi tu ne donnes pas les chances de façon équitable pour que chacun ait sa chance ?

_ Ce n’est pas un trophée figure toi, c’est une responsabilité… Une responsabilité lourde à porter.

_ Parce que tu crois que je fais toute cette acrobatie pour un quelconque trophée ? J’ai juste besoin qu’on reconnaisse mon engagement et qu’on arrête de tourner les regards essentiellement vers Yvan… Je ne sais pas si tu appelles ça jalousie, mais moi aussi je veux te représenter, je veux te rendre fier et je veux porter ta responsabilité.

_ Tu me rends déjà fier fiston.

_ On ne dirait pas… J’ai l’impression d’être là juste par que faire. Mère n’a même pas eu le cran de me dire ce qu’il se passait quand je lui ai demandé. C’est Falone qui m’a nargué en bas en me disant qu’on intronisait Yvan.

_ On n’intronisait pas Yvan… Roi.

Roi gronde : Alors pourquoi toute cette cérémonie ?? Pourquoi il est le seul que tu as présenté à tes collaborateurs ??

_ Peut-être justement parce que tu n’étais pas là. Tu n’as même pas eu le souci de te présenter… Parce que tu n’as pas trouvé important d’assister à notre réunion familiale. Si tu ne prends pas les liens familiaux à cœur, comment voudrais-tu tenir cette entreprise ?

_ Donne à Yvan sa chance, je ne suis pas contre le fait que demain il soit à la tête… Mais j’ai juste besoin que tu fasses les choses équitables, je veux aussi ma chance. C’est tout ce que je demande c’est de ne plus avoir ton « préféré ». Je suis aussi ton fils.

_ C’est compris… Tu as raison.

_ Bien.

Plus tard dans la même soirée, Mr Razack retrouve son logis, la porte Centrale n’étant pas fermée, il s’y introduit sans peine et retrouve son épouse dans la chambre… Endormie dans l’obscurité. Ne faisant aucun bruit, Mr Razack se change et porte un pyjama. Il retrouve ensuite son épouse dans la couverture.

_ Tu rentres tard…

_ Je croyais que tu dormais, je ne voulais pas te déranger.

_ Je dormais avant que tu n’entres. Tu sais que j’ai un sommeil léger.

_ J’étais avec les garçons.

_ C’était bien ?

Mr Razack fait un rictus de ses lèvres : Il y a Roi qui n’arrête pas de la ramener.

_ Qu’il arrête de faire son rebelle celui-là et qu’il reconnaisse sa place.

_ Il n’a pas tort dans ses revendications Hadja. Il a juste l’impression d’être mis à part et ce n’est pas à tort.

_ Il est égoïste et capricieux c’est tout. Il va devoir s’y faire.

_ Il faudrait plutôt parler à tes fils. Je ne veux pas qu’après nous une guerre éclate…

_ Une guerre ? Quelle guerre ?? Si tu faisais comprendre à Roi depuis longtemps que son grand frère est le seul en mesure de porter le blason, peut-être il serait moins agité.

_ Et tu recommences à tout mettre sur moi. Au final qu’est-ce que tu veux !? C’est comme si c’était moi le démon.

_ Je n’ai jamais dit ça Razack… Mais sois plus ferme dans ta façon de t’adresser à Roi. Il faut le situer.

_ Et si c’était plutôt lui qui prenait les rênes de l’entreprise plus tard ??

_ Ça jamais !! Réfute catégoriquement Hadja en sursautant du lit. Tu as déjà vu où un petit frère monter sur la tête de son grand frère.

_ Quoiqu’il en soit ce n’est pas le moment d’en parler, j’ai mal au dos et j’aimerais bien me détendre… S’il est possible que tu me fasses un petit massage cela me ferait beaucoup de bien.

_ Je suis fatiguée Razack. Tu es arrivé j’étais déjà endormie.

_ D’accord.

Mr Razack ne dit plus rien, il éteint la lumière et se couche sur le lit en fixant le plafond dans l’obscurité. Sans doute réfléchissant à quel point sa vie lui semble lourde à porter… Bientôt écrasé par la fatigue et les soucis, le vieil homme s’endort en poussant des petits ronflements apparemment insupportable pour Hadja qui de temps en temps le bouscule pour qu’il se range.


Quelques jours après.

N’ayant pas un travail particulier à éffectuer dans son bureau, Mr Razack est venu retrouver son frère dans son bureau à lui avec une bonne de whisky que tous les deux butinent.

_ Heureusement il y a l’alcool. Sinon les soucis allaient nous tuer!!

_ Tu parles là comme un vieux schnock Razack. Ça ne te ressemble pas.

_ Je ne suis plus le jeune Mevemle que tu as connu autre fois petit frère, à présent j’ai un suivi médical. Il éclate de rire. Tu te rends compte !? Ça veut dire que je suis en effet un vieux schnock.

_ Ça se voit qu’il y a quelque chose qui te tracasse, sinon tu ne serais pas venu jusqu’ici. Dis moi.

_ C’est Nelly… J’aimerais bien savoir si elle est la même que j’ai épousé il y a 28 ans.

_ Je peux déjà comprendre, mais tu connais les femmes… Jamais satisfaites.

_ J’ai l’impression qu’elle a un autre problème, c’est plus compliqué que ça. C’est comme si elle voulait subitement que je meure. Je n’ai plus l’impression d’avoir d’allié frangin.

_ Tu m’as moi pourtant… Je reste ton allié.

_ Et je remercie le ciel pour cela figure toi. Il faut toujours avoir sur cette terre quelques confidents. On ne met jamais ses œufs dans un même panier.

_ Dicton bantou. Déclare Adrian en buvant.

_ Et Roi qui n’est pas content.

_ Il n’a que raison, le pauvre se sent mis à l’écart.

_ Pourquoi c’est si difficile de mettre tout le monde content ?? Au final j’ai l’impression de ne satisfaire personne. C’est compliqué !!!

_ Prend des vacances, c’est tout ce dont tu as besoin… Je peux te faire des propositions si tu veux. Pars loin, n’amène personne avec toi. Va à l’étranger et si arrivé là bas tu veux te faire plaisir, n’hésite pas. Oublie un peu tous ces soucis de travail et quand tu reviendras tu seras une toute autre personne.

_ Tu as raison, tu n’es sans doute pas la première personne à me faire cette proposition.

Quelqu’un toque.

_ Entrez. Ordonne Mr Adrian.

La porte s’ouvre et c’est Etienne qui entre dans une veste, tenant un dossier en main. Il sourit aux deux hommes qui sans expression faciales attendent qu’ils se présente.

_ Je suis désolé de vous déranger Mr Ndebe, mais je suis le petit de l’autre soir. Le petit qui était avec Mr…

_ Aaahn ça me revient, tu es là pour la demande de travail. Comptable matière c’est ça !?

_ Bien entendu Mr.

_ Je te présente Mr Mevemle, c’est lui le grand patron.

Mr Mevemle sourit au jeune homme qui se retrouve subitement mal à l’aise, embarrassé surtout.

_ Bonjour Mr je… C’est… C’est un immense plaisir de vous voir en personne.

_ Le plaisir est partagé jeune homme. Comment vous vous appelez ?

_ Etienne, Etienne Dongmo…

_ Je vois.

Il remet son dossier sur le bureau de Mr Adrian avec sa permission.

_ Vous pouvez disposer. Ajoute Mr Adrian.

_ Mais il n’y aura pas d’interview ??

_ Vous voyez bien que je suis avec mon frère non!? Ça ne se voit pas ??

_ Je m’excuse Mr, vous avez raison… Je repasserai plus tard.

_ Non jeune homme attendez. Intervient Mr Razack. Vous postulez pour le poste de comptable c’est ça!?

_ Oui Mr… Expert comptable.

_ On peut faire un entretien là rapidement et si votre profil nous convient on vous trouvera une place.

_ Très bien Mr.

Après une quinzaine de minutes, les questions se terminent. Mr Razack semble satisfait du profil de Étienne.

_ Allez tout droit. Dit Mr Razack. Vous verrez une porte où il est écrit « département PDG « , en ouvrant vous allez voir une longue allée au bout de laquelle il y aura des sièges. Prenez-y place et attendez moi.

Étienne remercie mille fois et s’en va.

_ Pourquoi tu l’as retenu Razack ? Ce garçon ne mérite pas ce poste… On a déjà bien trop de bamiléké par ici.

_ Tu sais qu’on ne juge pas un employé par sa tribu mais son efficacité. Je verrai ce que je pourrais pour lui, en plus il me semble intelligent. J’avais justement besoin d’un expert comptable pour gérer les fuites de budgets dans mon département qui ne s’expliquent pas.

_ Mais Akono est déjà ton expert non!?

_ Je vais le renvoyer ce cher Akono… C’est un malhonnête. Bon il faut que je te laisse, je dois me pencher sur le dossier du petit.

_ C’est toi qui voit… Il est chanceux tout de même. Allé, à plus.

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