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AFFAIRE DU LIVRE D’OUMMOU MARZOUKA ET LA COMMUNAUTÉ IDOOL : l’écrivaine Djaïli Amadou Amal en sapeur-pompier

Il y a quelques mois, j'ai été contactée via Instagram par Oummou Marzouka qui me demande un éditeur pour publier son roman. Je lui ai demandé dans quelle ville elle réside, elle ne m'a plus répondu. Mon but était de voir dans quelle mesure je pouvais l'accompagner selon le potentiel que pourrait avoir son texte pour un meilleur aboutissement de celui-ci. Quelque temps plus tard, j'ai entendu qu'elle a publié son livre. Aujourd'hui, il faut trouver les voies et moyens positifs pour avancer et sortir de cette situation sans confusion possible.

D’abord mon message aux jeunes qui aspirent à écrire c’est de s’en remettre absolument aux aînés pour les accompagner dans leur projet d’écriture. C’est ce que j’avais fait en me rapprochant de Pabe Mongo et le Cercle de la Nolica où, pendant près de deux ans, j’ai participé aux atéliers d’écriture aux côtés de bien d’autres écrivains qui m’ont partagé leurs expériences, avant de m’engager proprement à éditer mon premier roman. Écrire est un exercice de longue haleine, où la patience est de rigueur et la précipitation à proscrire.

Ceci dit, on peut reprocher à Marzouka son immaturité et c’est dû à son très jeune âge.
Quand il y a des situations qui nous dérangent, on prend position, on dénonce. En tant qu’écrivains on essaie simplement d’apporter notre contribution par cette littérature engagée dans le but d’améliorer les choses. Au Cameroun, chaque région a ses spécificités. Cela fait en sorte que dans la nôtre, il y a également les règles et les traditions qui nous sont chères, des valeurs etc. et du fait de ces traditions et valeurs, malheureusement la population sans comprendre les fondements d’un roman peut se sentir vexée. Je l’ai vecu également quand on m’a reproché de prôner la révolte des femmes, de trahir les traditions, d’être une mauvaise musulmane et j’en passe.

LIRE AUSSI : l’intégralité du journal (PDF) en cliquant sur le lien ci-après : https://abelainfo.com/wp-content/uploads/2023/07/010-La-voix-des-entreprises_Mise-en-page-1.pdf

La population de Idool devrait surtout se dire que c’est une fierté d’avoir une jeune fille qui s’est engagée dans un domaine très difficile, qui a sans doute un talent, et qui a besoin d’être encouragée et soutenue. Il faut donc une médiation pour lever les malentendus, même s’il faut que j’accompagne ma voix pour cela. Marzouka va réécrire le livre en ajustant autant que besoin les parties qui ne repondraient pas au code du roman, bien entendu en préservant la liberté d’expression inaliénable. Et évidemment, je m’engage à l’encadrer pour ses publications. En tant qu’écrivains, nous n’avons jamais l’intention de bafouer nos traditions ou d’insulter qui que ce soit. Même si on prend un village, un lieu comme cadre de notre écriture, un roman reste avant tout une œuvre de fiction. Une fiction veut dire une histoire inventée, imaginée.

C’est le lieu également de pointer la part de responsabilité des éditeurs peu crédibles à compte d’auteurs, sans réelle compétence d’édition, qui exploitent l’inexpérience des jeunes écrivains dont ils ne sont même pas prêts à accompagner et encore moins défendre.

Voilà pour l’essentiel mes observations. Je suis évidemment en contact avec Marzouka et tâche à œuvrer avec toutes les parties prenantes pour la suite. La plainte formulée à son encontre n’a pas lieu d’être et doit être retirée. Je la soutiens et je trouve que c’est une jeune fille courageuse et pleine d’avenir dont je suis fière. Inchallah elle réussira et sa communauté sera fière d’elle.

Djaïli Amadou Amal

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