CHRONIQUE LITTÉRAIRE
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LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 09

___________Jodelle___________

Après la soirée, c’est avec Gérôme que je rentre à la maison. Il se fait vraiment tard et tous les deux nous sommes fatigués.
Gérôme sort recevoir un appel avant de revenir me trouver dans la chambre.

Gérôme : Comment tu vas ?

Moi : J’ai l’impression de planer. Je n’ai jamais assisté à une occasion pareille et dire que tu étais au centre de tout.

Gérôme : En effet. Par contre je voudrais que tu saches que cette promotion va impliquer beaucoup plus de travail et beaucoup moins de temps pour moi.

Moi : Je comprends.

Gérôme : Tu crois que… Ce serait possible que tu viennes ici avec moi à Yaoundé pour vivre ?

Je m’étonne : Tu veux dire, vivre ici dans la même maison ???

Gérôme : Tu ne trouve pas l’idée bonne ?

Moi : Je n’en sais rien, c’est vrai qu’elle est alléchante mais je ne sais pas si c’est la meilleure idée. Tu as eu une promotion certe, mais aménager ensemble implique tellement !!

Gérôme : Si ça arrivait, ça ne te rendrait pas heureuse ?

Moi : Bien-sûr que Oui!! Mais qu’est-ce que moi je ferai entre-temps ? Ou tu veux que je sois là à ne rien faire pour t’attendre le soir comme si on était marié ? Et je suis certaine que ma tante sera contre cette idée.

Gérôme : Je vais le lui en parler. Mais c’est possible que tu vives ailleurs, mais dans la ville. Je te veux prête de moi étant donné que…

Moi : Gérôme !! On va prendre du temps pour en rediscuter et je crois que c’est mieux que si je vive à Yaoundé que nous soyons dans deux maisons différentes. Ça te permettrait de te concentrer sur ton travail et moi de mon côté je vais trouver quoi faire.

Gérôme : D’accord. Tu as raison…

Moi : Mais ces trois jours devant nous sont juste à nous. Je veux qu’on en profite pleinement avant que je ne retourne à Dschang.


Je voyais dans la possibilité de vivre avec Gérôme un moyen indirect de signer un concubinage définitif et ma tante m’avait déjà mis en garde concernant ce phénomène assez récurent et destructeur. Nous avions déjà une petite fille certe, mais cela ne faisait pas de nous un couple définitif.

… Je retourne à Dschang quelques jours après avec la mère de Gérôme. Sophia reste pour ses congés. À peine arrivée, je déballe toute la nouvelle à Michelle.

Michelle : Genre ton gars c’est un patron !!!

Moi : En quelque sorte Oui. Et il s’est assuré de me faire la surprise, sa mère et lui. Donc en allant à Yaoundé je n’avais aucune idée de la raison de mon arrivée là bas.

Michelle : En même temps on ne va pas dire qu’il ne le méritais pas ein!? Le type c’est un bosseur… Pas comme ma part de Prince charmant qui chaque fois me parle des opportunités à côté desquelles il passe chaque jour.

Moi : Djess n’a pas décroché le job là à Douala finalement ?

Michelle : Problème de transport et de logements apparemment. Il préfère trouver quelque chose à Yaoundé. Ici à la boulangerie sincèrement c’est devenu l’exploitation. Il travaille beaucoup trop et le salaire qu’on lui propose est minable. Pourtant il est chef d’équipe.

Moi : Tu crois qu’en le mettant en contact avec Gérôme, il pourrait l’aider à trouver un poste dans sa structure là ? Vu qu’il est quand même bien placé.

Michelle : Hmmm… Ce n’est pas toi qui me racontait le contentieux qu’ils ont eu tous les deux le jour où Gérôme t’a vu avec Djess là ? Tu crois que ça n’a pas créé…

Moi : Akah!!! Il n’y a pas de rapport. Là il est question d’un jeune camerounais sur le point d’aider son frère dans le besoin. Toi et moi savons que rien n’est facile ici dehors.

Michelle : Si tu peux donc lui en parler, pourquoi pas !? Et je sais que Djess serait un très bon atout dans ce restaurant, de part déjà sa détermination.

Nous sommes assises autour d’une petite montagne de pommes de terre qu’on pèle en discutant. J’hésite à l’idée de lui faire part de la proposition de Gérôme. Je n’en ai même pas encore en parler avec ma tante.

Moi : Dis Michelle…

Michelle : Mmmm ??

Moi : Si Djess te proposait de vivre avec lui dans la même maison franchement, tu serais d’accord ?

Michelle : Puisque ça sera le cas de toute façon. Dès qu’il trouve une opportunité là on embarque à Yaoundé où on va emménager dans un studio que sa tante va nous offrir. Mais je ne vais pas te cacher ein!? Je suis encore sceptique à cette idée.

Moi : Et pourquoi ?

Michèle : Hmmm… Vivre dans la même maison que ton gars pourtant vous n’avez même pas encore une situation financière stable. C’est vrai que c’est bien beau, mais rien ne garantit que votre relation là va aboutir au mariage. En attendant vivre avec lui serait juste une sorte de gaspillage.

Moi : Là tu n’as pas tort.

Michèle rigole : Pourquoi tu demandes ? Gérôme t’a dit qu’il voulait que tu t’installes chez lui?

Moi : En quelque sorte Oui. Mais je n’ai pas accepté et je n’ai pas l’intention de changer d’avis. C’est trop de risques.

Michèle : Quand j’imagine même me lever chaque matin et voir la tête de Djess là, ça me dépasse ! Je ne sais pas comment les couples mariés font même. Mais pour moi c’est hyper dangereux de s’engager dans ce genre de relation… Quitte à ce que vous vous séparez au finish.

Moi : Avec les petites bordelles de Yaoundé là hmm, on va te prendre ton gars tu ne vas pas comprendre comment.

Michèle : C’est que ce n’était même pas vraiment pour toi là bas.

Ma tante débarque derrière moi par surprise.

Tata : Que les bordelles ont fait quoi ?

Michèle et moi nous nous taisons en échangeant des regards complices en continuant à travailler plus rapidement.

Tata : Je me demande si la nourriture ci va faire deux jours, heureusement que Sophia ne mange pas beaucoup.

Moi : Tata, Sophia est à Yaoundé.

Tata : Ah, j’avais oublié. Regarde comment l’enfant là me manque déjà. Si elle était là je ne devais pas me sentir négligée comme ça.

Moi : Ne t’en fais pas. Je vais la laisser ici avant de partir à Yaoundé.

Tata : Partir où ???

Je commence à regretter de la façon dont j’ai introduit la nouvelle. Mais une fois lancé il faut conclure.

Moi : Gérôme m’a proposé de venir vivre à Yaoundé et trouver quelque chose pour y faire. Là bas il y a beaucoup plus d’opportunités… Et je crois que je suis déjà trop resté ici à…

Tata : Attends un peu !! Tu es là entrain de m’annoncer que tu vas aller vivre avec lui comme si vous étiez mari et femme ?

Moi : Non!! Bien-sûr que non. Je vais vivre dans la même maison que Michèle. Sa tante a un studio libre là bas et on pourrait y vivre.

Ma tante regarde Michèle qui n’ose pas affronter son regard. Elle devient tout à coup inquiète et m’interroge.

Tata : Tu en as parlé à ton oncle Jodelle ?

Moi : Non, c’est justement la raison pour laquelle je t’en parle. Pour que tu cause avec lui. Avec moi ça sera plus compliqué.

Tata : Donc tu comptes te sauver comme ça, en laissant ta fille ici pour aller nous abandonner.

Moi : Ici je gagne quoi comme argent ? Il faut bien que j’aille me chercher au moins pour assurer un meilleur avenir à Sophia.

Tata : Est-ce que Sophia est d’abord sous ta responsabilité ?

Moi : Mais c’est ma fille Tata.

Tata : Bon… Pars alors avec elle !! Comme c’est ta fille là. Tu penses vraiment qu’on se lève un bon matin pour décider d’aller dans une autre ville, en plus une comme Yaoundé pour se lancer dans un domaine qu’on ignore… Avec pour seul justificatif, le désir d’accorder un meilleur avenir à son enfant ? Tu crois que son avenir n’est pas déjà assez stable comme ça ?

Moi : Et moi, vous allez vous occuper de moi jusqu’à quand ?

Tata soupire et ne dit rien.

Moi : Tata, ce moment devait arriver. Je ne suis plus la petite Jodelle d’autrefois. Il faut que j’évolue. Je sais que tu as peur du risque, mais Gérôme sera là pour me protéger.

Tata : En tout cas, je ne suis pas l’homme de cette famille.

Elle s’en va.

Michèle gronde : Tu me mets dans quoi comme ça Jodelle !!

Moi : C’est quoi? Il fallait improviser non!? Et je compte bien trouver une solution.

Michèle : À bon ? Et comment tu comptes t’y prendre ?

Moi : Je n’en sais rien. Mais en attendant on est supposé vivre ensemble et tu dois jouer le jeu.

Michèle : Comme si j’avais le choix. Mais j’espère que tu maîtrises l’affaire que tu engages là.

Moi : Moi aussi.

À suivre…

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