CHRONIQUE LITTÉRAIRE
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LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 11

… L’accueil mouvementée m’a fait complètement oublier la douleur des adieux. J’ai quitté Dschang à 9h par là, et c’est à 18h que nous arrivons au centre ville. Gérôme est venu nous chercher toutes les deux à l’agence. Le malaise dans le taxi est tels que supporter devient presque impossible. Entre l’odeur du carburant, les secousses incessantes dû aux arrêts brusques du véhicule, j’ai l’impression de sentir mes intestins sortir. On s’arrête après chaque mètre et les autres semblent être habitué à ce phénomène.

Gérôme : Ça ne va pas ?

Moi : J’ai la tête qui tourne, c’est comme si j’allais vomir.

Je suis assise juste à côté d’une femme énorme qui me rentre pratiquement dedans. Le pire c’est sa transpiration abondante et l’odeur forte de ses aisselles poilues. Malgré la fraîcheur de l’extérieur, l’intérieur du taxi est une fournaise. Personne ne parle à personne, les tensions sont visibles sur les visages pliés des passagers qui s’impatientent d’arriver à destination.
Michèle est assise devant, c’est mieux en tout cas que ma position. Heureusement j’ai Gérôme à ma gauche qui est moins corpulent que la dame. Je trouvais déjà que le véhicule était surchargé, mais à ma grande surprise le chauffeur s’arrête en donnant la main à un passant qui arrive en courant.

Rond point Byemassi!!!

Le chauffeur klaxonne et notre nouveau passager ouvre la portière juste à notre niveau. La dame en se reculant m’écrase presque.

Moi : Aïe !!!

Gérôme : Faites attention Mme s’il vous plaît, elle ne se sent pas bien.

La dame : Si vous ne pouvez pas supporter les taxis, il faut acheter vos voitures personnelles hein !?

Le chauffeur se tourne vers nous : Mais vous savez qu’on est mal garé? Reculez le Mr là s’asseoit dis donc !!!

On se recule. La dame monte sur mon avant bras et s’asseoit. Sa forte odeur s’intensifie tandis que mes narines se retrouvent juste sous ses aisselles qui suintent. Je sens sa sueur mouiller mon vêtement et son poids écraser mon bras. La portière du véhicule se claque et le chauffeur démarre.
Pour essayer de ne pas fondre dans le silence embêtant, le chauffeur lance un ancien tube de coupé décalé ivoirien qui nous accompagne jusqu’à destination.
Après près d’une heure, nous arrivons à destination. L’endroit où nos chemins se séparent. Mais avec les bagages et mon état, Gérôme se propose de nous accompagner jusqu’à la maison.

Nos motos taxis arrivent enfin devant le portail de la cité. N’en pouvant plus, je me retire un peu plus loin pour vomir…

Gérôme : Ça va aller ?

Je fais Oui de la tête en prenant un bagage.

Gérôme : D’accord. Mais il va falloir que tu te reposes quand même, parce que là vraiment tu n’es pas dans ton état normal.

Michèle : T’inquiètes, je vais m’occuper d’elle.

Gérôme : Si il y a une quelconque complication vous me faites signe au moment même. Parce qu’elle a la fièvre là.

Michèle : Tu as vu la façon dont on était encastré dans le taxi là !? On dirait des sardines dans une boîte. Il faut juste qu’elle récupère et d’ici demain tout ira bien.

Gérôme inquiet : D’accord. Faisons entrer les choses… Je croyais que vous deviez arriver avec un autre garçon.

Michèle : C’est vrai, mais finalement ce n’est pas aujourd’hui qu’il a voyagé.

____________Gérôme_____________

Il est 23h quand je rentre chez moi. Je m’étais promis pourtant de ne plus me retrouver à l’extérieur à cette heure et Jodelle a insisté pour que je passe la nuit là bas, mais j’ai travail demain et je dois me préparer. La distance entre leur maison et mon lieu de travail est grande.
Une fois chez moi, j’envoie un message « je suis arrivé bien ».

_ « D’accord, c’est Michèle. Jodelle se repose »

Moi : « elle va mieux ? »

_ « Elle est très fatiguée, mais d’ici demain tout ira mieux. »

Je suis rassuré du fait que Jodelle ne soit pas seule. Même si l’accueil n’était pas comme j’espérais. Mais le principal c’est qu’elle soit là, dans la même ville que moi. Je souris en pensant à ça. Je vais faire le maximum pour lui garantir un travail descent et une protection optimale. C’est un peu comme un rêve…

Merde !!! Il est 7h déjà !! Je ne sais pas à l’heure où je me suis assoupie. Je pourrais m’accorder ça, mais à cause du travail qu’on en ce moment je ne peux pas me permettre d’être en retard, peu importe la raison ! Je dois être à « Omnisports » mon lieu de travail à 9h pour commencer le service et Dieu seul sait à quoi va ressembler la route en cette matinée. Je file à la douche prendre un bain chaud et rapide avant de me changer en vitesse. Je vérifie tout avant de sortir du chez moi.

Moi à basse voix : Il faut vraiment que je déménage !!! Ça devient insupportable toute cette pression.

Enfin arrivé, à temps surtout ! Mme Evelyne est déjà surplace et j’ignore la raison. Je file à la cuisine pour l’éviter, mais sans que je ne le sache elle m’a repéré avant.

Mme Evelyne : Un peu tu devais arriver en retard et c’est la première fois.

Moi : Désolé, c’est juste que… Les embouteillages, ce n’est vraiment pas évident. Surtout en cette période.

Mme Evelyne : Ou c’est parce que tu as passé la nuit avec ta copine. Tu m’as dit qu’elle devait arriver hier.

J’ai totalement oublié le fait que je lui avais parlé pour Jodelle et son arrivé.

Moi : C’est vrai que je l’ai accompagné hier chez elle, mais je n’ai pas passé la nuit avec elle. Je suis juste rentré tard et j’étais exténué.

Mme Evelyne : Voilà une raison qui tient la route. Mais ce n’est pas pour ça que je te cherchais.

Moi : C’était par rapport à quoi ?

Mme Evelyne : Ta relation amoureuse et ton travail. Les deux sont indissociables peut-être, mais il faudra faire la part des choses.

Moi : Je ne comprends pas pourquoi vous en venez à ce sujet. Je suis tout de même conscient de l’importance de mon travail dans ma vie et je crois être assez responsable pour mettre l’ordre dans mon emploi du temps.

Mme Evelyne : Comme hier ?

Moi : C’était un cas d’exception Mme. Je sais que vous vous souciez beaucoup pour l’évolution de l’entreprise, mais ce que je vous demande c’est un minimum de confiance… Si vous m’avez mis à ce poste, c’est bien pour cette raison non!? Vous me faites confiance.

Mme Evelyne : Bien entendu. Et à ce sujet, j’aimerais t’inviter chez moi un de ces jours. Mon mari sera présent et je crois qu’il serait très ravi de te rencontrer.

Moi : Je ne trouve aucun inconvénient à cela Mme. J’y serai.

Mme Evelyne : Je préfère que tu m’appelles Evelyne et j’ose aussi croire que tu es conscient qu’on ne mélange pas sentiment et travail.

Moi : Vous insistez beaucoup sur ce paramètre et je vous assure que j’en suis conscient.

Mme Evelyne me sourit chaleureusement : Très bien, surtout tu passes une très belle journée.

Moi : Merci. Vous aussi… Je vous accompagne à l’extérieur si vous le souhaitez.

Mme Evelyne : Pourquoi pas ??

… Ne pas mélanger sentiments et travail, cela veut d’office dire que Jodelle ne peut pas travailler dans le restaurant si Mme Evelyne sait que nous sommes ensemble. Heureusement je n’ai pas fait les présentations plus tôt. Je me rends compte que la seule solution possible serait de la faire bosser ici sous couverture en la faisant passer pour quelqu’un d’autre. Il faut qu’elle soit proche de moi et ce poste que je veux créer pour elle est la meilleure et seule alternative.

J’envoie un message à Michèle : « Elle va mieux ? »

Michèle : « Oui. Nous sommes au marché toutes les deux pour les achats »

Moi : « Là tu me rassures. »

Les choses ne pouvaient pas être juste simples. Il faut toujours tricher pour pouvoir faire les choses normalement… J’aurais voulu que Jodelle travaille juste en étant libre, mais en la faisant passer juste pour une connaissance je serai entrain de l’exposer aux multiples prétendants présent ici. La priorité en ce moment c’est l’invitation de Mme Evelyne chez-elle, rien qu’en y pensant je suis très stressé. Dieu seul sait la motivation qui se cache derrière cette invitation surprise…

À suivre.

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