CHRONIQUE LITTÉRAIRE
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LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 13

… On ne va pas se mentir, Anna c’est une bombe. Son langage corporel et sa gestuelle en disent tellement sur la puissance de sa personnalité. Le charisme qu’elle dégage n’est pas à démontrer.

Je n’ai jamais caché à Mme Evelyne que je suis en couple et je vois clairement dans son jeu, son intention de me faire me rapprocher de sa fille. Cette famille puissante qui se frotte à moi comme si j’en étais déjà un membre. Je me demande où peut bien être le piège ou la raison de toute cette tentative de rapprochement.

Mon téléphone sonne. Bizarre, quelle coïncidence c’est Jodelle qui m’appelle.

Moi : Allô petit modèle ?

Jodelle : Tu es à la maison ?

Moi : Presque. Pourquoi ?

Jodelle : Tu étais où ? Il se fait tard non!?

Moi : Je t’ai dit que je devais passer chez ma patronne pour une rencontre improvisée. On a fini beaucoup plus tard que prévu.

Jodelle : D’accord. J’espère que ça s’est bien passé… En fait je voulais juste m’assurer que tout va bien.

Moi : C’est le cas, ne t’inquiètes pas.

Jodelle : D’accord.

Elle raccroche. J’ignore si mon impression est fondée, mais la tonalité dans sa voix laissait paraître une humeur soucieuse. Je n’ai même pas eu le temps de lui demander si tout allait vraiment bien. Une intuition de sa part ?? Non je crois que c’est moi qui me fait des idées. C’est normal qu’elle m’appelle pour s’assurer que tout va pour le mieux.

… Le lendemain.

Grâce à ma position de patron, j’ai tissé de bonnes relations avec l’ensemble des employés et je me suis pris d’amitié particulièrement avec Patrick, mon supérieur au service traiteur. Il a constamment l’habitude de se rendre au service pendant les moments où le travail manque de son côté.
Depuis le matin, j’ai l’impression que tous les regards sont tournés vers moi. J’écoute les gens chuchoter et mon sixième sens me dit que je suis le centre des conversations. Mais à qui demander ?

Patrick débarque : Enfin tu arrives. Je croyais que tu allais y passer toute la matinée.

Moi : Je te dis mon frère, je crois qu’il me faut déjà une moto au moins pour faufiler entre les taxis. Ça devient vraiment compliqué avec ces circuits.

Patrick : Sinon à part ça. Comment était ta soirée d’hier ??

Moi : La routine, tu sais… Après le travail il n’y a jamais rien d’extraordinaire.

Patrick : Pourtant je mettrai ma main au feu que c’était tout le contraire de ce que tu dis là.

Moi : De quoi tu parles ?

Patrick à basse voix : Arrête de faire le fantôme. Tout le monde en parle ici… Ce qui s’est passé hier soir. Là où tu étais.

Moi : Miiince !! Vous travaillez au FBI ici ou quoi ? J’étais chez Mme Evelyne Oui. Mais c’était une invitation purement professionnel.

Patrick : Hmmm… En même temps, être son pompier ce n’est pas un péché ein!? Tu es quand même jeune et beau gosse.

Moi : Je ne suis pas le gigolo de Mme Evelyne Patrick. De quoi tu parles ? C’est ma patronne, c’est tout !!

Patrick : Peut-être bien. Mais ce n’est pas ce qu’elle laisse croire aux autres ici. Elle est tellement indiscrète dans sa façon de te draguer… Et cerise sur le gâteau, elle t’a invité chez-elle.

Je rigole : Elle est marié bro.

Patrick : Et alors ?? Tu parles on pourrait presque croire que tu ignore comment ces choses se passent.

Moi : Il n’y a rien entre elle et moi. Je suis en couple et pire j’ai un enfant. Si je te dis tu auras du mal à croire, mais Mme Evelyne n’a pas l’intention de me séduire.

Patrick : Si tu le dis… Mais dis moi gars !! Il paraît que sa maison c’est un palais !!

Moi : Tu parle !!!

On parle quand quelqu’un toque à la porte arrière.

Moi : C’est ouvert.

Deux hommes s’introduisent. Un employé et un autre que je ne connais pas.

L’employé : boss, ce Mr dit qu’il te cherche.

Je regarde le type en le dévisageant, essayant de me souvenir de l’endroit où s’est déjà rencontré. Il s’approche de moi avec énergie et un sourire respectueux.

Lui : Bonjour grand frère, je m’appelle Djess.

Moi : On s’est déjà vu quelque part ? Je ne sais pas trop, c’est comme si ton visage me disait quelque chose.

Lui : Oui. En fait je suis le petit ami de Michèle, l’amie de Jodelle. On s’était croisé un soir alors que j’accompagnais Jodelle au retour… Nous étions tous les deux devant un espace braise.

Moi : Je me disais bien !! Je savais que je te connaissais quelque part. C’est toi qui va vivre avec Michèle ?

Djess en souriant : C’est moi grand frère.

Moi : D’accord. Comment tu vas ? Je ne sais pas… Tu as fait le renseignement jusqu’ici seulement pour me saluer?

Djess : Justement… C’est parce que je voulais savoir si c’est possible pour moi d’avoir un emploi ici. Même si c’est plongeur, je peux tout faire.

Je regarde Patrick qui tout de suite comprend qu’il doit nous laisser seul. Il s’en va en fermant la porte… Je croise les bras et je regarde Djess attentivement, en réfléchissant.

Moi : Je te comprends. Tu es nouveau à Yaoundé et tu veux t’accrocher à n’importe quelle opportunité. J’apprécie… Mais ici il n’y a pas de place vide. On ne cherche pas de nouveaux employés.

Djess : Big… Comme tu me vois là, je suis franchement bloqué et j’ai besoin de quelque chose à faire au moins en attendant. Si je suis venu te déranger jusqu’ici c’est parce que tu es mon plan le plus sûr.

Moi : Tu sais cuisiner ?

Djess : J’apprends vite.

Moi : Tu as écouté ma question ? Je te demande si tu sais cuisiner, parce que c’est le seul poste que peut-être dans un cas minime je peux voir dans quelle mesure je pourrais créer pour toi.

Djess : Pas vraiment… Mais je n’ai pas une semaine pour apprendre.

Moi : Bon… Je ne te promets rien tu vois !? Mais je vais voir avec la patronne. Parce que jusqu’ici je ne suis que le gérant.

Djess : Je comprends grand frère. Mais je te suis déjà reconnaissant même ne serait-ce que pour l’intention.

Moi : Si c’est bon je vais t’appeler. Mais reviens quand même avec ton CV.

Djess : C’est compris. Merci beaucoup !!!

Djess sort et Patrick revient.

Patrick en me taquinant : Le grand des grands du quartier !!!

Moi : Gars, tu veux que je te dise quoi ? Un peu tu commences à faire comme si tu allais respirer, voilà déjà les petits qui sortent de nul part.

Patrick : C’est le dehors qui est dur bro. Tu ne peux pas lui en vouloir… Mais il faut essayer de jeter un coup d’œil sur son dossier. Mme Evelyne ne peut rien te refuser.

Moi : Je vais essayer d’en parler avec elle.

L’idée me vient de faire part du cas de Jodelle. Après tout c’est mon ami.

Moi : Dis gars…

Patrick : Wy??

Moi : Je veux te confier un truc qui doit rester confidentiel entre nous s’il te plaît. Ça me concerne directement.

Patrick : Tu peux tout me dire, tu sais ça.

Moi : Il y a mon bébé que j’ai fait monter ici à Yaoundé et elle a besoin de travailler. Mais il se trouve que dans le restaurant on ne peut pas admettre deux employés qui sortent ensemble… C’est pourquoi je voulais aller avec son cas devant Mme, mais sans lui dire que c’est ma copine. Donc je veux que notre relation reste un secret aussi longtemps qu’on travaille ici.

Patrick : Je vois.

Moi : Bon, je te dis déjà pour que quand je vais la présenter comme étant ma sœur, que tu ne te méprenne pas. Je ne veux pas que toi tu sois celui qui tourne autour d’elle… Pour les autres on pourra trouver une solution en parallèle.

Patrick : L’idée est très bonne. Sincèrement.

Moi : Je me disais aussi… Je ne sais pas trop, mais c’est comme si… Bref laisse tomber !!

Patrick : Je n’aime pas les choses qu’on commence après on laisse Gérôme.

Moi : Désolé, c’est un sujet que je préfère taire.

Patrick : Si tu le dis.

Ça fait deux jours que Djess est passé et aujourd’hui il s’est rendu encore au travail pour déposer son CV. Le soir même je me rends chez Mme Evelyne pour lui en parler. Je le fais surtout pour Jodelle…
Le majordome me connait déjà, donc plus aucun protocole à l’entrée.

Moi : Mme est là ??

Lui : Certainement Mr. Je ne l’ai pas vu sortir. Elle doit être à l’intérieur… Vous avez un rendez-vous ?

Moi : Pas vraiment. Mais c’est important.

Il me conduit jusqu’à la maison et toque à la porte pour moi avant de s’en aller. J’attends patiemment devant la grande porte en bois qui après quelques secondes s’ouvre. Anna apparaît. Apparemment émerveillement surprise.

Anna : Gérôme, quelle surprise. Tu nous reviens.

Moi : Bonjour Anne. J’aimerais savoir, est-ce que Mme est là ?

Anna : Les règles de politesse stipulent que…

Moi : Comment était ta journée ? Désolé c’est juste que je suis tellement pressé que je ne sais pas comment me tenir.

Anna : Elle était bonne ma journée. Ma mère est là, mais elle se repose. Pendant son repos on ne la dérange pas… Mais je peux lui transmettre ton message.

Moi : Non en fait, c’est mieux que je le fasse moi même. C’est un peu délicat.

Anna : Entre donc.

J’hésite : Je ne sais pas trop… À quelle heure elle va se réveiller ? Je pourrais passer prochainement.

Anna sourit : Détends-toi et entre Gérôme. Je ne vais pas te croquer.

Elle finit par me persuader, donc j’entre.

À suivre…

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