CHRONIQUE LITTÉRAIRE

LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 16

Michèle : Donc, comme ça tu t’obstine à ne rien me dire.

Moi : Rien te dire à quel sujet meumah ?

Michèle : Tu ne vas pas me dire qu’en plein chemin, un type t’est tombé dessus comme ça pour commencer à te draguer avec autant de vigueur… Sans te connaître.

Je m’étonne : Là tu te comporte vraiment comme une gamine qui n’a jamais été interpellé en plein milieu de la route pour se faire draguer par un inconnu… Au point où il te dit à quel point quand il te voit il a des palpitations. Ça fait déjà deux jours que je n’arrête pas de te dire que ce mec je ne l’ai jamais vu de ma vie. Mais toi tu cherches toujours une faille. Tu es sûre d’être vraiment mon amie ? Donc tu crois que je vais mentir pour une raison aussi futile pourtant j’ai des problèmes qui me dépassent !? Il faut parfois un temps soit peu raisonner avant de parler.

Michèle : Dis donc. Toi là aussi tu prends trop les choses à cœur. Un peu on te provoque que tu t’es déjà enflammé. C’était juste pour te taquiner et surtout à cause de ton humeur bizarre depuis un certain temps.

Moi : Laisse seulement… Je suis devenue hypersensible aux blagues de mauvais goût. Je ne suis vraiment pas dans mon assiette. Peut-être que je m’en fais même pour rien, pourtant il y a mon intuition qui clignote en pointant danger.

Michèle : C’est Gérôme ? C’est ça ?

Moi : Le gars a complètement changé !! Je ne sais pas si c’est son travail ou autre chose… Mais j’espère fortement que c’est son travail. Je ne veux pas l’AVC des organes.

Michèle : Tu as essayé de lui en parler ?

Je regarde Michèle avec dédain. Elle est sérieuse ??

Moi : Attends ein!? Genre depuis que je te parle là tu ne capte rien ? Quand l’autre soir je sortais, je t’avais dit que je partais où ??

Michèle : Pardon ein!? C’était par simple courtoisie que je demandais… Je m’en fais pour toi. Mais si tu continues à te montrer aussi violente, je préfère garder mes distances.

Djess débarque avec les mains pleines de sacs. On ne l’a pas entendu arriver. Michèle se lève et l’aide à se décharger.

Djess : Qui est mort??

Michèle : Demande à Jodelle ( elle s’en va à la cuisine ).

Djess me questionne de son regard que j’esquive nerveusement. Il n’ajoute rien et s’en va retrouver sa copine dans la cuisine.

Je les écoute chuchoter et je capte dans leur conversation quelques détails me concernant. Je m’en vais à l’extérieur pour m’accouder sur le balcon vétuste. Je pense dans ma tête et mon visage s’assombrit. Je suis juste énervée !!

Moi à haute voix : Meeerde !!!

Mon téléphone vibre dans la poche de mon t-shirt. Je le prends et je constate un message de Gérôme. « Tu es à la maison ? J’arrive  »

Moi : Il était temps.

Je m’en vais dans la chambre me coucher, le temps qu’il arrive. Je ne sais même pas comment croiser son regard et la raison pour laquelle je suis à ce point remontée contre lui, j’ai presque eu à croire que j’étais enceinte et sous l’effet des hormones. Les yeux fixés sur le plafond, les mains derrière ma nuque, je cogite en essayant de me calmer.

Je me suis endormi !! Sans même m’en rendre compte. Ce qui m’a réveillé je l’ignore… On toque. Ah, c’est certainement le bruit de la porte qui m’a fait sursauter.
Mais pourquoi personne n’ouvre ? La maison est donc vide ? Ou… Bref je me lève du lit et m’en vais ouvrir.

Gérôme : Tu étais morte ou tu dormais ??

Moi : Les deux…

Je lui balance cette parole au visage en retournant à l’intérieur sans aucun soupçon de cordialités.

Gérôme : J’ai encore fait quoi ??

Moi : Je t’ai accusé de quelque chose ??

Gérôme entre : Je t’écris tu ne réponds pas. J’arrive, tu m’accueille comme si tu ne voulais plus me voir. J’ai dû demander à Michèle si tu étais là avant de venir. Si tu veux que je rentre, tu me dis ein!? Ça ne va pas me dépasser Jodelle.

Moi : Si tu es venu pour repartir, il faut le faire Gérôme… Ne me pose pas des questions pièges. Tu sais très bien pourquoi je suis dans cet état. Je viens de me réveiller.

Gérôme : Il n’y a pas que ça, et je le sais.

Je ne réponds pas. Gérôme vient s’asseoir et me donne le plastique qu’il tient en main… En l’ouvrant je trouve un énorme pot de yaourt et des croissants. J’avais même oublié à quel point j’avais faim et besoin de quelque chose de froid pour refroidir mon cerveau en ébullition.

Moi : Merci…

J’ouvre le pot de yaourt et commence à racler avec la petite cuillère. Je happe le premier croissant qui croustille entre mes dents. Gérôme sourit sardoniquement.

Moi avec violence : C’est quoi ???

Gérôme rigole : Non, c’est juste que je te connais beaucoup… Je sais à quel point la nourriture c’est ton remède. Mais façon tu n’as pas encore sourit là, ça veut dire que le problème est grave.

Gérôme regarde autour de lui.

Gérôme : Où sont les autres ? La maison est vide ??

Moi : Apparemment je suis toxique pour tout le monde. Ils sont partis sans me prévenir… pendant que je dormais.

Gérôme s’ajuste sur le petit divan flasque, notre seul meuble de fortune dans cette pièce des moins esthétiques. Normal pour trois jeunes adultes en quête de métier dans une ville complètement étrangère.
Il prend son air grave et sérieux, il serre ses mâchoires au point de faire ressortir ses mandibules carrés.

Gérôme : Je ne t’ai pas menti… Petit modèle.

Moi : Ou plutôt, tu ne m’as pas tout dit.

Gérôme : C’est vrai. Mais je voulais juste te faire comprendre qu’il n’y a rien de grave… C’est tout.

Moi : Et pourquoi j’ai l’impression que c’est le contraire de ce que tu penses ? Ou peut-être ce n’est pas encore assez grave pour toi… Gérôme est-ce que tu vois une autre fille.

Gérôme sursaute : Non!! Bien-sûr que non… C’était ça ta préoccupation ?

Moi : Ne me fais pas tourner au ridicule. Pas cette fois s’il te plaît… Respecte moi avant que ton téléphone ne sonne et qu’il faille que tu me laisses toute seule pour aller sauver le monde.

Gérôme grogne : Qu’est-ce que tu veux que je te dise baby mama ??

Moi : La vérité !! C’est simple non!? La simple vérité… Qu’est-ce qu’il y a entre ta patronne et toi ?

Gérôme s’offusque : Qu’est-ce qu’il…

Je l’interrompt : Ne fait pas l’ignorant s’il te plaît. C’est toi même qui t’apprêtais à me dire une histoire du genre l’autre jour.

Gérôme se détend : Aahnn… Oui oui c’est vrai. En fait c’est juste qu’à ce moment j’étais troublé. Elle se montrait un peu trop gentille avec moi et je ne comprenais pas la raison de son comportement.

Moi : Et maintenant tu comprends ???

Gérôme : Eeu Oui… En quelques sortes je crois.

Je prends un moment pour respirer profondément. Je regarde Gérôme les yeux mi-fermés.

Moi : Et c’est quoi cette raison ??

Gérôme bégaie : C’est… En fait c’était… C’est juste que… C’est juste qu’elle me voit comme un fils.

Moi : Tu mens comme une bête Kanah( « Kanah » était le nom de famille de Gérôme). Tu n’arrives même pas à être ferme dans tes déclarations… Tu as l’air tellement guindé dans ta façon de parler, aucune substance, rien de subtil. Depuis quand tu es bègue grand frère ??

Gérôme s’affermit : Bon d’accord !! C’est sa fille… Anna.

Moi : Elle a fait quoi cette Anna ?

Gérôme : Le jour où je suis allé chez ma patronne, elle m’a surprise avec une fête improvisée… C’était un buffet, en fait une cérémonie. Elle a profité de l’occasion pour me présenter à sa fille Anna. Et depuis ce jour elle se comporte étrangement envers moi… Elle me drague, mais elle joue à un jeu qu’elle seule maîtrise.

Moi avec neutralité : Elle est belle ??

Gérôme : Jodelle…

Je gronde : Réponds !!! Elle est belle ??

Gérôme hésite : Oui… Elle est belle. Ça va ?

Moi : Je connais ce genre de bitch. Sans même la connaître physiquement j’ai déjà envie de lui arracher la tête… Ces petites pourri-gâtés qui toujours croient que tout leur appartient.

Gérôme : Je vais gérer t’inquiètes.

Moi : Fais comme tu veux… N’est-ce pas tu as déjà une petite go garantie qui ne peut pas te tromper ? Elle t’a déjà donné un enfant, tu souffres de quoi ? Mais je vais te dire Gérôme… C’est vrai que je suis très sensible et jalouse en ce moment, mais je te déconseille de glisser. Donc à toi de savoir comment te tenir…

Gérôme rigole : Parfois quand tu parles là, tu sais même qu’on n’a pas fait les bancs ensemble ? Je ne suis pas ton égal petit modèle.

Moi : Celle qui te connait comment tu es quand tu es nu en ce moment… C’est moi !! Donc tout ce que tu racontes là c’est pour toi. En plus je te respecte même beaucoup ein!?

Gérôme : Quand tu sors déjà les clash comme ça, ça veut dire que tout va bien… Le pouvoir de la nourriture ein!?

Moi : Avant hier un mec véhiculé m’a dragué. Et si je te dis ça, c’est à cause de la façon dont il a insisté… Donc si un jour nous sommes tous les deux en route et quelqu’un gare pour que je monte, ne soit pas trop étonné.

Gérôme : N’est-ce pas tu es brune? Le jujube des hommes en voiture… Il faut même me quitter !! Avec le front comme la remorque du caterpillar.

Moi en riant : Tu ne vois pas tes pieds… On dirait ça aux sols comme les fétiches.

Le téléphone de Gérôme sonne. Sur l’écran c’est affiché « Mme Evelyne ». Il décroche…

Je murmure : Dis lui que si elle a envie de toi maintenant, tu es pris ein!? Sauf si elle préfère un plan à trois…

Gérôme : Sssssht !!!… Allô Mme.

Mme Evelyne au téléphone : Oui Gérôme. J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer… J’ai trouvé un poste pour ta cousine. Un poste qui va lui rapporter assez.

Gérôme : Wooooww !!!! Merci Mme. Je vous retrouve tout à l’heure pour qu’on en discute.

Il raccroche.

Moi : Tu as une cousine ici à Yaoundé grand frère ?

Gérôme : Comme tu es bête là !! C’est toi ma cousine… Je vais t’expliquer plus tard.

À suivre…

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