« Vous savez cette sensation qu’on commence à éprouver pour quelqu’un qui rentre dans notre vie au moment propice ? Ce sourire ridicule qu’on retrouve inconsciemment sur notre visage en voyant ses messages. J’en souffrait depuis un bout et c’était Max la cause. Enfin de compte il m’avait donné plus d’une raison de me rendre compte d’à quel point j’avais eu tort de ne pas lui laisser sa chance plus tôt »
_ Tu sors… Encore ?
Habiba ne répond pas, elle continue à se maquiller devant le miroir de la penderie. J’ai mon sac à dos encore collé à mon échine puisque je viens de rentrer des révisions avec quelques copines. Je ne suis pas du genre à « nourrir la poule le jour du marché » comme a coutume de le dire chez nous.
Habiba : J’ai réchauffé les pâtes et je me suis rendu compte qu’il n’y avait plus assez de gaz. Heureusement que c’était déjà chaud, dit-elle en me regardant.
_ Il va donc falloir vite acheter une autre bouteille. Parce que à l’allure ci, si on tarde les conséquences seront désastreuses.
Habiba : Justement Nevah. Je n’ai pas assez d’argent déjà même pour mes supports… Donc si tu avais l’amabilité de recharger le gaz. Je vais te rembourser.
Elle rigole j’imagine !! Dépenser une si forte somme que je n’ai même pas présentement c’est chose impossible, et en plus les parents de Bibi lui donnent beaucoup plus d’argent que moi, je me demande ce qu’elle en fait…
_ Bibi ce n’est pas possible. Premièrement je n’ai pas assez d’argent pour boucler la fin du mois, en plus de cela… Bref c’est pas possible !!
Habiba : Ah!! C’est toi qui voit. On va donc devoir serrer la ceinture jusqu’à la fin du mois. Tu me trouves comment ??
Elle me pose cette question à chaque fois qu’elle veut sortir, comme si son miroir ne lui donnait pas assez d’informations. Cela dit, par contre j’aime apporter mon avis en tant que professionnelle de la mode.
_ Tout sera parfait si tu ajoutais l’écharpe de Adja, c’est multicolores et ça irait parfaitement avec ton accoutrement.
Habiba : D’accord. Merci !!
_ Tu vas où ?
Habiba : Étudier. Les examens c’est pour bientôt non!?
_ Tu me prends pour une folle à ce qu’il paraît ein!? Genre tu sappe et tu te mets en valeur comme ça pour étudier ? Hmmm
Habiba dessine sur son visage un sourire narquois avant de me taper l’épaule.
Habiba : Je ne t’ai pas dit qu’elle matière j’allais étudier dis donc. Buvologie, Porctologie. C’est clair maintenant !? J’ai besoin de changer d’idée.
_ Habiba… Tu sais que tout ce que tu fais c’est interdit. Imagine tes parents imaginent un seul instant la vie que tu mène ici, et si tu tombais enc…
Habiba : Pardon !!! Ne m’apporte pas les mauvaises ondes. Je sors c’est tout !! À ton avis la jeunesse c’est combien de fois dans la vie ? Donc s’il te plaît ne me fait pas le sermon… Tu me l’avais promis.
Je soupire : D’accord.
Habiba sourit : Merci !!
Elle avance et ouvre la porte pour sortir.
_ Bibi??
Habiba : Oui??
_ Non rien laisse. Prends juste soin de toi.
Habiba : Toi pareil poupée.
Elle s’en va. J’avais l’intention de lui parler pour moi et Max, mais à quoi bon ? Vu que nous ne sommes même pas encore vraiment engagé. J’hésite et je ne sais pas jusqu’où toute cette histoire pourrait nous mener.
Je m’écroule sur mon lit pour me perdre dans mes pensées. Max m’a dit qu’il voudrait qu’on sorte l’un de ces jours puisqu’il a un truc à me faire voir.
» Click!! »
Je sursaute brusquement !! Wow je me suis endormie sans m’en rendre compte. Tellement j’étais épuisée qu’en me couchant juste pour me reposer le sommeil m’a emporté, bref c’était nécessaire déjà. La notification de mon téléphone m’a fait sortir de mon sommeil léger. Je prends mon portable et sur l’écran verrouillé je vois un « cc » de Max. Je souris…
Je réponds : « ça va ? »
Max : « T où ? »
_ « chez moi, pourquoi ? »
Max : « Viens!! Je suis à ton carrefour »
Décidément ce garçon n’a pas de cervelle, il se rend compte qu’il est plus de 20h?? Ou peut-être que c’est juste une plaisanterie de sa part.
_ « Tu rigole »
Max : Non. Je suis sérieux… Je vais te montrer un truc.
En même temps ça me tente. Je souris en me mordant la lèvre inférieure… Mais j’hésite.
Max : « je suis en véhicule. Stp Nevah !! »
J’ai envie de me faire encore un peu plus prier, mais d’un autre côté je palpite à l’idée de cette proposition alléchante. Je sais que ça doit être quelque chose que j’aime puisque c’est en rapport avec la mode.
_ « D’accord. Mais c’est pas pour longtemps ein!? »
Max : « Je t’attend poupée »
Ce mec il ne manque pas d’air.
Je bondis du lit et je file à la salle de bain prendre une douche tiède. Le plus compliqué après toutes mes douches c’est le fait de sécher mes cheveux, puisque j’en ai tellement et bouclés, donc c’est un paramètre un peu compliqué. Après avoir attaché un foulard sur ma tête, ma serviette remontée jusqu’à ma poitrine, je passe un coup de lait de toilette sur mes jambes avec soin. Je me oins le visage délicatement avant de passer à la penderie.
_ Qu’est-ce que je dois mettre ?
Cette question je me la pose toujours. Et mon habillement dépend toujours du contexte où je vais me trouver. Mais là je n’ai aucune idée de quoi je vais mettre, c’est un rencard et je n’en ai jamais eu pour de vrai… M’habiller légèrement me rendrait vulgaire et être trop habillée aussi donnerait l’impression que j’opose une résistance quelconque. Donc il faut être méticuleuse dans les choix…
…
Max : « Tu es où Nevah !! Ça fait un moment »
Brut!! Ma toilette et mon habillement m’a pris beaucoup plus de temps que prévu. Ça fait une trentaine de minutes que je m’habille.
_ « Je suis en route. Désolée. »
C’est après une vingtaine de minutes finalement que je me libère pour sortir. La clé je la mets à l’endroit habituel puisque j’ignore qui rentrera la première. Après un dernier soupir… Je fonce.
J’arrive finalement… Max m’a indiqué la couleur de la voiture où il est, donc je n’ai pas eu de mal à me retrouver.
_ Désolé Max… Je ne sais pas ce qui m’a fait perdre autant de temps.
Max en souriant : T’inquiètes. Ce n’est pas si grave, on vous connaît vous les filles stylés avec la toilette. En plus tu es sublime… Ça faisait un effet de te voir avancer là avec ton charisme.
Je souris en signe de remerciement. J’aime quand on me flatte, encore plus quand ça vient de lui… Il m’ouvre la portière et j’entre.
Max : Tu veux manger ? J’ai commandé le Soya en t’attendant, je me dis que tu es partante sûrement. On ne boude pas la viande.
Je rigole : Non merci… Pas cette fois. Je veux un peu mimba pour le premier rendez-vous.
Max : Le langage alors ein!?
Nous éclatons de rire tous les deux, ce qui rend les choses beaucoup plus détendues.
_ On attend quelqu’un ?
Max : Non… On s’en va.
_ Tu veux dire que… C’est ta voiture ?
Max : Non. C’est celle de mon père, mais j’ai l’habitude de squatter avec. Justement c’est à lui que je voudrais te présenter.
_ Euuu… D’accord.
C’est quoi le délire ? Je suis en pétard dans ma tête et je regarde ce dingue comme un fou pendant qu’il démarre la voiture en se comportant comme si de rien n’était. Nous n’avons même encore rien conclu et il veut déjà me faire des présentations… Bizarre ! Mais bon…
Nous roulons tous les deux et pendant tout le trajet je m’étouffe presque de rire aux blagues de Max. Tellement je me sens à l’aise que l’envie de manger quelques brochettes de soya me prend… Un vrai clown ce mec!!
Enfin il se gare devant un grand portail et klaxonne deux fois. Nous patientons quelques secondes avant que le gardien ne vienne ouvrir le portail. Je suis énormément stressée et Max le remarque.
Max : Je peux te demander un service ?
Je fais Oui de la tête.
Max : Détends-toi s’il te plaît. Parce que le fait que tu sois stressé me stresse aussi un peu. Il n’y a rien de mal à ce qui va se passer… Et t’inquiète ce n’est pas une présentation comme pour une demande en mariage ( il sourit).
Je souris : D’accord. J’espère juste qu’on sera rentré avant 23h.
Max : D’accord Cendrillon.
Max me jette un dernier regard sincère et mignon avant de me chuchoter…
Max : Tu es très belle… Parfaite !!
Je souris et je tourne le visage vers la grande cour intérieure que déjà j’aperçois. Nous entrons et nous nous garons dans le grand parking. La maison est incroyablement grande et belle à voir… Mes yeux se baladent de partout dans la propriété et je me perds en regardant. Max sort du véhicule et me prend lentement par le bras…
Max : On entre ?
Moi : Oui… D’accord.
Une seconde je me demande ce que je fais là. C’est souvent dans ce genre de circonstance qu’on apprend les « ni vu ni connu », parce que si je perds la vie ici personne n’aura jamais vent de cela et c’est moi même qui me serait mise dans une situation pareille.
Nous entrons à l’intérieur de la maison, Max enthousiaste se presse de m’ouvrir les portes comme un chevalier jusqu’à ce que nous nous retrouvons dans la salle vaste éclairée par un lustre en bronze doré. Je m’attarde sur ce chef-d’œuvre hors du commun au point d’en perdre la notion des choses. Tout est parfaitement agencé dans cette pièce exceptionnelle, je sens ma poitrine se gorgée d’air et j’évacue par un soupire prolongé…
_ Jenevah !?? Vous êtes beaucoup plus jolie que les descriptions de Max.
Je me tourne vers cette voix masculine et soignée. Un homme se tient à quelques mètres de moi. Un homme grand, cheveux et barbe légèrement gris. À part ses cheveux, rien ne détermine son âge, la vigueur qui se lit sur ses rides est énorme. Son sourire aussi exceptionnel que son allure me rend mal à l’aise. Une jacket noire sur une chemise légèrement dorée aux manches retroussées, son pantalon apparemment en soi se colle sur sa peau. Je le regarde…
Max : Je te présente mon père.
_ Enchantée Mr….
_ Je préfère que tu m’appelles tout simplement Gradel. Comme tu peux le constater je suis allergique à la vieillesse, donc autant mieux rester libre si tu fais déjà parti des miens ( il sourit).
_ Eeuu… Ah d’accord !! C’est compris.
Mr Gradel : Apparemment nous avons tellement de choses à nous dire… Installe toi.
À suivre…
