Littérature

– LES MVEMBA Épisode 23 : Tout va en vrille Melvice Eboutou

– LES MVEMBA

Épisode 23 : Tout va en vrille

Melvice Eboutou

Maman : De quoi tu voulais qu’on parle ?

Moi : Je t’ai dit au téléphone non !? Ou ce n’était pas assez clair.

Ma mère vient à peine d’arriver et ses bagages sont encore dans le salon. Je l’ai intercepté au salon pour essayer d’être brève et direct dans mes intentions.

Maman : Tu peux au moins laisser que j’aille me reposer ou prendre ne serait-ce qu’un bain.

Je m’assois : Non. Je préfère que ce soit maintenant et qu’après tu sois libre de tes mouvements Maman. Je crois que le sujet est d’une importance capitale et je n’aimerais pas que ça dure.

Ma mère s’assoit elle aussi en soupire. Elle pose son sac à main sur la table basse de verre. Elle me regarde comme pour me demander de faire le premier pas dans la conversation.

Maman : Je t’écoute Eboutou.

Moi : Je suis amoureuse de Marcien Maman. En fait, c’est le cas depuis un certain temps.

Maman : Et…

Je regarde ma mère avec étonnement : Tu es sérieuse là !? De quoi il était question dès le départ ?

Maman : Melvice ne me fait pas passer pour une criminelle en me faisant endosser le mauvais rôle. Parce que là, je sais où tu veux en venir.

Moi : Je ne peux pas faire une chose pareille à l’homme que j’aime. Ce n’est pas par intérêt que je veux l’épouser.

Maman : En gros, c’est moi la méchante qui essaye de tout gâcher, c’est ça !? Melvice, dois-je te rappeler qu’on s’était mise d’accord sur les termes du contrat ??

Moi : Lesquels ?? Si tu veux bien me rafraîchir la mémoire. Parce que là, pour être honnête, je ne sais plus vraiment de quoi il s’agit.

Maman soupire : Tu me déçois jeune fille. Bref… Tu fais comme tu veux, et bonne chance avec ton amoureux.

Moi : Maman écoute s’il te plaît. Au départ, il était convenu qu’on pénètre leur famille pour les ruiner. À ce moment-là, je n’avais pas les sentiments que j’ai aujourd’hui. En plus, je ne comprends pas la raison pour laquelle tu t’obstines autant à vouloir faire une chose pareille.

Maman : Tout à coup, je me sens ridicule et extrêmement méchante, parce que tu me fais passer pour un monstre. Melvice tu ne sais pas pourquoi je m’obstine à vouloir faire une « chose pareille ? »

Qu’est-ce que je suis censé sous-entendre ?? Où tu voudrais en venir ? Parce que je préfère que les choses soient claires entre nous.

Moi : Maman, tu n’as pas besoin de t’enflammer s’il te plaît. J’essaye juste d’avoir une conversation normale avec toi sur un sujet sensible.

Maman : Non Melvice !! Tu es en train de m’accuser en m’incriminant… Parce que tu tombes amoureuse. De toutes les façons, je n’avais plus en projet de faire quoi que ce soit aux Mvemba.

Moi : C’est justement la raison de cette profonde colère que j’aimerais savoir. Pourquoi t’en prendre à eux avec autant de rage ? Si je suis ta fille, tu peux me le dire non !?

Ma mère se lève. D’un regard de dédain, elle me toise et maugrée avant de s’en aller son sac à main.

Moi : Maman…

En vain, je l’interpelle en la voyant s’éloigner sur des pas de colère. Je soupire en m’affalant dans le canapé.

Direct, mon téléphone vibre en indiquant une nouvelle notification. Je vérifie et c’est Dylan qui me texte. « Melvice tu es où s’il te plaît.»

Je réponds : « chez ta mère.»

Dylan : « D’accord, j’arrive s’il te plaît, il faut qu’on discute.»

Je ne réponds pas. Je balance le téléphone près de moi avant de reprendre ma position confortable.

Le téléphone vibre encore, je le prends en grommelant croyant que c’est toujours Dylan, mais loin de mes surprises, c’est Mr Etoga Marcien. Je souris en voyant son message de quatre syllabes. « On part manger sorcière ?»

Je réponds : « C’est un rencard Mr Etoga ? »

Marcien : «Tu veux vraiment me prendre à ce jeu-là ? Tu viens ou pas ?»

Moi : « On dit s’il te plaît la femme de mes rêves, je voudrais avoir une soirée avec toi. Espèce d’égocentrique »

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Marcien : « Restaurant Delicious 19 h 00, si tu veux, tu viens, si tu veux, tu viens.»

Moi : « Je vais voir petit frère.»

Nous avons notre langage à nous et c’est vraiment amusant de se comprendre dans ce désordre de fierté amoureuse. Etoga joue à l’insensible pourtant au fond de lui, je sais exactement ce qu’il ressent et ça se voit toujours dans ses yeux une fois qu’on se capte.

Je m’allonge sur le canapé en fermant les yeux et visualisant ce grand gaillard barbu aux cheveux bouclés et bien coiffés. Son parfum dans mes pensées me donne presque envie de m’envoyer en l’air… Cette sensation me fait étouffer un rire fou.

Rébecca Mvemba

(Le même soir)

… Il m’a invité à sortir et ce que je trouve le plus drôle, c’est le stress qui frappe sur son visage crispé. Ma robe moulante, lui plaît-elle ? Au moins, ça change mes pantalons jeans tailles hautes et mes talons aiguilles changent mes baskets montantes. Et lui, il est élégant… Juste une chemise bordeau, une montre au poignet, un pantalon Monsieur et des tennis blanches. 

C’est peut-être l’effet de sa silhouette particulière dans cet accoutrement.

Tony parle en premier.

Tony : Tu es… Angélique.

Moi : Wooow, je m’attendais à tout sauf ça. Il faut dire que tu es le maître des surprises. (Je souris.)… Toi, tu es… Tu es toi.

Tony : Et est-ce que tu aimes bien « moi »!?

Je souris : Je suis censé répondre ou c’est juste une question rhétorique.

Tony rit : Becky tu exagère !! Pourtant, on s’en sortait bien jusqu’ici.

Nous rions tous les deux avant de rejoindre ma voiture.

Tony sur un ton drôle : J’aurais aimé que le carrosse soit le mien… Mais je n’ai qu’une bicyclette Mme.

Je joue au jeu avec une tête de théâtre : Mieux vaut chevaucher un âne gracieux qu’un cheval blessé. Chevalier ne vous méprenez pas, j’aime votre bicyclette.

Nous rions encore, cette fois beaucoup plus fort que la première.

Moi : Tu conduis ?

Tony : Non, je ne sais pas conduire désolé. Je n’ai jamais fait d’auto-école…

Moi : Ah, je vois. C’est un aspect qu’il faudra alors qu’on travaille. Comment je ferai quand on va aller à une soirée tous les deux et que je serai bourrée et qu’il faudra quelqu’un pour conduire ?

Tony : Tu veux dire que… Tu aimerais qu’on ait une autre soirée ?

Moi : Tu m’énerves !!! Stuiiiip.

Tony rit.

Je démarre la voiture… Direction le Delicious !!!

Il est 20 h quand Tony et Rébecca arrivent. Tony tient avec galanterie la porte pour que sa compagne puisse entrer.

Rébecca : Merci chevalier.

Ils s’apprêtent à choisir un siège quand de loin Rebecca remarque Melvice qui est assise toute seule avec l’air un peu colérique.

Rebecca : Melvice !? Elle fait quoi là toute seule ? Bref, tu m’attends ici et je vais la voir d’accord ?

Tony : Okay.

Rebecca : Tony, je ne supporte pas quand on me dit Okay, c’est mieux un D’accord non !?

Elle s’en va retrouver Melvice.

Melvice : Becky !? C’est ton frère qui t’envoie m’annoncer la nouvelle qu’il m’a posé un lapin ?

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Rébecca : Déjà, je ne sais pas de quoi tu parles. Mais à t’entendre, je peux comprendre la raison de la tête que tu fais… Marcien a encore fait une connerie, c’est ça !?

Melvice hoche la tête : On ne va pas dire que ça sera une première. Ça fait trente minutes à peu près que je suis là et j’écris à Mr, il n’est pas en ligne. Moi ça m’énerve, mais en même temps, je me fais du souci.

Rebecca : C’est toi qui sais comment tu gères ton gars-là. Mais bon… C’est sûr qu’il va débarquer d’un moment à l’autre avec une raison bidon pour s’excuser.

Melvice : Cette fois, il ne s’en sortira pas comme ça. Vraiment, c’est exagéré à la fin.

Rébecca : Je suis venu avec un ami pour dîner. Mais si tu veux, on peut se joindre à toi en attendant que Marcien vienne.

Melvice sourit en regardant Tony de loin : C’est lui là-bas ?

Rebecca : Ouais.

Melvice : Un très beau garçon par contre. Je pense que s’il t’a invité ici, c’est pour t’avouer quelque chose… Je dis ça, je ne dis rien ein !?

Rebecca en riant : Toi et la sorcellerie non !? Tu es irrécupérable.

Melvice : Sinon j’attends toujours un gars qui n’a même pas l’intention d’arriver. En-tout-cas, je me suis déjà décidé, si dans 10 minutes, il n’arrive pas, je m’en vais.

À peine parler, la porte du restaurant s’ouvre et l’attention de tout le monde est attiré par l’énorme Ours en peluche qui entre en premier, Marcien caché derrière à de la peine à le porter et à le faire entrer avec le gros bouquet de roses rouges qu’il tient en main. Tony s’empresse de l’aider à l’entrée.

Rebecca : Attends, ce n’est pas Marcien là qui vient d’entrer !?

Melvice : Oh non !! Dites-moi que je rêve… Etoga, c’est quoi cette scène.

Rebecca : Il faut dire qu’il sait se faire pardonner en attirant l’attention. Marcien…

Marcien avance en bousculant quelques clients auprès desquels il s’excuse. Tout le monde le regarde marcher jusqu’à la table de Melvice… Il sourit ridiculement à Melvice qui le regarde avec désinvolture.

Rébecca : 30 minutes d’attente Etoga. Et tu débarques avec un ours en grande taille et toutes les fleurs du pays.

Marcien : Je suis désolé baby maman. Si j’ai traîné, c’est justement parce que je passais la commande du plus gros ours à celle que j’aime.

Melvice cède à sa flatterie en souriant. Mais elle cache son visage pour ne rien faire paraître…

Rébecca : Je dirais plutôt que la raison de ce retard, c’était ton sommeil. Regarde tes yeux Marcien, ils sont tous enflés, tu ne sais même pas mentir…

Marcien : On t’a branché non !? Stuiiiip !!

Melvice : Tu crois vraiment que j’allais gober ton histoire !? Regarde-toi… On sent que tu as bondi de ton lit il y a quelques minutes, tu t’es versé l’eau dessus et puis tu as même oublié de bien faire tes boutons. Tu as filé à un supermarché pour acheter un nounours… C’est ça l’itinéraire ou pas !?

Marcien : J’avoue que c’est vrai… Mais c’est juste que ces derniers temps, je suis submergé par le travail. Je suis vraiment désolé.

Rebecca : Hmmm… Etoga qui s’excuse. Melvice, c’est toi qui connais son secret dèh.

Marcien : Toi là, je vais te battre à la fin.

Melvice : Excuses acceptés. En plus le nounours-là, il me plaît… Mais c’est toi qui faire rentrer ça chez moi ein !? Il ne peut pas entrer dans ma voiture.

Marcien : Tout ce que tu veux…

… Tony tousse doucement pour attirer l’attention des bavards.

Marcien : Ah Tony. Désolé, j’étais tellement emporté par ces femmes que je n’ai pas eu le temps de te remercier… Si je te vois et je vois Becky, je me dis certainement que vous êtes ensemble, c’est ça !?

Tony : Oui Mr Etoga.

Marcien : Mon ami. Mr, c’est au bureau, ici, on est en famille. Bon, je crois qu’on peut passer à table… Tous les quatre, on va tenir ici sur cette table non !?

Melvice : Hmmm… Rébecca ne me dis pas que ce soir ça va nioxer fort !!! Vous finissez de manger, vous allez vous reposer.

Rebecca en tenant son visage : Seigneur la honte…

Marcien répond à Melvice en riant : C’est justement de ça qu’il s’agit. Mais ils font les saints devant nous.

Rebecca : Je vous ai dit que c’était un ami. Merde !!!

Melvice : Marcien, c’est aussi mon ami… (Elle éclate de rire.).

Marcien : GARÇON !!!! Viens servir les gens… Porter le nounours-là m’a donné faim.

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