LES MVEMBA
Episode 01 : Nina Mvemba
Nina !!! Pardon il faut te dépêcher ooooh…. Le temps presse.C’est la voix de ma future belle mère depuis la chambre de préparation. Je suis bloquée dans la salle de bain, l’émotion veut ma mort juste avec cette pensée que je vais porter le nom d’une autre personne, une bague de mariage, une famille avec mon époux et… Bref je suis en feu et j’essaye de me contenir.
Depuis petite j’avais une chose en tête « fréquenter, obtenir un boulot et porter une robe de mariée », ça s’est passé tellement vite que je n’ai presque rien vu passer. On peut dire sur ce coup là que j’ai réussi mon cursus vital. Heureuse? Je ne saurais décrire l’émotion qui m’envahit et encore moins l’étreinte de cette ceinture sur mes hanches. Je transpire des litres et j’ai le maquillage qui coule. Un mélange brute d’émotions s’empare de moi à la fois.
Mme Mvemba toque : Nina!!! Tu es seulement constipée ?
Abessolo : Maman elle est stressée non!? Laisse la un peu respirer.
Mme Mvemba : Tu m’excuse s’il te plaît !!! Ce ne sont pas tes millions en dépenses qui vont s’envoler si cette cérémonie n’a pas lieu.
Abessolo : Pardon oooh… Je ne faisais que passer.
Mme Mvemba toque encore : Alors tu sors ou c’est moi même qui vais entrer ??
Moi : C’est bon!! C’est bon je sors.
Je tire la chasse pour simuler quelque chose qui n’a pas eu lieu, je me lave les mains et je sors les retrouver dans la chambre. En voyant mon visage tout pourrie, Mme Mvemba grogne pendant que juste derrière elle Bengono s’esclaffe en se tenant la bouche. Le regard de sa mère la fait directement se taire.
Mme Mvemba me prend par la main : Nina regarde comment tu t’es toute défaite. Viens on va arranger ça… Mais cette fois essaye de ne pas stresser, ce n’est qu’un mariage après tout.
Un mariage. Comme s’il y en avait deux dans la vie. Même quand quelqu’un se remarie, ça n’a jamais la même valeur que son premier mariage. En plus je me sens complètement bête et comme un enfant avec cette bonne femme qui me trimballe partout, pourtant sincèrement elle ne fait rien de méchant. À la dote c’était pire… J’ai même failli pleurer là bas, façon j’étais baloter partout partout.
« Toc toc toc »
Sans qu’on ne lui donne la permission d’entrer, Marcien Etoga, le grand frère de mon futur mari se pointe derrière la porte.
Mme Mvemba : Tu veux quoi??
Marcien : Papa m’envoie regarder si vous êtes déjà prête.
Mme Mvemba : Mais c’est même quel fou ça ?? Sort!! Qui t’a dit que les hommes ont le droit de s’introduire dans la chambre de la mariée quand elle se prépare ?
Marcien : Je venais seulement dire que…
Mme Mvemba : Disparaît !!!
En s’ecriant, elle pince une bonne touffe de mon chignon, ce qui me fait siffler de douleur.
Marcien se sauve en fermant la porte.
Je la comprends, c’est son premier enfant qui se marie et pour elle c’est un prestige qui ne se doit pas d’avoir une quelconque faille. La pauvre s’active et tellement elle est nerveuse que j’ai l’impression qu’elle l’est encore plus que moi.
Mme Mvemba : Édith !! Va dire à Rebecca que l’enfant qu’elle accouche à la cuisine là bas moi même je vais la faire avorter.
Abessolo s’en va : D’accord M’man.
Ça fait un moment que Rebecca est parti pour une urgence à la cuisine, c’est la benjamine des Mvemba et à mon avis c’est la plus sérieuse. L’année passée elle a obtenu sa licence professionnelle et déjà cette année elle travaille dans l’entreprise familiale, un vrai engrenage.
Un couvercle de marmite tombe de loin !!!
Mme Mvemba crie : Becky !!!!!! Wouèeeh les enfants ci vont me donner l’avc. Mais je vous jure que c’est vous qui allez mourir.
Tout ce stress pourtant nous sommes très loin d’être en retard, au contraire nous sommes tellement dans les temps que j’ai peur qu’on arrive en avance.
La porte s’ouvre et enfin J’écoute la voix de ma mère, tellement heureuse je me retrouve…
Ma’ah Élise : Christine… Le chignon là n’est pas un peu trop serré sur la tête de l’enfant là ?
Mme Mvemba : Je sais ce que je fais. Pardon tiens moi seulement ça…
Ma’ah Élise : D’accord.
Ma mère me regarde dans le miroir et me sourit chaleureusement, son sourire me comble et crée en moi un énorme réconfort.
Ma’ah Élise : Tu es magnifique Nina.
Moi : Merci Ma’an.
À l’extérieur c’est tout un théâtre. Les dizaines de femmes déléguées pour la cuisine transforment l’extérieur en poulailler… Toutes dans la même gamme de gabarit. Costaudes avec leurs mains toutes charnues. L’odeur des repas envahi l’immense concession.
Pourtant venu pour chercher sa sœur et retourner dans la chambre, Bengono se retrouve piégée dans les corvées.
_ Les carottes là ne vont pas se découper toutes seules… Sois un peu plus active.
Bengono : Je suis occupée avec la mariée dans la chambre, et c’est aussi d’ailleurs le cas de Rebecca. Je suis venu la chercher…
_ Et je danse? Si tu veux qu’on abandonne tout pour que la fête ci n’ait plus lieu on va abandonner hein !?
Bengono : Stuiiiip!!
_ Je n’ai pas entendu !!! Bengono tu as dit quoi ?? Avec ta tête comme la casserole que je lave ci… Petite paresseuse.
…
Brice par contre, l’avant dernier né de la famille et certainement le plus irrécupérable, n’arrête pas de tourner autour d’une cousine éloignée comme un coq prêt à copuler. Un vrai gamin celui-là, pourtant sur ses 28 ans bien sonnés !!!
Brice : Quand tu portes la farine et tu marches avec comme ça, ça ne me plaît pas… Tu mérites un travail plus noble que ça.
_ Ah Oui ? Comme lequel par exemple ?
Brice : Me faire des bébés et fonder une famille heureuse avec moi… ( Il sourit).
_ Ekieh !! Ekambi tu sais même que c’est la même famille ?
Brice : Et puis??? Tu ne sais pas que c’est quand c’est même la même famille là que…
Avant qu’il ne finisse sa phrase que la mère de la cousine débarque avec un air menaçant pour l’éloigner. Brice fait un clin d’œil à sa conquête avant de disparaitre derrière l’un des foyers enfumé.
…
Enfin deux heures après cette expérience éprouvante, je me tiens à la droite de mon père qui me tient la main. Dans cette énorme robe blanche j’avance à ses côtés au milieu de la foule qui crie de joie… Derrière mon voile blanc j’ai un sourire qui dépasse mon visage « c’est ton jour Nina ». Juste là en face se tient le plus beau et élégant des hommes, c’est Mr mon futur mari qui m’attend devant le prêtre et son témoin. Mon père me laisse près de lui et me chuchote à l’oreille.
Papa : Je suis fier de toi princesse.
Le goût de ça !! Je souris encore plus fort. Je regarde Essomba Dan qui me regarde en souriant, ses fossettes se creusent sur sa mâchoire carré. Sa moustache s’étire avec son sourire large.
Le prêtre parle… Et tout ce que je finis par écouter c’est :
_ Mademoiselle Nina Towa, voudriez vous prendre pour époux Mr Essomba Dan ici présent ?
Moi : Je le veux ( je souris)… Je le veux.
Bien évidemment que je le veux !!! C’est pour cela que je suis là.
Le prêtre se tourne vers Mvemba Essomba Dan et lui pose la même question. Il me regarde dans les yeux et dessine son plus beau sourire.
Dan : Oui je le veux…
_ Alors je vous déclare Mr et Mme Essomba… Vous pouvez vous embrasser.
Je sens une poussée de folie là au fond de moi qui veut me faire crier!!! Je me ressaisi quand mon mari… Mon mari !!! Retire le voile sur mon visage et pose ses lèvres sur les miennes sous les ovations de toute la foule… C’est nous les stars du jour.
Après la cérémonie, la célébration. Un moment attendu par tous… Le onzième point, le mangement. La joie sur les visages et l’huile qui abonde sur les lèvres prouve à quel point la fête est bonne. Je suis dans mon coin avec mon époux sur notre table juste nous deux… Les scènes que je vois m’amuse.
Ah Steph !! À présent je le remarque de loin entrain de causer avec Rebecca… Mr Mvemba avait dit qu’il devait l’inviter, mais j’ignorais qu’il le ferait vraiment. En parlant de Mr Mvemba, enfin le vieux lion se lève et fait tinter son verre pour demander l’attention de tous… On se tait. Dans l’immense endroit il y a un silence de mort.
Mr Mvemba fait monter les manches de son grand boubou en les retroussant sur ses épaules…
Mr Mvemba : Je suis heureux d’être parmi vous en ce jour… Qui est l’occasion de l’Union entre mon fils et cette magnifique jeune fille.
Je souris à sa flatterie…
Mr Mvemba renchérit : Je tiens aussi à tirer un coup de chapeau à mon épouse ici présente qui a fait de cette cérémonie un vrai succès… Je t’aime mon amour.
Mme Mvemba sourit en regardant les femmes sourire autour d’elle.
Mr Mvemba : Nous sommes là pour nous réjouir… On dit chez nous, « Quand tu viens aux funérailles, même le défunt sait que ce n’est pas pour pleurer mais pour c’est pour manger» s’il vous plaît… Mangeons et rentrons avec le reste. Mon fils se marie aujourd’hui.
À suivre…
Une série de Steph.
Source : Chroniques universelles
