CHRONIQUE LITTÉRAIRE

LA FEMME DE QUELQU’UN : épisode 31

Maman : Gérôme…

Un silence lourd pèse sur l’atmosphère depuis mon arrivée. Je ne sais plus quoi penser. J’ignore ce que je ressens présentement.

Je regarde Maman qui depuis tout à l’heure n’arrête pas de pleurer. Elle m’a tout dit, elle a confirmé le fait que Mme Evelyne avait raison et que je suis en effet un bâtard !! Un homme qui a vécu la plus grande partie de son existence dans le mensonge et les cachotteries.

Moi : Pourquoi ne m’avoir rien dit avant ?

Maman : Tu étais trop jeune pour comprendre. J’espérais que cette histoire disparaisse à tout jamais Gérôme. Je ne pouvais pas imaginer que tu le rencontrerais un jour.

Moi : Quand je suis allé à Yaoundé et que je devais débuter ce travail chez lui, tu savais tout !! Maman tu savais tout… Et pourtant tu ne m’as rien dit.

Maman : Gérôme. Je ne suis pas en position de défense, mais je te jure que jamais tu ne pourras imaginer la peine que ça fait à une mère de voir son fils souffrir d’un mensonge, d’un péché qui n’est même pas le sien.

Moi : Je veux savoir… Est-ce qu’il te violentait ? Est-ce qu’il te forçait à le faire ??

Maman : J’étais une femme malheureuse Gérôme, mon mari me torturait et cet homme était le seul à m’écouter, à être patient envers moi et me défendre.

Moi : Et c’était une raison de tromper ton mari ? Tu crois ??

Elle ne répond pas. La tête baissée, elle demeure dans le silence et les soupirs.

Moi : Et après tout cela, qu’est-ce que tu as dit à mon père quand tu es revenue vers lui avec une grossesse ? Tu lui as fait porter le chapeau ?

Maman : J’ai essayé, mais ton père savait qu’il était impuissant et il avait découvert ce qu’il y avait entre moi et son frère. Il voulait que j’avorte de cet enfant et il avait tout essayé de sorte que je le fasse de façon brutale.

Moi : Qu’est-ce qu’il faisait ??

Maman : Il me battait !! Il me torturait. Il me menaçait en me disant qu’il me tuerait si jamais je continuais à m’obstiner à te garder. Plusieurs fois Gérôme ( elle pleure )… Plusieurs fois j’ai pensé à me débarrasser de toi juste pour ma survie et j’ignore comment avec toutes ses bastonnades tu as survécu.

Moi : Maman… Qu’est-ce que tu veux que je pense à présent ? Qu’est-ce que je suis sensé faire quand je me rends compte que je suis le fruit d’une grosse erreur. Comment est-ce que je suis sensé me regarder ? Je ne suis nulle autre chose qu’un gros mensonge. Pourquoi tu m’as fait ça ?? Pourquoi vous l’avez fait ??

Maman : Gérôme. Si tu es né c’est bien pour une raison. J’ignore laquelle, mais tu es mon seul fils. Tu es le seul trésor que j’ai sur cette terre et si ce trésor me déteste ou refuse de me pardonner, pour quelle raison encore je resterai vivante? Tu m’as donné une petite fille merveilleuse, tu m’as comblé de succès et même si tu n’es pas le plus parfait, pour moi tu es une fierté. J’ai vécu toutes ces années dans le silence avec le poids de ce mensonge, juste pour te protéger et pour éviter de te voir comme cela ; mais je me rends compte aujourd’hui qu’en fait mon désir de te protéger était plutôt une énorme erreur de ma part et un acte égoïste. La chose que je te demande mon fils c’est de me pardonner, pas parce que je le mérite… Mais parce que je suis ta mère.

C’est elle qui m’a fait grandir, c’est elle qui m’a fait être qui je suis, c’est elle qui m’a supporté pendant toutes ces années.
Ma mère n’arrête pas de pleurer depuis tout à l’heure, la culpabilité l’écrase et même si je me sens blessé, c’est ma mère.

Je me lève : Maman…

Elle me regarde, les yeux pleins de larmes. Je m’approche d’elle et je m’agenouille. Je pose la tête sur ses jambes. Elle m’embrasse en me serrant fort contre sa poitrine plantureuse…

Maman : Je suis désolé trésor !! Je te jure que je m’en veux pour tout ce mensonge.

Moi : Je te pardonne Ma’an…

Sophia qui jusqu’ici était dans sa chambre, apparaît au salon les yeux pleins de sommeil. Elle me regarde toute embêtée et semble perdue de me voir… Je la regarde et souris.

Moi : Petite Princesse !!

Sophia : Papa ?? Papa !!!!

Elle crie de sa voix aiguë avant de courir se sur moi. Je la porte dans mes bras tout en haut.

Moi : C’est toi qui a grandi comme ça ? Je ne t’ai presque pas reconnu.

Sophia : Papa!! C’est toi???

Moi : C’est moi petite fleur… Désolé d’être arrivé comme ça sans prévenir. Ça se voit que grand mère s’occupe bien de toi.

Sophia : Oui oui. Bientôt je vais être beaucoup plus grande qu’elle.

Maman : C’est ton plan ein!?

Moi : Bon Maman, il faut que je retourne à Yaoundé le plus tôt possible.

Maman : Mais tu viens juste d’arriver Gérôme !! Tu dois être fatigué et je crois que le plus important sera de te reposer maintenant.

Moi : Je compte bien faire une petite sieste avant de dormir, mais il me faut rentrer le plus tôt possible.

Maman : Tu as travail demain ? Qu’est-ce qui te presse autant ?

Moi : J’ai une chose importante à demander à Jodelle Maman…

Maman : Si tu le dis.

________________Jodelle_______________

Deux jours… Deux jours depuis le départ à la hâte de Gérôme et toujours aucune réponse de sa part. Je me suis promise de ne pas lui envoyer le moindre message et attendre son retour, mais sincèrement je commence à en avoir assez. Je n’arrive même pas à me concentrer sur mon travail.

La porte s’ouvre et Anna entre.

_ Mes condoléances Mme…

_ Mes condoléances Mme…

Toutes les employées lui souhaitent leurs condoléances pour le décès de son père. La pauvre est extrêmement abattue, nos regards se croisent et j’essaie de détourner le mien, sans succès. Elle s’approche de moi avec un sourire timide, mais sincère. J’ai bien envie de lui dire à quel point je compatis, mais à quoi bon…

Moi : Mes condoléances Anna.

Anna : C’est gentil… Mais je ne crois pas que ce soit nécessaire.

Moi : Pourquoi tu dis ça ??

Anna : Parce que je me suis rendu compte que la personne que je prétendais être mon père m’a trahi et que je me suis trompé de la personne qui avait besoin de mon affection.

Moi : Je ne sais quoi dire… Mais je ne comprends pas de quoi tu parles.

Anna s’étonne : Gérôme ne t’a rien dit ???

Moi : Dit? … Que… Qu’est-ce qu’il doit me dire ? Je ne l’ai pas vu depuis qu’il est venu chez vous ?

Anna : Tu es sérieuse ??

Moi : Oui!!!

La peur dans le regard de Anna me terrorise. Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qu’il était sensé me dire et où est-ce qu’il est à présent ? Comment diable je n’ai pas pensé à l’appeler ??

Moi : Je… Je vais l’appeler. Excuse moi.

Anna: D’accord.

Je vais à l’extérieur et je lance l’appel en essayant de gérer mon impatience. Je me ronge les ongles par stress… Le téléphone sonne mais personne ne décroche !! Encore… Encore et encore !!! Je retourne à l’intérieur.

Moi : Il ne réponds pas !! Anna j’ai peur.

Anna : Il faut aller chez lui. Je vais encore essayer de l’appeler… Il doit bien être quelque part.

Moi : J’espère que rien de facheux ne lui ai arrivé. Mais dis moi !! Qu’est-ce qu’il était sensé me dire ??

Anna : Jodelle, le plus important à présent serait de le trouver et après il te dira ce que tu devras savoir à ce sujet. D’accord ??

Je traine à répondre :… D’accord !! Bon j’y vais !

Je quitte en vitesse pour me rendre chez Gérôme. Dans le véhicule je continue à essayer d’appeler, mais rien !! Ma frayeur s’en va grandissante à mesure que je me rapproche de sa maison.

Enfin j’arrive, je me précipite sur sa porte que je toque !! Aucune réponse. Rien dans sa chambre non plus, je regarde par la fenêtre et je constate qu’elle est vide.

Moi : Gérôme !!!

_ Oui??

Je sursaute en écoutant la voix. Je me retourne et je soupire de soulagement en voyant ce grand garçon debout face à moi. Il me sourit, mais la fatigue dans ses yeux est plus perceptible que tout !! Ma joie est immense, c’est comme si ça faisait des mois et des mois que je n’avais pas vu ce gros con.

Gérôme rigole : On dirait que tu as paniqué pour moi.

Moi : Dégages !!! T’étais où Gérôme ??

Gérôme : J’étais chez nous… Je viens comme ça juste d’arriver, je suis pas encore entré.

Moi : À Dschang ??? Tu te moques de moi ??

Gérôme : Je devais rendre visite à ma mère… On avait certains comptes à régler, et maintenant c’est fait.

Moi : Anna m’a dit que tu étais sensé me dire quelque chose. Elle pensait que tu l’avais déjà fait. De quoi s’agit-il Gérôme.

Il soupire et baisse le regard, je soulève son visage pour qu’il puisse me regarder dans les yeux.

Moi : Parle moi chéri…

Gérôme : Anna et moi avons le même père.

J’écarquille les yeux : Vous !!!…

Gérôme : L’histoire est hyper longue et moi aussi je viens de me rendre compte que je suis un bâtard. Mais la chose la plus importante dont je me suis rendu compte était le fait que j’ai besoin de toi plus que tout.

Moi : Moi aussi… Mais tout ça on va pouvoir gérer, comme on l’a toujours fait d’habitude. Nous sommes Gérôme et Jodelle non!? ( Je souris ).

Gérôme caresse ma joue : J’aimerais qu’on le soit vraiment et pour cela je veux que tu sois d’accord. Josh m’avait dit un jour que je te mérite pas, parce que je n’ai jamais eu le courage de te prouver que je voulais vraiment être avec toi…

Moi : Gérôme, ce qu’il dit n’a aucune import…

Gérôme : Non laisse moi finir. Je me suis rendu compte qu’il avait totalement raison. Quand on aime quelq’un on se bât pour la garder… C’est pour cette raison que Jodelle…

Gérôme s’accroupit devant moi et pose un genou par terre. J’ouvre grand les yeux et mes émotions se bouleversent. J’ai subitement l’impression d’éclater… Il fait passer ses deux mains dans une sacoche et fait sortir une petite très jolie boîte carrée qu’il me présente avant de l’ouvrir… Une bague !!!! Une bague !!!

Gérôme : Veux-tu m’épouser Jodelle ? Veux-tu être à moi pour toujours ??

À suivre…

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