Littérature

– LES MVEMBA Épisode 26 : C’est la guerre Edith Abessolo

– LES MVEMBA

Épisode 26 : C’est la guerre

Edith Abessolo

Je me réveille progressivement de cette torpeur profonde. Le regard un peu floué, je regarde autour de moi pour essayer de comprendre ce qui est en train de m’arriver. Ah, je me souviens, j’ai perdu connaissance. Mais pourquoi ai-je perdu connaissance ? Certainement, parce que je suis tombée ; pourquoi est-ce que je suis tombé ? Attends !!! Je… Tout me revient maintenant, et puis…

Tu vas mieux ??

Je sursaute en ouvrant grand les yeux vers la voix que je reconnais comme étant celle de ma mère. C’est elle, Mme Eboutou à côté d’elle qui me regarde malencontreusement.

Je hoche la tête : Qu’est-ce qui s’est passé ?

Mme Eboutou : Tu ne te souviens donc de rien ?? Rien de ce que tu as écouté entre nous.

Je fais non de la tête : Tout ce dont je me souviens, c’est que j’étais en train de sortir et puis… je me suis retrouvée ici. Je ne comprends pas pourquoi je suis assise ici et pourquoi vous êtes toutes les deux là.

Les deux se regardent et donnent l’air de communiquer entre elles. Elles soupirent ensuite comme pour exprimer leur soulagement.

Maman : C’est rien Édith. C’est juste que… Bref, nous étions en train de parler des préparatifs du mariage d’un des fils de notre amie avant que tu n’arrives et que tu t’évanouisses comme tu l’as fait.

Deux vraies menteuses !! Mais je préfère continuer à jouer au jeu de l’amnésie pour ne pas attirer, je ne sais quoi. Je sais que si elles soupçonnent un instant que je porte moi aussi ce secret lourd et cruel, j’aurai ma peine en pesant d’or.

Moi : Je me suis donc évanouie ? Mais comment c’est arrivé ?? Je suis tombé ? J’ai fait un malaise ? J’ai dévalé des marches des escaliers ??

Mme Eboutou : Écoute chérie. Le mieux est que tu te reposes de ce qui s’est passé… Si tu ne te souviens vraiment de rien. On va aller à l’hôpital pour t’acheter quelques médicaments pour soulager ta tête qui saigne.

Je touche ma tête, c’est humide et cette substance visqueuse, c’est mon sang qui s’est coagulé. Pourtant la douleur, je ne l’ai même pas ressenti.

Moi : D’accord.

D’office, mon voyage, il est annulé. Non seulement à cause de l’impact grave dû à l’accident que j’ai eue, mais aussi à cause du choc de la somme de toutes les données que mon cerveau a enregistré.

Trois jours plus tard

Dan ouvre la porte de son salon, sur son visage, son même sourire bienveillant et une bouteille de champagne en main.

La voix de Nina à l’intérieur : C’est qui ??

Dan : Ma charmante petite sœur !!

Je souris : Apparemment, tu fêtes quelque chose grand-frère.

Dan : Oui en effet. Je fête par anticipation la venue de notre bébé qui sera là dans quelques mois.

Je m’étonne : Nina est encein…

Dan rigole : Non !! Je t’ai bien eu… En fait, c’est la sœur de Nina qui a accepté de nous aider dans ce sens en jouant le rôle de mère porteuse.

Tout se confirme !! Nina qui se fait exclure du tatami pour laisser introduire un cancer qui va ruiner ce couple angélique.

Je fausse un sourire en regardant mon grand frère avant d’accepter son invitation d’entrer à l’intérieur. Une fois, dedans, mon premier regard se pose sur elle… Cette Lucie que déjà sans la connaître, je la déteste. Sait-elle qu’elle joue un rôle ou son intention est juste d’aider sa sœur à sauver son foyer qui va en vrille pour une histoire de fœtus.

Nina toute excitée : Édith !!!

Elle court et vient m’embrasser. Elle me regarde et essaye de me contaminer par son sourire enthousiaste. Difficile de faire semblant en pareille situation Nina… Si tu pouvais savoir.

Je souris : Tu vas bien !? Merveilleuse dame ?

Nina fait un tour sur elle-même : Comme tu peux le constater. Je pète la forme et ça, ce n’est pas grâce à ton frère…

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Dan grogne : Nina !!!

Nina rigole : Non, je joue. En fait, si je suis en joie, c’est pour la raison qu’il t’a donné. Enfin, nous serons une famille unie et toi aussi, tu pourras avoir un neuve.

Je regarde encore Lucie assise au coin de la pièce, tenant gracieusement son verre et me regardant comme une menace. Elle a raison de me voir ainsi… Je ne sais vraiment pas quelles sont ses intentions, elle est peut-être un ange aujourd’hui… Mais c’est juste pour aujourd’hui ! Et merde !! Comment je fais pour dire la vérité à Dan sans me faire passer pour une folle et une haineuse. Si j’ai été au courant de toute cette histoire, c’est certainement pour une responsabilité qui m’incombe.

Nina : Héo !! Ici la terre… Tu es parmi nous ?

Je sursaute : Oui !! Je suis là…

Nina me tend un verre de vin : Tu me sembles un peu perdue depuis que tu es arrivé… C’est comme s’il y avait quelque chose qui n’allait pas.

Je prends le verre : Bien sûr que non. C’est juste que… C’est une nouvelle un peu brusque et…

Dan : Je comprends. Au départ, j’étais aussi contre cette option (il sourit.)… Mais Maman et Nina m’ont persuadé que ça pourrait être le bon choix et finalement, je commence à m’y faire.

Maman ?? Je savais qu’elle avait quelque chose à voir là-dedans. Mais quand tu dis « Maman », tu parles de la vraie que tu as toujours ignoré ou celle qui fait maintenant tout pour détruire ton bonheur ? Dan il faut que sauve ton couple… Même si je dois le faire en silence en me faisant passer pour une folle et une jalouse.

Moi : Et… Comment vous comptez vous y prendre ? Pour le bébé. Vous n’allez pas quand même coucher ensemble, toi et Lucie. Hein Dan !?

Nina : Ekieh !! Toi aussi. Donc moi, je vais laisser mon homme s’envoyer en l’air avec une autre femme sous prétexte que nous voulons un bébé !?

Dan en blaguant : Même si cette option reste une possibilité.

La mauvaise blague ne contente pas Nina qui le regarde du mauvais œil et le fait taire sans dire la moindre menace. Lucie, qui jusqu’ici restait silencieuse, se libère la gorge en émettant un bruit lourd.

Lucie : On va procéder par une implantation. Ça sera une reproduction tout d’abord in-vitro et ensuite, je pourrai me faire mettre le bébé pour les neuf prochains mois.

Moi : Et tu seras payé pour ça ?

Ils restent tous silencieux et mal à l’aise !! Parce que c’est l’effet que donne ce genre de question et je la posais en connaissance de cause. Je lance un regard défiant à Lucie qui essaye de m’ignorer.

Nina : Non Édith, c’est ma sœur quand même… Pas une vulgaire mère porteuse. C’est beaucoup trop de sacrifice et mettre une si longue pause dans sa vie.

Lucie : Je ferai tout pour sauver ma famille et lui venir en aide.

Mon cul ouais !! Sauver tes petites fesses de Tchiza ou ta famille ? C’est comme ça que ça se passe généralement, elles se font passer pour des salvatrices et consolatrices jusqu’à ce que ton pauvre mari se retrouve piégé entre ses jambes.

Moi : Je vois. C’est très aimable de ta part… Mais Nina, était-ce la seule option dans ce cas ?

Dan s’indigne : Tu joues à quoi là, Édith ? Depuis tout à l’heure tu ne fais qu’essayer de casser l’ambiance.

Nina : Non, laisse-la. Elle ne fait que poser ses questions et je crois que nous lui devons des réponses.

Moi : Voilà. Au moins quelqu’un qui me comprend.

Nina : Nous avons essayé d’étudier d’autres possibilités, mais là sincèrement cette option était la seule en vue. J’ai préféré que ce soit ma sœur qui porte mon bébé au lieu que ce soit une vulgaire Tchiza qui me le prenne à l’extérieur.

Je murmure dans mon verre : Même si elles ne sont jamais loin.

Nina : Pardon !??

Moi : Non. Je pensais juste à voix haute, c’est tout (en souriant). Sinon vous avez les résultats de l’analyse médicale ? Je veux dire… Qui ont confirmé l’état de stérilité de Nina.

Dan : Où tu veux en venir ?

Moi : Arrêtes d’être aussi impulsif Dan !! C’est mal de me soucier de toi !?

Dan : Sache que ce n’est pas la meilleure des façons. Tu devrais plutôt être contente de l’évolution des choses entre nous… On va bientôt avoir un bébé.

Moi : Ça serait mieux si ce bébé était de vous deux.

Je le dis en regardant Lucie durement. Elle aussi elle me déteste, mais c’est mieux d’avoir un ennemi qu’on connaît qu’un ami qui joue double jeu.

Moi : Je m’en vais et ravis pour vous deux… Désolé pour l’humeur, c’est juste qu’avec le choc que j’ai eue à la tête et tout bon…

Dan : C’est pas grave. Je te comprends, avec le temps toi aussi, tu t’y feras.

Moi : Si seulement, c’était possible.

Je m’en vais !!!

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Melvice Eboutou

Cette tête de laitue s’est proposé de m’accompagner au marché et aujourd’hui, c’est lui qui choisit les rayons où nous ferons les ravitaillements.

Moi : Marcien, c’est quoi le projet ? Subitement, tu deviens l’homme modèle. Je ne savais même pas que tu savais ce qu’on appelle « faire les achats ».

Marcien : On ne peut pas être gentil avec vous les femmes noires. On essaye d’être romantique, ça devient compliqué.

En même temps, c’est mignon, j’avoue. Surtout quand je vois toutes ces petites putes qui nous regardent en espérant être à ma place. Je ne quitte pas Marcien des yeux, j’ai sa main droite que je tiens solidement.

Marcien : Il faut couper, tu pars avec en même temps ein !?

Moi : Tu parles de ton zizi ou de ton poignet !?

Marcien : Toi et la sauvagerie non !?

Nous avançons tous les deux dans le rayon épicerie. Je suis Marcien aveuglément et je crois en ce qu’il m’a dit, comme quoi ce soir, il aimerait cuisiner lui-même pour moi. Romantique non !?

Moi : C’est quelle sauce où on met toutes les choses-ci Etoga ? Tu veux seulement préparer le poison ?

Marcien : Donc tu crois que si je veux te tuer, je vais te demander de m’accompagner au marché ?

Une jeune fille vient vers nous et se rapproche un peu trop de mon Marcien. Je la menace du regard, mais elle ne me calcule même pas !! Elle lui prend l’épaule, Marcien se penche et elle lui chuchote un truc à l’oreille. Il la regarde et sourit. J’ai des flammes subitement qui me montent aux yeux !!

Moi : Éh Madame !!! Dégage, tu veux !?

Elle ne me calcule pas. Je reste exaspéré devant cette scène où la dame prend Marcien par la main et ils s’en vont. Je reste un moment comme pétrifiée avant de les suivre. Mon sourire au visage n’a rien de joyeux, mais hystérique.

Tout à coup, je débouche devant ce monde incroyablement touffu. Je suis presque terrorisé en voyant toutes ces personnes qui me regardent… Je suis toute seule au milieu et Marcien lui n’est plus là. Les téléphones braqués vers moi comme si on me prenait en photo. Terrorisée, je suis !!

Melvice ??

Je me tourne brusquement, c’est la voix de Marcien enfin !!

Moi : Rhaaaaaa !!!!

C’est mon cri sauvage qui vient de faire paniquer toute la foule. Mais c’est à cause de ce que je viens de voir… Marcien se tient sur un genou et dans ses deux mains ouvre ce coffret au centre duquel se trouve cette bague… Cette bague qui brille de mille feux.

Marcien : Je voulais apporter plus de suspens, mais je suis nul en expression de sentiments… D’ailleurs, c’est un ami qui m’a donné cette idée et…

Moi en sautillant : Oui, je le veux !!! Je veux !!!

Marcien : Seigneur Jésus ! Laisse moi-même au moins demander ? En-tout-cas… Je t’aime Melvice et tu es la seule femme et la première sur cette terre pour qui j’ai eu des sentiments et pour qui mon cœur a battu. Veux-tu m’épouser ?

Je fais Oui de la tête en essayant de contenir mes émotions qui débordent par mes yeux. Il prend mon doigt tremblant et fait passer la bague…. Je me jette sur lui pour l’embrasser et il me porte pour sortir du supermarché avec moi.

Marcien : Le film est fini… Rentrez chez vous.

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