Littérature

– LES MVEMBA Épisode 30 : Le calme qui annonce la tempête

– LES MVEMBA

Épisode 30 : Le calme qui annonce la tempête

C’est calme depuis un certain temps, les choses semblent revenir à la normale tandis que chacun vaque paisiblement à ses occupations.

Dans leur maison familiale, Marcien a tenu à faire un rassemblement en invitant tout le monde. Curieux de savoir la raison de cette invitation, les bouches murmurent autour du grand buffet.

Mr Mvemba : Mais, taisez-vous même non !? Est-ce qu’on est des animaux ?

De temps en temps, il y a collision entre les regards discordés de Édith et sa mère qui joue bien son jeu d’acting… Toute sereine et surtout avec son sourire chaleureux.

Marcien : Si je vous ai fait appel aujourd’hui…

Tout le monde se tait, le chahut cesse et les regards sont tournés vers Marcien qui stresse presque.

Il poursuit : … C’est pour vous annoncer une nouvelle capitale pour moi et mon futur. Car j’ai décidé enfin de devenir un homme.

Brice lance dans la foule : Tu étais d’abord une femme ??

Certains éclatent de rire face à sa blague pendant que d’autres s’indignent de son immaturité. Marcien lui poursuit son discours comme si de rien n’était.

Marcien : Papa… Maman, Mr et Mme Eboutou. J’ai l’honneur de vous annoncer que Melvice et moi allons nous marier.

« Iiiiiiiiiiiiyéeeeeehhh », c’est le cri à l’unanimité de toutes les jeunes femmes de la salle. Mr Mvemba se lève à son tour et se racle la gorge… Le silence regagne encore la pièce.

Mr Mvemba : On dit chez nous, « C’est quand la chenille est fatiguée de ramper qu’elle devient papillon, et pour l’être elle change d’état et surtout de comportement » Marcien aujourd’hui toutes les petites filles de Yaoundé te connaissent, mais toi, tu as enfin décidé de mettre le doigt sur une « femme » une charmante demoiselle que tu as décidé d’honorer. Que dire de plus mon fils !? Je suis heureux pour ce cadeau que tu me donnes en tant que parent.

Marcien : Merci Papa.

Mr Eboutou : Richard !! Est-ce que les enfants-ci savent même d’où on vient !? De très loin, je vous jure. Nous avons connu des hauts et des bas, mais cela ne nous a pas empêché d’être une famille soudée. Aujourd’hui vous nous honorez en vous unissant devant Dieu et vos parents. Vous avez nos bénédictions !!

Mr Mvemba : Vous avez nos bénédictions !!

Les jeunes femmes se mettent encore à crier, cette fois en sautillant et en dansant autour de Marcien et Melvice. La danse traditionnelle se fait plus avec les fesses qu’avec n’importe quelle autre partie du corps. Édith se joint à la danse et surpasse toutes les autres…

Rebecca lance : Brice, il ne reste plus que toi ein !?

Édith renchérit : Est-ce que c’est quelqu’un qui va se marier un jour ?

Brice répond : Si je vous réponds !! Les filles de vos âges ont déjà les 4 enfants dans le mariage et sont même des femmes divorcées, vous êtes là chez vos parents en train de vous traîner les fesses fatiguées et c’est vous qui me jugez ??

Mme Mvemba : Ekambi ton langage !! Stuiiiip !!

Les festivités et les réjouissances se poursuivent.

Je suis tellement heureuse que je ris aux éclats !! J’ignore si c’est l’effet de l’alcool ou la joie de voir mon frère avoir une femme dans sa vie. Quoiqu’il en soit…

Je suis avec Nina, Édith et Lucie quand Tomy m’interpelle. Le pauvre, je l’ai complètement abandonné à lui-même pour me fondre dans la fête.

Moi en venant : Je suis vraiment désolée, Tomy !! C’est cruel ce que je t’ai fait.

Tomy : Non. Ce n’est pas grave, de toutes les façons, je suis déjà en train de rentrer. C’est la raison pour laquelle je t’appelais ; pour t’avertir.

Moi : Quoi ? Déjà ??

Tomy : Demain, je vais aller faire une course importante et je ne veux pas arriver chez moi trop tard.

Moi en souriant : Comme tu es beau.

Tomy rigole : Tu es bourrée Becky. Il faut que tu te reposes et que tu acceptes enfin que l’alcool ce n’est pas ton truc.

À lire également : https://abelainfo.com/2022/04/29/chronique-litteraire-les-mvemba-episode-28-secret-bien-garde-melvice-eboutou/

Moi : Non, t’inquiètes, c’est vrai que je suis un peu paro, mais j’ai encore toute ma tête, je suis lucide. Et si je dis que tu es beau, c’est parce que tu l’es vraiment.

Tomy : Bon… Je crois que je vais y aller.

Moi : Non, attends !! Je vais aller déposer mon verre et je viens t’accompagner. J’ai besoin d’un peu d’air frais sur mon visage et je crois qu’une marche me ferait tellement de bien.

Tomy : D’accord. Je t’attends à l’extérieur…

Je m’en vais. En chemin, je bouscule Marcien qui me soutient et m’empêche de tomber.

Marcien : Ça va !?

Moi : Oui, c’est difficile d’avoir un grand frère qui prend trop d’espace avec sa carrure de titan.

Marcien à Tomy : Éh gaillard !! Je te la confie. Fais gaffe, elle est bourrée.

Tomy de loin : D’accord !! C’est ce que j’essayais de lui dire, mais bon…

Moi : Puisque je vous dis que ce n’est pas le cas !! Wouèeeh.

En chemin, je ramasse au passe un pull en tricot crochet que je pose sur mes épaules. Je m’en vais retrouver Tomy qui m’attend à l’entrée. Il rigole en me voyant approcher…

Moi : Quoi ??

Tomy : C’est juste que je te trouve mignonne et drôle à la fois avec ce tricot crochet, on dirait un oisillon colibri.

Je grogne : Tu ne me respectes pas.

Tomy rigole : Pourtant, c’est tellement le cas que parfois, j’ai envie de te porter sur mon dos.

Moi : Je ne vois pas trop le rapport, mais bon… On va où ??

Tomy : Je fais un express vers les étoiles, mais je peux te déposer sur la lune si tu veux.

Nous sommes assez éloignés de la maison et des bruits. La brise nocturne souffle sur nos visages et quelques gouttes de rosée nous couvrent les fronts. Par instinct, je me rapproche et j’attrape de mes deux mains l’avant-bras de Tomy.

Moi : C’est calme… C’est froid.

Tomy : Tu grelottes !! Même avec ton pull, tu as autant froid ?

Moi : Je n’ai pas froid, c’est juste… Bref rien du tout !!

Cette tension plaisante qui plane dans l’air. J’ai les pieds qui trébuchent, mais mes mains s’accrochent à son bras. Tomy s’arrête…

Tomy : Becky !?

Moi : Oui ?

Tomy : Tu te sens comment quand tu es avec moi ? Qu’est-ce que ça te fait ?

Moi : Je me sens en sécurité et c’est très plaisant. C’est la raison pour laquelle j’aime nos cents pas.

Tomy : Moi, quand je suis avec toi, j’ai une sensation étrange et impossible à décrire. C’est comme si le temps s’arrêtait et que le monde ne tournait qu’autour de nous. Quand je te regarde parfois de loin sourire, ça me fait tellement de bien de savoir que tu as cet équilibre qui m’apporte beaucoup de paix. C’est peut-être fou de le dire, mais je crois que je t’aime bien…

Qu’est-ce qu’on fait maintenant !? C’était plus simple avant. On faisait des petits jeux du genre et on s’arrêtait juste là, mais là Tomy vient presque de déclarer sa flamme… Une flamme qui je sens tout au fond de moi brûle ardemment. Je n’aurais jamais cru aimer cette impression d’être à découvert, cette impression d’être sentimentalement vulnérable.

Tomy : En fait non. Je crois que je suis amoureux de toi, Rébecca… C’est peut-être une erreur, mais si le choix me revenait, j’aurais préféré qu’on ne soit rien plus que des amis. Mes sentiments…

Il s’arrête de parler. C’est certainement son cœur qui a pris le relais des mots ou peut-être, c’est dû au fait que l’émotion est beaucoup plus supérieure à la parole. Je regarde son visage tout recouvert de petites gouttes d’eau, ses lèvres mouillées et ses yeux qui clignotent. C’est donc ça exprimer ses sentiments. J’ignore l’expression que j’ai moi-même en ce moment, mais tout au fond de moi, je ressens la même chose, peut-être même plus !! Mais je n’arrive pas à décoller mes lèvres qui pèsent des tonnes.

Tomy prend mes deux mains dans les siennes qui malgré l’humidité de l’air sont chaudes. Mes yeux n’arrivent pas à se détourner des siens. J’ai l’impression que son corps appelle le mien et que je suis totalement impuissante face à cette expérience étrange.

À lire également : https://abelainfo.com/2022/04/29/chronique-litteraire-les-mvemba-episode-29-limpasse/

Il se rapproche de moi, je le fais aussi… Ma poitrine se pose sur son torse et mon menton se lève vers son visage qui se rabaisse vers moi. Ses mains laissent les miennes pour étreindre lentement mon cou et ma nuque. Cette fois, je suis piégée et incapable de faire quoi que ce soit… J’attends qu’il me délivre de cette pétrification glaciale qui m’envahit.

Mais comme un coup de grand vent, ses lèvres mouillées écrasent tendrement les miennes qui sont collées. Mon cœur bat dangereusement et mon corps tremble. Nos corps se rapprochent encore plus quand enfin ma bouche s’ouvre pour laisser glisser sa langue sur la mienne. Cette salive au goût de menthe fraîche me rend complètement pâle. Il mord ma lèvre inférieure et la tire un moment avant de la relâcher.

Tomy se décolle et me regarde pour observer ma réaction, mes yeux encore fermés ne s’ouvrent pas. Ce que nous avons commencé n’est certainement pas encore fini. À mon tour, je me place sur la pointe de mes pieds et je l’embrasse en enroulant mes bras autour de son cou.

Tomy chuchote : Des expériences comme celle-ci, elles méritent d’exister.

Je hoche la tête en souriant.

Tomy : bon, je crois que cette fois, je vais réellement y aller. Je stoppe un taxi et vrooupp !!

Je rigole : Prends soin de toi…

Tomy : Et toi ne tombes pas en rentrant. Je te tiens beaucoup trop à cœur…

Moi : Et dire qu’il y a de cela quelque temps, je n’avais même pas envie de voir ta tête !! Et voilà, je suis déjà pressée que demain arrive.

Tomy rigole : Ne me dis pas que toi aussi, tu tombes amoureuse.

Moi : Dégage !! (Je ris.)

Tomy se sauve en m’envoyant un bisou virtuel que j’attrape instantanément.

Après s’être séparé, je retourne à la maison. Je suis encore dans la cour en train de marcher en chantonnant quand je croise Édith qui semble ailleurs et un peu soucieuse, assise dans un coin obscur. J’arrive par surprise et je l’effraye presque.

Moi : On fait les rabat-joies ??

Édith sursaute et essuie ses larmes. Elle pleurait donc. Inquiète, je me rapproche d’elle…

Moi : Qu’est-ce qui ne va pas ? Il y a un problème ?

Édith sourit : Non, ce n’est rien. Juste… Laisse tomber en fait. Sinon comment ça se passe avec Tomy ? Je vous ai vu vous éloigner là. J’ai l’impression que les choses ont l’air de bien aller entre vous.

Moi : Ça ne répond pas à ma question Édith !! Je te connais… Tu es une femme très forte et si quelque chose te tracasse au point de te faire pleurer, ça doit être très sérieux.

Édith soupire et prend un moment pour se décider à parler… J’attends patiemment qu’elle le fasse.

Édith : Nina n’est pas stérile. Elle peut faire un bébé, mais c’est Maman qui fait tout son nécessaire pour qu’elle n’enfante pas. C’est même elle qui a payé pour qu’on coupe les trompes de Nina…

Moi : Attends attends !! S’il te plaît… Là tu me donnes beaucoup trop d’informations à la fois que je n’arrive pas à capter. Édith de quoi tu parles là ?

Brice apparaît : Ce que tu dis là, c’est vrai ??

Édith : Éh merde !! Toute la communauté est au courant à présent… J’aurais dû garder ça pour moi.

Brice : Non, tu as tort !! Parce que j’avais moi aussi l’impression que cette histoire était louche et j’avais peur qu’en intervenant ça fasse de moi le fils indigne. Mais c’est toi qui confirmes tout… Explique comment tu as su tout ça.

Afficher plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page