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CROQUEUSE DE DIAMANT (Revers de la médaille)

Chapitre 10 : Le nouveau départ

_ Je voulais tous vous remercier… d’avoir été présents dans ces circonstances douloureuses qui sont les miennes. C’est extrêmement pénible de perdre un parent ou un être cher. Mais moi j’en ai perdu les deux.

Cette phrase me fait me rappeler de la gravité de ma situation, je sens l’émotion monter mais je l’éteint par un soupire prolongé. Je regarde d’un côté mes frères qui sont tous en larmes, de l’autre Max, Mr Gradel et les membres de la compagnie représenté qui me regardent derrière leurs lunettes noires.

_ Ma mère m’a dit… Elle m’a dit d’être forte et de ne pas abandonner mes objectifs. Avant de mourir elle m’a bénie et la promesse que je lui ai faite c’est de ne jamais oublier qui je suis et d’où je viens… Je vais tenir à cette promesse.

« C’était en ces quelques mots que je terminais mon témoignage. Après un tour autour du cercueil de mon père, je m’en allai. Mon oncle s’était porté garant de s’occuper de l’éducation de mes plus jeunes frères. Moktar lui n’étant pas très éveillé à l’école s’était engagé dans l’armée BIR pour une formation brève. J’étais désormais une femme. Je n’étais plus la Jenevah sensible d’autres fois… J’avais des ambitions et le plus dangereux c’était ma soif de la perfection et d’atteindre le sommet pour que de la haut ils puissent tous les deux être fier de moi.»

Deux années plus tard

Je suis au troisième niveau d’un immeuble de six. Je regarde par la grande vitrine tout en bas la circulation qui s’empile… En main j’ai un verre de vin doux, tenu entre mes doigts dans un verre à pied long. L’aménagement m’a pris autant de temps que d’énergie, mais c’était nécessaire pour établir cet empire qu’est la mienne… Cet empire qui me rend fière.

Toc toc toc !!

J’avance et je prends place sur mon bureau, je dépose le verre à ma gauche et je rectifie un détail sur le dernier bouton de manchette de ma veste bordeaux cedex.

_ Entrez!! Dis-je d’une voix gracieuse.

La porte s’ouvre et Lili entre, non juste derrière elle apparaît Maya toujours toute aussi belle. Je souris en la voyant et je fais une grimace en me levant, elle me rend la même grimace et s’approche de moi les bras écartés. Nous nous embrassons tendrement pendant un long bout avant de se décoller… Sans rien dire, Maya regarde tout autour d’elle pour apprécier la pièce qu’est mon bureau.

Maya : Empire !! Ta boîte mérite vraiment son nom Jenevah… Empire !! C’est d’une beauté infernale, et la structure de l’extérieur on dirait le rais de chaussée Gucci.

Je souris : Tu sais flatter dis donc ma belle… Pourtant je ne suis qu’à mes premiers pas en tant que business woman dans mon domaine.

Maya : Ton évolution est juste incroyable. Je te revois il y a de cela deux années… Toute riquiqui et timide face à nous toutes, mais regarde toi désormais… Tu inspire du respect.

_ Et c’est en partie grâce à vous toutes… Vous m’avez guidé sur ce chemin périlleux mais qui en vaut la peine.

Ah!! J’ai loupé un épisode. En fait présentement je suis propriétaire d’une structure de textile et haute couture en plein centre ville de Yaoundé, j’ai nommé « Empire » je penchais pour Jenevah, mais ça faisait un peu trop personnel… Avec mes revenus et épargnes de ces dernières années, j’ai concocté un projet que j’ai soumis à des investisseurs étrangers et locaux. Je me suis fait des partenaires très rapidement, et ma renommée m’ayant précédé, je n’ai pas eu trop de mal à m’établir. J’ai tellement d’idée qui se bousculent dans ma tête et mon catalogue est plein à craquer… Je n’ai presque plus une seule seconde pour moi même et ça, j’avoue ça me rend heureuse.

Maya : Je ferai mieux de signer un partenariat le plus rapidement possible avec ta boîte… De peur que tu m’évinces et que ma place soit menacée.

Je ris : Arrêtes ton charabia !! Déjà que cette alternative est impossible… Mais encore plus, je suis ambitieuse et non destructrice.

Maya se rapproche de moi et me chuchote à l’oreille : Nous avons toutes eus à faire tomber quelques unes de nos amies en cours de parcours chérie… Donc ne trouve pas de mal à ça.

Je ne dis rien, je me contente de tordre ma bouche vers le bas en haussant mes sourcils.

Maya : Si je venais justement c’était pour t’apporter des présents exclusifs. Tu as là les prémices de ma toute nouvelle gamme de produits cosmétiques toilettes et… Parfum fort pour femme. C’est juste d’une valeur insoutenable.

_ Oh!! C’est beaucoup trop pour…

Maya : Apparemment tu ignore encore la place que tu as chérie… Te donner mes produits ne font que faire de la publicité pour moi et mon entreprise. Avec tes 12 millions de followers sur Instagram, 7 millions sur Facebook… Tu es une forteresse médiévale !! Donc il serait mieux d’être dans ton camp que celui de l’enemi. Donc accepte mes présents beauté.

_ D’accord. Merci beaucoup.

Je gère la boîte de jour comme de nuit, 6/7j. Je suis tout le temps débordée parce qu’il faut à tout prix lancer l’entreprise et parfaire les finitions. J’ai loué tout un niveau d’immeuble pour installer ma boîte et j’ai l’intention dans l’avenir de rendre encore les choses plus vastes. Pourtant je n’ai pas lâché mon contrat avec Burberry à cet effet.

Cet été j’ai été invité à la remise des trophées mannequins qui aura lieu à Manchester en Angleterre, je n’ai aucune raison de rater cette événement qui apporte une consistance plus grande à mon CV que je n’arrête de garnir.

Max entre dans mon bureau avec un bouquet de fleurs esthétique. En le voyant je suis joyeuse, enfin un peu de trêve dans cet océan d’occupation. Il a toujours été mon sauveur sur ce coup là… Et ce sac plastique mystère qu’il tient en main, j’espère que c’est quelque chose à manger.

Max s’avance : Puis-je entrer Mme la patronne ?

_ Allé viens là petit imbécile!!

Je le prends dans mes bras et nous nous embrassons sur la bouche avant de se relâcher. Max me remet le bouquet de fleurs avant de s’asseoir. Je m’en vais les ranger dans le pot.

Max : Hmmm… Ça sent bon par ici.

_ Tu trouve!? Je ne sais pas si c’est le parfum que Maya m’a donné l’autre jour où…

Max se lève : Attends que je vérifie…

Il s’approche de moi et aspire mon odeur les yeux fermés, il ne s’arrête pas là. Il passe ses doigts de fées sur mes épaules pour un massage.

Max : Détendez vous Mme…

_ Comment tu as su que j’avais besoin de ça ? Ça fait tellement de bien si tu pouvais savoir.

Max : Tu serais quoi sans moi ?

_ Une femme puissante sans son homme…

Max s’arrête brusquement, ce qui me fait grogner. Il s’éloigne et s’en va prendre le sac plastique sur la table.

Max : Comme je sais que depuis le matin tu n’as pas mangé… Je t’ai gardé ton déjeuner et ton repas du midi. Une omelette norvégienne et… Okok sucré avec le manioc.

_ Non tu rigoles !! Dis-je avec le visage égaillé.

Je me jette sur le plastique et je fais sortir les assiettes jetables. J’ouvre celui de l’okok… Je trempe un bout de manioc dans la sauce et avec un gémissement je profite du repas esquis, les yeux fermés.

Max : C’est orgasmique hein !?

_ Tu l’as dit… Merci mon bébé.

« L’une des seules personnes que j’avais gardé près de moi jusque là c’était Max. Et j’étais toujours amoureuse de lui, malgré mon absence et mon manque de temps. Des conversations tout autour ne manquaient jamais et malgré mes efforts pour les éviter, ils revenaient toujours sur la table. »

… Il est tard et je viens de garer ma petite Yaris hybride devant le parking de l’immeuble du chez moi. Tout en haut je vois que c’est allumé, c’est sûrement Max qui est là. Je sors du véhicule et j’entame les marches jusqu’à mon appartement tenant en main mon repas de ce soir dans un sac plastique de restauration.
J’ouvre la porte et l’odeur qui dégage me laisse sans voix… Les lumières sont éteintes et je ne peux voir que l’éclairage des bougies.

_ Max!??

Il apparaît avec un tablier de cuisine devant moi.

Max : Va t’asseoir au salon, c’est presque fini. Dit-il avec un sourire gracieux.

Je m’en vais m’asseoir et je masse ma nuque qui pèse des tonnes. Après un moment, la fatigue s’empare de moi et je commence à somnoler au point de m’oublier complètement.

Max : Nevah !!

Je sursaute en relevant ma tête de la table : Bébé…

Max : Tu as encore trop travaillé aujourd’hui. Tu as encore des aérés de sommeil.

_ Non, c’est rien de grave… Juste un caprice de mon système.

Max : Et il y a quoi dans le sac plastique ?

_ Comme je savais qu’il se ferait tard, j’ai préféré acheter de la nourriture en route… Question de gagner en temps.

Max : Tu es sérieuse là ? Gagner en temps au point d’oublier la nécessité des choses ? Ça fait combien de temps que tu n’as plus cuisiné ?

_ Max… S’il te plaît.

Max : Je suis arrivé chez toi… Toutes les assiettes étaient à leur même place place d’il y a deux semaines. Les condiments et le poisson frais en surgelé dans ton réfrigérateur. À la place je n’ai trouvé que de la mal bouffe… Non mais c’est quoi le projet ?

_ Je n’ai pas le temps de cuisiner Max.

Max : Tu n’as pas le temps pour toi même, tellement tu te concentre sur ton travail et tes ambitions que tu oublies l’essentiel… Ton bien être personnel.

_ Je prends bien ma douche tiède tous les matins et les soirs… Je mange assez et… Où est le manque d’entretien là ?

Max : Ça fait combien de temps qu’on n’a plus fait l’amour ? Qu’on n’a plus fait un dîner en amoureux ??

Je soupire : Je savais que tu en viendrais là… Max pour certaines choses il faut certains sacrifices et ce n’est que pour une période, après quoi on pourrait être comme avant.

Max : Tu me redis la même chose depuis cinq mois Jenevah… D’accord tu es une femme ambitieuse, mais tu es une personne avant tout. Moi aussi j’ai un travail autant stressant que le tien… Mais je fais l’effort toujours de trouver du temps pour toi, contrairement à ton cas.

_ Max… On en reparlera demain matin s’il te plaît. Je suis exténuée.

Max : Tu crois qu’à cette allure tu pourras trouver du temps pour tes enfants ? Ta famille ?… Ton mari ?

_ Qui a parlé de famille maintenant ?

Max : Ce genre de chose se prépare Jenevah. Ce n’est pas sur un coup de tête qu’on fonde une famille… On planifie tout !! Et c’est ensemble qu’on le fait.

_ Quand le temps viendra… On le fera ce planning. En entendant s’il te plaît, retrouve moi dans la chambre et couvre moi de baisers pour me détendre avant mon sommeil.

Max ramasse son blouson : Pas ces soir désolé… J’ai fait un repas en croyant qu’on aurait une conversation intime. Mais c’est la même chose… Demande toi ce que tu veux vraiment pour toi.

Max ouvre la porte et s’en va, j’essaye de l’en empêcher mais ce dernier est trop rapide pour moi. En plus je suis beaucoup trop épuisée pour argumenter. Je m’affale sur le canapé en soupirant.

_ Fais chier !! Pourquoi il faut toujours que l’amour gâche tout ?

Je croque une boulette qu’il a laissé. Peu à peu le sommeil me couvre… Jusqu’à ce que je finisse inconsciente.

À suivre…

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