ZONE CEMAC : la Beac réactive les injections de liquidité dans les banques
[abelainfo] - Après plus d'un an de suspension, la banque centrale de la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (Cemac), a repris ses opérations d'injection de liquidité dans le système bancaire régional, dans un contexte d'inflation persistante.
Le 11 juin 2024, la Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac) a annoncé le lancement d’une nouvelle opération d’injection de liquidité dans les banques de la Cemac, pour un montant de 120 milliards FCFA. Cette décision marque la reprise de ce type d’opérations après plus d’un an d’interruption.
En effet, la Beac avait suspendu ces injections de liquidité en février 2023, dans le cadre du durcissement de sa politique monétaire visant à lutter contre l’inflation élevée dans la zone Cemac. Auparavant, la banque centrale avait progressivement réduit le volume de ces opérations hebdomadaires, le faisant passer de 250 milliards à seulement 50 milliards FCFA.
Selon les responsables de la Beac, cette restriction de la liquidité bancaire avait pour objectif de limiter l’accès aux financements, aussi bien pour les États que pour les particuliers et les entreprises. La banque centrale espérait ainsi réduire la part estimée à 20 % de l’inflation d’origine monétaire dans la région.
Cependant, malgré ces mesures de resserrement, l’inflation persiste dans la Cemac. Au Cameroun par exemple, elle a atteint une moyenne de 6,3 % entre avril 2023 et avril 2024, soit plus du double du seuil de 3 % autorisé dans la zone.
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La Beac n’a pas précisé si cette reprise des injections de liquidité est une opération ponctuelle ou s’inscrit dans une perspective de moyen terme. Néanmoins, cette décision intervient dans un contexte où les banques de la Cemac font face à un assèchement de leur liquidité depuis près de 18 mois, en raison du durcissement des conditions d’accès aux instruments de refinancement de la banque centrale.
En effet, outre la suspension des injections de liquidité, les banques ont dû subir des ponctions dans leurs réserves à travers l’intensification des opérations de reprise de liquidité et le lancement d’émissions de bons de la Beac. Cette raréfaction des ressources de financement a potentiellement pu contraindre certaines d’entre elles à restreindre l’octroi de crédits, aggravant ainsi les difficultés économiques dans la région.
La réactivation des injections de liquidité pourrait donc permettre de soulager quelque peu la situation de trésorerie des établissements bancaires, dans l’espoir d’une atténuation de l’inflation dans les prochains mois. Cependant, la Beac devra probablement poursuivre ses efforts sur d’autres leviers de sa politique monétaire pour parvenir à ramener durablement l’inflation dans les limites fixées pour la Cemac.
Sorelle Ninguem
