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LES MVEMBA Épisode 05 : la famille, c’est la famille

LES MVEMBA

Épisode 05 : la famille, c’est la famille

… Dans la chambre, les deux parents sont en train de s’apprêter pour aller rendre visite à leurs amis les Eboutou. Mr Mvemba devant le miroir admire son physique de sexagénaire.

Mr Mvemba : mais sinon ma colombe, il faut avouer que je ne fais du tout pas mon âge hein !?

Mme Mvemba : comment ça ?

Mr Mvemba : regarde ce corps ferme… À mon âge, mes camarades sont déjà tous fatigués, mais je ferai bien un excellent sugar daddy… Ou plutôt sugar tonton.

Mme Mvemba : Richard pardon que le miroir ne te mente pas, console toi sur l’argent que tu as amassé et les enfants que tu as eu, et surtout la merveilleuse épouse que tu as eu la chance d’avoir… Sinon pour le reste (elle guette le miroir en regardant son mari.) avec les bourrelets sur ton ventre-là, on dirait un classeur à tiroirs, ou une vieille patate bien potelée.

Mr Mvemba : toi là, tu ne peux jamais rien apprécier. Si je ne comptais que ton avis, je serai déjà déçu de moi… Mais heureusement que…

Mme Mvemba : heureusement que quoi Mvemba ? Tu comptes encore l’avis de qui ? Donc les petites filles avec qui tu te sucres dehors et elles te mentent là, c’est au niveau où tu n’as plus peur de me cacher hein !?

Mr Mvemba : je ne vais même pas te répondre. Je préfère la paix… Il faut qu’on fasse vite avant que la pluie-ci ne nous attrape en chemin.

Mme Mvemba : c’est mieux pour toi oui… Stuip.

Mr Mvemba : on prend ton véhicule ou le mien ? Parce que je ne sais pas si ma voiture est parfaitement okay. Il y avait un bruit de grincement là la dernière fois et j’ai oublié de la faire réparer.

Mme Mvemba : quand le peu d’énergie qui te reste, tu pars verser ça sur les enfants de vingt ans, tu veux encore réfléchir comment normalement ? On va prendre mon véhicule.

Mr Mvemba : j’ai compris la mère. Mais pardon…

Mme Mvemba : pardon quoi ??

Le regard que son épouse le jette dans le miroir le glace complètement.

Mr Mvemba : non… Rien, ça va. On s’habille et on s’en va.

De l’autre côté, chez les Eboutou, ils attendent leurs amis dans la salle de séjour. Contrairement au couple Mvemba, l’atmosphère est beaucoup plus ennuyante chez-eux. Juste la télé qui passe et le petit Yohann, le petit-fils de leur ménagère qui joue dans le salon.

Mr Eboutou : ils ont dit qu’ils arrivaient à quelle heure ?

Mme Eboutou : 16 h par là hein !? Denise m’a écrit pour me dire qu’elle mettrait la pression sur son époux. Comme quand il s’agit de se préparer, vous savez être lent là.

Mr Eboutou : je sens la provocation arriver, mais je préfère ignorer ça. Quand on va à l’église qui attend qui ?

Mme Eboutou : là, c’est différent… Il faut se faire bien belle pour aller dans la maison du Seigneur.

Mr Eboutou : bien belle, tu dis, donc la poudre que tu frappes sur ton visage pour aller effrayer Jésus à l’église-là, c’est ça que tu appelles bien belle… Si dans tout ça, tu ressemblais à Rihanna.

Mme Eboutou rigole : mais quand même, c’est moi que tu as épousé.

Mr Eboutou : mais quand même, c’est moi que tu as épousé. La voilà, 55 ans, mais toujours belle comme une fleur d’oranger.

Mr Eboutou : c’est chez-elle que tu vas aller vivre maintenant Mr… Parce que je ne peux plus supporter que chaque fois où j’espère même que tu essayes de me flatter, il faut toujours que tu me ramènes la même histoire. C’est chez-elle que tu vas aller vivre maintenant Mr…

Mr Eboutou éclate de rire, sa femme vexée se lève et quitte le salon.

Quelques instants après, Maguy la bonne, une femme de 50 ans par là aux cheveux complètement grisés certainement à cause de la rudesse de sa vie précaire arrive au salon et menace l’enfant qui fait du bruit en lui demandant d’aller dans la chambre.

Les Eboutou sont de bonnes personnes, en tout cas face à cette femme qui n’avait rien, ils ont ouvert leurs cœurs en lui donnant ce métier bien payé et un toit sous lequel habiter. Ça fait déjà bien des années qu’elle travaille pour le compte des Eboutou, donc elle sait presque tout de leur quotidien familial.

Après le départ rapide de son épouse, Mr Eboutou, déjà, s’est assoupi sur le canapé pour débuter une petite sieste improvisée remplie de ronflements entrecoupés.

Maguy : Mr Eboutou…

Mr Eboutou sursaute : hein !! (Il essuie les quelques gouttes de salive sur sa barbe grise.).

Maguy : je m’excuse de vous avoir importuné… J’ignorais que vous étiez endormi. Je m’en vais.

Mr Eboutou : non, attends (il s’arrange.)… Maintenant, que je suis éveillé, dis moi ce que tu as à me dire.

Maguy : non, attends (il s’arrange.)… Mon fils dont je vous avais parlé.

Mr Eboutou réfléchit : celui qui faisait une école professionnelle en gestion de ressources humaines ?

Maguy : celui qui faisait une école professionnelle en gestion de ressources humaines ? Il a fini sa formation et a obtenu son master avec mention honorable. Vous connaissez le pays avec ses difficultés et pour réussir ici, il faut soit être l’enfant de quelqu’un ou avoir quelqu’un derrière soi.

Mr Eboutou : oui… Vous connaissez le pays avec ses difficultés et pour réussir ici, il faut soit être l’enfant de quelqu’un ou avoir quelqu’un derrière soi. C’est vrai ce que tu dis, mais Tony là même pourquoi il n’est jamais venu me saluer ?

Maguy : c’est un enfant un peu réservé… Mais surtout pas méchant.

Mr Eboutou : il a quel âge ?

Maguy : 32 ans… Je l’ai eu très tôt avec mon premier et défunt mari comme vous le savez.

Mr Eboutou soupire : d’accord… Je verrai ce que je pourrais faire pour lui.

Maguy plie les genoux : merci beaucoup Mr (elle s’en va.).

Le temps que Mr Eboutou prend pour se lever, sa porte s’ouvre et le couple Mvemba entre toujours en train de parler… Heureux de les voir, ce dernier reste figé avec un sourire gracieux.

Mr Mvemba en s’approchant : soldat !!!

Mr Eboutou : soldat !!!

Il se cogne la tête à gauche et droite en signe de salutations avant de s’embrasser fortement en se secouant.

Vient le tour de Mme Mvemba qui se fait juste baiser aux deux jours par Mr Eboutou qui lui prend les hanches.

Mr Eboutou crie : Hélène !!! Nos invités sont là.

Mme Eboutou arrive avec un large sourire et accueille les invités. Melvice arrive par la porte d’entrée, sûrement rentrant d’une sortie.

Melvice en souriant : Papa et Maman Mvemba…

Ils se saluent tous par des gestes de tendresses avant que les femmes ne disparaissent au couloir en laissant les deux hommes seuls au salon.

Mr Mvemba : alors comment va ta grosse tronche de phacochère graissé ?

Mr Eboutou : voici le reste… Vieux chimpanzé rabougri.

Ils éclatent de rire en se tapant les mains. Mr Eboutou se lève et s’en va dans la cave prendre une bouteille de whisky très belle à voir…

Mr Mvemba boit : Mmmm… Ça, c’est du bon whisky.

Mr Eboutou : tu me connais avec les bonnes choses. Sinon comment vont les affaires ?

Mr Mvemba : non, tout est tranquille. Seulement le manque de personnel compétent… J’ai un poste vacant et vraiment, ça m’énerve.

Mr Eboutou : justement à cet effet !!! C’est Dieu qui sait comment il fait ces choses. Ma femme de ménage vient toujours de me parler de son fils qui avait besoin d’un emploi… Il a un master en gestion de ressources humaines.

Mr Mvemba : ça tombe très bien… Il faut lui demander de me faire parvenir son CV. Là, on pourrait voir dans quel sens il peut avoir le poste. C’est vrai que ça ne sera pas grand-chose, mais ça sera un bon début.

Mr Eboutou : elle sera vraiment heureuse pour lui. Elle sera vraiment heureuse pour lui. C’est comme ça que Dieu exauce les prières.

À la cuisine, c’est tout autre chose avec les deux femmes.

Mme Mvemba : elle sera vraiment heureuse pour lui. Je ne sais pas pourquoi Marcien préfère se finir dehors au lieu de mettre une épouse à la maison.

Mme Eboutou : je ne sais pas ce qu’ils ont les deux-là. Melvice elle aussi sur ses airs de grandes dames… Hmmm.

Mme Mvemba : je pensais que le mariage de Dan allait pousser son frère à en faire autant. Mais non… Le bon Mr est toujours sur sa même position. Et dire que nous sommes au 21e siècle, j’ai vraiment l’impression qu’on force cette relation. On devrait peut-être les laisser tranquilles au final.

Mme Eboutou : On devrait peut-être les laisser tranquilles au final. On aide juste deux adultes aveugles qui n’arrivent pas à voir leur sentiment. Tu les as déjà vu tous les deux? On dirait clairement qu’ils sont faits l’un pour l’autre.

Mme Mvemba : quand je les vois sincèrement, j’imagine juste leurs beaux bébés qu’ils pourraient avoir. Et ton mari, qu’est-ce qu’il en dit ? J’espère qu’il n’est pas comme le mien…

Mme Eboutou : hmmm… Tu connais les hommes avec leur mentalité à part, si ça dépendait d’eux aucun enfant ne devait se marier. Toujours nonchalant orgueilleux.

Mr Eboutou et Mvemba au salon…

Mr Mvemba rit : je croyais que j’étais le seul. À la maison, cette affaire de mariage devient une agression.

Mr Eboutou : tu connais les femmes avec leur mentalité à part c’est toujours elles qui ont raison et nous, on a tort. Tu ne vas pas dormir parce qu’on va chanter dans tes oreilles que ta fille prend de l’âge. Comme si Melvice elle-même ne se voyait pas.

Mr Mvemba : je t’assure. En-tout-cas, en même temps cette union serait bénéfique pour nos deux familles… Les enfants restent à la maison.

Mr Eboutou : justement, en-tout-cas, en même temps cette union serait bénéfique pour nos deux familles…

Pendant qu’ils discutent, Marcien entre dans le salon et s’étonne de voir son père avec Mr Eboutou.

Marcien : bonsoir à vous… Je ne pensais pas vous trouver. 

Mr Eboutou : viens donc te joindre à nous.

Marcien : non, j’aurais bien voulu. Mais si je suis là, c’est pour Melvice… Elle est là ?

Melvice apparaît au salon : oui, je suis là. Allons-nous-en d’ici. Je ne supporte plus l’atmosphère de cette maison de toute façon.

Marcien prend Melvice par les hanches et ils s’en vont.

À suivre…

Une série de Steph

Source : chroniques Universelles 

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