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: LES MVEMBA Épisode 03 : Il faudrait finir par l’avouer

: LES MVEMBA

Épisode 03 : Il faudrait finir par l’avouer

Melvice Eboutou

Dans chaque course, on mise sur un cheval… Soit on gagne ou alors on perd. Je suis le cheval sur qui on ne risque jamais perdre.

Je m’appelle Eboutou Melvice, fille de Mengue Eboutou et digne héritier de son caractère hors pair. Moi personnellement sans me venter, j’ai cette assurance quand je me regarde face au miroir et que je vois cet avion de chasse difficile à piloter. 1m80 de pure teint commercial.

Dans chaque histoire je l’avoue il y a des méchants qui s’assument et d’autres non, dans celle-ci je fais partie de la catégorie qui préfère être traité de méchante.

Mon père et Mr Mvemba sont amis aussi loin que je me souviens, bien avant ma naissance. À la base c’était des partenaires de travail, mais finalement ils ont fait de leur dénominateur commun une priorité. Et moi, étant le trophée de la famille Eboutou, mes parents ont décidés dès mon plus bas âge de faire de moi une épouse Mvemba pour ressouder les liens entre eux. Qui suis-je pour refuser ? Mais je suis une jument sauvage… Impossible à contenir. Surtout pas par ce Etoga Marcien, plutôt beau gosse et très grand en apparence mais au fond étant un géant au pied d’argile. J’aime séduire tout ce qui bouge, même si j’aime me faire désirer sans me faire avoir. Ils le savent tous…

Juste en bas, je peux voir de depuis mon appartement Etoga Marcien entrain de faire les cents pas sur la pelouse avec Eboutou Dylan mon grand frère. Ces deux là tellement ils sont inséparables que je croirais plus que si on se mariait il serait plus amoureux de lui que de moi… Bref c’est une façon de parler.

Mes émotions sont un peu embêtées par le fait que j’ai perdu près de 400.000 FCFA dans mon traffic de basin sénégalais. Je voulais moi-même aller faire les transactions, mais je me suis retrouvée entrain de faire confiance à ce…

Toc toc toc.

Moi : Tsss… C’est qui ?

Maman ouvre la porte et entre. Elle traine le pas à l’entrée et m’analye du regard. Je soupire puisque je connais très bien quelle sera la finalité de cette conversation. Elle me sourit finalement et saute sur mon lit…

Maman : Hé Habibi !!! Toujours entrain de te faire belle Melvice… Tellement tu prends soin de toi qu’on aurait dit que tu voulais devenir un objet d’art hors prix.

Moi : Si je ne prends pas soin de moi Maman… Qui va le faire ? Et puis les étiquettes… On sait bien qui les pose. ( Je regarde mes ongles qui sèchent)… Je préfère me parfaire que de ployer et être baloter dans des mains ingrates.

Maman : Où est-ce que tu veux en venir Melvice ?

Moi : Tu le sais très bien Maman. Etoga Marcien ne m’aime pas, moi non plus je n’éprouve rien pour lui… Mais quand même tu veux qu’on se mette en couple.

Maman : Éh ma chérie… Vois plutôt le bon côté. Ce n’est pas seulement moi qui exige cette union. Mais dis-toi qu’en te mariant avec lui… Comme je te l’ai dit, non seulement tu garantie ton avenir, mais surtout celui de tes enfants. Pourquoi tu veux me faire parler ? Est-ce que les mariages d’aujourd’hui sont encore basés sur l’amour ? C’est l’intérêt et puis dans ton couple tu fais ta vie…

On dit souvent que derrière le sorcier se cache le diable… Ma mère c’est le diable. Depuis toute petite elle m’a fait grandir dans la logique selon laquelle, il est prioritaire de pleurer dans un manoir friquer que de sourire dans une hutte bricolée. Je ne refuse pas son point de vue, mais le mariage pour moi n’a jamais été une option rentable. Certe je vois les retombés très positifs et tout le reste… Mais et mes plans culs dans tout ça ? Mr ne voudrait pas que je le trompe, et comme je porte son nom je devrais me conformer à ses décisions… Tsss pathétique !! Autant bien mourir.

Moi : Maman… Tu es bien consciente du fait qu’il s’agit d’un mariage là n’est-ce pas !? Pour le meilleur et pour le pire. Pour l’éternité…

Maman : Marie toi juste et moi je vais gérer le reste… Tu comprends ? Je sais que pour toi ce n’est rien, tu peux après le mariage créer quelque chose et bamm bienvenue le divorce. Melvice on aura l’argent et le procès pour nous…

Moi : Drôle de priorité. ( Dis-je en la regardant)

Maman : Je ne t’ai jamais caché le fond de mes pensées jeunes femmes. Ce n’est pas à toi de juger ta mère… Fais comme je t’ai dit.

Moi : Bon… ( Je me lève). Toi tu vas rester là papoter et moi je vais aller voir mon futur époux. Ils sont sur la pelouse tout les deux, avec son inséparable…

Maman : J’ai remarqué. Regarde comment tu es belle… Je t’avais vraiment trop bien accouchée.

  À l’extérieur, ils sont tous les deux assis à l’ombre, juste à côté de la piscine, sous l’ombre des parasols, buvant des petits cocktails. Sandales aux pieds et pantalon Mr, chemises bien repassées. Bref la grande classe. S’il y a une chose que j’ai toujours apprécié sur les Mvemba c’est leur grande taille et surtout leur soucis du détail en plus de leur propreté distinguée.

Le soleil est au zénith. Je prends Camilla ma chienne sur le passage avant de venir les trouver.

Etoga Marcien : Parce que tu vois… Avec ce genre de mentalité, c’est clair qu’on ne pourra jamais faire sortir l’Afrique de sa torpeur.

Eboutou Dylan : Justement… Et dire qu’on parle d’émergence dans ce pays le Cameroun. C’est une possibilité tellement lointaine que… Hmmm

Etoga Marcien : Quand pour faire un stade de football on vend des sacs de terrains à 16.000 FCFA chacun tu veux qu’on évolue comment ?

Ils éclatent tous deux de rire.

Bientôt j’arrive et je me fait déjà visible. Sur mes talons aiguilles je marche doucement et gracieusement vers eux… Ce soleil me bronze la peau et je suis sûr la met en valeur.

Eboutou Dylan : Je crois qu’il y a quelqu’un qui vient de te voir…

Etoga se retourne et me remarque, il retire ses lunettes qu’il accroche sur la poche de sa chemise et se lève. Enfin j’arrive devant lui, malgré ma haute taille je me sens toute petite. Je lui donne le dos de ma main qu’il baise…

Etoga Marcien : Tu es ravissante…

Je souris : Je sais… Mais merci quand même.

Eboutou Dylan : Tu viens rendre visite au petits. C’est comment petite sœur ?

Moi : Aaah… Coussicoussa, rien de stable mais pas de tragédie. À part l’air qui devient de plus en plus difficile à inhaler il n’y a pas de problème.

Dylan se lève : Bon je crois que… Je vais vous laisser. J’ai quelques dossiers à fignoler. À plus mon frère…

Etoga Marcien : D’accord… Ensemble.

Dylan s’en va et me laisse son siège, je prends sa place et Marcien s’asseoit près de moi. Cette tension qui grimpe entre nous est presque odorante, parfois j’ai envie de me dire qu’on pourrait avoir une chance d’être vraiment ensemble en amoureux, mais je ne sais pas ce qui trotte. Un homme aussi beau et presque parfait qui ne me fait aucun effet, même pas l’envie de coucher avec lui…

Etoga Marcien : Ta mère m’a dit pour tes basins que tu aurais perdu.

Moi : Celle-là. Toujours entrain de dire ce qu’il ne faut pas. Mais sincèrement il n’y a rien de grave à tout ça. Ce n’était que de la marchandise et nous savons bien qu’en entrepreneuriat il y a des pertes.

Etoga Marcien : Pardon de te contredire, mais bien au contraire je pense que c’est une fatalité… Les temps sont durs pour que tu aies une si grosse perte Melvice. D’accord tu es une femme qui ne laisse rien paraître de négatif… Mais quand même, avoue que c’est lourd à porter.

Je le regarde, je vois sa mâchoire carré et sa barbe bien tracée. Sur son cou se dessine deux pommes d’Adam pleines de virilité, sans parler de ses dents blanches et du parfum de son linge. Je le mangerai tout crû… Et dire que c’était mon amour d’enfance. Eboutou Melvice qu’est-ce que tu es devenue ?

Etoga Marcien prend tout à coup ma main.

Etoga Marcien : Comment tu vas sinon.

Moi : Maintenant que tu le demandes. Je vais bien… Et toi ?

Il soupire : À part la pression que je subis de toute part. Ça va.. il y a Brice qui s’est fait choper…

Moi en appuyant sur mon accent : Encore ??

Etoga Marcien : Encore. Cette fois pour histoire de terrain. Il fallait gérer tout ça au parquet et le dédommagement montait dans une vingtaine de millions… Dan et moi avons mis la main à la poche.

Moi : Heureusement qu’il a des grands frères responsables. Sinon comment va Dan et son nouvelle épouse ? Celle-là alors elle est tellement belle, ton frère a su choisir.

Etoga Marcien : Je ne te le fais pas dire. Une vraie perle… Tout comme toi d’ailleurs.

Je souris : Toi et tes flatteries. Marcien…

Etoga Marcien : Tu sais que c’est vrai en plus. C’est vrai que tu as toujours eu cet orgueil en toi… Mais ça ne pare pas ta beauté aveuglante extérieure, même si au fond nous savons tous les deux que tu es une pourriture.

Moi : Comme toi aussi d’ailleurs.

Nous nous esclaffons. Un moment j’ai cru que Marcien me complimentait pour de bon. Mais c’est bien lui…

Je me lève : Bon… Je crois que je vais devoir te quitter. J’ai des trucs à faire.

Marcien Etoga : J’espère qu’on se reverra très bientôt.

Moi : Pareillement… Allé bonne journée le tombeur.

Je m’en vais. Et je sais que par derrière il me regarde, je caresse mon chien en faisant encore plus tourner mes hanches fines. Je souris en secouant la tête, au fond il est mignon…

À suivre…

Une série de Steph.

Source : Chroniques Universelles

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